Chapitre 8



Confusément Liya dévisagea le cheikh. Cette décision était trop risqué. Pas pour elle mais pour lui. Il refusait depuis des mois bien avant de recouvrer la vue de se montrer au grand public, à son propre peuple. Pourquoi prendre le risque de se montrer aujourd'hui ? Et surtout pour elle !

De plus, Liya n'oubliait pas l'homme chargé de la surveiller et qui sans l'ombre d'un doute l'attendait sagement chez-elle.

- C'est trop risqué pour vous.

Le cheikh leva un sourcil révélant le cours de ses pensées.

- Si vous pensez que je crains de me montrer au grand jour sachez Liya que cela m'importe peu. Je prendrais ça comme un exercice.

- Hassan pourra vous le confirmer, il a chargé un homme de me surveiller, il doit attendre mon retour à l'heure où nous parlons.

Les traits du cheikh se durcirent subitement.

- Voilà ce qu'il va se passer, commença-t-il d'une voix volontairement lente ; Un de mes gardes va vous raccompagner chez vous et surveillera la maison jusqu'à ce que j'en ai fini avec Jack Carter. Tout ce que vous avez à faire c'est de me donner l'adresse du restaurant et faire en sorte qu'il pense que vous irez par vos propres moyens.

Il marqua une pause, une lueur énigmatique dans le regard.

- Je me charge du reste...

La bouche sèche Liya acquiesça.

Pour une raison qui lui était méconnue Liya faisait confiance à cet homme bien plus puissant que Jack Carter.

- Merci votre majesté, je ne sais comment vous remercier.

Il la considéra avec une attention toute particulière qui la mit mal à l'aise.

- Nous verrons ça plus tard, décréta-t-il d'une voix qui ne soufflait d'aucune réplique.

Il se leva avec la grâce d'un flein et fit le tour du bureau pour l'enjoindre de se lever.

Plus tard ?

Le cœur battant à tout rompre elle se leva, le souffle coupé quand il se dressa devant elle. Elle avait l'impression d'être si petite que la pièce semblait étriquée.

Il prit son poignet et le ramena vers lui.

D'instinct Liya recula.

- J'ai besoin de ceci, déclara-t-il rictus aux lèvres.

Il lui retira la bague de fiançailles pour la fourrer dans sa poche. Une chaleur irradia sa peau quand il la relâcha alors que son odeur musquée lui montait au nez.

- Vous n'avez plus rien à craindre à partir de maintenant, assura-t-il d'une voix grave.

Liya baissa plusieurs fois les yeux peu habituée à être ainsi dévisagée. En fait, une partie d'elle refusait d'y croire. Elle s'était tant habituée à être libre de ses expressions sans qu'il puisse les déceler.

Tout était définitivement différent.

- Venez, je vais vous raccompagner.

Il posa sa main dans son dos, ne lui laissant guère le temps de remettre son manteau.

Il échangea quelques mots avec l'un de ses hommes qui s'empressa de prendre le relais.

Elle se retourna furtivement...entrevoyant son visage balafré avant que la porte se referme sur lui.

Est-ce qu'elle le reverrait avant demain ?

Un frisson la parcourut quand elle s'engouffra dans la voiture, levant son regard sur la haute tour.

Elle ferma les yeux brièvement avant de boucler sa ceinture, priant silencieusement que le cheikh réussisse à convaincue Jack Carter de la laisser en paix...

Zhayar appuya ses paumes de main jusqu'à ce qu'il entende les portes de l'ascenseur se refermer sur elle.

- Je devine à quel point vous êtes en colère contre moi votre majesté.

Lorsque le voix d'Hassan interrompit le cours de ses pensées, Zhayar se redressa néanmoins il ne se retourna pas.

- Comment as-tu pu mentir Hassan, dit-il sans dissimuler sa colère ; Je te faisais confiance et tu m'as laissé croire qu'elle était laide.

- C'était la dernière candidate, vous aviez renvoyé toutes les autres parce que la description que je vous faisais ne vous convenez pas, se justifia Hassan sans élever le voix ; Quand j'ai vu Liya Gray j'ai tout de suite réalisé qu'il fallait vous mentir.

Zhayar secoua de la tête, étouffant un rire sec.

- Elle était bien trop belle pour prendre le risque de vous dire la vérité.

Zhayar gonfla son torse d'une brutale respiration.

Hassan n'avait pas complètement tort. Sa fierté l'avait empêché d'embaucher toutes ces femmes qu'on lui avait décrit comme belles. Savoir que son visage était devenu monstrueux l'avait poussé à refuser une aide quelconque. Pendant quatre mois cette jeune femme lui avait apporté assistance, avait pansé ses plaies, ses cicatrices...

Zhayar tiqua entre ses dents serrées.

- Tu aurais dû me dire la vérité Hassan, finit-il par dire d'une voix plus amène ; Était-elle dans la confidence ?

Zhayar se retourna pour le confronter.

Hassan esquissa un sourire songeur, presque triste. Il avait un terrible besoin de savoir si Liya lui avait aussi menti bien que sa nature naïve lui laissait croire qu'elle était bien trop sincère pour s'être joué de lui.

- J'ai appris à connaître cette jeune femme et je vous jure votre majesté qu'elle n'était pas au courant, bien pire elle semble bien trop modeste lorsqu'il s'agit de commenter sa beauté. Cette solitude constante dans laquelle elle s'est enfermée l'a coupé du monde au point même d'avoir peur de ne jamais plaire.

Zhayar adouci, hocha pensivement de la tête.

- Lorsque Chléo s'est volontairement moqué de son apparence négligée, le lendemain elle demandait à ma femme si elle l'a trouvé jolie, je pense votre altesse que cette preuve est suffisante.

Jolie ? Bon sang ! Manquait-elle de miroir chez-elle ? Pouvait-on être à ce point naïve ?

Jack Carter n'était pas sans lui évoquer quelques choses. Ce jeune homme fou et ingrat avait parfois suscité son intérêt. Un petit entrepreneur en bas de l'échelle sociale, expert en petites manigances qu'il se ferait une joie de lui rappeler.

Une folle idée de le tuer passa dans son esprit.

- Elle est suffisamment belle pour être victime d'un odieux chantage, articula-t-il sans pouvoir ôter son visage de son esprit.

- Comment ça ? S'enquit Hassan.

- Jack Carter tu te rappelles de lui ?

- Vaguement.

- Il l'a menacé de détruire sa vie si elle n'acceptait pas de l'épouser.

Hassan écarquilla les yeux d'horreur.

- Mon dieu ! C'est pour ça qu'elle avait l'air si bouleversée !

Zhayar ne commenta pas cette information et se dirigea vers le bureau.

- Je vais arranger ça, ce n'est qu'une questions d'heures. Il devait l'emmener de dîner, je vais y aller à sa place.

Zhayar leva sa main quand fut sur le point d'y émettre une objection.

- Ici ou à Elhazar cela ne fait aucune différence, il est temps pour moi de revenir au devant de la scène. Je ne laisserai pas cette pauvre Liya devenir l'héroïne d'une mauvaise comédie dramatique. J'ai tout fait pour l'écarter du palais par crainte que Mustapha s'en prenne à elle ce n'est pas pour la laisser entre les mains d'un petit joueur de poker.

Plus Zhayar entendait sa propre voix devenir cruelle plus il se sentait enfin lui...l'homme impitoyable.

- Pour le moment, Liya Gray est entre mes mains, ajouta-t-il en se carrant dans son fauteuil pour examiner l'expression de Hassan.

Impassible, il se contenta de s'incliner.

Et c'était le cas. À la minute où son regard innocent s'était posé sur lui Zhayar avait eu la sensation étrange que si jamais il la laissait s'enfuir il faisait là une grave erreur.

Cette jeune femme avait besoin de lui et lui avait la terrible envie d'apprendre à la connaître mieux.

Elle venait à peine de quitter cette pièce qu'il remarqua très vite que l'odeur de rose était de retour, bien présente et d'une intensité troublante.

- Que comptez-vous faire votre Majesté ?

Extirpé de ses pensées Zhayar se redressa pour endiguer la chaleur qui couvrait ses reins.

C'était presque malsain et ce constat lui arracha un rictus de dégoût.

- Je vais me rendre à ce dîner et me montrer des plus persuasif.

Il marqua une pause pour lever son regard sur Hassan.

- Si ce n'est pas suffisant...alors j'en viendrai à l'art que je maîtrise le mieux...

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