Chapitre 6
Zhayar s'était attendu à un choc émotionnel de sa part mais certainement pas qu'elle prenne la fuite. La jeune femme avait carrément bondi de sa chaise, désemparée pour prendre le chemin de la sortie. Évidemment Zhayar s'était empressée de la rattraper par le bras. Craignant de l'effrayer il avait desserré sa prise.
Liya était trop bouleversée pour se débattre. Il voyait...et ça depuis le début de leur conversation. Elle aurait dû se réjouir d'un tel miracle et pourtant elle s'était immédiatement sentie mise à nue devant cet homme qu'elle avait côtoyé trop longtemps sans se douter un seul instant que sa cécité pourrait un jour disparaître. Maintenant qu'il pouvait la voir, Liya avait l'impression d'être vulnérable, prise au piège devant cette paire d'yeux naturellement menaçante.
- Je m'attendais à tout sauf à ça, avoua-t-il d'une voix sombre.
Ignorant son commentaire, Liya baissa les yeux, incapable de surmonter un quelconque regard de lui.
- Je suis désolé, j'ai paniqué...
Telle fut sa réponse alors que ses longs doigts fermes entouraient son bras.
- Pourquoi diable paniquer ? S'enquit-il en relâchant son bras ; Ce n'est pas comme si vous ne connaissiez pas mon visage hum ?
Le sarcasme mêlé de dégoût dans le timbre de sa voix lui fit relever les yeux. Elle glissa son regard sur la balafre qui barrait son œil en se demandant quelle avait été sa réaction en se découvrant.
- Comment est-ce possible ? S'entendit-elle demander.
- D'après mon médecin, cette chute a provoqué une résorption de la tuméfaction ; En terme plus simple, j'aurais dû vous demander de m'assommer à coup de marteaux plus tôt.
Liya n'eut pas le cœur à rire car sa voix teinté de cet accent arabe lui provoqua un lent frisson au creux de son échine. Tout semblait si différent qu'elle en fut triste et bouleversée. Dieu qu'avait-il pu bien penser d'elle en la découvrant ?
Instinctivement elle toucha son visage, un geste que le cheikh s'empressa de commenter.
- J'ai pour projet de tuer Hassan, pour m'avoir...
Il marqua une pause dans laquelle son regard la couvrit entièrement.
- ....menti...prétextant que j'embauchais une jeune fille banale...comment a-t-il dit déjà ? Une madame tout le monde.
Liya fronça des sourcils devant son air mécontent.
- Vous êtes naïve, définitivement naïve, poursuivit-il d'un air pensif ; Je ne peux qu'en être admiratif.
Liya se pinça les lèvres, cherchant où il voulait en venir.
- Venez vous asseoir avant de vous évanouir.
Reprenant peu à peu ses esprits Liya se laissa guider jusqu'au canapé et se laissa choir sur ce dernier.
- Que voulez-vous boire ?
Tout était définitivement différent. Elle l'observa se diriger vers la table dans une démarche totalement différente de celle qu'elle connaissait. Il se mouvait avec une détermination sans faille, sa chemise blanche refermait une masse de muscles qui la fit rougir. Ses manches étaient relevées, dévoilant ses avants bras sillonnés de veines bleues.
- N'importe quoi, répondit-elle finalement en s'attachant à sa contemplation.
Il revint avec un verre d'eau qu'il lui tendit. Leurs doigts se frôlèrent quand elle le prit. Ignorant cette étrange secousse qui venait de la saisir Liya trempa ses lèvres dans le verre. Jack Carter lui parut soudain un agneaux comparé au roi qui était assis en face, le regard braqué sur elle.
L'idée de lui demander de l'argent commençait à être remit en question.
- Vous devez être heureux de revoir, murmura-t-elle en esquissant un sourire en coin.
- C'est un miracle inestimable, affirma-t-il en inclinant légèrement sa tête ; C'était inespéré.
- Votre peuple doit être soulagé.
- Je ne me suis pas encore montré à eux, répondit-il en se penchant pour appuyer ses coudes sur ses genoux.
Une profonde et indéchiffrable timidité l'empêcha de parler. Son souffle devenait peu à peu réduit.
- C'est ma première sortie depuis mon accident, ajouta-t-il en la dévisageant ; Pour vous Liya, et maintenant j'aimerais savoir les raisons qui vous ont poussés à m'appeler.
Liya déglutit péniblement. Il fallait qu'elle se lance mais elle ne savait pas comment.
- Vous avez besoin d'argents ? Demanda le cheikh en lui facilitant la tâche.
Elle serra ses mains autours de son verre.
Elle espérait que son regard désespéré soit suffisant.
- Liya ? Est-ce que je vous fais peur ? Demanda le cheikh dune voix calme et qui ne lui ressemblait pas.
Peur ? C'était bien plus que ça.
- Dois-je vraiment répondre votre altesse ? Vous m'intimidez et ça depuis le début.
Il demeura impassible. Liya espérait que son regard implorant soit suffisamment pour qu'il réponde à sa détresse.
- Répondez-moi Liya, exigea-t-il d'une voix plus ferme ; Vous avez des problèmes d'argents oui ou non ?
- Assez, oui, j'ai des problèmes et je...
- À combien s'élève cette dette ? La coupa-t-il sérieusement.
Désarçonnée par sa question Liya baissa la tête avant de la relever.
- Je croyais qu'avec toutes les recherches que vous avez fait à mon sujet vous le saviez.
Impassible, sans laisser transparaître la moindre émotions il se redressa, sans la quitter des yeux.
- Non, je n'ai pas était jusqu'à fouillé dans le compte en banque de votre père. Liya je vous ai donné cinq mille dollars, je pensais que ce salaire serait suffisant pour vous soulager un peu.
- Il m'a beaucoup aidé, s'empressa-t-elle de dire après s'être pincée la bouche.
- Vous avez honte de me dire le montant de cette dette ? Dois-je m'en informer par mes propres moyens?
- Deux-cent cinquante mille dollars, parvint-elle à dire entre deux respirations.
Elle s'attendait à le voir s'en étonner, rire, ou bien lui dire que cette sommes était trop importante pour l'aider. Après tout elle n'était rien pour lui. Les liens qui les avaient unis été purement et simplement professionnels.
Son silence lui parut une éternité dans laquelle Liya préféra détourner le regard.
- Je comprends alors la raison de votre détresse, finit-il par dire avec un calme olympien.
Puis il se pencha de nouveau, appuyant ses coudes sur ses genoux, fouillant son regard comme s'il voulait imprimer chaque parcelle de son visage.
- Je comprends également que vous êtes en droit de refuser de m'aider, murmura-t-elle en posant le verre sur la table-basse ; Nous nous connaissons à peine, nous n'avons aucun liens de parenté, je suis seulement une étrangère et je...
Liya s'interrompit soudain, une nausée présente au fond de la gorge. Son cœur battait si violemment qu'elle sentait tempes bourdonner. Sa seule chance pour échapper à ce mariage forcé était là devant elle, avec le regard d'un guerrier impitoyable. Et c'est exactement ce qu'il était.
- Je pourrais vous aider si j'avais plus d'informations, j'ai la tête remplie de questions auxquelles je n'ai aucune réponse Liya.
Zhayar ne pouvait le nier. La jeune femme ne bluffait pas et semblait dans une détresse absolue. Ses yeux couleur aigue marine étaient baigné d'une lueur de peur. Bien-sûr qu'il allait l'aider. Deux-cent cinquante mille dollars pour lui ce n'était rien. Néanmoins il peinait à comprendre pour quelle raison elle venait lui implorer son aide avec une bague de fiançailles qui au première coup d'œil...semblait valoir plusieurs milliers de dollars. Gagné par une inexplicablement colère Zhayar braqua son regard dans le sien avec l'intention d'en savoir plus.
- Votre fiancé ne peut-il pas vous aider ? Il semble bien gagner sa vie, demanda-t-il en désignant celle-ci.
Liya n'eut pas la force de réagir. En le pensant aveugle elle n'avait pas trouvé l'utilité de la retirer.
Zhayar attendit patiemment une réponse.
- Justement il est là le problème, répondit-elle d'une voix tremblante ; Je ne veux pas me marier.
Zhayar fronça des sourcils et elle...tremblait du menton...
- Vous ne voulez pas vous marier ? Je ne comprends pas.
La jeune femme devint subitement pâle, le regard hagard. Elle inspira profondément.
- Je suis soumise à un terrible chantage.
Cette fois-ci Zhayar se leva lentement du canapé pour venir s'abaisser à sa hauteur. Il avait bien du mal à la comprendre car sa voix n'était plus qu'une infime brise de vent.
- Quel chantage ?
Elle tortilla ses doigts avant de lui répondre ;
- Sois je l'épouse sois il me conduit à la ruine, parvint-elle à lui dire une larme solitaire longeant sa joue.
Une vague de colère balaya Zhayar.
- Vous êtes mon unique espoir d'échapper à ce mariage votre majesté...
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