Chapitre 9 : L'inconnu plus si inconnu
Nda : ptite update du coup : j'ai bien le covid. Quelqu'un veut prendre les paris sur les courbatures que je vais avoir ce soir ? Chaque soir ça change (la jambe jeudi, les abdos que je n'ai pas hier, ça remonte lentement tout ça). Non plus sérieusement, faites attention à vous les enfants, on n'est jamais trop prudents ❤️
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Mon téléphone se met à vibrer, probablement parce que Kristen essaie de m'appeler pour comprendre ce qu'il se passe, néanmoins je ne suis pas décidée à répondre.
– Andrew Garfield ?, je lâche du bout des lèvres, le regard fixé sur la personne en face de moi.
Torse nu, une serviette de toilette autour des hanches, il a les cheveux qui dégoulinent et sourit. Quant à moi, je sens le rouge me monter aux joues. Oh, mon dieu, mais comment j'en suis arrivée là, moi ?
– Tout va bien ?
Il désigne d'un geste vague mon téléphone.
– Tu devrais répondre, ça a l'air important.
Kirsten en est à sa quatrième tentative d'appel. Si je ne réponds pas, je m'empresse de taper un rapide message pour la rassurer : tout va bien, je suis en sécurité, je la rappelle plus tard. La connaissant, elle est capable d'appeler les flics sans cette précision.
– Est-ce que tu comptais t'enfuir en laissant ici ton autre chaussure ? Tu sais, celle qui est dans la chambre d'amis, là-haut.
– Non !, je m'indigne. Je suis pas du genre à me barrer au milieu de la nuit et ne plus donner de nouvelles quand...
Je m'interromps aussitôt. Non, ce n'est pas possible... Je n'ai pas couché avec lui, si ? Bon sang de bonsoir !
Je pousse un long soupir tout en massant mes tempes. Si mon mal de crâne est moins insupportable que tout à l'heure, il n'en reste néanmoins pas plus agréable.
– Tu as mal à la tête ?, demande Andrew. J'ai des cachets, si tu veux.
– Ce que j'aimerais, là, je dis, ce sont des explications. Je ne me souviens de rien.
– D'accord, est-ce que je peux au moins aller m'habiller d'abord ? C'est pas que j'aie froid, mais... Je suis à moitié à poil, en fait.
Bien malgré moi, mes yeux descendent sur sa serviette avant de revenir vers son visage. Bon sang, quelle sale manie ! Pourquoi on est toujours obligés d'avoir le regard déviant dans ce genre de situation, même si on essaie de résister ? Dites-moi que je ne suis pas la seule !
À l'expression moqueuse du brun, je devine qu'il a intercepté mon regard. Merde, merde, merde !
– Vas-y, je lance à brûle-pourpoint.
Il faut que je reprenne mes esprits.
– Installe-toi, fais comme chez toi, lance Andrew en montant les marches de l'escalier. J'arrive dans deux minutes.
Soulagée qu'il disparaisse de ma vue, même pour un temps limité, je m'assois sur le canapé et croise les jambes. Je me sens particulièrement sale dans cette robe que j'ai portée toute la soirée et toute la nuit. De plus, je n'ai pas besoin d'un miroir pour savoir que mon maquillage a coulé et que je ressemble à un panda. Pour une première rencontre dans les règles de l'art, on repassera –quoique après le coup du Nouvel An, je ne suis pas certaine qu'on puisse considérer ça comme une première rencontre.
Mon ventre gargouille, signe que j'ai faim. Toutefois, malgré les directives d'Andrew, je ne compte pas me servir dans sa cuisine : j'ai des principes, j'ai été bien élevée.
Andrew... J'ai beau avoir vérifié mon registre d'appels et m'être rendu compte que c'était lui que j'ai appelé hier, je n'arrive toujours pas à me rendre compte de la situation. Si je suis à Beverly Hills, dans une de ces maisons qui coûtent des millions, c'est parce qu'il m'a ramenée chez lui. Pourquoi ne m'a-t-il pas conduite chez moi ?
Question stupide. Dans un état de panique extrême, et saoule par-dessus le marché, je l'ai probablement imploré de ne pas me laisser seule.
Si j'ai déjà fait des black-out dûs à l'alcool – plus que je ne veux bien l'admettre en tout cas –, j'ai toujours pu compter sur mes amis pour m'expliquer ce qui s'était passé. Là, cette situation est nouvelle pour moi. Et si j'avais couché avec une star hollywoodienne ? Il va falloir que j'interroge mon hôte, ce qui m'arrache un frisson. Comment je suis censée aborder ce sujet ?
Attendez une seconde... Depuis quand je stresse à l'idée de poser ce genre de questions ? Je n'ai jamais été timide, ni pudique ! Pourquoi ce soudain revirement de situation ?
Remarquez, je n'ai jamais potentiellement couché avec une célébrité, c'est peut-être pour ça. Non pas qu'ils ne soient pas des êtres humains comme les autres, mais... C'est un peu le fantasme de beaucoup, non ? Et si j'avais gâché cette occasion en l'oubliant totalement ?
Je bondis presque de mon siège quand des pas se font entendre derrière moi. Andrew est revenu, habillé cette fois : il porte un short en coton sur lequel il a enfilé un débardeur qui ne cache en rien sa musculature. S'il ne fait pas partie des gros bras d'Hollywood – bien que je ne sois pas cinéphile, je connais quelques noms –, il n'en reste pourtant pas un clou.
Il fait le tour du comptoir de la cuisine et s'appuie nonchalamment sur l'un des meubles derrière lui. Quant à moi, je me lève en rajustant ma robe et m'approche doucement.
Avec un sourire en coin, le brun me tend une boîte de cachets anti-douleur.
– Je me suis dit que ça t'aiderait avec ton mal de tête.
– Merci, je murmure tandis qu'il pousse un verre sur le comptoir, dans ma direction.
J'enfourne le comprimé avant de faire passer le tout avec l'eau ; prions pour que ça fonctionne rapidement, parce que je déteste souffrir. Si seulement j'avais pris mes médocs avec moi ! Mais non, je pensais rentrer chez moi et j'avais prévu un sac à peine assez grand pour contenir mon téléphone, mes clefs et ma carte bancaire. Heureusement, je n'ai perdu aucun des trois.
– Alors..., je commence en prenant une inspiration. Est-ce que je peux savoir comment j'en suis arrivée là ? Parce que je me souviens avoir décroché mon téléphone, ça oui, et l'historique des appels indique que c'est toi que j'ai appelé. Mais après ça, c'est le trou noir.
Mon interlocuteur sourit, de ce sourire en coin qu'ont les gens qui s'apprêtent à railler la personne en face d'eux. Visiblement, du peu que j'ai pu voir, c'est une habitude chez Andrew.
– Tu m'as appelé, en effet. J'étais en train de manger, d'ailleurs.
Je prends aussitôt l'air catastrophée.
– Oh non, je suis désolée !, je m'exclame.
Il rit.
– Bah, j'avais fini. Et t'étais vraiment paniquée au téléphone, j'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose. Puis tu as parlé d'un tremblement de terre, et...
– Ouais, je... J'ai un peu la phobie des séismes, pour être honnête.
– La phobie ?, pouffe Andrew.
Même s'il rit, je ne décèle aucune trace de moquerie, ni de jugement, dans son ton.
– C'est plus qu'une phobie à ce stade, tu pleurais que tallais mourir.
Je pousse un long soupir.
– En temps normal, j'arrive à gérer, mais là... On peut dire que je n'étais pas très sobre, j'avance avec un sourire d'excuse.
Et pour cause ! Je sais que j'ai tendance à ne pas gérer mes émotions sous alcool – quand j'en ai ingurgité beaucoup –, mais de là à pleurer que je vais mourir ? Oh seigneur, je suis gênante !
– Heureusement que le ridicule ne tue pas, je commente.
– Tu n'étais pas ridicule, rétorque Andrew, tu étais juste... au bord de la crise nerfs.
– Je suis désolée d'avoir paniqué à ce point, et encore plus de t'avoir dérangé en pleine nuit.
– C'était même pas vingt-deux heures, tu sais.
Je secoué la tête. Comme si ça pouvait me faire me sentir mieux ! Au contraire, je n'en culpabilise que plus.
– Et j'étais déjà bourrée..., je murmure.
Un sourire éclaire le visage d'Andrew, qui passe une main dans ses cheveux déjà ébouriffés.
– Bah... Ça nous est arrivés à tous, même aux meilleurs.
– D'accord, mais quand même... T'es venu chercher une inconnue en boîte parce qu'elle avait peur d'un tremblement de terre ? Évidemment, je t'en remercie, mais... Tu ne trouves pas ça un peu surréaliste ?
Lebrun hausse les épaules.
– Honnêtement, vu l'état dans lequel tu étais, je me voyais mal te laisser toute seule.
Je me sens rougir de plus belle tandis qu'il enchaîne :
– Ce n'est pas une critique, évidemment, juste un constat. J'ai eu peur pour toi, en réalité.
Je hausse un sourcil. Soit il est carrément empathique, soit il a un problème : qui s'inquiète de ce qu'il arrive à des quasi inconnus ? Surtout qu'il m'a ramenée chez lui.
Évidemment, je ne lui fais pas part de mes pensées, il ne manquerait plus que je l'insulte sous son propre toit !
– Donc tu m'as juste ramenée chez toi, comme ça ?
– J'ai d'abord voulu te déposer chez toi, en fait, s'empresse-t-il d'expliquer, comme s'il en était arrivé aux mêmes conclusions que moi.
– Et pourquoi tu ne l'as pas fait ?, je demande tout en redoutant la réponse.
Me connaissant, j'ai dû hurler pour qu'il ne me laisse pas toute seule.
– C'est toi qui m'en as empêché : tu m'as hurlé de ne pas te laisser.
Qu'est-ce que je disais ! Je suis incorrigible.
– Tu sais quoi ? Ça ne m'étonne même pas, en réalité. Je suis insupportable quand je suis bourrée.
– Non, ça va. J'ai connu pire, comme gens saouls, y compris moi-même. Tu n'as pas vomi partout, tu n'as pas pleuré pendant des heures sur un ex que tu aimerais toujours, bref, rien de fou.
– Encore heureux !, je m'écrie. Manquerait plus que je salisse ta maison ou que je me répande sur mon ex abominable, toxique au possible !
– Eh bien justement, ça n'a pas été le cas, me rassure Andrew avec un rire. Tu as juste...
Il s'interrompt subitement et secoue la tête.
– Non rien, laisse tomber.
En temps normal, je n'aurais jamais laissé tomber, justement, mais je suis encore dans le brouillard aussi je ne réagis pas.
– Et est-ce qu'on a, euh...
Bon sang, ces bafouillages ne me ressemblent pas ! C'est bien la première fois que je suis mal à l'aise à l'idée d'avoir coucher avec quelqu'un. Enfin, potentiellement, mais là n'est pas la question.
– Est-ce qu'on a couché ensemble, tu veux dire ? Absolument pas. T'étais ivre morte, il était hors de question que je profite de toi.
Je pousse un soupir de soulagement tandis que mon cœur se serre. Est-ce de regret ? Est-ce que j'aurais préféré avoir couché avec lui ? C'est idiot. D'accord, il est plutôt beau gosse malgré son âge, mais je n'étais clairement pas en état. De plus, coucher avec quelqu'un de célèbre peut vite apporter des désagréments.
Peut-être que j'aurais pu m'en vanter auprès de mes amis, mais bon, flemme de me taper les paparazzis, les rumeurs, tout ça – quoique ce pourrait être drôle de les envoyer sur des fausses pistes. Enfin bref, la question n'est pas là non plus.
Andrew fronce les sourcils, l'air sur le point de dire quelque chose, avant de se raviser :
– Je n'avais pas souvenir que tu étais... si grande, finit-il par lâcher avec un regard perplexe.
Je pouffe.
– Je ne fais qu'un mètre soixante-quatorze, tu sais.
– Ouais, mais... Je te pensais plus petite parce que tu étais juchée sur des talons hauts les deux fois où on s'est vus. Je croyais que c'était à cause d'eux que tu semblais immense.
– C'est vrai que je te dépasse quand je les porte, j'admets avec un demi-sourire.
– Je ne suis pas si petit que ça !, proteste-t-il en retour.
Cette fois, je ris carrément.
– De toute façon, avec vous les hommes, tout est toujours une question de tailles.
Il hausse un sourcil avec un rictus moqueur. Quant à moi, je fais mine de rien ; je suis très forte à ce jeu-là.
Le fait est qu'Andrew, en réalité, n'est ni petit ni vraiment grand : il fait partie de ces gens d'une taille moyenne. Le brun dépasserait clairement Jacob si on les mettait à côté, mais serait loin d'atteindre Anthony. En même temps, Anthony est un géant. Peu de gens sont plus grands que lui.
Je passe distraitement une main dans mes cheveux ; mes doigts y restent coincés. Je n'avais pas remarqué à quel point ils étaient emmêlés ! Je vais en avoir pour des heures à les démêler, et je vais probablement en arracher la moitié. Et cette odeur de cigarette froide...
Je réprime à grand peine un haut-le-coeur.
– Je vais abuser, mais est-ce que je peux prendre une douche ?, je demande en dégageant vivement ma main de son entrelacs de cheveux roux.
– Tu n'abuses pas, et oui, tu peux prendre une douche, répond Andrew. Il y a tout ce qu'il faut dans la salle de bain de la chambre d'amis. Par contre... Est-ce que tu veux que je te prête des vêtements propres ? Ils t'iront probablement un peu grands, mais...
– Non, ça ira, merci.
Sous-entendu : je n'ai pas envie de voler ses vêtements, parce qu'on n'est clairement pas destinés à se revoir.
– Tu es sûre ?
J'acquiesce. Ma robe est encore à peu près mettable, ça fera l'affaire le temps que je rentre chez moi. De plus, je n'ai aucunement l'intention de m'attarder.
– Bon, très bien. Va te doucher, je vais préparer le petit déjeuner en attendant. Peut-être que tu pourras m'expliquer un peu mieux cette peur sans nom des tremblements de terre.
Oubliez ce que je viens de dire : s'il a de la nourriture, je vais peut-être rester un peu. Mon ventre qui crie famine me le confirme.
– D'accord. Merci.
Je suis même prête à lui expliquer l'origine de ma phobie, si ça me permet de manger. Honnêtement, la bouffe et moi, c'est une longue histoire d'amour ; contrairement à d'autres, elle ne m'a jamais déçue.
Évidemment, la salle de bain de la chambre d'amis est à l'image du reste de la maison : sobre et élégante. Je détaille un instant la baignoire et la vasque en porcelaine surmontée d'un grand miroir éclairé. Un WC et une cabine de douche à l'italienne complètent la panoplie, ainsi qu'un meuble bas dans lequel s'entassent serviettes et gants de toilette.
Un coup d'oeil m'indique ce que j'ai supposé plus tôt : je ressemble à un panda.
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