Nouvelle à la con

22 : 45. C'est en tout cas ce qu'indique actuellement le four de ma cuisine. Mon père semble le croire et c'est d'ailleurs son argument pour que, mon frère et moi allions nous coucher. À sa guise hein.

Direction donc, le couloir et nos chambres respectives.

J'ouvre ma porte recouverte de dessin, allume la lumière et fait un rapide constat.

Ce n'est pas ma chambre.

Je promène un peu mon regard dans ce lieu qui a remplacé ma chambre.

D'abord, j'aperçois une petite table blanche dont trois des côtés sont surélevés. Elle soutient des chose toutes aussi étranges qu'elle : un objet matelassé en tissu dont je ne comprends pas l'utilité et deux petits animaux dormant les yeux ouverts. Je les observe plus en détail. Ils sont noirs et tout doux. Leur visage blanc fait exception. Il sont mignon avec leurs grands yeux bleus leurs petites ailes, couronne, bec dorés et leur trou dans le ventre. Minute... un trou dans le ventre ? Diantre mais ils ne dormaient pas alors !

C'est là que je comprends l'utilité de l'objet en tissu. Il s'agit d'un gilet de protection ! Mais pour me protéger de quoi enfin ? Je l'enfile tout de même, par sécurité et poursuis mon exploration.

Plus loin, je trouve un cylindre creux en métal. Il s'agit sûrement du casque qui va avec le gilet de tout à l'heure. Je le revêt, peu rassurée et continue encore.

J'arrive à une intersection. À gauche, se trouve une plateforme accessible par un escalier étroit. À droite, se trouve une table beaucoup plus grande que la première que j'ai vu et beaucoup plus complexe. Beaucoup plus remplie aussi. Elle est jonchée d'objets divers, des bouts de papier recouverts d'inscriptions, des gros tas de papier relié, des petits bâtons de toute les couleurs, sûrement des porte-bonheur. Un objet parmi tous attire mon attention. Il s'agit de 2 lames dirigées par des bouts de plastique. Sans doute l'arme complétant ma tenue de protection. Je la prend, inquiète et monte à la plateforme pour découvrir le danger qui me guette dans ce lieu étrange. Rien de ce que je n'avais vu en bas ne m'avais préparé à ça. La plateforme est entourée de barrières blanches derrière lesquelles sont emprisonnés de petites créature Je tente de réprimer un frisson de dégoût devant ce spectacle morbide. Nul doute, celui qui a fait ça est un terrible monstre.

Je continue bien malgré moi mon avancée à tâtons sur la plateforme et je découvre la cause de ce carnage.

Comme je l'avais présumé, un monstre se tient là. Il a l'air terriblement fort malgré sa petite taille, un jeune tigre sans aucun doute. Il est allongé sur le dos, et malgré ses yeux clos, il semble prêt à se battre. En effet, son corps est tordu en demi-lune, sûrement une redoutable technique d'attaque, sa tête et ses pattes sont relevées. Nul doute, si je l'agresse, il fera un terrible adversaire.

Soudain, alors que je cherche désespérément une faille dans sa garde, le monstre ouvre la bouche et rugit, d'un son à peine audible mais guttural et puissant :

—RRRRRRRRRRRRR...

Il m'a repéré ! Vite ! Je dois fuir ! Je redescend, à toute vitesse l'escalier, repose mes lames, cours à nouveau, pose mon casque, cours encore, repose le gilet, sort de ma pas-chambre et referme la porte.

Je m'autorise ensuite à reprendre mon souffle. Que c'est t-il donc passé ? Une fois calme, j'ouvre timidement la porte, espérant retrouver ma chambre.

Par chance, la revoilà. Je regarde un peu partout, pour vérifier.

Je reconnaît mon coffre à déguisements. Comme d'habitude, y sont posés mes chaussons pingouins et mon sac de cours. Pas de doute, c'est bien ma chambre.

Je me rapproche du mur de fond et croise sur la route ma poubelle, vidée cinq heures auparavant. Comme souvent, je ne l'est pas remise à sa place. Pas de doute, c'est bien ma chambre.

J'arrive enfin au fond, là où se trouve l'échelle montant à mon lit et mon bureau, toujours aussi en bazar. Pas de doute, c'est bien ma chambre.

Je monte rapidement pressée de vérifier une dernière chose. Mes peluches sont toujours disposés derrière les barreaux de mon lit. J'en suis vraiment sûre cette fois-ci, c'est carrément ma chambre.

Prête à refaire le chemin inverse pour éteindre ma lumière, je remarque un mouvement anormal sur mon oreiller. Mon chat est encore parti dormir dans mon lit ! Je soupire, mi-amusée, mi-désespérée, le prend dans mes bras et le sort dans le couloir et ferme ma porte. J'éteins ensuite la lumière, et repars me coucher dans le noir.

Ce qu'il est bon d'être vraiment chez soi.

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