Mission répertoriée n°1 (Zari)
"-Nom ?
-Sans importance.
-Age ?
-T'en as encore beaucoup des questions chiantes ou je peux commencer mon résumé de la situation ?"
Je tente de cacher mon amusement face à la mine impatiente de Consci.
"-Tu me sembles bien nerveuse, chérie. C'est moi qui part en mission, je te rappelle.
-Si ça ne tenait qu'à moi, je viendrais volontiers ! Je crois que tu oublies qu'on fait ça dans le dos de Belfeder. Et arrête de m'appeler chérie, Zari."
Je la regarde observer le ciel par la fenêtre en tapant nerveusement des ongles sur son bureau.
"Je te croyais plus courageuse. Malgré tes grands discours, tu ne serais au final qu'une couarde ?"
J'éclate de rire en constatant que Consci me regarde maintenant avec une furieuse envie de meurtre. Je déchante bien vite en entendant sa réponse:
"-Bien. Puisque tu n'as pas l'air de prendre la situation au sérieux, je vais plutôt faire appel aux services bien plus professionnels de Némésis.
-Quoi ? Non ! Tu n'as pas le droit ! Je m'excuse, pardon Consci.
-Je préfère. Maintenant, tu la fermes et tu me laisses parler."
J'effectue un salut militaire façon soldat humain. Elle peut être sacrement autoritaire quand elle le veut. Elle doit tenir ça de Belfeder.
"-La mission que je veux te confier est très importante. J'exige de toi une concentration maximale. L'homme a assassiné est un trafiquant d'enfants et je...
-Pourquoi tu n'as pas demandé à Venus s'il est question de défendre des enfants ?
-Pourquoi tu ne te la fermes pas cinq minutes ? Sans déconner, t'es encore plus chiant que Yuki face à de l'eau ! Je te rappelle, encore, que tu dois être parti avant le retour de Belfi !"
Je baisse piteusement les yeux en attendant que Consci reprenne. Je l'entends soupirer puis se lever. En relevant les yeux, je la vois debout, devant la fenêtre ouverte.
"Je ne peux pas confier cette mission à Venus. Elle est assez... instable, en ce moment."
Elle me fixe, attendant sans doute une réaction de ma part. Que veut elle que je réponde à ça ? J'ai bien remarqué qu'elle était bizarre mais c'est pas comme si c'était de ma faute.
J'hausse les épaules et Consci soupire de nouveau en secouant la tête.
"-Bref, je disais donc que tu n'as qu'une cible. Pas la peine de me regarder comme ça, ce n'est pas négociable. Tu as déjà largement dépassé ton quota. Et avec le comportement que tu as depuis le début, ça ne me donne pas envie de marchander."
Mon attitude se retourne contre moi ? C'est bien la première fois. Quoique. Il y a bien cette histoire avec une femme qui disait que j'étais soi-disant "lourd". N'importe quoi ! Mais je pense trop. Tellement perdu dans mes souvenirs que je n'ai pas écouté un mot de ce qu'on me raconte.
"-....Tu as bien compris, Zari ? me demande Consci, un poil suspicieuse.
-Evidement ! Pour qui me prends tu ?
-Pour un abruti. Répète ce que je viens de dire, pour vérifier."
Oups. Sauve les apparences, Zari ! Trouve un truc, vite !
"-Consci, chérie, la confiance que tu me portes est touchante! Sérieusement ? On croirait entendre un instituteur."
Elle esquisse un sourire. J'ai réussi ?
"-C'est mieux professeur. Et tu as la réplique d'un parfait élève qui n'a pas écouté."
Grillé. Mouais logique, il en faut plus pour berner Consci. Je vais finir par perdre la mission à force.
"-Bon, tu m'énerves. Demerdes toi avec ce que t'as écouté et fous moi le camp. Je la sens qui arrive."
Je me lève, récupère ma cape que j'enfile puis demande:
"-Quel portail ?
-Deuxième à droite en sortant. Bonne chance et sois efficace.
-Comme toujours. Et je n'ai jamais besoin de chance ! Je suis le meilleur après tout."
Sur ces belles paroles, je sors en bombant le torse. J'emprunte le portail, destination le trafiquant.
Par mon papa divin, ça pue la merde ici! Enfaite non, je rectifie. Ça pue la décomposition.
Je lève la tête pour voir où j'ai atterri et je manque rendre mon repas. Je ne suis pas ce qu'on appelle "chochotte" mais je dois bien reconnaître que je me sens mal.
Tout autour de moi, quatre immenses piles de membres humains. Un tas pour les jambes, un autre pour les bras, un troisième pour les troncs et le dernier pour les têtes.
Je m'approche en me couvrant le nez dans ma cape de la pile pour les têtes. Un grognement m'échappe. Malgré qu'on est retiré les yeux et les oreilles et mutilé les joues, je constate avec horreur que se sont des restes d'enfants.
Consci n'avait pas précisé que ma cible était un trafiquant d'enfants morts. Bon dieux, j'aurai mieux fait d'écouter son rapport, je me retrouve avec une mission bien plus importante que ce à quoi je m'attendais.
"-Plus un geste, elfe, ou ta tête ira reposer avec les autres."
Je me demande ce qui m'a fait sursauter en premier, la voix de l'inconnu ou la dague sur ma gorge ?Dans un cas comme dans l'autre, je me suis fait repéré. Il faut vraiment que j'arrête de me déconcentrer comme ça.
Je lève les mains en signe de soumission. Je sens la respiration de l'inconnu contre mon oreille. C'est très désagréable.
"-Skeut, vérifie qu'il ne soit pas armé."
Le dénommé Skeut commence sa fouille en me tâtant les fesses. C'est une blague ? Je souris en levant les yeux au ciel.
"-Quelque chose te fait rire ? Me demande l'inconnu à la dague.
-Oui. Skeut est un vicieux pervers. C'est très excitant. Tu devrais peut être vérifier dans mon caleçon, tu ne crois pas ?"
Ooh! Qu'il est chou à rougir! Bon, assez rigolé, il est temps de passer aux choses sérieuses. Consci m'a dit que je n'avais qu'une cible mais il y aura des dommages collatéraux.
"-Qui est à l'origine de ce charnier ? Je demande.
-Tu crois que je vais te le dire ?
-J'en suis persuadé."
Pas la peine de s'encombrer d'armes quand on a mon don. Je réduis en bouillie la main qui tient la dague et l'homme se recule en hurlant.
Je ne laisse pas le temps à Skeut de réagir que je lui fais exploser le cœur. Je n'ai pas le temps pour m'amuser. Même si je suis sur qu'il aurait accepté de prendre son pied avec moi.
Mes sens m'indiquent qu'il n'y a personne d'autre à part moi et le deuxième homme. Parfait!
"-Bon, chéri. Tu vas répondre à mes questions, d'accord ? Plus tu seras chiant, plus tu souffriras. Et crois moi, j'adore faire souffrir."
Pour confirmer mes propos, je décide d'enfoncer sa dague dans son aisselle. Ah, douce mélodie qui résonne à mes délicates oreilles.
"-Je dirais tout !"
Sérieusement ? Même pas drôle...
"-Qui est à l'origine de ce massacre ?
-Rukur le Marchand !
-Je suppose qu'il ne marchande pas des fruits et légumes ?"
L'homme secoue la tête.
"-Non, plutôt des morceaux d'enfants. Yeux, oreilles, cœurs et poumons, pieds, des fois même les cheveux.
-Pourquoi fait il ça ?
-Parce que ça se vend bien sur le marché pardi !"
Evidement, ça tombe sous le sens. Les humains et l'or, une histoire d'amour que je ne comprendrais jamais. A bien y réfléchir, je n'y comprends rien en l'amour tout simplement.
Et voilà que je me reperds dans mes réflexions ! L'homme en profite puisqu'il vient d'arracher la dague de son aisselle pour me la planter dans l'épaule. Pas très hygiénique tout ça...
L'inconnu se relève précipitamment puis part en courant vers une cabane en bois que je n'avais pas remarqué avant. Je soupire puis me retire la dague. Je fais exploser les jambes de l'homme tout en amorçant ma régénération. Il abuse ! Je l'adorais ce haut.
"-Qui t'as dit que tu pouvais partir, chéri ? J'ai encore une question à te poser."
C'est hilarant de le voir se tortiller de douleur, on dirait un ver. Je laisse échapper un petit rire et l'homme s'arrête de bouger pour me fixer avec inquiétude. Je frissone de plaisir mais je dois lutter pour m'empêcher de le torturer. J'ai une mission urgente à finir. Hélàs.
"-Où puis-je trouver ce...marchand ?
-A la ta-taverne du Maudit...."
La taverne du maudit ? C'est le nom de la taverne ou bien le proprio n'a pas de chance ? Je m'empresse de demander le détail à mon prisonnier.
"-C'est le nom de la taverne.
-Très bien. J'en ai fini avec toi."
Je ne lui laisse pas le temps d'esperer et j'explose sa boite cranienne. Je n'ai pas pu résister, la tentation était si forte !
Je suis encore en train de savourer le moment quand je me rends compte que je ne sais pas où se trouve cette taverne. Décidement, je suis bien distrait aujourd'hui. Quelque chose ne va pas...
Je secoue la tête et décide de faire confiance à mes sens. En me concentrant réellement, je perçois les signes de vie d'une population. Il doit y avoir une ville dans les parages. Vers le nord, plus précisément. Je prends donc cette direction en restant en alerte maximale. Pas envie de me refaire avoir.
J'arrive aux portes d'une cité. Il y a quelques gardes qui surveillent mais l'entrée est libre. Je rabat ma capuche sur ma tête pour dissimuler mes oreilles puis me fonds dans un groupe de voyageurs.
Poliment, je demande à une vieille femme qui nettoie son perron où je peux trouver la taverne du Maudit. Elle me détaille de haut en bas, fronce les sourcils avant de m'indiquer vaguement une direction.
Merci mémé, ça m'aide beaucoup ! Je soupire puis pars sans remercier la vieille femme. Je crois arriver sur la place centrale. Il y a beaucoup d'échoppes et de tavernes mais je ne vois pas celle qui m'intéresse. A tout les coups que c'est le repère de tous les brigands.
Je jette rapidement un coup d'œil aux différentes rues et opte pour la plus sombre. Si je dois trouver l'antre des "méchants" du coin, autant commencer à chercher dans leurs lieux de prédilections.
Après avoir inspecté de long en large quatre rues, je tombe enfin sur la taverne tant recherchée. J'observe l'intérieur par la vitre crasseuse et je me rends vite compte que je ne me suis pas trompé. J'ai trouvé le repart des criminels, génial.
Désolé Consci mais si j'arrive à sortir de cet endroit avec un seul mort au collimateur, c'est qu'il y a eu un miracle. Voir même deux.
Je vérifie que mon épaule soit bien guéri, réajuste ma capuche puis entre.
Eurk, quelle odeur ! Mon pauvre nez s'en prend plein la tête pendant cette foutue mission. Bizarrement, je me sens observer. Et ouais les gars, moi je sens bon et je sais ce que ça veut dire se laver !
Je fais mine de ne pas avoir remarqué que je suis le centre de l'attention et je vais m'accouder au bar.
"-Une bière."
Le barman, ou plutôt la chose qui doit être le barman, grogne avant de me tourner le dos. Très sympathique, ce monsieur. Je tourne la tête à droite puis à gauche pour me faire une idée ce qui m'entoure. Deux autres types sont au bar et une quinzaine de personnes sont dispatchées sur les tables. Je reperds ma cible, il est comme je l'imaginais: petit, gros ventre, bagues aux doigts et yeux porcins qui fouinent partout.
Le barman pose une choppe en face de moi. Il me semblait avoir demandé une bière mais, visiblement j'ai du rêver. Ce liquide mousseux gris foncé est tout sauf de la bière ! Je laisse deux pièces en or sur le comptoir et avant même que j'ai pu penser au mot "courtisane", elles avaient disparu. Inutile de demander la monnaie...
Mon verre à la main, je me dirige droit sur la table du marchand. J'arbore mon plus beau sourire et m'installe à califourchon sur une chaise. Pour faire bonne figure, je bois la moitié de ma bière d'un coup, et sans grimacer !
"-Qu'est-ce que tu veux ? me demande ma cible.
-Marchander."
Ses yeux se mettent à briller. En payant ma boisson, j'ai fait exprès de montrer que je suis plein aux as, ça facilitera la communication.
"-Et qu'est-ce qui te fait croire que j'ai quelque chose pour toi ?
-J'ai traversé un vaste champ pour venir ici et j'y ai vu de très belles collines."
Avant qu'il n'est le temps de répondre quoique ce soit, je me penche vers lui et murmure:
"-Bien entendu, c'est ironique. Depuis le début. Si j'avais eu plus de temps, je serais rentré dans ton jeu mais tu es tellement écœurant que je vais en finir avec toi."
Je ne me lasse jamais de voir cette expression de surprise mêlée à de la peur se peindre sur les visages de mes victimes. Rukur ne fait pas exception.
Sans plus de cérémonie, je me relève et décide en une fraction de seconde de faire exploser simultanément les intestins et le foie du trafiquant. Je suis aspergée de la tête aux pieds ! Et les camarades de l'homme maintenant mort aussi.
"-Mais t'es pas bien dans ta tête, toi !"
Je regarde le jeune homme qui vient de s'exprimer et souris de toutes mes dents.
"-Oui, tu as tout à fait raison !"
Consci va me tomber dessus mais dans l'état dans lequel je suis, je m'en contre balance. Je fais exploser dans des geysers de sang cœurs et cerveaux. Je me délecte du gout de l'hémoglobine, infiniment meilleur que cette soi-disant bière.
Je n'avais qu'une personne à tuer et je me retrouve avec une vingtaine de morts sur les bras. Comment je justifie ça, moi ? Bah, il y avait du poison dans les tonneaux.
Je sors de la taverne, dégoulinant de sang, et me dirige vers une tour. Je sais dans quelle cité je me trouve, je sais aussi où se situe le portail le plus proche. Pas envie de retraverser l'horrible dépôt !
Je disparais dans les fumées violettes du portail en songeant que je ne suis pas prêt de repartir en mission.
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