Chapitre 7
Zhayar se releva lentement sans la quitter des yeux. C'était à peine s'il pouvait déceler son visage tant la colère qui ruisselait en lui était forte et sombre. Il eut peine à contenir sa rage. Pourtant il le fallait. Durant toute la durée du vol Zhayar avait songé à mille possibilités mais certainement pas celle-là. Il comprenait à présent l'urgence de la situation. Zhayar ne put contenir un rictus amer sans quitter la jeune femme des yeux, qui tortillait ses doigts sur ses cuisses le regard baissé comme si elle avait honte. N'était-ce pas le comble de l'ironie ?
La renvoyer chez elle par crainte que Mustapha s'en prenne à elle alors qu'un autre attendait sagement son retour pour lui proposer un odieux marché ?
Si sa réputation avait de quoi refroidir quelques tabloïds, Zhayar avait trouvé un adversaire de taille.
- Depuis combien de temps ? Finit-il par demander d'une voix rêche.
Elle releva la tête, une lueur d'espoir au fond des prunelles. Zhayar referma ses doigts en poing pour échapper à la chaleur qui coulait lentement dans ses veines.
- Une semaine après mon retour, il s'est présenté chez nous. Je l'avais furtivement croisé lors d'un rendez-vous à la banque.
Elle marqua une pause dans laquelle son regard devint subitement égaré comme si ses pensées refermaient de sombre souvenirs.
- Il m'a alors donné un ultimatum, soit je l'épouse soit il m'envoie les huissiers de justice pour saisir la maison.
Zhayar inspira bruyamment. C'était à peine s'il parvenait à ancrer cette sourde colère bien plus intense que toutes celles qu'il avait pu connaître. Ce n'était plus une aide dont elle avait besoin, elle semblait désemparée, le suppliant presque du regard.
- Je suis parvenue à obtenir un sursis de quatre mois, au terme de ces quatre mois je devrais alors l'épouser.
Zhayar plissa des yeux dangereusement.
- Rassurez-vous Liya, vous n'allez pas l'épouser.
La jeune femme ouvrit ses yeux en grand. Ses prunelles étaient baignées d'une lueur d'espoir comme si elle peinait à y croire.
- Vous...vous allez intervenir ?
- Évidemment ! Asséna Zhayar en la dévisagea longuement avant de l'obliger à se lever d'un geste de la main.
- Allons dans mon bureau, j'ai besoin de connaître tout les détails de cette sordide affaire.
Avec humeur Zhayar ouvrit les portes à la volée et l'une d'entre elles rebondit sèchement contre le mur. Il contourna le bureau en bois massif, sans parvenir à contenir sa colère. Il releva son regard sur elle. Timidement elle leva ses grand yeux aigue marine dans la pièce tout en retirant son manteau. Incapable de détourner les yeux il laissa tomber son regard sur le corset en coton qui épousait sa taille fine. Elle prit une grand respiration exposant sans le vouloir une poitrine laiteuse et généreuse. Zhayar crispa ses mâchoires en détournant le regard. Un fulgurant et mystérieux désir se figea dans ses reins.
Elle se laissa tomber sur le fauteuil en face de lui sans jamais le regarder.
- Avez-vous honte Liya ? Demanda-t-il en s'installant à son tour.
- Qui n'aurait pas honte de demander une aide si importante alors que nous nous connaissons à peine ?
Zhayar se carra dans son fauteuil, l'embrassant du regard. Pour lui faire relever les yeux Zhayar déclara ;
- Nous avons tout de même dormi ensemble, lui rappela-t-il en levant un sourcil moqueur.
Elle leva précipitamment la tête, les yeux écarquillés, des rougeurs emplissaient déjà ses joues.
- Je vous ai veillé c'est di...différent Votre altesse, rectifia-t-elle en bafouillant.
Zhayar connaissait que trop bien ce petit bafouillement et maintenant qu'il pouvait la voir, Zhayar fut ravi de découvrir qu'il était accompagné de rougeurs délicieusement rosé.
- Certes, mais je pense qu'au stade de notre relation, vous n'avez pas le droit de dire que je ne vous connais pas, c'est aussi valable pour vous miss...Gray.
La jeune femme se pinça les lèvres nerveusement. En fait, Zhayar aurait voulu que le temps s'arrête pour déceler chaque parcelle de ses expressions. Mais l'heure était grave. Il n'avait guère le temps de s'attarder.
- Comment s'appelle-t-il ?
- Jack Carter, répondit-elle sur l'instant.
Liya ne savait toujours pas comment réagir devant le cheikh. Tout ce qu'elle voyait pour l'instant c'était un homme prêt à l'aider. Un homme aux traits durs et sévèrement plissés. Pour une raison qu'elle eut peine à comprendre elle se sentait en sécurité. Mais pour combien de temps ?
- Il a une entreprise qui...
- Oh rassurez-vous Liya je connais très bien ce jeune homme un peu trop présomptueux à mon goût.
Liya n'était pas surprise de l'apprendre. En plus de diriger un pays le cheikh possédait plusieurs entreprises. Pas étonnant qu'il connaisse Jack Carter.
- Je dois dîner avec lui ce soir.
Le cheikh releva lentement sa paire d'yeux menaçante sur elle, l'air rembrunit.
Un frisson glacial parcourut son échine à une allure fulgurante.
- Pour quelle raison ?
- Il dit qu'il veut apprendre à me connaître mais je sais qu'il à d'autre projet pour moi et...
Liya sursauta quand il se leva brutalement pour venir faire le tour du bureau.
Ses deux mains vinrent se poser sur les accoudoirs en cuir du fauteuil. Elle se recula contre le dossier, levant la tête à l'affût d'un moindre mouvement de sa part.
- Puis-je savoir pour quelle raison vous ne m'avez pas appelé plus tôt Liya ? S'enquit-il d'une voix teintée de reproche.
Le cœur battant à tout rompre Liya le dévisagea, là, penché au-dessus d'elle.
- C'est difficile de répondre à cette question sans évoquer votre désir de ne plus jamais prendre contact avec moi, n'est-ce pas les termes exactes de mon contrat.
- J'aurais pu comprendre, rétorqua-t-il sèchement ; Il est question d'un mariage forcé, je pense sans l'ombre d'un doute que j'aurais pu comprendre Liya.
Prise d'une colère irrationnelle Liya serra les dents.
- Vous n'allez pas me reprocher d'avoir exécuté vos exigences ? Si ?
- Bien des fois vous m'avez désobéi pour bien moins que ça Liya, lui rappela-t-il en levant un sourcil éloquent.
Liya aurait voulu disparaître.
- Je ne voulais pas vous déranger, admit-elle enfin : Et maintenant que je suis au courant pour Mustapha je me dis que j'ai bien fait.
Il expira par le nez, l'air mécontent.
Incapable de supporter plus longtemps son regard elle fit mine d'être lassée et se passa une main dans les cheveux. Un geste qu'elle regretta aussitôt quand l'épais regard du cheikh se glissa sur son poignet.
Il s'empressa de le prendre, la faisant grimacer. Pendant un court instant Liya fut bouleversée par son expression sévère. Cela lui donner l'impression qu'il se souciait vraiment d'elle.
- C'est lui qui vous a fait ça ?
Liya hocha de la tête, transpercée de part en part quand il passa son pouce dessus.
- Il est venu chez-moi hier soir, parvint-elle à expliquer quand elle récupéra son poignet ; J'ai refusé son invitation à dîner, il a tenté de m'imposer sa volonté.
- A-t-il tenté autre chose ? S'enquit-il les yeux percés d'une lueur sombre.
Liya déglutit difficilement et détourna la tête. Des images passèrent dans son esprit. Elle qui avait toujours rêvé d'être embrassée par l'homme de sa vie...
Elle priait silencieusement pour que le cheikh n'insiste pas et il ne le fit pas. Il se contenta de repasser derrière son bureau pour attraper le combiné. De là, Liya resta immobile sur le fauteuil incapable de traduire ce qu'il pouvait bien dire à son interlocuteur. Elle se mordit furieusement les lèvres en écoutant sa voix virile et profonde débiter un flot de parole en arabe. Il dégageait un tel charisme une telle autorité qu'elle se mit à rougir comme une idiote.
- Vous n'irez pas à ce dîner, déclara-t-il après avoir raccroché, le regard fermé.
Il vrilla son regard dans le sien. Liya retint alors son souffle avant qu'il ne déclare ;
- Je vais y aller à votre place...
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