Chapitre 25 : Abigail
L'eau ruissèle sur mes cheveux et dégouline jusque sur le fond de la baignoire. Il y a encore quelques minutes, Andrew était avec moi, mais comme j'ai des cheveux plus longs et plus chiants à laver que les siens, il a fini par sortir. Il doit m'attendre dans le salon, à l'heure qu'il est.
J'essore avec peine ma tignasse rousse avant de l'envelopper dans une serviette. Nous sommes en octobre, il fait encore chaud et je n'ai donc pas besoin de me sécher les cheveux pour éviter de tomber malade.
– Tina ? Y a quelqu'un qui tape à la porte ?
Je pousse un long soupir et enfile rapidement mes vêtements.
– Vas-y ouvre, j'arrive !
Tant pis, je passerai un coup de brosse dans mes cheveux après ; je me contente de les retirer de la serviette.
– Euuuuuh, Tina ?, rappelle Andrew depuis l'entrée. Je crois que c'est pour toi !
– En même temps, c'est à ma porte que ça tape !, je réponds gaiement en débarquant dans le salon, les cheveux encore humides.
Je me fige aussitôt. Non, pitié, pas elle ! Tout sauf ça, je n'ai aucunement envie de la revoir après tout ce qu'elle m'a fait.
– Abigail..., je murmure.
– Tina ?, s'étonne-t-elle en retour. Personne ne t'a jamais appelée comme ça.
Je la fusille du regard.
– Ouais ben les temps changent, je réponds froidement.
Aux sourcils froncés d'Andrew, je devine qu'il a compris que quelque chose n'allait pas. Aussi, je pointe du doigt Abby et explique :
– Andrew, je te présente Abigail Ramirez. Mon ex.
Son visage passe par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel avant de reprendre ses teintes normales. La seule touche de colère est dans son regard, qui a viré au marron assassin.
– Tu veux dire... Oh.
Il se tourne vers Abigail et la jauge éhontément du regard.
– Andrew Garfield, se présente-t-il avec un haussement d'épaules pompeux.
Depuis le temps que je le connais, je ne l'ai jamais, ô grand jamais, entendu se vanter de son nom. Pourtant, c'est ce qu'il fait en ce moment-même, et je comprends qu'il s'agit d'une démonstration de force. Il sait ce qu'il s'est passé entre Abby et moi, il est prêt à me défendre si besoin.
– Je ne dirai pas que je suis enchanté de te rencontrer, conclut le brun avec une animosité non dissimulée.
Je pose une main sur son avant-bras, dans un geste d'apaisement.
– Laisse, mon cœur.
– Mon cœur ?!, s'étrangle Abigail. Iggy, tu sors avec Andrew Garfield ?!
De nouveau, je l'assassine du regard.
– Qu'est-ce que tu fais là ?
Elle prend l'air gêné, se balançant d'un pied sur l'autre. D'un doigt, elle joue avec une mèche de cheveux noirs, ce qu'elle a l'habitude de faire lorsqu'elle est nerveuse. Ou peut-être n'est-ce qu'un autre de ses stratagèmes manipulatoires ? Je ne suis plus sûre de rien la concernant.
– Je suis venue te dire que j'ai beaucoup réfléchi, et... Je suis désolée, pour tout ce qui s'est passé. Je... je t'aime encore, Églantine.
Je hausse un sourcil tandis que, sous mes doigts, je sens Andrew se tendre comme un arc, prêt à tirer.
– D'accord, je lâche sans émotion.
Ce serait mentir que de prétendre que ses mots ne me touchent pas. Néanmoins, j'ai Andrew à présent, et je n'ai jamais été autant épanouie dans une relation que maintenant. J'aime Andrew, et je ne renoncerais à lui pour rien au monde.
– Iggy, je suis vraiment désolée. Il faut vraiment que tu me croies, je t'aime toujours et...
– Tais-toi.
Étonnée, je me tourne vers mon petit ami. Si ce n'est pas moi qui ai parlé, c'est forcément lui. Les sourcils froncés, la bouche figée en un rictus de colère, il toise Abigail comme s'il essayait de l'atomiser d'un seul regard. Si ça fonctionne, qu'il m'explique comment il fait ! Je veux sa technique.
– Je parle à Églantine, en fait, rétorque sèchement Abby.
Houlà ! Il n'en faut pas plus pour que mon sang ne fasse qu'un tour, et avant même qu'Andrew ait pu réagir, j'ai saisi l'avant du t-shirt de mon ex-copine avec violence pour la pousser.
– Espèce de sale garce !, je m'écrie. Tu oses venir ici après tout ce que tu as fait, et en plus tu t'en prends à mon petit ami ? C'est quoi ton problème au juste ?
Je relâche son vêtement et croise les bras sur ma poitrine.
– Je veux que tu dégages de chez moi, j'exige. Tout de suite.
– Non !, réplique-t-elle, sur un ton presque suppliant. Je sais que j'ai mal agi et que je t'ai blessée, mais je te jure que j'ai compris mon erreur et que je ne recommencerai pas ! Je t'aime, Iggy, c'est pour ça que je suis revenue.
– C'est quoi que t'as pas compris dans le terme petit ami ? Je me contrefiche de ce que tu ressens ou non, Abigail. Comment peux-tu croire que je vais te pardonner et retourner dans tes bras ? Ça fait un an que tu as disparu en me brisant le cœur et le mental en même temps. Tu m'as traitée comme de la merde, et tu oses revenir comme une fleur ?
Je serre les mains, sentant la colère bouillonner en moi. Si je m'écoutais, je lui balancerais mon poing en travers de la figure ; heureusement pour elle, je ne suis pas du genre très violent, même poussée à bout.
– Je veux que tu dégages de là, Abigail. Je ne veux plus jamais te revoir.
– Églantine, s'il te plaît... Il faut que tu me laisses une deuxième chance, d'accord ? Je te jure que j'ai changé, et que je t'aime vraiment.
Bon sang, c'est quoi son problème à cette nana ? Elle est sourde ou quoi ? Je suis prise d'une subite envie de la secouer comme un prunier, et éventuellement d'éclater sa tête contre le mur. Elle a gâché plus d'un an de ma vie, et elle essaie de recommencer ?
– Mais fous-moi la paix, espèce de salope !, je hurle, hors de moi. C'est quoi ton putain de problème ? Je t'ai demandé de dégager de chez moi !
Je retire ce que j'ai dit précédemment : je peux être très violente, poussée à bout, mais pas avec des gestes.
– Non !, chouine la brune.
Je m'apprête à la pousser dehors à la force de mes bras, pourtant je suis devancée par Andrew, qui la jette presque dehors. Il se place alors devant moi dans une attitude clairement protectrice, et toise mon ex avec humeur.
– Écoute-moi bien, Abigail c'est ça ? Je ne vais pas passer par quatre chemins, d'accord ? Si tu remets les pieds ici, j'appelle les flics et je porte plainte pour harcèlement. Crois-tu que tu pourras lutter contre moi ? J'ai assez d'argent pour engager toute une armée d'avocats. Alors disparais, et que je ne te recroise jamais.
Le visage d'Abby a perdu de ses couleurs. Quant à moi, je ne dis rien. Ce n'est pas le genre d'Andrew de se vanter, je le sais, ni de menacer les gens. Je sais également qu'il le fait pour moi, pour que je puisse tourner la page définitivement et ne jamais revoir Abigail. Je lui en suis reconnaissante, plus qu'il ne pourra jamais le comprendre.
– C'est une menace ?, demande cette dernière d'une voix blanche.
– C'est une menace, acquiesce le brun. Prie pour qu'on ne se revoie jamais, ma grande.
Cette façon d'infantiliser volontairement Abigail dans sa phrase... Cette dernière pince les lèvres mais ne répond rien. Elle me lance un dernier regard dans lequel transparait de la haine à l'état brut, puis tourne les talons. Je l'observe s'éloigner jusqu'à ce qu'elle disparaisse au tournant. Alors, je m'écroule en tremblant.
– Est-ce que ça va ?, demande Andrew en s'agenouillant devant moi.
Je plonge ma tête dans mes mains avec un soupir.
– Je la déteste tellement !
La main du brun presse mon genou et, de l'autre, il écarte mes doigts pour rencontrer mon regard.
– Tu en as tous les droits, Tina. Elle a été odieuse avec toi, elle s'est permis de revenir comme une fleur et...
Il ne peut finir sa phrase car j'ai saisi son visage à deux mains pour planter mes lèvres sur les siennes. J'ai besoin de savoir qu'il est là, qu'il est bien réel, et qu'Abigail ne pourra plus jamais me faire de mal.
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