Chapitre 22 : Tout ce qu'on ne s'est pas dit
J'ai le cœur qui bat trop fort, trop vite, et je suis prise de nausée face à l'étendue des dégâts.
– ... fait état de soixante-quinze morts, et d'autant plus de blessés, annonce le journaliste à l'écran. Le bilan ne fait qu'augmenter chaque minute, et nous sommes toujours sans nouvelles des enfants de l'école Enrique Rebsamen, qui s'est écroulée. Les secours sont sur place.
Si j'étais du genre à me ronger les ongles en cas de stress, je pisserais le sang par le bout des doigts. Le téléphone collé à l'oreille, j'attends qu'Andrew décroche, mais rien.
Bon sang !
– Réponds, Andrew, réponds !, je pleure.
Debout devant la télé, je fais les cent pas. Messagerie. Je raccroche et rappelle aussitôt.
– Allez !
Pitié, dites-moi qu'il va bien ! Il était au Mexique pour quelques jours, mais il faut qu'il aille bien ! Dites-moi que je n'ai pas perdu quelqu'un d'autre dans un foutu séisme !
– ... trente-deux ans exactement après le séisme de Mexico, en mille neuf cent quatre-vingt-cinq, et douze jours après celui de Chiapas. Les habitants venaient tout juste de terminer les exercices antisismiques réglementaires, tout le monde est encore sous le choc. Il ne...
Avec rage, j'appuie sur la touche mute de la télécommande. Les images du drame continuent de tourner en boucle, mais au moins n'ai-je plus les commentaires désolants du journaliste chargé du reportage.
– Mais décroche, bordel de merde !, je hurle dans le combiné alors qu'une nouvelle fois, j'atterris sur la messagerie d'Andrew.
Les larmes roulent sur mes joues sans que je puisse les arrêter, et mon cœur est si serré qu'il me fait mal. Je peine à respirer correctement, mes poumons se compriment sous mes sanglots.
Il pourrait lui être arrivé n'importe quoi. Il pourrait être blessé, coincé sous des débris, ou pire encore. Et dire que je n'ai même pas su tout de suite ce qu'il se passait ! Il a fallu attendre que je rentre chez moi à dix-neuf heures, et encore c'est un coup de chance parce que d'habitude, je ne regarde jamais les infos !
La sonnerie bascule de nouveau sur la messagerie, et je n'ai plus la force de faire quoi que ce soit. Je m'effondre au sol, tremblante, les doigts crispés sur mon téléphone et les yeux fixés sur la télé. C'est un véritable désastre, comment Andrew pourrait-il avoir survécu ? Les images sont atroces.
Je pense à Daniel, et mes sanglots redoublent d'intensité. La nature peut prendre la vie de n'importe qui, les personnes célèbres ne sont pas plus à l'abris que le commun des mortels. Et bien qu'il n'y ait rien entre Andrew et moi, à part de l'amitié pour le moment, je ne suis pas sûre de supporter qu'il lui arrive quoi que ce soit. C'est idiot, pourquoi je n'ai pas profité de notre dernière rencontre pour lui avouer ce que je ressentais ? J'aurais dû le retenir à l'aéroport, comme j'en rêvais.
Je renifle et m'essuie la figure sur mon bras. Tant pis si j'ai de la morve qui coule, de toute façon personne ne me verra.
Des coups tapés contre la porte d'entrée du studio me font sursauter. Je ne sais pas qui est là, mais il ou elle insiste avec puissance.
Je me lève tant bien que mal pour aller ouvrir la porte ; mon cœur rate un battement, puis deux. Oh, mon dieu !
Andrew se tient là, ses cheveux bruns en bataille et un sourire collé aux lèvres.
– Andrew ? Oh mon dieu, Andrew !
Je me jette à son cou sans même prendre la peine de le laisser entrer.
– Tina, ça ne va pas ? Il s'est passé quelque chose ?
– S'il s'est passé quelque chose ?, je hoquette en m'écartant de lui pour fixer mon regard dans le sien. Andrew, j'ai cru que tu étais mort !
Je le serre plus fort dans mes bras et niche ma tête sur son épaule.
– Tina, je...
– Tu ne répondais pas au téléphone !, je crie, consciente que je passe pour une hystérique. Il y a eu un séisme au Mexique, il y avait des morts, et tu ne répondais pas au téléphone... J'ai cru que tu étais mort !
Andrew m'écarte de lui et pose ses mains sur mes épaules. Je le sens fébrile, mais peut-être est-ce simplement parce que je tremble comme une feuille.
– Je vais bien, d'accord. Je suis désolé de t'avoir inquiétée, j'étais dans l'avion, et mon téléphone n'avait plus de batterie. Je suis vraiment désolé, Églantine.
J'essuie mes larmes d'un revers de main. Je n'aime pas pleurer, pourtant je ne peux m'empêcher de fondre en larmes trop souvent à mon goût.
– J'ai cru que tu étais mort..., je murmure. Après Daniel, je ne pouvais pas me permettre de perdre encore quelqu'un que j'aime...
L'expression d'Andrew change aussitôt, il prend l'air coupable et se mord la lèvre.
– Oh, Tina, je n'avais pas pensé à ça, je... Je suis tellement désolé !
D'un geste tendre, il essuie ma joue, avant de me serrer contre lui.
– Je suis désolé, répète-t-il encore une fois. Je ne... Attends une seconde... Une personne que tu aimes ?
Je m'écarte de lui ; les battements de mon cœur affolé ont ralenti, je me sens sereine en sa présence. J'étouffe un léger rire.
– Oh, Andrew... Est-ce qu'il y a vraiment quelque chose qui t'étonne dans ce que j'ai dit ?
Il semble peser le pour et le contre, chercher ses mots, sourcils froncés.
– Non, conclut-il fermement. Et tu sais quoi ?
La main sur ma taille se fait plus lourde et, malgré la chaleur moite de ce jour de fin d'été, je frissonne.
– Je t'aime aussi, Tina.
Sans me laisser répondre, il m'attire à moi pour la énième fois et plaque ses lèvres sur les miennes.
Oh, juste ciel ! Je me rends compte à peine à cet instant à quel point j'en ai rêvé, à quel point j'ai attendu ce moment. J'étais stupide de prétendre le contraire : depuis le début, je savais que ça allait arriver. Ce n'était qu'une question de temps.
Mes yeux se ferment tandis que je passe mes bras autour du cou d'Andrew, pour le serrer un peu plus contre moi. Je ne veux pas qu'il m'échappe, j'ai besoin de son corps pressé contre le mien.
Nos lèvres s'entrouvrent, l'une de ses mains glisse dans ma chevelure de feu et l'autre se cramponne à ma taille presque douloureusement. Son odeur, ce mélange d'épices et de sueur, m'enveloppe comme un cocon protecteur dans lequel j'aimerais me fondre. J'ai les jambes flageolantes, mais ce n'est plus à cause de l'angoisse.
Je suis submergée par une vague de désir brûlant tout sur son passage, un raz-de-marrée tellement puissant qu'il abat toutes mes défenses.
Andrew met fin au baiser tout en gardant sa main sur ma nuque. Il sourit, détaille un instant mes lèvres du regard avant de plonger ses yeux dans les miens.
– Je suis désolé pour ton maquillage.
Je ris.
– Ça ne fait rien, je peux le refaire tu sais. Par contre toi, tu vas avoir du mal à te débarrasser de cette trace de rouge à lèvres.
– Peut-être que je n'ai pas envie de m'en débarrasser ?
Je lui donne une tape sur le bras.
– Allez, viens, rentre une minute. Je vais arranger ça.
Je referme la porte derrière lui et l'entraîne vers la salle de bain. Heureusement, pour une fois, ma chambre est impeccable. C'est assez rare en semaine, quand je sais que personne ne va venir me rendre visite.
Je sors un coton sur lequel je verse un peu de démaquillant, avant de le tendre à Andrew. Puis j'en fais un deuxième, et m'applique à enlever le maquillage qui a coulé sur mon visage.
Le miroir me renvoie mon image, je n'ai rien de glorieux : j'ai les traits tirés après cette longue journée de cours, et mes yeux sont rouges et gonflés d'avoir trop pleuré. Pourtant, le brun me regarde comme si j'étais la huitième merveille du monde. Je dois dire que j'aime la sensation que ça me procure.
– Si tu savais depuis combien de temps j'attends ce moment, chuchote-t-il en se penchant vers moi.
J'ai à peine le temps de jeter le coton souillé dans la poubelle qu'Andrew m'attrape par la nuque pour me rapprocher de lui. Mon cœur fait un bond. Il n'y a rien de violent dans son geste, juste une intense passion.
Il me plaque contre le mur, ses lèvres échouent sur les miennes et je pousse un couinement. Son corps pressé contre le mien est tendu comme un arc, et je sais avant même qu'il ne glisse une main sous mon t-shirt ce qui va se passer.
– Je peux ?
J'acquiesce, fascinée par son regard brillant et touchée par sa demande. Même si je l'aurais laissé faire quoi qu'il arrive, j'aime savoir qu'il attend mon consentement, y compris pour une chose aussi futile que passer la main sur mon corps.
Nos deux bouches se rejoignent et je ferme les yeux, inspirant à pleins poumons son odeur épicée. Mon cœur bat la chamade, j'ai les joues brûlantes – pas que les joues, en réalité tout mon corps s'embrase. Les boucles d'Andrew frôlent mon front et ses doigts courent de mon ventre à la naissance de mes seins. J'ai beau avoir mon soutien-gorge et tous mes vêtements, ce contact m'électrise.
Sans cesser de m'embrasser, Andrew pousse la porte de la salle de bain pour l'ouvrir. Je recule, recule, jusqu'au moment où mes jambes heurtent le lit. J'y tombe littéralement comme une masse, entraînant le brun dans ma chute. Pourtant, nos lèvres ne se sont pas détachées d'un centimètre.
Je m'allonge en attrapant Andrew par le col de son t-shirt. Mes intentions sont claires, et je le sens fébrile sous ma main.
– Attends...
Aussitôt, je romps notre baiser, essoufflée, pour le regarder droit dans les yeux.
– Est-ce que tu as un préservatif ?
Je suis touchée par sa prévention, bien que je lui en aurais proposé moi-même avant de passer aux choses sérieuses.
– Je suis sous pilule, je dis dans un murmure, mais il y a le nécessaire dans la table de chevet.
Je tends la main vers le meuble.
– Tiroir du haut.
– On n'est jamais trop prudents, murmure Andrew en ouvrant ledit tiroir.
Il farfouille un instant, faisant abstraction du vibromasseur rangé au même niveau. Je dois lui reconnaître un certain professionnalisme face à la situation, le dernier gars qui s'est retrouvé dans sa position a ricané bêtement. Ce genre de chose ne m'est jamais arrivé avec une fille, notez bien. Tout comme je n'ai jamais eu besoin d'utiliser ledit objet après en avoir reçue une dans mon lit. Ça ne signifie pas pour autant que tous les mecs que j'ai rencontrés étaient nuls !
– C'est la bonne taille ?, je demande tandis qu'Andrew sort un carré brillant de l'emballage. Je ne voudrais pas que ça te gêne...
– Tina, le but c'est d'éviter que tu tombes enceinte, et aussi de ne pas se transmettre d'éventuelles MST. On s'en fiche de savoir si ça va me gêner ou non, je ne veux prendre aucun risque.
Avec un sourire, il se penche vers moi et embrasse mon front.
– Tu me donnes une minute ?
D'un mouvement de tête, il désigne la salle de bain. Je me redresse sur les coudes et hoche la tête.
– C'est pas les filles qui ont besoin d'un tour dans la salle de bain, normalement ?, je pouffe.
Ce cliché de l'héroïne qui part vérifier que tout est parfait, s'observe dans le miroir en constatant à quel point ses joues sont rouges et son sourire rayonnant. Non, pour ma part, je n'ai pas besoin de ça. Je suis mal épilée ? Rien à foutre. Mon visage a une couleur similaire à celle de mes cheveux ? Rien à carrer non plus. Je ne suis pas parfaite, et je n'attends pas la perfection de mon ou ma partenaire non plus.
Mon partenaire... Mais Andrew est plus que ça, non ? On est un couple à présent, enfin je crois. Il faut que je pense à clarifier la situation, histoire d'éviter certains désagréments.
Je profite de cet instant de répit pour enlever mon pantalon et mon t-shirt. C'est toujours un peu pénible de devoir se dévêtir dans le feu de l'action, par contre j'aime la sensation de l'autre qui enlève mes sous-vêtements.
La porte de la salle de bain s'ouvre sur Andrew, uniquement vêtu d'un boxer. Je détaille un instant son torse, ses abdos, et mes yeux continuent d'eux-même à descendre jusque...
– Arrête de me mater comme ça !, se marre-t-il.
Il passe néanmoins une main dans ses cheveux bruns pour les ébouriffer un peu plus, avant de me rejoindre sur le lit. Nous voilà assis l'un à côté de l'autre, en sous-vêtements. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine, est-ce que c'est normal ? Je ne devrais pas angoisser à l'idée de ce qu'on s'apprête à faire, après tout ce n'est pas mon coup d'essai. J'ai déjà eu des relations amoureuses, plusieurs, des sex-friends également, et même des coups d'un soir.
– S'il y a quoi que ce soit qui te pose problème, tu m'arrêtes sans hésiter, ok ?
Tandis que je hoche la tête, Andrew se penche vers moi, passe une main derrière ma nuque et rapproche ma tête de la sienne. Je ferme les yeux alors que nos bouches se rencontrent, se retrouvent, et c'est comme si une digue rompait en moi. Je glisse une main dans les cheveux du brun, l'autre sur sa peau brûlante, avant de passer une jambe par-dessus lui et de m'assoir à califourchon sur ses cuisses.
/!\ Pour ceux qui veulent sauter cette scène, rendez-vous à la prochaine balise de signalisation /!\
Doucement, presque délicatement, Andrew dégrafe mon soutien-gorge et le laisse tomber au sol. Il ne fait pas froid dans ma chambre, c'est plutôt carrément le contraire, pourtant je ne peux empêcher un frisson de remonter le long de mon dos.
Les mains du bruns caressent mon dos tandis que les miennes se glissent dans ses cheveux. Je ne sais pas comment il arrive à faire glisser ma culotte le long de mes jambes, et je n'ai pas la force de m'interroger là-dessus.
On se découvre lentement, presque comme le feraient deux adolescents en mal d'amour. Nos gestes sont hésitants, et pourtant tellement experts : nous n'en sommes pas à notre premier essai, l'un comme l'autre.
Je tente tant bien que mal de débarrasser Andrew de son caleçon, mais la position dans laquelle on se trouve ne facilite pas la tâche. C'est lui-même qui finit par s'en charger, et ses doigts effleurent mes cuisses dans le processus, faisant crépiter des étincelles dans mon bas ventre.
Andrew s'appuie d'une main sur le lit et se sert de la deuxième pour explorer mon dos. Je suis parcourue de frissons, et d'une excitation sans nom. Je le sens dur contre moi, pourtant il ne force pas les choses : il se contente de m'embrasser, encore et encore. Mes doigts glissent sur son torse, descendent et remontent tandis que mes cheveux effleurent nos deux corps nus.
C'est à moi de lancer le mouvement. D'une main, je l'aide à trouver son chemin et, quand enfin nos deux sexes se rencontrent, je pousse un soupir d'aise.
Oh, bon sang ! Ça faisait tellement longtemps, c'est beaucoup trop bon !
Mes balancements de bassin sont totalement maitrisés, je maintiens un certain rythme de façon délibérée parce que je vois que ça lui plaît. Alors, posant mes deux mains à plat sur ses pectoraux, je le pousse pour l'allonger.
– Tina...
– Chut.
J'aime cette position, parce que je peux librement observer mon partenaire d'en haut ; j'ai l'impression de le dominer de toute ma hauteur, ça me plaît. À en juger par les grognements qu'il pousse, Andrew apprécie tout autant.
Je ne peux pas nier que je prends mon pied. Mes cheveux trempés de sueur retombent comme un rideau devant mon visage, pourtant je peux toujours distinguer le corps du brun. Mes mains appuient sur son torse ; il a les yeux fermés, la bouche ouverte et grogne de plus belle.
C'est une des grandes différences que j'ai remarquées entre les hommes et les femmes. Pourquoi ceux-là grognent quand celles-ci gémissent ? C'est drôle, et grisant à la fois. Il y a quelque chose de presque animal dans ce comportement, ce qui ravive mon désir comme on rallumerait un feu. Mes entrailles sont littéralement en train de bouillir et je pousse un petit cri.
Nos deux souffles hachés résonnent dans la pièce, jusqu'à ce qu'Andrew pousse un véritable cri. Je n'ai pas besoin de deviner qu'il a atteint l'extase ; pas moi.
Désolée de vous décevoir, mais les deux partenaires qui jouissent en même temps, c'est pour la plupart du temps un mythe, tout comme l'orgasme féminin par pénétration. La représentation est très biaisée, autant dans les livres que dans les films. Néanmoins, je ne peux nier que j'ai parfaitement collé à cette représentation, à l'occasion ; pas aujourd'hui.
– À mon tour, murmure Andrew en me renversant sur le lit.
Amusée, je le regarde se pencher sur moi. Ses lèvres échouent dans mon cou, qu'elles embrassent goulûment. Je n'ai pas le temps de pousser un soupir d'aise que déjà, sa bouche entame sa lente descente.
Andrew embrasse ma clavicule, la courbe de mes seins, mes tétons, il continue de descendre petit à petit alors que je suis incapable de bouger, pantelante. J'aimerais qu'il aille plus vite, l'attente est insoutenable.
Enfin, ses lèvres trouvent leur destination finale et je m'enfonce un peu plus dans les draps, rejetant la tête en arrière.
/!\ Fin de la scène explicite, vous pouvez reprendre votre lecture /!\
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Nda : juste un petit message de fin pour vous dire que je ne sais pas trop quand je vais arriver à poster en août, parce que je suis en vacances (enfin !!!). J'essaie de terminer le chapitre 23 pour ce week-end voire celui d'après, mais ce qui est sûr c'est qu'il n'y aura pas de chapitre le dimanche 21 et peut-être pas non plus le dimanche 28 (je pars en Corse les amis !!). En attendant, promis le chapitre 23 arrive pour le 7 ou le 14 août, selon comment je m'en sors (je pars dans les Pyrénées xD).
Bisous les loulous <3
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