Chapitre 8 : Lendemain de soirée
Nda : Oui je sais, je sais, on n'est que vendredi ! Mais promis vous aurez aussi un chapitre demain et un dimanche, et peut-être même durant la semaine. La raison ? J'ai fort probablement chopé le Covid (je dois faire un test demain matin), donc je suis chez moi depuis hier soir et potentiellement jusqu'à dimanche prochain (ouais parce que flemme de payer 45€ pour faire un test au bout de 7 jours pour sortir d'isolement avant les 10 jours réglementaires, surtout qu'il y a pas moins de chance qu'il soit positif plutôt que négatif... honnêtement si c'est négatif c'est incompréhensible, toute ma famille est positive et les non vaccinés sont censés le choper plus facilement, donc je dois forcément l'avoir chopé mais bref). Ce qui signifie que j'ai le temps d'écrire et que j'ai pris de l'avance dans mes chapitres ! Rassurez-vous, je vais bien (je tousse un peu et je me suis tapé des méga courbatures dans la jambe droite hier soir mais ça va (si on compte pas le moral psk j'étais censée être en vacances jusqu'à Pâques et puis bah raté du coup)). Bref bisous les loulous, j'vous kiffe ❤️
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J'ouvre un œil, puis l'autre, aveuglée même par la faible clarté de la pièce dans laquelle je me trouve. Oh, ma tête ! Je sens le sang pulser sous mon crâne, et chaque vibration m'envoie une décharge douloureuse. Je me sens carrément vaseuse.
Après avoir habitué mes yeux à la luminosité, je détaille un instant les draps dans lesquels je suis enveloppée et réprime un cri du mieux que je peux. Merde ! Merde, merde, méga-merde ! Je ne connais pas ces draps.
Je me redresse vivement dans le lit, ce qui se révèle être une très mauvaise idée. Tout tangue autour de moi et je suis prise d'un haut-le-coeur. La douleur dans ma tête explose et j'ai soudain l'impression qu'un millier d'aiguilles essaient de se frayer un chemin dans mon esprit.
– Aïe..., je gémis.
Malgré la souffrance, je prends quelques secondes pour respirer à fond ; ce n'est pas la première fois que j'ai une gueule de bois, et sûrement pas la dernière non plus. Par contre, c'est la première fois que je me réveille dans un lit inconnu avec aucun souvenir de comment je suis arrivée là.
Massant mes tempes du bout des index, j'essaie de me remémorer la soirée d'hier. On était au Senator Jones, Lindsay, Jacob, Anthony, Kris et moi, jusque là tout va bien. J'ai bu quelques verres, ça aussi je m'en souviens – y compris les trois shots de May, ce qui est sûrement la raison pour laquelle j'ai oublié le reste de la nuit. Puis...
– Oh.
Un séisme. Je m'en rappelle, maintenant : la terre s'est mise à vibrer, et connaissant ma phobie des tremblements de terre et ma faculté à rester calme quand je ne suis pas sobre... J'ai paniqué.
Je me souviens avoir pris mon téléphone pour appeler quelqu'un, mais qui ? Je n'ai aucun souvenir après le moment où j'ai porté le combiné à mon oreille.
Mon téléphone... Où est-il, d'ailleurs ?
Je bascule mes jambes hors du lit. Bon, déjà, je porte toujours les mêmes vêtements que hier soir, ce qui est une bonne nouvelle. Si je suis toujours habillée, ça veut dire que je n'ai rien fait de dingue.
Avec un sursaut que je regrette aussitôt tant la douleur manque de me faire tourner de l'oeil, je m'aperçois que mon téléphone est posé sur la table de chevet, juste à côté de moi. Je l'attrape et contemple l'écran : il indique onze heures trente-sept. C'est bizarre, je n'ai aucun message de mes amis. S'ils m'avaient vue rentrer avec un inconnu, ils demanderaient des nouvelles, savoir si je vais bien.
J'étouffe à grand peine un bâillement et déverrouille le téléphone. J'ouvre la discussion avec mes amis du bout du doigt. Il y a des messages qui datent de cette nuit, je décide d'y jeter un coup d'oeil pour glaner quelques indices sur ce qui s'est passé cette nuit.
Nonstraight_n°1
Iggy t'es passée où ?
Gaythony
Meuf on commence à s'inquiéter là
Nonstraight_n°2
Désolée les gars, je me sentais pas très bien alors j'ai appelé un Uber et je suis rentrée chez moi
Ce message n'est pas de moi, c'est une certitude. Ce n'est pas mon style d'écriture, surtout pas quand je suis totalement bourrée. Je suis étonnée qu'aucun de mes amis ne s'en soit rendu compte, d'ailleurs. Remarque, s'ils étaient autant ivres que moi, ça peut se comprendre.
Kristen_pas_Stewart
T'es sûre que ça va ? C'est pas ton genre de partir sans prévenir
Nonstraight_n°2
Je sais mais ne vous inquiétez pas, tout va bien. On se reparle demain, bisous
Bon. Mis à part nos surnoms stupides qui changent approximativement tous les deux ou trois jours, en fonction de nos humeurs, je ne vois rien de bien intéressant. Tout ce que je sais, c'est que quelqu'un a envoyé un message à ma place. Oui, mais qui ? C'est le mystère que je dois élucider.
J'essaie tant bien que mal de lutter contre ma migraine, mais ça se révèle plutôt compliqué. Si je veux comprendre ce qui m'est arrivé cette nuit, je dois absolument me lever, ce que je fais. Mes pieds me font mal, ce qui n'a rien d'étonnant quand on sait que je portais des talons hauts. Où sont-ils, d'ailleurs ? J'en vois un devant moi, mais le deuxième ?
Avec un soupir, je décide de le laisser là où il est et d'aller explorer la maison. Cependant, je ne repose pas mon téléphone : on n'est jamais trop prudent.
Avant de sortir de la chambre, je jette un rapide coup d'oeil au lieu. Le lit, duquel je viens de sortie, est appuyé contre un mur. Sur celui d'à côté, une grande fenêtre dont les rideaux bordeaux ont été tirés. Sur celui d'en face, une télé accrochée au mur et une porte qui donne vraisemblablement sur une salle de bain attenante. Rien de fou, néanmoins les dimensions de la pièce restent admirables.
À l'extérieur, le couloir est allumé. Plusieurs portes se font face, une devant moi, et d'autres par-ci par-là. Comme elles sont toutes fermées, je décide de ne pas fouiller : il ne manquerait plus que je tombe sur quelqu'un !
Visiblement, je ne suis pas seule dans la maison, j'entends de l'eau couler depuis derrière la porte en face de moi. Bon, si la personne avec qui je suis rentrée se douche, je ne risque pas de rencontrer grand monde.
Je sursaute alors que mon téléphone vibre dans ma main. Je baisse les yeux sur l'écran, qui affiche une notification : un message de Kristen, qui me demande si ça va mieux. Je contemple la petite icône quelques secondes avant de prendre ma décision.
– Allô ?, fait la voix de mon amie lorsqu'elle décroche.
– Kris, je crois que je suis dans la merde, je chuchote.
Je n'ai aucune envie que l'autre personne m'entende.
– Quoi ? Églantine, qu'est-ce que tu racontes ? Ça va ? T'es partie sans dire au revoir hier soir, ça te ressemble pas.
– Ouais, j'étais complètement bourrée, y a eu un séisme et...
– Un séisme ?
Je pousse un long soupir.
– Ouais, pas énorme, mais tu me connais. J'étais complètement déchirée, j'ai paniqué, et du coup j'ai appelé quelqu'un, je sais pas qui. Après ça, c'est le noir total.
– D'accord, mais pourquoi t'es dans la merde dans ce cas ?
– Kristen, je ne sais pas où je suis, ni avec qui je suis rentrée.
Il y a quelques secondes de silence, puis :
– Attends, t'es sérieuse ? Comment ça tu sais pas où t'es ? T'étais pas rentrée chez toi ? C'est ce que tu disais dans ton message.
– Ouais, sauf qu'il est pas de moi. Complètement bourrée, j'aurais jamais pu écrire aussi bien. En plus, c'est pas ma manière de parler, ni de faire : tu sais bien que je ne serais jamais partie sans vous avertir en face.
Quoique, sauf si la personne chez qui je me trouve m'a enlevée, ce dont je doute énormément, j'ai dû accepter de quitter le Senator Jones sans parler à mes amis d'abord.
– Oh putain, Iggy ! Qu'est-ce que... Tu crois que quelqu'un t'a droguée pour te ramener chez lui ?
Je secoue la tête en observant le grand tableau accroché au mur des escaliers, avant de me rendre compte que mon amie ne peut pas me voir.
– Non. Je me suis réveillée complètement habillée, et je n'ai pas l'impression d'avoir couché avec qui que ce soit. Il y a quelqu'un qui se douche dans une autre pièce, mais... Putain, la maison est immense !
Et de fait, je viens de pénétrer le rez-de-chaussée, dont les dimensions sont disproportionnées. Le salon fait au moins cent mètres carré, la cuisine trente, et tout est tellement épuré et moderne que l'endroit ferait passer la maison de mes parents pour une cabane en plastique.
– Putain, Églantine !
Je me fige aussitôt. Il est plutôt rare d'entendre Kristen jurer.
– Bon, il faut que tu trouves quelque chose pour me dire où tu es. Je vais venir te chercher, d'accord ? Active ta localisation, peut-être, ou...
– Oh mon dieu !, je m'exclame tandis que mes yeux se posent sur le mur complètement vitré au bout du salon.
– Quoi ?, s'inquiète aussitôt Kristen.
Derrière le verre s'étend une grande terrasse inondée de soleil, au bout de laquelle se tient une piscine à débordement. Au-delà, un jardin à la pelouse d'un vert presque irréel. Je reconnais sans mal le décor extérieur à la propriété.
– Kris, je suis à Beverly Hills ! Et dans une de ces maisons qui coûtent des millions !
Bon sang, mais qu'est-ce que j'ai trafiqué hier soir moi ? Comment j'ai atterri ici ? Et plus important encore : je suis chez qui ? Je n'ai personne d'aussi aisé dans mes contacts.
– Quoi ? Mais qu'est-ce que tu fiches là-bas ? Je croyais que t'avais appelé quelqu'un et que t'étais partie avec ce quelqu'un-là !
– Moi aussi, je réponds. Mais je te jure, je peux voir les collines de là où je me trouve. Je sais pas comment je suis arrivée là, peut-être que...
Une image s'imprime dans mon esprit : moi, en train de monter dans une voiture que conduit... Aussi vite qu'il est arrivé, le souvenir s'est retiré sans que j'aie pu voir qui tenait le volant. Un homme, à en juger par les vêtements.
– Kris, je pense que je suis partie avec un gars hier soir. J'ai le vague souvenir d'un mec, je suis montée dans sa voiture.
– Volontairement ?
– Oui.
J'entends la châtaine pousser un soupir de soulagement, à l'autre bout du fil.
– Bon. Déjà, tu n'as pas été kidnappée, c'est toujours ça.
Je pouffe.
– Iggy, c'est pas drôle. T'es chez un inconnu avec aucun souvenir de comment t'es arrivée là, ça aurait pu être pire.
De nouveau, un blanc.
– T'es sûre que tu ne reconnais pas les lieux ? T'es pas chez quelqu'un que tu connais ?
– Meuf, si je connaissais des millionnaires, vous seriez au courant. J'ai jamais mis les pieds à Beverly Hills, du moins pas dans une de ses maisons en tout cas.
– Mmmh... Tu as dit que tu avais appelé quelqu'un, hier ? Tu te souviens de qui ?
– Non. Je te l'ai dit, je me souviens juste d'avoir pris mon téléphone et... Mais quelle conne ! Oh, ma tête...
Ce doit être la gueule de bois qui fait ramer mon cerveau, car en temps normal j'y aurais pensé tout de suite : l'historique des appels.
– Quoi ?, demande Kris.
– Je vais regarder mon historique d'appels, mais... Tu crois que je suis partie avec la personne que j'ai appelée ? Ça n'a aucun sens, je n'ai personne dans mon répertoire qui... Oh, tiens, ma chaussure !
Je ramasse l'escarpin, qui traînait sans son jumeau devant la porte d'entrée. Je pourrais demander à Kristen de venir me chercher, tourner le verrou et m'enfuir sans regarder en arrière – tant pis pour mon autre chaussure. Cependant, je suis avant tout curieuse de comprendre ce qui s'est passé, d'autant plus que je n'ai pas envie de me retrouver emmerdée plus tard si j'ai couché avec quelqu'un sans m'en souvenir – grossesse non désirée, MST, la liste est non exhaustive. En temps normal, je sais que je fais ce qu'il faut, mais là...
– Ta chaussure ? Iggy, mais qu'est-ce que... Ok, bon, tu sais quoi ? J'arrive. Envoie ta localisation, je...
– Non, je la coupe. T'inquiète pas pour moi, ça va. Je voudrais savoir chez qui je suis, quand même, avant de partir. Tu sais que je déteste les gens qui se barrent au milieu de la nuit, et même si la situation n'est pas la même, j'ai une dignité.
– C'est pas une question de dignité là, Iggy, c'est de ta sécurité qu'on parle.
Un bruit de pas derrière moi me fait sursauter.
– Je crois que celui ou celle qui se douchait vient de débarquer, je murmure dans le téléphone.
– Églantine, tu es levée !
Je me retourne aussitôt, le cœur palpitant. Cette voix... Oh, seigneur ! C'est plus grave que ce que je pensais !
– Iggy ? Églantine, tout va bien ?, fait la voix de mon amie depuis le téléphone.
– Euh... Je te rappelle plus tard, Kris.
Sans un mot de plus, consciente qu'elle va s'inquiéter et prévenir les autres à grand renfort de cris, je lui raccroche au nez.
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