Chapitre 23 : Les jumeaux
Nda : Hello les enfants ! J'ai réussi à écrire ce chapitre à temps, finalement. En même temps, vu que je suis restée bloquée dans le train pendant 3h30 en gare de Narbone (Narbonne ?) pour cause de locomotive "ne pouvant pas redémarrer", ben j'ai eu tout le temps du monde pour écrire 😭 Bref, un sacré début de vacances tout ça ! Si vous faisiez par hasard partie des passagers du 4758 en direction de Bordeaux, vendredi matin, alors je compatis à votre douleur mieux que personne ! (en attendant, depuis je profite à fond et je prends des notes de tout ce que je vois 😉)
Bisous mes p'tits pingouins ❤️
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Je suis tirée du sommeil par des coups contre la porte d'entrée. Pendant un instant, je pense avoir rêvé et m'apprête à retrouver les bras de Morphée – ou plutôt ceux d'Andrew. Néanmoins, de nouveaux battements insistants se font entendre.
J'ouvre un œil, puis l'autre. Pas de doute, quelqu'un tambourine bien à la porte du studio. Oui, mais qui ?
Je me redresse tant bien que mal dans le lit et étouffe un bâillement. La bretelle de mon pyjama a glissé pendant la nuit, aussi je la remets en place. À côté de moi, Andrew dort à poings fermés, uniquement vêtu de son caleçon.
De nouveau, des coups sont frappés contre le battant de la porte.
– J'arrive, j'arrive !, je grogne tout en refermant la porte de ma chambre derrière moi.
Je frotte mes yeux plein de sommeil et me dirige d'un pas résigné vers l'entrée. L'horloge dans le salon indique onze heures trente.
Je tourne la clef dans la serrure et ouvre la porte à la volée, nullement perturbée par le fait que je suis en pyjama. De toute façon, ça ne peut qu'être une connaissance ou un livreur, alors bon.
– Eh ben il était temps !, crie la personne face à moi.
J'esquisse aussitôt un mouvement de recul. Bon sang, je viens de me réveiller, c'est pas le moment de me hurler au visage !
Je suis repoussée en arrière tandis que deux personnes entrent chez moi comme si elles étaient chez elles. En même temps, c'est un peu le cas, vu qu'il s'agit de mes frères aînés.
– Bah dis donc, sacrément bien rangée ta baraque !, raille mon frère en contemplant le bazar.
Il y a des restes de nourriture de la veille, parce qu'Andrew est resté dormir et que nous avons par conséquent commandé au chinois du coin. Des chaussures à moi traînent en plein milieu du passage, à côté d'une paire de chaussettes roulée en boule.
– Armand !, je m'écrie en lui fichant un coup de poing dans le bras. Ou Flavien, je sais pas !
Cet abruti ne prend pas la peine de me donner une réponse. Je suis sûre qu'ils le font exprès, pour que je m'emmêle les pinceaux.
– Dis donc la fêtarde, rétorque l'autre imbécile, t'es pas censée bosser ?
– Je bosse pas le mercredi, bougre d'idiot, je râle. J'aurais aimé terminer ma grasse matinée, d'ailleurs.
– Oh, pauvre petite chérie !, se moque mon frère. On te dérange, peut-être ?
Je lève les yeux au ciel, à présent parfaitement réveillée.
– Carrément. Je sais qu'on mange à la maison ce midi, mais c'est pas une raison pour venir me casser les pieds avant, les garçons. Du coup, si vous voulez bien sortir et me laisser finir ma nuit, ça m'arrangerait.
Parce qu'elle a vraiment été courte, en fait. Je ne vous ferai pas un dessin.
J'essaie tant bien que mal de pousser l'un de mes frères dehors, mais évidemment, il a beaucoup plus de force que moi. Bon sang, pourquoi faut-il qu'ils soient pénibles ? C'est pas comme si j'étais seule en plus, il y a Andrew dans la pièce juste à côté !
– Allez, faites pas chier, je vous rejoint à midi à la maison !
– Mais c'est qu'on est bien ici, ricane l'un des deux.
– Je suis d'accord avec Flav, répond l'autre.
Je pousse un long soupir pour leur montrer que je ne plaisante pas, qu'ils me soûlent réellement. J'adore mes frères, mais là je ne suis pas d'humeur.
– Allez, s'il vous plaît. C'est vraiment pas...
– Qu'est-ce qui se passe ?, lâche une voix dans mon dos.
Je me fige aussitôt. Oh non, pitié...
– Bonjour !, s'exclame joyeusement mon frère.
Il faut que vous compreniez une chose : si je ne cache pas à ma famille le fait de coucher avec des filles et des garçons quand bon me semble, je ne m'en vante pas non plus dès que c'est le cas. J'aime bien préserver mon intimité, et ils sont plutôt compréhensifs. Pourtant là, Armand et Flavien sont au beau milieu de mon salon, nez-à-nez avec... est-ce mon copain ? Est-ce juste un plan cul ? Bon sang, il faudra que je pense à clarifier la situation avant qu'Andrew ne parte.
Un sourire narquois s'étire sur les lèvres de Flavien, qui tape sur l'épaule d'Armand. Les deux se regardent d'un air complice, et je sais déjà que la suite ne va pas me plaire.
– Aaaaaaaah, s'exclame Flavien en écartant les mains théâtralement. C'est donc pour ça que tu voulais nous expulser de chez toi vite fait bien fait !
Je dois résister de toutes mes forces à l'envie de me prendre la tête entre les mains. Si je le pouvais, je m'enfoncerais dans le sol pour hiberner pendant au moins deux décennies.
– Je vois que tu t'amuses bien, Egg !, ricane Armand.
Je lui lance un regard noir qui, comme souvent, n'a aucun effet. Avec les années, j'ai arrêté de vouloir qu'ils me surnomment autrement, ces deux-là.
– Fallait le dire tout de suite, continue-t-il l'air de rien. On ne vous aurait pas dérangés, enfin peut-être juste un peu, mais...
Il se fige alors, et je comprends que mon heure est venue. Il a reconnu Andrew, je le vois dans son regard, et bientôt je peux observer la lumière se faire dans l'esprit de Flavien également.
– Attends...
Ses yeux se posent alternativement sur moi, puis sur Andrew, puis de nouveau sur moi.
– T'as couché avec Andrew Garfield ?, s'écrie alors Flavien.
Je lève les yeux au ciel.
– Vas-y, crie-le encore plus fort !, je peste.
Mes frères me contemplent tous les deux avec des yeux ronds. Au fond, je ne peux m'empêcher de ressentir un peu de fierté : oui, j'ai couché avec Andrew Garfield. Pour être honnête, ce ne sera pas la dernière fois, puisque nous sortons officiellement ensemble. Enfin, officiellement... Nous devons encore mettre les points sur les i, quoi.
On a également parié sur le temps que mettrons les paparazzis à nous mettre à découvert : Andrew a misé sur une semaine, moi sur trois jours, étant donné que des rumeurs ont déjà circulé sur nos sorties entre amis.
– Et puis d'abord, je râle pour la forme, ce que je fais et avec qui je le fais ne vous regarde ni l'un ni l'autre.
– D'accord, mais Andrew Garfield ?, reprend Flavien. Tu tapes dans un niveau au-dessus du tien, Egg !
– Va te faire foutre !, je lâche en français.
Il me lance un regard faussement contrarié. Qu'il ne vienne pas râler, c'est son jumeau et lui-même qui se sont amusés à m'apprendre des gros mots dans la langue maternelle de notre mère. Cette dernière nous a élevés dans l'espoir que nous soyons bilingues, ce qui est le cas, mais jamais elle n'approuverait ce langage grossier. Évidemment, mes frères et moi en raffolons.
– Quelle grossièreté !, se moque Flavien.
Il se tourne vers Andrew avec un grand sourire.
– Pour ton information personnelle, elle vient de me demander d'aller me faire foutre.
– Oh, c'est donc ça que ça veut dire ?, répond Andrew en prenant l'air concentré. Je tâcherai de m'en rappeler.
Un sourire nait au coin de ma bouche. Il est en train de se ficher de mon frère, et j'adore ça ! Par contre, ce n'est pas le cas de Flavien, ni d'Armand ; ils font la grimace, conscients qu'ils sont de trop.
– Bon ben on va vous laisser, hein, ricane Armand.
– C'est l'idée, oui !, je rétorque en profitant de l'accalmie pour le pousser dehors.
Le deuxième imbécile le suit et, avant qu'ils ne puissent argumenter, je lâche :
– À tout à l'heure à la maison !
Et je leur claque la porte au nez avec un soupir de soulagement. Bon, au moins, on a limité un peu les dégâts.
Lorsque je me retourne, Andrew est toujours posté au même endroit, uniquement vêtu de son caleçon noir.
– Qu'est-ce que tu fiches encore là ? Va t'habiller !
Non pas que sa tenue me gêne, en réalité c'est plutôt le contraire, mais je dois être chez mes parents dans vingt minutes, montre en main. Mon père ne supporte pas le moindre retard, et je dois au moins prendre une douche avant de me présenter.
– Tes frères sont vraiment...
– Casse-pieds ?, je suggère. Chiants ? Bourrés de défauts ?
– ... identiques.
Je hausse un sourcil avec un léger sourire.
– Tu t'attendais à quoi ? Ils sont jumeaux.
– Je sais bien, mais souvent les jumeaux ont un signe distinctif.
– Ils prétendent que leur seul signe distinctif, c'est un grain de beauté sur la fesse de l'un. Si tu veux vérifier, ne te gêne surtout pas !, je raille.
Andrew lève les yeux au ciel en riant.
– Je m'en passerai volontiers, merci. Les fesses de tes frères ne regardent que tes frères, et puis... J'ai déjà les tiennes, ça me suffit.
Il agrémente sa phrase d'un clin d'oeil tandis que je fais mine d'être choquée.
– Allez, c'est pas que je veuille te virer de chez moi, mais faut que je me douche avant d'aller chez mes parents. Heureusement qu'ils habitent à, genre, vingt mètres !
– Non, je comprends, répond Andrew avec un sourire contrit. J'étais pas censé rester, à la base.
Je le regarde s'éloigner en étouffant un bâillement. Tandis qu'il se rhabille dans la chambre, j'en profite pour mettre un peu d'ordre chez moi. Adieu, les emballages alimentaires ! Tout finit à la poubelle, comme ça aurait dû être le cas déjà hier.
Lorsqu'enfin Andrew a fini d'enfiler ses chaussures, je me rappelle juste à temps que je suis censée mettre les points sur les i avant qu'il ne parte.
– Attends..., je lance en attrapant son bras pour le retenir. Est-ce que... est-ce qu'on est un couple officiel, ou...
Je laisse ma phrase en suspens, parce que je n'ai pas envie de supposer une idée que je n'apprécie pas du tout.
– Tina... Tu crois que j'aurais attendu des mois pour te mettre dans mon lit si je ne voulais pas d'une relation sérieuse ? Enfin, techniquement, c'est plutôt moi qui ai fini dans ton lit, mais...
Je pouffe, rassurée.
– C'est vrai, c'est toi la fille facile dans l'histoire, je raille.
Il éclate de rire puis se penche vers moi et m'embrasse doucement sur la bouche.
– Peut-être, mais ça valait le coup.
Je ne peux m'empêcher de sourire.
– On s'appelle tout à l'heure ? Et si tu veux venir à la maison... Tu es la bienvenue.
– D'accord.
De nouveau, ses lèvres échouent sur les miennes et je ferme les yeux, savourant leur goût mentholé – il a dû mâchonner un chewing-gum, à défaut d'avoir une brosse à dents . Je crois que même si je passais le reste de ma vie à l'embrasser, je ne serais jamais rassasiée.
Tout compte fait, je n'aurais peut-être pas le temps de prendre une douche.
Spoiler alerte : je n'ai effectivement pas eu le temps de me doucher, parce que je me suis perdue dans les baisers d'Andrew trop longtemps. J'ai à peine pu m'habiller et me recoiffer qu'il était déjà l'heure.
À présent, je suis assise à table avec ma famille, en train d'écouter d'une oreille distraite le débat qu'ont mes frères.
– Non, les meilleurs Spiderman c'est clairement ceux d'Andrew Garfield, y a pas photo. Regarde Tobey, on dirait qu'il est shooté pendant trois films. Et Tom Holland ? L'acteur lui-même a du potentiel, mais Homecoming était nul à chier !
Levant un sourcil, Armand se tourne vers moi avec un immense sourire. Ce sourire, c'est celui qui vaudrait à n'importe qui de se retrouver au premier rang dans la classe, devant un professeur qui s'écrie ''je vous ai à l'oeil !''.
Je ne sais pas comment ils en sont venus à discuter de leurs préférences pour tel ou tel Spiderman, j'ai perdu le fil de la conversation depuis un moment. Ce que je sais, c'est que nous avons terminé le repas depuis quelques minutes mais que personne n'ose bouger.
– Et toi Egg, t'en penses quoi ?
J'ai très clairement envie de m'enterrer. De plus, connaissant mes frères, ils le savent pertinemment et le font donc exprès. Néanmoins, je ne vais pas me laisser démonter. À force, je les connais : plus je résiste, plus ils forcent.
– Les Amazing sont clairement sous-côtés, je comprends pas pourquoi ils ont pas fait le troisième.
– Andrew Garfield, hein ?, raille Flavien.
– Tom Holland joue plutôt bien, je continue comme si de rien n'était, mais l'histoire était vraiment chiante pour le coup. J'ai pas aimé du tout, à voir ce qu'ils font sur le ou les prochains.
Je joue avec ma cuillère vide en essayant de faire abstraction de mes joues qui chauffent, signe indiscutable que je rougis.
– C'est vrai que Tom Holland joue bien, reprend Armand, mais il est un peu jeune non Egg ?
– Et puis visiblement, Andrew Garfield est mieux. Je me trompe, Églantine ?
Mon père lève un sourcil mais ne dit rien. Je sais bien qu'il n'est pas dupe, il doit se douter de quelque chose avec toutes les allusions des jumeaux. Je ne suis pas sûre qu'il sache de quoi il en retourne vraiment, cependant.
Par-dessous la table, je balance mon pied dans le tibia de Flavien tout en lui lançant un regard meurtrier. Je le vois serrer les dents, pourtant il ne proteste pas. Je suppose qu'il tient à sa dignité.
– Et sinon, comment ça va les amours, les garçons ?, je demande avec mon meilleur air hypocrite.
Ils ne croyaient tout de même pas que j'allais les laisser s'en sortir aussi facilement ? C'est que je tiens à ma revanche, moi !
– C'est vrai ça !, embraye ma mère. Flavien, comment va Lucy ?
– On n'est plus ensemble, annonce sombrement mon frère avant de me fusiller du regard.
Je lui tire la langue sans vergogne. Quand on me cherche, on me trouve !
– Et toi, Flavien ? Toujours rien ?, demande mon père.
– J'ai besoin de personne, répond Flavien avec un haussement d'épaules.
Ce qui ne m'étonne pas. J'ai toujours pensé que mon frère avait des tendances aro-ace, et je suis quasi certaine de ce que j'avance. Bien qu'il n'ait jamais confirmé la chose, il y a des signes qui ne trompent pas – enfin je crois. Peu importe en réalité qu'il le soit ou non, je ne suis pas apte à le juger.
Quand j'étais petite, mes grands frères étaient mes héros. Même si j'étais incapable de les distinguer l'un de l'autre – je n'y parviens toujours pas tant ils se ressemblent ! –, j'adorais jouer avec eux. Ils passaient leur temps à me faire danser, à me pousser sur la balançoire, à m'emmener au parc... Nous étions vraiment très proches.
Avec le temps, nous nous sommes un peu éloignés, ce qui est normal puisqu'ils sont chacun partis faire leurs études. Ils ont commencé à travailler, empruntant le même chemin que notre père, puis ils ont emménagé chacun dans un appartement. Néanmoins, quand nous nous voyons, nous sommes toujours aussi proches – mais je ne me permettrais pas de tout leur déballer sur mon compte, évidemment.
À présent, les deux me regardent de cet œil mauvais qui veut dire qu'ils vont me le faire payer. Cependant, au moins ont-ils arrêté de me chambrer ; j'ai gagné.
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