CHAPITRE 20: SURPREND MOI

Quand des vérités aussi brusques que pénibles vous percutait, le travail devenait un échappatoire. Ce bouclier automatique absorbait le mal qu'on s'épuisait à ne plus véritablement ressentir. Le bémol lui par contre intervenait lorsqu'on n'en pouvait tellement plus qu'on s'obligeait à subir le choix de la pause méditative. Le bouclier échoué à nos pieds, on contemplait notre vie en laissant les quelques vagues nous lécher les pieds. Des vagues de fraîcheur qui alimentaient quelques peu nos espoirs, on se persuadait ainsi que de nouvelles alternatives étaient possibles, on décidait donc de donner sa chance au positivisme. 

Au bar de l'hôtel, Kris sirotait un scotch, la cravate défaite et les cheveux négligés pour s'y être passées les mains à plusieurs reprises. Tout était bien trop compliqué lui rappelait le silence des lieux entrecoupé par des notes de flûtes. Entre les deux sociétés qui lui donnaient du fil à retordre, sa vie qui était menacée, sa tête était sur le point d'exploser. Il avait les nerfs à fleur de peau quand le mal qu'il ressentait l'avait mené à cet endroit vidé exceptionnellement pour qu'il y noie son chagrin. Un chagrin qui revêtait des nuances partagées d'amertume et de fatigue quand il était lié à cette femme. Valentina, son visage s'insinua dans son esprit d'une manière assez troublante quoique si naturellement dans son cœur qu'il s'était accordé du temps pour mieux comprendre, en était-il tombé amoureux ?

La question lui provoquait des sourires sincères et une rougeur inédite quand sa raison déviait et qu'il se revoyait dans sa bouche. Cette bouche dont les lèvres délicatement rosées et rougies par le désir lui avaient prodigué milles et une sensations exquises. Il se l'avouait dans la tortueuse agitation de son âme, cette parenthèse avait été un délicieux supplice dont le goût était bien différent de ses séances de masturbation post réveils. En ce sens, il l'y était peut-être allé un chouïa trop fort en l'ignorant comme il l'avait fait, elle a qui il dissimulait tellement de détails sur la situation qui se complexifiait à chaque seconde de chaque minute. Ils étaient en France pour deux principales raisons, l'une s'étant déjà conclue en représentant la signature d'un contrat. Quand à la seconde, la plus sensible au cœur de Kris, elle concernait ses parents qui d'un commun accord avaient décidé de lui cacher le piteux état de santé de son père. En effet, perspicace comme il était, il avait toute de suite compris que la passation n'avait été qu'une couverture pour camoufler le vrai motif de ces fameuses vacances à Paris.

L'annonce lui avait quand même fait un choc terrible, le ramenant ainsi à une période traumatisante de sa vie. Le meurtre de sa sœur et le suicide de son ex fiancée, des douleurs qui avaient la peau dure et qui en se manifestant le maintenaient dans un état second. Il se retrouvait pris dans le tortueux brouillard des souvenirs qui n'en finissaient pas. Malheureusement pour lui, l'état de son père ne s'améliorait pas et le savoir suffisait à maintenir le flot naturel de l'angoisse. Il n'avait donc jamais pensé vexer Valentina, loin de lui l'envie de la faire souffrir. Il aimait tant la voir sourire, c'était comme revivre un couché de soleil aux Caraïbes. Quand à leur dernier baiser, Kris s'était retiré pour ne simplement pas à avoir à profiter d'elle. Qui ne voudrait pas faire l'amour à ce corps de rêve, dont la poitrine et les formes étaient aussi parfaites ? Peut-être qu'il n'était pas assez sincère pour le dire, mais il en rêvait tout le temps. Ses rêves la revendiquaient d'une manière si brutale qu'il s'était plusieurs fois contraint au supplice de la douche froide. N'étaient-ils pas à Paris ? Paris n'était-elle pas la capitale de l'amour par excellence ? Alors, il pouvait se permettre de rafraîchir ses espoirs.

                             ¤

Valentina

Sa nuit avait été mauvaise, reconnut Valentina en observant le plafond de la chambre.  Qu'elle soit luxueuse à souhait, malheureusement ce confort ne lui provoquait aucune transe. Elle n'éprouvait qu'une nausée qui lui compliquait d'autant plus la respiration. La main posée sur sa poitrine, elle continuait d'observer le luminaire au dessus d'elle. Un lustre d'exception qui malgré son aura brillante ne pouvait rien contre la brûlure sourde qui lui picotait l'intérieur de la poitrine. Une plaie pour le moins vivante qui s'élargissait à mesure que les larmes lui glissaient sur les joues parce que non seulement elle avait eu du mal à s'endormir, mais le léger sommeil qui avait suivi s'était retrouvé polluer par des cauchemars.

Des cauchemars pour le moins explicites où elle gisait dans une énorme marre de sang avec un Kris qui la torturait un sourire démoniaque placardée sur ses lèvres. Deux réveils successifs en sueurs donc et sa boîte de médicament sagement rangée dans sa valise à moitié défaite devant des pulsions anciennes qui revenaient demander leur reste. A défaut de salle de sport pour évacuer la tension, la jeune fille opta pour la salle d'eau. Une douche froide pour calmer cet autre problème qu'elle avait, les murmures qui lui brûlaient la cervelle en nourrissant ces cauchemars et en réduisant son appétit. Elle se refusait toujours l'envie d'avaler ses médicaments de quoi titiller le monstre qui sommeillait en elle. Devant le miroir, elle opta pour un style décontracté avec short, tee-shirt et paire de basket avant de rejoindre la pièce commune de la suite. Dans le séjour, elle rencontra Kris journal en main face à un café fumant impeccablement vêtu d'un costume noir. Ces cheveux relevés comme à leur première rencontre. Remarquant son arrivée, ce dernier se releva instinctivement en abandonnant son journal.

- Valentina, bien le bonjour. J'espère que vous avez passé une excellente nuit. Je vous attendais, nous allons déjeuner en bas si cela ne vous dérange pas.

- Très bien, laisser moi juste le temps d'aller récupérer mon sac.

Quelques minutes plus tard...

- Je croyais que nous étions là pour déjeuner ? Argumenta Valentina en mordant dans son croissant.

-  J'ai un déjeuner d'affaire dans pas moins d'une demi-heure, mais je vous remercie de vous inquiétez pour moi, sourit Kris en tendant sa serviette pour lui essuyer la commissure des lèvres. 

- Merci, répondit-elle légèrement troublée.

- Vous pourriez découvrir les environs aux côtés de Blake, si cela vous tente, il y a un parc pas loin d'ici, cela vous changera du paysage de votre chambre.

- Pourrai-je parler à mes parents ?

- Dès que nous serons rentrés Valentina, je vous le promets. Bonne journée.

Une fois debout, Kris lui fit un baiser sur le front et s'en alla escorté par Cole. Il fallut un moment à Valentina pour réaliser qu'il venait de la toucher à deux reprises. Que venait-il de se passer ? Perdue dans ses pensées, elle suivit Blake dehors. Cela faisait un moment déjà qu'ils marchaient, ils finirent par enfin arriver au parc. Valentina sourit au milieu des arbres en récupérant les fameuses pilules qu'elle s'était décidé d'emporter. Elle se contraint à en avaler deux.

- Vous arrive-t-il de sourire ? Demanda-t-elle en se tournant vers Blake qui observait les environs.

- Quelques rares fois, madame.

- Avez vous une petite-amie ?

La question lui arracha un sourire sincère et pour la première fois, son regard rencontra le sien avant de se détourner rapidement. Il observait chaque passant et analysait le lieu sous chacun de ses angles. Il n y avait qu'une voiture garée sur le bas côté de la route, au moindre imprévu, le conducteur la mènerait à l'aéroport.

- Une épouse et un petit garçon, répondit-il au bout de quelques minutes.

Valentina hocha délicatement la tête en s'asseyant sur le banc. Le temps était doux, la végétation dégageant des parfums illimités, Paris se réveillait avec son agitation royale. Les quelques bruits de sirène qu'elle percevait étaient lointains, mais les oiseaux la régalaient de leur délicate symphonie. D'air parfumé, elle s'emplit ses poumons en observant les coureurs, le jour se levait, la nuit déclinait. Le concept de complémentarité était à son apogée, la nature réveillait le jour en repoussant les dernières stigmates de la nuit. Valentina retira ses gants, et laissa le délicieux frisson du froid lui glacer la main. Ces médicaments commençaient déjà à faire effet, elle n'allait plus tarder à tomber de fatigue et rejoindre cet état second proche de la guérison. Le froid lui donnait des frissons nouveaux, des frissons que son corps n'éprouverait plus dans quelques instants.

- Vous avez le temps de les voir ?

- Pas très souvent, nous nous s'accommodons en fonction de mon temps libre, répondit Blake en l'observant relever son gant.

- Où vit votre famille dans ce cas ?

- Ici.

- Vous croyez que je pourrai les rencontrer ? Sourit Valentina en se relevant.

- C'est une possibilité, madame.

- Dans ce cas, pensez-y en les visitant aujourd'hui et ne me dîtes pas que vous ne le pourriez pas. J'ai la tête qui tourne. Je me retrouve donc dans l'obligation d'écourter notre promenade. Vous par contre, vous avez le choix profitez donc de cette journée de libre.

Hello ! La suite !
J'espère que vous allez bien et qu'elle vous plaira malgré sa courtesse !

Bonne lecture !

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