Chapitre 9
En pénétrant dans le restaurant Zhayar ne chercha même pas à rencontrer les yeux braqués des personnes attablés. Il se contenta d'écouter d'une oreille distraite les murmures de ces derniers et parcourut la salle des yeux. Bien-sûr le directeur du restaurant en personne s'empressa de venir à sa rencontre. Zhayar braqua son regard dans le sien, savourant presque l'intimidation qu'il avait en sa possession.
- Votre altesse Al Elhazar, seigneur je ne sais comment vous accueillir dans ce modeste établissement.
L'homme exécuta une révérence maladroite.
- Puis-je vous aider ? S'enquit-il d'une voix chaleureuse.
Zhayar ne répondit pas tout de suite, cherchant de nouveau ce fameux Jack Carter.
- En fait je cherche monsieur Carter, pourriez-vous m'indiquer sa table ?
- Mais bien-sûr votre altesse, veuillez me suivre il se trouve au fond, il voulait une table dans l'intimité.
À ce détail une vague de colère l'envahit. Visiblement il avait tout prévu dans les moindres détails. Zhayar se crispa en imaginant la jeune femme sous la coupe de cet homme malhonnête. Vulnérable et piégée.
Le directeur de l'hôtel s'inclina respectueusement après lui avoir indiqué la table.
Pendant un court instant il s'arrêta sur le silence qui emplissait le restaurant. Son entrée fracassante avait eue bon de provoquer une véritable agitation. Seul Carter semblait insignifiant à ce brusque changement. Il était tranquillement assis sur sa chaise sirotant un whisky avec nonchalance, comme s'il savourait déjà une victoire. Mâchoires serrées Zhayar ne perdit pas de temps pour se matérialiser devant lui, incapable de retenir un rictus menaçant.
Quand sa silhouette imposante assombrit son horizon ce dernier sursauta comme idiot, l'expression déjà livide. Zhayar avait pour habitude de provoquer ce genre réaction mais ainsi balafré la satisfaction en était plus que savoureuse.
- Bonsoir, monsieur Carter, articula-t-il d'une voix lente.
- Monsieur Al Elhazar, bafouilla-t-il en tirant sur sa cravate pour la desserrer ; Que me vaut cet honneur ?
Zhayar ignora sa main tendue et s'installa là où Liya aurait dû s'asseoir.
- Je suis venu ici pour vous dire que mademoiselle Gray ne pourra pas venir hélas.
D'abord surpris, Jack plissa des sourcils en prenant un air faussement incrédule.
- Je ne comprend pas de quoi vous voulez parler.
- Et moi je suis persuadé du contraire, contrat Zhayar déposant la bague de fiançailles au milieu de la table.
La réaction de Jack ne se fit pas attendre.
- J'ignorais que Liya connaissait un homme de votre...importance, dit-il en tentant de contourner la conversation.
- Elle a été à mon service pendant quatre mois, je la connais suffisamment pour que je lui vienne en aide, lança Zhayar d'une voix aussi glaciale qu'un amas de glace
- En aide ? Répéta l'homme avec un rire nerveux ; Il me semble qu'il y a un affreux malentendu monsieur Al Elhazar.
- Votre majesté, rectifia Zhayar sèchement ; Ne jouez pas à ce petit jeu avec moi, je suis trop fort pour vous jeune homme.
Zhayar se redressa en plissant des yeux, savourant l'excitation que lui provoquait cet affrontement.
- Vous avez soumis mademoiselle Gray à un terrible chantage, dans l'infime espoir de l'épouser, sachez que ceci...n'arrivera jamais...
Zhayar examina sa réaction avec minutie. Telle fut sa surprise de le voir sourire avec arrogance.
- S'il vous plaît votre altesse, je ne vais pas vous apprendre les lois de ce dur monde qui est le notre, l'argent est une motivation indiscutable lorsque l'on veut quelques choses. Vous êtes bien placé pour le savoir non ? N'y a-t-il pas dans votre...culture certain mariage arrangé ?
Zhayar affecta de rire...un rire grave.
- Vous vous engagez dans un terrain miné monsieur Carter, faite attention, j'en suis le maitre du jeu. Vous vous êtes bien mal renseigné sur mon pays ou bien ma culture, d'ailleurs je trouve ça plutôt intéressant venant d'un homme qui a pour projet de forcer une jeune femme innocente à un mariage qui n'a pour intérêt les vôtres.
Zhayar se pencha, enserrant les rebords de la table.
- Dans mon pays, le viol est interdit par les lois que j'ai moi-même rédigées, sous peine de mort.
Zhayar fit mine de réfléchir.
- Je n'aurais aucun mal à vous attirer sur mes terres, ainsi aux yeux de la loi, vous seriez à moi, soumis à mes lois, mes règles...
Jack Carter n'était plus qu'une ombre, un mirage livide en train de s'effacer sous son regard satisfait.
- Lorsque l'on force une femme au mariage sans qu'elle puisse le refuser ou non est toujours suivi de ce genre d'ignominies, reprit Zhayar d'une voix qu'il eut peine à reconnaître, motivé par les esquisses d'imagination qu'il avait en tête.
Comme il ne répondait pas, Zhayar se carra contre le dossier de la chaise.
- Avez-vous perdu votre langue monsieur Carter ?
- Que...voulez-vous ? Demanda-t-il d'une voix teinté d'inquiétude.
Zhayar leva un sourcil donnant l'impression qu'il était surpris.
- Je pensais pourtant avoir été clair et concis.
- Vous voulez que je renonce à Liya ?
L'idée même qu'il songe à la revoir lui mit dans une telle rage qu'il se retint de se jeter sur lui.
- Si jamais vous essayez de l'approcher je vous casse en deux, articula-t-il en détachant chaque syllabe.
Jack Carter se racla la gorge.
- Inutile d'en arriver là votre altesse.
- Je l'espère bien, chuchota Zhayar en le foudroyant du regard ; Savoir déjà que vous avez meurtrie son poignet et que vous l'avez embrassé de force sont deux raisons qui pourraient me pousser à vous faire tomber.
Zhayar se pencha doucement.
- Je n'ai qu'un seul coup de fil a passer pour que votre entreprise ne soit plus qu'un tas de cendre monsieur Carter, ajouta Zhayar avec un sourire machiavélique.
Il se leva en ajustant sa veste noire, sans le quitter des yeux, savourant le spectacle que lui offrait ce misérable.
- Réfléchissez bien monsieur Carter, n'oubliez jamais notre petite conversation car je n'ai pas pour habitude de me répéter.
Zhayar traversa alors la salle du restaurant et le quitta sans comprendre pourquoi cette colère intense ne le quittait pas.
Une fois à l'extérieur exposé à la nuit noire et à aux brises légères du vent, il inspira profondément.
Hassan sortit du véhicule.
- Alors ? S'enquit-il sérieusement soucieux.
- C'en est terminé, articula-t-il d'une voix qui gardait encore un timbre menaçant ; Liya n'est plus en danger, néanmoins je tiens à le garder à l'œil.
Zhayar s'engouffra dans la voiture sans se départir des émotions qui le parcouraient. Cette impression de pouvoir lui avait terriblement manqué. En voyant Jack Carter se dissoudre devant lui, Zhayar avait eu l'impression de renaître de ses cendres. L'implacable guerrier longuement resté en sommeil était là, bien présent...en fait il n'avait jamais disparu même durant sa cécité.
Il leva son regard sur la lune pleine, éprouvant le besoin de la contempler jusqu'à ce qu'elle disparaisse entre les nuages. Il se passa le pouce sur ses lèvres, songeur quant aux projets qu'il réservait à la jeune femme.
- Est-ce que vous désirez informer Liya dès ce soir ?
- Non, répondit Zhayar sur-le-champ ; Nous irons la voir demain et je l'informerai en personne.
Hassan ne fit aucun commentaire mais son expression était pour ainsi dire douteuse.
Le plan qu'il avait ourdi dans l'après-midi ne devait d'aucune façon être brusqué.
- Votre majesté, est-ce que je peux me permettre de vous donner un conseil ?
Zhayar demeura immobile, le regard rivé sur les rues animées de Seattle.
- Rassure-toi je n'ai pas l'intention de lui faire le moindre mal.
Il entendit Hassan expirer de soulagement.
- Je veux juste découvrir qui elle est, je veux pouvoir admirer son visage sans que la peur y soit dépeinte.
- Je comprend, je voulais seulement vous avertir qu'elle ne fait pas partie de votre univers, elle n'est pas...
Hassan ne termina pas sa phrase, la laissant volontairement suspendu dans l'habitacle.
- Je suis mon instinct Hassan et ce dernier me souffle que je pourrais le regretter si je ne la vois pas une dernière fois...
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