CHAPITRE 15: BLESSE MOI
KRIS
Sirotant un verre de scotch en face de la baie vitrée de son appartement, Kris entendit son téléphone vibrer. Aucunement influencé, il se contenta de le laisser sonner. L'objet délaissé résonna de nouveau obligeant Kris cette fois-ci à rebrousser chemin. Lorsqu'il constata l'identité de l'appelant, il éteignit l'appareil avant de se servir un nouveau verre. Cet incident de rien du tout l'avait secoué au poing qu'il en vienne aux mains avec l'autre idiot et putain qu'est-ce qu'il avait adoré lui en coller une ! C'était tellement jouissif qu'il avait envie de recommencer. Et s'il n'était pas arrivé à temps ? Son inconscience jetait de l'huile sur le feu en titillant la bête qui sommeillait lui. Il l'empêcha de rugir en évitant de s'y attarder au risque de définitivement perdre le contrôle. Furieux, Kris balança son verre éclaboussant au passage un tableau de plus de cent milles dollars.
Lundi. Cela faisait une semaine que Valentina s'était volatilisée en ne laissant derrière elle qu'une secrétaire qui essayait du mieux qu'elle pouvait de gérer le boulot qu'elle avait abandonné. Même si l'envie s'était manifestée à plusieurs reprises, jamais Kris n'a daigné rappeler Valentina. Vous vous demandez sûrement pourquoi ? Juste pour se prouver qu'elle comptait peut-être, mais qu'il avait encore la maîtrise totale de son être. Ces petites copines, il les préférait fougueuses, attentionnées et matures. Aussi, un recadrage s'imposait au niveau de Valentina. La journée avait été pensé dans cet esprit. Ainsi, les deux héritiers avaient rendez-vous pour se concerter sur la question budgétaire du secteur dont Valentina avait la charge. Bien, Kris avait hâte de la revoir. Il espérait qu'elle serait capable de le regarder dans les yeux après avoir laissé un autre que lui poser les mains sur elle.
•
Valentina
Le séjour à la plage avait eu un effet apaisant sur la jeune fille. Elle était revenue à New York plus détendue avec un bronzage qu'on ne saurait ne pas remarquer. Descendant de sa voiture en ce lundi matin, la jeune fille inspira un grand coup avant de se présenter à G.A.C. Elle se devait d'être courageuse d'autant plus que la première personne qu'elle aurait l'honneur de rencontrer en cette matinée chaude était Kris Wilson. Elle redoutait cette rencontre depuis la veille mais profiterait de cet interlude pour vider son sac tout en espérant qu'il l'écoutera.
— Vous pouvez y aller.
Valentina sourit en se faufillant à l'intérieur du bureau. Sa gorge se noua d'émotion lorsqu'elle revit son dieu grecque assis, le visage impassible. S'avançant timidement, elle rejoignit l'un siège sans qu'il ne lui accorde un seul regard. Cela ne l'offusqua pas, elle l'avait amplement mérité.
— Je vous en prie Valentina, asseillez vous.
La jeune fille s'exécuta en murmurant un léger merci remarquant pour la première fois la nouvelle coupe de cheveux qu'arborait Kris. L'envie d'y passer les mains la chatouilla et elle regretta qu'il se les ai coupé si court. Lorsqu'il releva enfin la tête, ce fut pour récupérer le contenu d'un dossier et le lui présenter.
— Bien, j'ai lu vos propositions et je pense que votre demande budget est acceptable. Mais, dit-il en apposant sa signature au bas du document, il faudra que vous me promettiez une chose ?
— Laquelle ?
— Que l'image de notre société soit préservée et qu'à l'avenir vous nous épargniez certaines scènes dérangeantes. Je suis sûr que vous me comprenez.
Sonnée par l'annonce, Valentina se contenta de devisager Kris qui lui indiquait dorénavant la porte du regard. Comment pouvait-il la traiter avec autant de froideur ? Oui, il était déçu, cela se comprenait facilement, mais jamais elle n'avait souhaité que Seth l'embrasse. Il s'était littéralement jeté sur elle. Ravalant les larmes qui lui piquaient dorénavant les yeux, Valentina se renfrogna en restant plantée sur place. Le constatant, Kris lui demanda:
— Vous avez besoin d'autre chose ?
L'imbécile, il se foutait vraiment d'elle et le pire, la blessure qui appuyait contre son cœur l'empêchait de dire quoi que ce soit.
— Ce n'est pas important, se contenta t-elle de murmurer la gorge nouée, ce que je ressens n'a aucune importance.
— Valentina, attendez !
Instinctivement, la jeune fille se figea en contenant de plus en plus difficilement ses larmes. Refaisant face à Kris qui venait de contourner son bureau pour la rejoindre, son cœur s'emballa de plus belle la faisant penser au pire.
— Valentina vous êtes une très belle femme avec de l'ambition et bien d'autres qualités susceptibles d'en charmer plus d'un, moi y compris. Je peux essayer de comprendre certaines choses mais les tolérer, c'est une tout autre histoire. Vous êtes tellement jeune, je me dis alors qu'il ne serait pas juste que je me retrouve avec le masque de celui qui profite de la naïveté d'une jeune femme. Vous me plaisez, énormément même, mais je crains que vous ne soyez pas assez consciente des retombés d'une telle relation. Pour cette raison, j'ai décidé que désormais nous nous limiterons à une collaboration strictement professionnelle. Je vous donne ma parole d'honneur que je n'essaierai plus de vous toucher. Laissons les événements de ces derniers jours au passé. Qu'en dites-vous ?
La pression s'accumula autour de ses épaules de plus belle. La tête baissée, Valentina conserva le silence en se repassant en boucle la déclaration de Kris. Reculant face à la main qui essayait de lui caresser la joue, elle trouva la force de s'enfuir. Dévastée, les yeux devenus humides, Valentina se retrouvait incapable de contenir le déluge. Il ne lui avait pas laissé le temps de lui expliquer, il l'avait juste blessé dans son amour propre. Elle n'était qu'une idiote, il n y avait que dans les films que les vœux se réalisaient, jamais dans la vraie vie. La salle de bain du bureau accueillit sa tristesse et finit par tarir ses larmes. Après s'être passé de l'eau sur le visage, Valentina rejoignit son bureau où elle s'efforça de travailler pour oublier ce qui venait de se passer. Elle avait décidé de ne plus fuir, de faire face à son destin, de l'assumer. Elle ne partirait plus, mais elle abandonnait la quête du seul homme avec lequel elle s'était imaginée un futur moins triste.
La journée s'enchaîna plus vite et Valentina fut surprise en se réveillant, des crayons emmêlés dans ses cheveux. Elle s'était assoupie sur son bureau. Consultant sa montre, elle se dépêcha d'aller rejoindre l'ascenseur en s'en voulant d'avoir fait attendre son garde du corps. Retrouvant son téléphone, elle l'appella en entrant dans l'ascenseur pour l'informer qu'elle le rejoignait. Ce dernier acquiesça en lui signalant que la voiture l'attendait au sous sol. C'était le protocole lorsqu'elle restait tardivement dans un endroit. Par la suite elle serait contrainte de changer de voiture, devrait subir tout un tas de détour avant de rentrer chez elle.
Lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrirent de nouveau et que quelqu'un qui avait sûrement travaillé tardivement au même titre qu'elle s'y engouffra, Valentina ne lui jeta aucun regard. Elle n'avait pas envie que quelqu'un se rende compte de son petit chagrin et de ses yeux bouffies. Dans le parking souterrain, Valentina s'installa à l'arrière du véhicule. C'est lorsque son garde du corps lui tendit un mouchoir, qu'elle réalisa qu'elle pleurait de nouveau. C'était cela la vraie vie où la douleur ne tenait compte d'aucun statut, elle ne faisait aucun favoritisme, elle blessait et elle faisait abondamment souffrir.
●
Bruce REED, New York, deux semaines plus tard.
Bruce Reed dejeunait paisiblement dans un café sur fifth avenue. C'était l'un de ces rituels préférés lorsqu'il revenait à New York. Au moment où il réclama l'addition, l'un des serveurs se présenta avec une enveloppe.
— De qui elle est ?
— Un homme, monsieur.
— Où est-il ?
— Parti. Il m'a juste demandé de vous remettre ce mot.
Intrigué, le père de Valentina récupéra l'enveloppe en posant une autre question:
— Pourriez vous me le décrire ?
Le serveur se gratta la joue un moment, puis déclara:
— Je dirai grand, musclé, un peu âgé et brun au fort accent Colombien.
Bruce remercia le serveur en lui remettant un généreux pourboire. Ensuite, il entreprit d'ouvrir l'enveloppe qui ne contenait qu'une seule feuille de papier. Le contenu de la lettre disait ceci:
"Bruce Reed, l'un des plus grands entrepreneurs de tout les temps, comment réagirait la presse si elle apprenait que de l'argent sale avait servi à relancer votre société ? Aimerez-vous des réponses ? Si oui, vous avez deux choix à faire. Un, aller poser les bonnes questions à votre épouse qui prend le thé avec ses copines un peu plus loin où deux, rejoindre votre appartement pour intercepter l'enveloppe que j'y ai envoyé, avant qu'un journaliste ne s'en empare. Tic tac. L'horloge tourne."
Relisant le contenu de la lettre à plusieurs reprises, Bruce vit rouge. La presse était la dernière personne à qui il souhaitait livrer ces secrets de famille et si toute cette farce s'avérait véridique, il n'osait même pas imaginer ses retombés. Quittant son siège à la hâte, Bruce brandit ces clefs de voiture en sortant du café. Le temps de rejoindre le White Gold, ce dernier appela son avocat.
— Dimitri, pourrais-tu rédiger un acte qui rendrait Kris Wilson tuteur légale de ma fille ainsi que le garant de sa fortune jusqu'à ces vingt et cinq ans ? Je le veux ce soir à mon bureau. Parfait.
A son âge courir ne l'avantageait malheureusement pas. Ces mains étaient devenues tellement moites qu'il s'essaya à deux fois avant de faire décoller l'ascenseur. Devant l'appartement, trônait une large enveloppe kaki. Le temps de parcourir les deux extrémités du couloir du regard, Bruce s'empara du précieux avant de rejoindre l'appartement. Dans le séjour, lorsqu'il ouvrit l'enveloppe, elle ne contenait qu'une photographie en noire et blanc affichant des visages qui lui étaient étrangers. Il y avait un jeune garçon qui souriait, un vieux monsieur ainsi qu'une jeune fille qui partageait une ressemblance phénoménale avec sa fille, Valentina. C'était impossible qu'il s'agisse d'elle malheureusement. Au dos de l'image, il y avait un message:
"Vous reconnaissez bien sûrement votre femme, n'est-ce pas ? Sur cette photographie, elle est aux côtés de son grand-père, ancien baron de la drogue en Colombie et de son homme de main. Valentina devra succéder à son grand-père et contrairement à sa mère, elle ne pourrait pas fuir ces responsabilités. Vous avez encore deux choix. Soit, vous nous la livrez ou soit, nous livrons les informations que nous détenons à la presse avant de vous l'arracher de force. Et bien évidemment, tout ceux qui s'opposeront à nous mourrons. Profiter de vos derniers instants. Tic tac... l'horloge tourne."
Valentina, sa fille, la prunelle de ses yeux, héritière d'un empire de drogue ? Dans un éclair de lucidité, Bruce saisit son téléphone. Il fallait qu'il ait une conversation avec son épouse qui ne tarda pas à arriver.
— Mon amour je suis venue en courant. Tu ne te sens pas bien ? Qu'est-ce qui ne va pas ?
Bruce repoussa la photographie du bout des doigts en reposant son verre de whisky.
— Je ne comprends pas. Où as tu trouvé cette photographie ?
—Tu devrais lire l'inscription au dos.
Le visage de Grâce se décomposa au fur et à mesure qu'elle lisait le message. Lorsqu'elle termina, elle tomba sur le sol marbré en larme. Ces lèvres tremblaient et son regard se faisait fuyant.
— Pourquoi ne m'en as-tu rien dit ?
La voix de son mari n'était qu'un murmure douloureux.
— Bordel ! Pourquoi ne m'en as-tu rien dit ? Tu vas me répondre oui ? Hurla ce dernier en lui saisissant le bras. Ma fille peut se faire enlever à tout moment parce que tu as eu peur ?
— A l'époque, parvint-elle à articuler, mon père ne savait pas que j'étais sa fille. Aussi, mon grand-père m'a fait sortir du pays pour ne pas que je subisse le même sort que lui. Je suis désolée, je m'en veux terriblement.
— Par pitié, épargne moi ces larmes inutiles, hurla Bruce en la repoussant de plus belle. Les dix millions que tu m'avais remis a l'époque provenaient de cette organisation, n'est-ce pas ?
Grâce lui répondit par un nouveau sanglot désespéré qui ne toucha malheureusement pas mari tant il était en colère.
— Sais-tu combien de familles sont en danger par ta faute ? Tu as gâché nos vies et celle de ta propre fille. T'en rends-tu compte ?
— Bruce...
— Tais toi ! Par pitié, je ne veux plus t'entendre. J'ai fait mon possible pour éloigner Brad et son complice de notre fille récemment, mais grâce à toi nous avons toute une organisation terroriste contre nous.
Décrochant son téléphone, ce dernier appela le garde en charge de la sécurité de sa fille.
— Blake, nous avons un problème. Renforce l'effectif sécuritaire autour du White Gold, triple le s'il le faut. Je ne souhaite pas que ma fille sorte du bâtiment avant mon arrivée.
Se tournant vers sa femme, Bruce lui dit:
— Prends le temps surtout et réfléchit à tout ce qui arrivera par ta faute.
Sans rien ajouter, Bruce rejoignit l'ascenseur, abandonnant sa femme au milieu du séjour. Blake qui avait vite fait de mettre le nouveau dispositif sécuritaire en marche, se dépêcha d'envoyer six de ces hommes au White Gold.
— Monsieur Reed, je suis Brayden, le second de Blake.
Tous deux échangèrent une rapide poignée de main.
— Vous serez escortés jusqu'à G.A.C par trois voitures. Deux de mes hommes sont déjà postés devant l'immeuble et trois autres sont dispersés en mode incognito dans un périmètre de cent mètres autour du dit immeuble. Nous allons maintenant sortir. Un SUV est garé devant l'immeuble, le voyez-vous ? Vous y monter directement après que nous soyons sortis.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Bruce suivit le protocole comme cela se devait.
•
Kris
Assis à son bureau, Kris réfléchissait en feuilletant des piles de documents administratifs. Avoir rallié W.I.N.I à G.A.C était en train de l'épuiser. Il fallait donc qu'il réfléchisse à déléguer certaines de ces responsabilités. Au même moment, son téléphone se mit à sonner.
— Kris Wilson, j'écoute. Quoi ? Quand ? Bien-sûr, mon bureau est à votre disposition. J'y vais de ce pas.
Mon Dieu, qu'est-ce qui était encore en train de se passer ! Déboulant dans le bureau de Valentina, Kris demanda aux personnes présentes de prendre leur journée. Choquée par son attitude parce que ce dernier venait de reconduire une réunion de travail, Valentina s'irrita et invectiva:
— Mais, c'est quoi ton problème ? Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?
— Contentez-vous d'arrêter d'hurler et de ne pas bouger de ce bureau.
— Tu n'as aucun droit de m'interdire quoi que ce soit !
— Nous aurons le temps pour vos gamineries. Rester dans ce putain bureau !
L'histoire se corse à ce niveau pour ne pas dire qu'elle commence.
Valentina acceptera-t-elle d'être sous la tutelle de Kris ?
Comment la situation évoluera-t-elle entre Valentina et ces parents ?
Surtout qui agit dans l'ombre en se servant de ces photos ?
Ps-: il y a sûrement des coquilles, signifier les moi si vous le pouvez ! Merci et bonne lecture
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top