CHAPITRE 24: OUBLIE MOI
WARNING: CE PASSAGE CONTIENT UNE SCÈNE D'AGRESSION SEXUELLE SUSCEPTIBLE DE CHOQUER CERTAINS LECTEURS. CETTE SCÈNE NE FAIT EN AUCUN CAS QUE CELA SOIT L'APOLOGIE DU VIOL. BIEN AU CONTRAIRE, ELLE DÉNONCE LA PRATIQUE COURANTE D'HOMMES PRÉTENTIEUX QUI N'ACCORDENT AUCUNE VALEUR AU CONSENTEMENT. ÂMES SENSIBLES S'ABSTENIR, SI VOUS LISEZ CE PASSAGE DAIGNEZ TENIR COMPTE DES EXPLICATIONS QUE JE VOUS AI DONNÉES PLUS HAUT.
Le trajet en avion se fit dans un silence d'enterrement avec une Valentina qui se tenait aussi muette qu'une tombe. Kris l'observait méticuleusement, non sans réellement imaginé la douleur qu'elle se bornait à vivre en interne ou encore le déni qui semblait avoir enchanté son cœur. Il tenait quand même sa main emprisonnée dans la sienne pour lui signifier qu'il était toujours là, qu'elle devait repenser à leur conversation et peut-être détruire la boucle douteuse du désespoir qui semblait s'être armée autour de son être. Cette compassion, Valentina la portait en horreur. L'ubuesque de cette nouvelle situation l'avait renseignée sur la condition précaire de ses proches dans le nouveau monde instauré par le cartel. Lorsqu'ils arrivèrent enfin à l'hôpital, ils furent tout de suite escortés par une multitude de gardes jusqu'au bureau du médecin légiste. Kris posa une main tiède sur l'épaule de Valentina qui sentait le sang affluer jusqu'à ces tempes. Son cœur cognait abruptement dans sa poitrine en la menaçant d'un futur geste imprécis, celui d'apparaître sur cette table où on disposait quelques effets personnels qu'on supposait appartenir à son père.
- Reconnaissez-vous ce bouton de manchette ?
Valentina s'affola. On le remarqua aux larmes qui dansaient dans son regard émeraude.
- Oui. Je l'ai offert à mon père a l'occasion de son anniversaire.
Sa voix était mécanique. Le choc l'ayant abandonné paralysée au milieu d'hommes qui l'honoraient avec des regards compatissants. Le légiste reprit d'une voix plus souple, l'émotion contenue dans ses pupilles fatiguées.
- L'inspecteur Xavier Woods est en chemin. Il vous donnera d'amples d'informations sur les circonstances du décès.
Valentina hocha subrepticement la tête. Elle offrit une grimace et murmura un pathétique merci qui se dissolva dans l'espace minimaliste du bureau. Elle prétexta ensuite une envie pressante parce qu'elle avait d'urgence besoin de s'éloigner de ces effets. Elle avait aussi besoin de s'éloigner de ces personnes au risque que leurs vies ne soient brutalement stoppées dans leur course. Elle ne pourrait pas se pardonner si d'autres en venaient à expérimenter cette misère qui la terrassait si sévèrement qu'elle en venait à se demander si elle pourrait supporter une nouvelle perte. Devant les toilettes, elle prit Kris dans ses bras pendant le temps que dura l'inspection de Cole. Elle coula sur lui un regard d'amoureuse qui la conforta dans son choix aussi difficile que ce dernier puisse être.
- Je te serai à jamais reconnaissante pour tout ce que tu as fait pour moi.
Elle joignit sa bouche à la sienne et profita du baiser qu'ils échangeaient pour lui subtiliser son téléphone. Elle eut enfin accès aux toilettes où elle se dépêcha d'aller s'enfermer à double tour dans l'un des box. Les mains tremblantes, elle composa le numéro de Dayton.
- Dayton, je n'ai pas assez de temps. Je suis à l'hôpital Mount Sinaï, j'ai besoin que tu viennes me chercher. Dépêche toi et surtout ramène moi des affaires de rechange. Je te donne rendez-vous dans le parking souterrain dans trente minutes. Ne soit pas en retard.
Valentina écoutait l'inspecteur d'un air absent. Son regard demeurait englué sur l'horloge. Elle suivait le ballet des aiguilles en comptant les minutes.
- Pourrai-je voir son corps ?
Le médecin légiste blémit. La demande l'avait pris au dépourvu.
- Je ne pense pas que cela soit une bonne idée.
- Il s'agit de mon père et j'ai le droit de le voir.
Le légiste échangea un regard critique avec Kris qui se contenta de hocher la tête. Il déposa ensuite un baiser sur la main de Valentina qui se détournait aux côtés du médecin légiste et d'un garde. Ils marchèrent jusqu'à l'ascenseur qu'ils empruntèrent pour accéder à un autre couloir qui les mena jusqu'à la morgue. Cole se posta devant l'entrée tandis que Valentina pénétrait dans la pièce avec le légiste en tête de fil. Valentina savait pertinemment qu'elle n'aurait pas la force de voir le cadavre de son père. Sa démarche n'avait été qu'une diversion pour lui permettre d'échapper à la vigilance des gardes mais surtout pour s'enfuir. Le légiste fit tourner une clé dans la serrure avant d'actionner la poignée. La porte s'ouvrit sur une salle qui contenait une multitude de casiers. Valentina se rapprocha puis profita de l'entrée première du légiste pour le pousser à l'intérieur. Elle l'enferma immédiatement à double tours sans pour autant prendre en compte ces nombreux cris de protestations. Elle se dépêcha de troquer sa robe pour une blouse et un pantalon d'hôpital avant de rebrousser chemin le coeur battant. Cole ne la reconnut pas sous son déguisement. Elle fila droit vers la sortie menant au sous sol et reconnut Dayton de loin. Il fumait une cigarette adossé à une fourgonnette.
- Val ?
- Il faut qu'on file. Il ne vont pas tarder à comprendre.
- Monte.
- Val ça va ?
- Évite de poser la question quand tu connais la réponse.
Valentina s'en allait. Elle emportait avec elle le danger de son existence, elle prenait finalement la responsabilité de toutes les complications survenues dans sa vie. Elle se faisait le martyr de proches qu'elle espérait compréhensifs sur son départ.
- Je comprends. Je voulais te dire, je ne vis plus avec mes parents. Ils m'ont déshérités. Je vis désormais avec des potes dans un quartier loin du luxe qu'on a toujours connu.
Son air contrit ne fit aucun effet à Valentina.
- Peu importe. J'ai besoin qu'on ne me retrouve pas et vaudrait mieux ne pas mêler ta famille à cette histoire.
Le trajet en voiture se poursuivit dans une atmosphère où différentes émotions se mêlaient. L'effroi en était la principale, elle coulait sur Valentina un sentiment d'irrégularité qui la maintenait dans une sorte de transe. Elle conservaient les mains serrées sur ses genoux pour éviter de répondre aux appels frénétiques de son cœur. Elle faisait une bêtise qu'elle allait sûrement regretter, il fallait qu'elle se rende à l'évidence et fasse demie tour. Kris ne lui en voudrait pas pour cet accès de lâcheté, il la prendrait dans ses bras et la gronderait doucement avec des mots d'amour.
La voiture s'immobilisa sur le parking d'un immeuble crasseux qui était véritablement loin de tout le luxe qu'elle avait connu. Valentina releva sa capuche en quittant le véhicule. Elle avait certes pris un énorme risque en s'enfuyant mais de cette façon la vie de Kris se retrouvait épargner. Elle sauvait le seul être qu'elle n'ait jamais aimé du danger de la mort en encourant le risque de se faire enlever. La fatalité de cette vérité lui importait peu. Elle improviserait en vivant cacher avant de peut-être s'enfuir dans un autre pays. Des néons clignotaient sur leur passage dans le couloir d'un immeuble dont les murs luisaient de crasse. Un canapé trônait fièrement au milieu de la pièce dans laquelle Dayton l'avait précédée et qu'une télévision faisait office d'éclairage. Deux paires d'yeux se braquèrent immédiatement sur elle. Elles lui donnèrent la chair poule quand il lui était impossible de véritablement voir leurs visages.
- Salut les mecs.
- Qui as-tu ramené cette fois D ?
- Sûrement une pute comme celle de la dernière fois...
- Ferme la putain !
- Où c'est encore une fille de bourge qui s'est barrée. Mais qu'est ce qui ne tourne pas rond dans la tête de ces petites ?
- Je ne suis pas de ceux qui chercheraient à en connaître la raison. Chacun fait ce qu'il peut pour survivre. Moi c'est John et le mec relou sur le canapé c'est Z.
Valentina s'installa dans un recoin sombre en prenant soin de remonter ses jambes. L'heure n'était pas aux jérémiades ou pleurs inutiles, elle devait assumer son choix dans un univers qui n'était pas le sien. Dans l'une des planques les plus abjectes aux côtés de mecs qui ne laissaient pas de places réelles à l'imagination en ce qui concernait leurs compétences. Dayton coupa court à ses pensées en lui tendant un paquet qu'elle repoussa gentiment. Elle n'avait pas faim. Son estomac était douloureusement contractée. Elle ne se sentait pas la force d'avaler quoi que ce soit, par contre, elle réclama de l'alcool. Le goulot de la bouteille franchit les barrières de sa bouche lorsqu'elle ingurgita une importante quantité.
- Vas-y doucement la nouvelle, tu ne devrais pas en boire autant du premier coup.
- Vous voulez rire ? De la tequila ?
- N'empêche. Vas-y doucement.
- Après j'aurai préféré une bonne bouteille de chivas.
- Connaisseuse la petite bourge ? Toi, je sens que je vais t'aimer.
Valentina rejoignit les toilettes qui lui permirent de se rafraîchir. Elle se versa de l'eau froide sur les joues en observant son reflet dans le miroir. Il fallait qu'elle tienne bon, il fallait surtout qu'elle ne craque pas. De retour dans la pièce à vivre, elle retrouva l'un des hommes occupé à sniffer une poudre cristalline.
- T'en veux ?
Valentina fit mine de ne pas comprendre.
- Fiche lui la paix Z et c'est la dernière fois que je te le dis, tonna un Dayton furieux.
Valentina ne sut pas comment mais elle réussit à s'endormir. Elle avait passée sa première nuit loin du confort des bras de Kris. De ces baisers et attentions qui lui donnaient envie de l'honorer davantage d'amour. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, le taudis était vide. Les quelques rayons de soleil lui permirent d'avoir un meilleur aperçu de la pièce. Des cadavres de bouteilles de bières avaient échouées au sol. Les murs crasseux ingénieusement décorés par des posters de rappeurs connus. À l'angle, une kitchenette qui n'avait pas servie depuis des lustres contenait des restes évidents de pizzas, de nouilles et de sauces. L'association était véritablement dégoûtante mais Valentina ne s'en offusqua pas. Elle avait choisi cette vie. Elle profita de l'absence du trio pour aller prendre un semblant de douche.
- Val, t'es réveillée ? Je t'ai ramené des croissants ainsi que du café.
Elle fit mine de s'étirer.
- Merci, répondit-elle en acceptant le paquet qu'il lui avait tendu.
- D, le rendez-vous a été convenu. C'est pour ce soir à vingt-trois heures.
Dayton mordit dans son sandwich en hochant la tête.
- Combien cette fois-ci ?
Son interlocuteur but une gorgée de sa bière.
- Trente Kilos.
Valentina dégustait sa pâtisserie. Elle écoutait l'échange silencieuse.
Un mois plus tard...
En cette soirée orageuse de novembre, Valentina se retrouvait seule en compagnie de Z. Ce type bizarre lui faisait froid dans le dos. Aussi, devait-elle se faire violence pour garder les idées claires. En conséquence, elle ne se contenta que du fond d'une bouteille de tequila. Lorsqu'il lui tendit une clope, elle la refusa poliment. Elle n'était pas une fumeuse, d'ailleurs la drogue ne l'avait jamais intéressée. Elle ne détenait pas des masses d'informations sur le business qui semblait être l'artère de cette maison et moins elle en savait, mieux elle se portait.
- Ne sommes-nous pas bien ici ?
- Si, sourit Valentina malgré elle.
- Les autres vont mettre un temps fou à rentrer. Que dirais-tu si nous mettions cette soirée à profit pour mieux nous connaître ?
- Nous nous connaissons déjà, il n y a pas lieu de faire quoi que ce soit.
Valentina prit son air le plus détaché. Elle n'était aucunement impressionnée par l'attitude dominatrice de Z. Tant qu'à attendre Seth, elle préférerait le faire dehors. Elle ne se sentait pas du tout en sécurité aux côtés de cet homme.
- Pas si vite papillon.
Z la retint par l'épaule puis l'obligea presque à lui refaire face.
- Quoi ? Qu'est-ce que tu veux ?
En réponse, Z essaya de l'embrasser. Valentina le repoussa immédiatement.
- Qu'est-ce que tu fous ? Ne me touche pas espèce de gros pore !
Elle lui cracha à la figure et regretta son geste presque aussitôt. Z était furieux. Il lui administra une série de gifles jusqu'à ce qu'elle le supplie d'arrêter. Le goût du sang lui parfumait nouvellement la bouche.
- Je te préfère comme cela bébé. Apeurée mais surtout docile. Tu n'imagines pas à quel point tu m'excites.
Z se servit d'un couteau à pain pour déchirer le tee-shirt de Valentina. La jeune femme trembla de désespoir quand sa poitrine fut découverte. Elle avait la nausée mais se maintint toujours immobile, des larmes glissaient sur ses joues marquées par la gêne. Z souffla doucement sur la chair découverte avant d'en mordiller les pointes. Valentina poussa un cri d'horreur, puis commença à se débattre.
- Encore un seul bruit et je te bâillonne, suis-je assez clair ?
Valentina pleurait mais se résolut à hocher la tête pendant que cet animal lui liait les mains au moyen d'un foulard. Il baissa ensuite son jean puis révéla son intimité. Il y introduisit l'indexe et malmena l'organe pendant que Valentina recommençait à se débattre. Elle poussait des cris, ces plaintes échouant à décourager les pulsions de cet animal.
- Je croyais d'avoir dit de ne plus bouger.
Z retira un mouchoir de la poche externe de son jean et l'enfonça dans la bouche de Valentina.
- Voilà qui devrait te calmer. Où en étais-je déjà ?
Z réintroduisit son indexe en elle. En réponse, Valentina grimaça de douleur. La mécanique du geste lui brûlait les entrailles. Désormais, il s'évertuait à embrasser ces seins, caresser son ventre la tête emprisonnée entre les jambes féminines. Valentina ressentait son souffle sur son intimité, sa langue qui venait de la pénétrer. Elle se cambra d'horreur, les pleurs coulant des rivières salées sur ses joues. Elle suppliait malgré son bâillon mais Z se fichait totalement de son ressenti. Il baissa à son tour son jean, prêt à la posséder. Son pénis imposant brandit dans l'atmosphère lugubre du studio. Il approchait son membre de cette porte non explorée, encore vierge de tout ces plaisirs que les livres lui avaient contés. Il se rapprochait de cette fente qu'il jugeait étroite mais qu'il avait lubrifiée au contact de sa salive. Valentina réagit immédiatement en projetant son pied en avant. Z s'écroula immédiatement en hurlant de douleur. À peine eut elle la main sur la poignée qu'il la retenait déjà par la jambe. Valentina déséquilibrée tomba à la renverse avant de se faire agripper par les cheveux. Automatiquement, elle ressentit le canon d'une arme se braquer sur sa tête.
- Si j'étais toi, je réfléchirai à deux fois avant de jouer aux connes.
- Lâche moi !
Sa voix était froide, ses yeux emplies haine lançaient des éclairs.
- Je te préfère ainsi Val ou devrais-je dire Valentina Reed. Ne prend pas cet air surpris. Et oui, je connais ton petit secret. Tu te croyais intelligente, (Z ricana), je suis désolé de te le dire mais tu ne l'es pas. J'ai voulu être gentil mais tu m'as poussé dans mes derniers retranchements. J'espère aussi que tu es prête à en payer prix.
Chapitre assez douloureux qui met en lumière la contre-productivité des viols. Ce sujet me tenait particulièrement à cœur et mon entreprise dans ce libre c'est d'oeuvrer pour la dénonciation des dommages liés à cet acte que je qualifie de répugnant.
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