CHAPITRE 22: SAUVE MOI
Elle repoussa la porte en mettant toute l'énergie qu'elle arrivait à sensibiliser dans ses paumes malgré la panique grandissante qui faisait des vagues dans son sang. Une fine pellicule de sueur se glissa sur son front et ses mains mais elle continua de faire pression sur la porte pour l'obliger à se refermer. Au risque de se faire enlever, elle devait faire marcher son cerveau. Elle avait une nouvelle raison de vivre. Aussi, refusait-elle de quitter le côté de Kris, pas quand il avait monopolisé autant d'efforts pour l'empêcher d'être propulsée dans un monde qui n'était pas le sien. Il fallait qu'elle gagne du temps, quelqu'un allait forcément finir par arriver. Elle remarqua alors le laiton qu'elle réussit à rapidement connecter.
Malheureusement cela ne lui accordait que quelques minutes en manoeuvre. Étant armé, son assaillant pouvait à tout moment tirer dessus. Réfléchit Valentina, utilise ta tête, ne laisse pas la panique te submerger. Son cerveau sur pilote automatique lui répétait ce message en boucle. Elle pensa immédiatement à sa pochette. Laquelle contenait un parfum qui pouvait faire office de bombe anti agression. Cette dernière avait glissé sur le sol, et se retrouvait à une dizaine de mètre. Dans un effort surhumain, elle réussit à l'attirer du pied. Entre ses mains, elle s'empressa de trouver la fameuse fiole. À cet moment précis, l'inconnu glissa la main dans l'entrebâillement à la recherche du loquet. Valentina laissa échapper un cri, craintif, douloureux coloré par des souvenirs qu'elle avait appris à repousser, cadenasser dans un espace de son esprit inaccessible à son âme.
À cet instant précis, cette porte interne se dégradait à l'image d'un château de carte.
L'histoire se répétait. Un second Brad qui profitait de l'absence de ses parents débarquait. Il allait la traîner par les cheveux jusqu'à la pièce la plus proche. Déchirer sa robe. Et ensuite... Son cerveau fit barrage. Il refusait subitement de matérialiser ces images angoissantes. La témérité prit le pas sur le sentiment qui primait. Dans un élan de lucidité, elle brisa la fiole contre le mur et utilisa l'un des morceaux de verre comme poignard. Son arme de fortune trancha à plusieurs reprises la main de l'inconnu qui hurla en se dégageant immédiatement. Profitant de l'occasion, Valentina repoussa la porte jusqu'à ce qu'elle se referme derrière elle. Elle était à bout de souffle. La boucle entrouverte, elle était au bord de l'évanouissement. Kris, ce prénom lui donna le courage nécessaire de courir jusqu'à sa chambre récupérer son téléphone.
- Valentina, je suis en réunion...
- Kris, l'interrompit-elle, je suis en danger, quelqu'un a essayé de m'enlever. Il est devant la suite, je ne sais pas comment m'enfuir. Kris, j'ai peur...
Trois coups de feu retentissent.
- Valentina, vous êtes là ?
La panique faisait vibrer sa voix. Il se passa nerveusement la main dans les cheveux en attendant qu'elle lui réponde.
- J'suis la.... couru... cacher... bureau.
- Cole est en route. Il ne vous arrivera rien. Regarder dans le quatrième tiroir gauche de mon bureau. Il y a une arme à feu. Prenez là et rester cacher. J'arrive tout de suite.
- Kris, j'ai vraiment peur. S'il devait m'arriver quelque chose, sache que je t'aime, je suis...
Quatre coups de feu supplémentaires retentissent à intervalles irréguliers et la communication fut définitivement coupée.
- Valentina ? Valentina ? Merde.
Il n'en fallut pas plus pour que Kris se précipite à l'extérieur. Il fonça droit sur la voiture de location qui venait d'apparaître. Une tragédie s'était peut-être produite au Sofitel Faubourg et son cœur nourrit par une panique acide cognait abruptement dans sa poitrine. A son arrivée, la presse et la police avaient déjà investi les lieux. Des cameras et des flashs fusaient de partout faisant barrage au dispositif de sécurité policier qui avait été établi autour du bâtiment. Lorsqu'un brancard contenant un sac mortuaire sortit de l'hôtel, le sang de Kris se glaça dans ses veines. Il se passa nerveusement la main sur le visage en se précipitant à l'extérieur de la voiture. Il fut tout de suite accueillit par l'un de ses agents de sécurité.
- Bordel que s'est-il passé Blake ?
- Jared était posté devant la suite comme convenu. Une certaine Trystaine c'est présenté à lui le sollicitant pour la réparation d'une ampoule dans la suite d'en face. Elle avait l'air si jeune et sympathique qu'il l'a prise en pitié. En pénétrant dans la suite il n'a pas eu le temps de réparer l'ampoule. Un coup sur la tête lui a fait perdre connaissance. J'ai essayé de le contacter sur sa radio, aucune réponse. Je suis donc monté voir ce qui se passait. C'est là que...
- Poursuivez Blake.
- C'est là que je suis arrivé sur le palier. La porte de votre suite était ouverte. Des morceaux de verres étaient reparties sur le sol ainsi que quelques gouttes de sang séchés. Je suis entré en dégainant mon arme. Je me suis tout de suite dirigé vers la chambre de mademoiselle Reed. Je ne l'y ai pas trouvé. En revenant au séjour, j'ai entendu du bruit provenant du bureau. Je m'y suis donc rendu. J'ai alors vu madame Reed caché sous le bureau. Planqué derrière la porte, je lui ai donc fait signe de ne faire aucun bruit. C'est à ce moment précis que l'inconnu a fait son entrée, son arme braqué dans la direction de madame Reed. Je lui ai tiré deux balles dans les épaules afin de l'immobiliser, mais je n'ai pu lui soutirer aucune information. Lorsque deux autres coups de feu supplémentaires ont retenti dans le salon, j'ai vite fait d'enfermer madame Reed avant d'aller vérifier ce qui se passait. C'était Cole qui venait d'abattre un autre homme.
- Ou se trouve Valentina ?
- Dans l'ambulance. Contrôle de routine.
Kris se précipita immédiatement vers l'ambulance après avoir bien évidemment remercié son garde.
- Valentina...
Elle se précipita dans ses bras, des larmes débordant de son visage. Kris ne put s'empêcher de la toucher pendant quelques secondes comme pour se persuader qu'elle était bien réelle, mais surtout vivante.
- Est-ce que tu vas bien ? Mon Dieu, je suis tellement désolée de t'avoir laissé toute seule, je ne me le serai jamais pardonné s'il t'étais arrivé quelque chose.
Ces mains tremblantes caressaient ses joues tendrement. Valentina se laissa porter par la caresse, son cœur s'apaisa et le stress s'effaça progressivement de son esprit.
- Depuis que je suis dans tes bras, je me sens mieux.
Elle se colla à sa poitrine et Kris la serra davantage. Il aurait pu la perdre bon sang ! Comme sa Jennie. Du plus profond son cœur, ce dernier adressa une prière silencieuse au bon Dieu pour le remercier de cette grâce inespérée. Il s'était préparé au pire mais finalement le Saint des Saints avait entendu ses lamentations et avait décidé de le contraindre à la douleur commune des départs précipités.
- Mademoiselle Reed, je me présente, inspecteur Vincent De la Croix annonça-t-il en présentant son insigne. Vous étiez sur la scène de crime alors j'aimerais vous poser quelques questions. Parlez-vous français ?
Valentina fit non de la tête et l'inspecteur répéta sa phrase dans un anglais parfait.
- Je...
- Vous ne voyez donc pas qu'elle est toujours en état de choc ?
- Pardon, je pourrai savoir qui vous êtes ?
Agacé, Kris répondit:
- Son tuteur légale. Si vous voulez une déposition, aucun problème, nous vous contacterons pour.
- Monsieur Wilson, je ne pense pas que cela soit une alternative. Plus vite nous la ferons, mieux se sera.
- Vous ne...
- Kris, l'interrompit Valentina en lui pressant délicatement la main, ne t'inquiète pas, je peux la faire.
- Merci pour votre coopération madame Reed. Que s'est-il passé ?
- J'étais dans ma chambre à me préparer...
- Vous préparer à quoi ?
- À sortir. Je devais rejoindre Kris pour que nous puissions rejoindre ensemble ses parents.
- Poursuivez.
- J'ai entendu toqué à la porte, je suis donc aller voir pensant qu'il s'agissait peut-être de nos gardes du corps. A défaut, il s'agissait du room service. Je ne me souvenais pas avoir commandé quelque chose, alors j'ai essayé de le renvoyer. Malheureusement, l'individu n'a pas voulu s'en aller quand j'ai essayé de refermer la porte. Son pied était coincé dans l'encadrement. J'ai vite fait de connecter le laiton lorsque j'ai cru apercevoir des armes dans les plateaux qu'il tenait. C'est alors qu'il a essayé d'entrer en forçant sur la porte pendant que moi de l'autre coté, je luttais pour pouvoir la refermer. Je me suis servie de la fiole de mon parfum pour le blesser à la main. C'est à ce moment que j'ai réussi à la refermer. J'ai couru récupéré mon téléphone et appeler Kris avant d'aller me cacher dans le bureau. Ensuite Blake et Cole sont arrivés. La suite vous la connaissez.
- Blake et Cole, qui sont-ils ?
- Nos agents de sécurités.
- Pourquoi avoir des agents de sécurité ?
- Parce qu'elle serait morte sinon ! Assez de question inspecteur. Elle vous a dit tout ce qu'elle savait, renchérit Kris en s'interposant.
- J'ai aussi des questions à vous poser.
- Que voulez vous savoir ?
- Pourquoi êtes vous son tuteur ?
- Je vous demande pardon ?
- Vous aurez très bien pu commanditer son assassinat pour avoir la main mise sur son héritage. Question logique, vous arrivez dans un pays, vous vous enregistrez dans un hôtel sous des faux noms, permettez moi de douter de toute cette affection que vous semblez transpirer pour cette femme.
Au bord de la crise de nerf, Kris déclara froidement:
- Je n'ai pas à répondre à vos questions idiotes sans la présence de mes avocats. Bonne fin de soirée inspecteur.
- Madame Reed, tenez ma carte. Contacter moi si jamais quelque chose vous revenait.
- Je vous ai dit tout ce que je savais.
Après l'aéroport, le trajet jusqu'à la forteresse de pierre se fit dans un silence pour le moins gênant. Chacun à sa façon avait besoin de temps pour digérer l'expérience traumatisante qu'avait été Paris. Valentina se replongea dans la contemplation du paysage et sans le vouloir, finit par laisser échapper un soupir.
- Un problème Valentina ? Demanda Kris en lui prenant la main.
- Non. Rien, ne faîtes pas attention.
- Tenez dit-il en lui tendant son téléphone.
Valentina récupéra l'appareil et le posa sur son oreille.
- Val ma chérie, comme c'est si bon de t'entendre ! Tu m'as tellement manqué ma princesse.
- Toi aussi maman, tu m'as tellement manqué, répondit Valentina un sanglot étouffé dans la voix.
- Est-ce que tu vas bien ? J'ai appris pour l'attentat à Paris, j'ai cru mourir en imaginant le pire. Je suis tellement heureuse de pouvoir t'entendre et savoir que tu es vivante ma chérie.
- Je vais bien maman, tout va bien. Je veux tellement te voir tu sais, j'ai tellement de choses à te raconter.
- Je vais mettre fin à toute cette histoire, je te le promets et ensuite nous pourrons nous retrouver. Nous serons comme avant, une famille unie. Je t'aime tellement ma princesse, prend soin de toi.
- Moi aussi je t'aime maman.
Attentat infructueux à Paris, retour dans la forteresse de pierre. Valentina à le temps de souffler avant qu'une nouvelle tragédie ne vienne s'imposer dans sa vie. Comment réagira-t-elle face à cette nouvelle épreuve ? La suite dans le prochain épisode. D'ici là, bonne fête à toutes les mères du monde et bisous^^
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