Chapitre 41



Liya referma son ordinateur après être venue à bout de l'article du Sun. Elle exhala un soupir tremblant la naissance de ses doigts à ses lèvres. Un soulagement grandissant combla l'inquiétude qui l'avait rongé depuis qu'elle avait appris la mort de Mustapha. Zhayar avait été blessé pendant l'assaut mais semblait aller bien. Les détails du Sun étaient glaçant et elle avait eu peine à les lires sans être prise de nausées. En effet selon les journalistes Zhayar avait tué son demi-frère à la seule force de ses coups brutalement assénés laissant même entendre que Mustapha était méconnaissable.

Main sur le ventre elle se leva lentement de la chaise haute pour se poster à la fenêtre de son appartement laissant ses yeux errer sur la cours extérieurs. Jamila l'avait quitté plus tôt dans la journée et elle savait pertinemment que c'était une question de temps pour que Zhayar débarque. L'idée de le revoir après des mois sans nouvelles de sa part n'était pas sans la bouleverser. Son cœur battait déjà à mille à l'heure, sa gorge était nouée. Qu'allait-elle pouvoir lui dire ? Par où commencer ? Était-il au courant de sa grossesse ?

Liya inspira un grand coup pour dénouer un peu le nœud qui tirailler son ventre. Elle avait mille raisons de lui en vouloir mais savait que son amour pour lui pouvait fausser son jugement.

S'entourant de ses bras elle baissa les yeux sur la rue animée puis son cœur cessa soudain de battre. Une voiture blindée s'arrêta à hauteur de son immeuble et elle crut s'évanouir lorsqu'elle vit la silhouette de Zhayar quitter le véhicule dans un long manteau noir. Désabusée, en panique elle quitta la fenêtre avec l'idée ridicule de fuir mais où ?

Elle s'approcha de la porte close pour fermer le verrou consciente que ce geste stupide ne parviendrait pas à l'arrêter.

Deux grands coups résonnèrent alors, la laissant seule avec deux choix.

Ouvrir ou le laisser s'expliquer à travers cette cloison. Lèvres pincées elle ne répondit pas, ne bougea pas...les mains sur son ventre.

- Liya ? Je sais que tu es là...

Bien-sûr qu'il le savait ! Mais devait-elle pour autant le laisser entrer.

- Je dois te parler Liya, laisse-moi m'expliquer.

Furieuse elle s'approcha de la porte pour rétorquer ;

- Tu n'avais rien à dire lorsque tu es parti sans un mot ni même une explication.

Zhayar ferma les yeux d'abord soulagé qu'elle soit ici, en sécurité dans cet appartement. Néanmoins dans le son de sa voix Zhayar décela de la colère et il ne pouvait lui en vouloir. Savoir qu'elle était enceinte l'avait mis dans une rage folle...

Parce qu'il l'avait tout simplement abandonné sans la moindre explication.

- À présent j'ai énormément à te dire habiba...

- Je ne suis pas ton habiba ! Rétorqua-t-elle d'une voix vibrante de colère.

Zhayar actionna la poignée mais se rendit compte dents serrées qu'elle s'était barricadée à l'intérieur.

Deux choix s'imposaient alors à lui.

Enfoncer la porte et faire en sorte qu'elle s'ouvre d'elle-même.

- Tu es en colère, je peux comprendre mais tu dois me laisser t'expliquer.

Liya croisa les bras en se mordant les lèvres à sang alors que les sages paroles de Jamila tournaient en boucle dans sa tête. Devait-elle lui accorder une chance de s'expliquer ?

Après réflexions Liya fut gagné par l'inquiétude lorsqu'elle ôta le verrou.

Elle n'eut guère le temps d'actionner la poignée qu'il ouvrit la porte laissant sa dangereuse et haute silhouette se découper.

Immédiatement son cœur cogna contre ses tempes. Toujours aussi beau Zhayar lui parut affaibli, les yeux cernés ce qui accentuait la férocité de ses balafres. Liya se rendit compte que son amour pour lui était intact et n'avait subit aucune faille. Néanmoins elle se détourna de lui pour lui faire comprendre que rien n'était gagné.

- Tu es...magnifiques, articula-t-il d'une voix qui lui parut sincère.

Zhayar dut refouler ses pulsions pour ne pas se jeter sur elle comme un fou. Vêtue d'une salopette et d'un tee-shirt elle respirait la beauté à l'état pure et une besoin presque maladif lui criait de la serrer contre lui...

Empli d'un sentiment de culpabilité son regard tomba lentement sur la bosse nettement visible et il dut déglutir pour endiguer le choc, le remord...

- Est-ce que...tu vas bien ? Parvint-il à lui demander sans s'approcher.

La jeune femme s'entoura de ses bras une manière pour elle de mettre une distance entre eux. Comment lui en vouloir ?

- Mieux que toi je dois dire, nota-t-elle en déviant ses beaux yeux vers sur son épaule.

- Ce n'est rien comparé à la douleur aiguë qui me ronge de l'intérieur, déclara-t-il en tentant une discrète approche.

- Pourquoi as-tu fait ça Zhayar ? Comment as-tu pu f...

- Je voulais te protéger, la coupa-t-il d'une voix qui lui parut erratique ; Je devais absolument te protéger et j'ai cru que c'était la bonne solution.

Elle étouffa un rire sans le regarder.

- Il y avait mille moyens pour ça Zhayar.

- Je sais, répondit-il en secouant de la tête ; J'ai réagi de façon brutale, je voulais te tenir éloigner de moi parce que la menace était trop importante pour prendre le risque qu'il puisse t'arriver quelque chose.

Il marqua une pause pour déglutir péniblement.

- Liya il faut que tu comprennes que tu es la seule femme qui a compté pour moi, jamais je me suis attaché ainsi à une femme.

Liya resta attentive à ses déclarations, le cœur battant à la chamade comme au premier jour de leur rencontre. De cet homme dans cette chaise roulante lui donnant l'impression d'être en face d'un monstre dénué de tout sentiment. Aujourd'hui cet homme était là quelque part enfouie en lui éteint et silencieux pour laisser place à un homme coupable affaibli et inquiet.

- J'ai passé les mois les plus long de ma vie, confia-t-il en baissant brièvement les yeux ; Cet éloignement m'a permis de comprendre que je ne pouvais pas vivre sans toi.

Liya ouvrit la bouche mais aucun son parvint à sortir. L'émotion devenait grandissante à mesure qu'il s'ouvrait à elle, les yeux brillants.

- Tu aurais dû me faire confiance, murmura-t-elle en cédant aux larmes.

Il combla l'espace qui les séparait pour prendre ses poignets, ramenant sa paume de main à ses lèvres pour y déposer un baiser.

- Et je passerais le reste de ma vie à me faire pardonner, chuchota-t-il en la dévisageant ; L'amour que je te porte m'a dépassé et je n'ai pas su gérer cette terrible envie de te protéger.

- Zhayar...

- De toute façon j'ai déjà été puni, la coupa-t-il rictus aux lèvres.

Liya fronça des sourcils sans trop comprendre.

- Apprendre de la bouche de son pire ennemi que tu attends un enfant de moi m'a rendu fou de rage.

- Mais je croyais que c'était Jamila qui...

- Non, Mustapha avait un homme de main qui te surveillait, il a su que tu étais enceinte avant moi.

Il semblait si amer, si rageur qu'elle aurait voulu éteindre sa souffrance.

Il planta son regard dans le sien tout en posant sa main sur sa joue.

- Habiba...plus jamais je te ferai de nouveau souffrir je te le promets.

Liya ferma les yeux, tiraillée entre le désir de lui pardonner et cette souffrance insupportable qui l'avait accompagnée pendant des mois.

- Comment as-tu su que tu étais enceinte et quand ?

- Quelques semaines après ton départ, j'avais du retard et d'ailleurs j'ai un rendez-vous dans trente minutes.

- Alors allons-y, décréta Zhayar en allant chercher son manteau pour l'aider à l'enfiler.

Liya n'avait pas le cœur à lui refuser. Après tout c'était son enfant et lorsqu'ils furent dans la voiture elle ne put s'empêcher de lui poser une question ;

- Tu ne m'en veux pas ?

Il vrilla son regard dans le sien.

- Je te demande pardon ?

- Pour le bébé, de te l'avoir caché.

- Comment pourrais-je t'en vouloir ? C'est à moi que j'en veux. C'est moi qui t'ai laissé toute seule.

Liya baissa les yeux, acceptant la main qu'il lui tendait. Emprisonnant sa main dans la sienne Zhayar resta silencieux, envahi d'un sentiment inexplicable et lorsqu'il atteignit la clinique en charge de la jeune femme Zhayar sentit son codeur battre à vive allure. Son ventre rond lui apparut alors qu'elle était allongé sur la table d'examen. Il pouvait déceler de l'inquiétude dans ses grands yeux verts. N'y tenant plus il se pencha pour l'embrasser délicatement. D'abord surprise elle accepta son baiser possessif, une larme solitaire roulant sur sa joue.

- Je ne te quitterais plus jamais, lui promit-il en caressant ses cheveux.

Interrompu par le gynécologue Zhayar se contenta de lui prendre la main les yeux rivés sur l'écran, réalisant peu à peu qu'il allait être père et lorsqu'il vit cette minuscule forme sur l'écran il eut soudain l'impression d'être en face de ses erreurs. Il entendait son petit coeur battre à vive allure, tandis que sa femme le regardait lui, un vague sourire aux lèvres.

- Voulez-vous connaître le sexe de l'enfant ?

Ils se regardèrent l'un l'autre sans répondre...trop occupé à échanger silencieusement avec leurs yeux. Ses prunelles vertes traduisaient le pardon et les siennes la promesse de ne plus jamais la quitter...

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