Chapitre 40



Après une heure de traversée Zhayar descendit les dernières pentes sinueuses et tira sur les rênes de son étalon lorsque le campement lui apparut devant les yeux. Un sentiment de victoire l'emplissait déjà alors que sa rage pulsait dans ses veines. Voilà plusieurs jours qu'il parcourait le désert affrontait les tempêtes de sable dans l'unique but de trouver Mustapha et le tuer. Les derniers hommes de son campement avaient attaqué le village de Farath laissant derrière eux des morts. Cette nouvelle avait ébranlé le pays jusqu'à ses chairs. Après plusieurs témoignages des habitants qui impuissants avaient assisté à la scène, Zhayar avait prit la route du nord et enfin touché au but. Mais cette brève victoire ne ramènerai jamais les nombreuses victimes qui avaient subi la cruauté de son demi-frère et elle ne lui ramènerait pas Liya comme il l'espérait. Resserrant les rênes de son étalon Zhayar se tourna vers ses hommes pour leur ordonner d'entourer le campement et d'attaquer seulement lorsqu'il l'aura décidé.

Zhayar sauta de son cheval puis sortit son poignard pour le glisser dans sa botte. Il savait par expérience que Mustapha était un homme très malin et il n'était pas à l'abri d'une attaque surprise de sa part.

L'esprit en quête de vengeance Zhayar descendit la pente sinueuse avec deux de ces hommes puis leva la main pour donner l'assaut. Très vite le campement fut assailli par ses hommes et des échanges de tirs se firent alors entendre. Zhayar dégaina son arme sur l'homme qui ressemblait fortement à la description des habitants du village. Ce dernier tomba lourdement à terre. Évitant les tirs de riposte dans un nuage de fumée Zhayar entra dans la tente lugubre pour faire face à son ennemi, qui déjà glissa sa main près de sa ceinture pour en sortir un couteau un sourire diabolique aux lèvres.

- Tu es aussi coriace que moi lorsqu'il s'agit de tromper la mort mon très cher frère.

- Je ne suis pas ton frère ! Siffla Zhayar dents serrés ; Tu n'es qu'un moins que rien assoiffé de pouvoirs.

Les traits crispés, rictus aux lèvres Mustapha accusa l'insulte sous les bruits incessants des tirs.

- Tout ces efforts pour terminer comme un misérable au fond d'une tente lugubre, poursuivit Zhayar alors qu'ils tournaient en cercle l'un en face de l'autre.

- Quand j'aurais ton sang sur les mains je te prendrais ton trône ta femme et ton enfant Zhayar, déclara Mustapha en élargissant son sourire diabolique.

Zhayar sentit ses muscles trembler et son sang semblait figé dans ses veines. Sa vision devenait plus sombre que lorsqu'il était plongé dans la noirceur.

- Quelle délicieuse jeune américaine as-tu là Zhayar, me crois-tu idiot au point de croire que tu l'as subitement abandonnée ?

- Je te tuerais avant que tu n'aies le temps de la toucher, rugit-il en serrant le poing.

Mustapha haussa des épaules avec désinvolture.

- Ça c'est ce qu'on verra mon très cher frère, j'ai attendu ce moment depuis des mois, je ne compte pas perdre cette fois-ci, j'ai trop hâte de faire d'elle mon esclave ainsi que ton bâtard.

Mustapha marqua une pause dans laquelle Zhayar sentit l'impitoyable monstre qu'il était surgir des ténèbres.

- Je prendrais bien soins d'elle...

Zhayar n'eut guère le temps de réfléchir ni même de penser à la façon dont il allait le tuer que son corps s'élança sur lui pour décharger sa rage sur lui. Esquivant la lame de son couteau Zhayar écrasa son poing tremblant sur son visage le marquant au fer jusqu'à sentit ses os se briser sous ses phalanges. Mustapha riposta mais Zhayar sentit qu'il perdait le contrôle au point de plus pouvoir s'arrêter et bien qu'il sentit la lame de son couteau s'enfoncer dans son épaule Zhayar ne ressentit ni douleur ni faiblesse comme si son esprit ne commandait plus rien...

Comme si son corps refluait des mois de souffrances...comme si plus rien n'avait de valeur à ses yeux que le désir vorace de le tuer.

- Votre majesté ! S'exclama un de ces hommes en tentant de l'arrêter ! Il est mort ! Arrêtez !

Les oreilles bourdonnantes il n'entendait plus rien que l'écho des coups qu'il lui assénait sans relâche avant que sa vision s'éclaire laissant entrevoir le visage ensanglanté de Mustapha, dont les os de son visage semblaient creusés. Emporté en arrière, retenu par le bras, Zhayar luttait pour ne pas y retourner alors que l'on s'affairait autour de lui pour vérifier s'il était bel et bien mort.

- Il est mort votre altesse, annonça Saïd après vérification.

La respiration erratique Zhayar entendit un petit souffle se répandre dans ses oreilles et aperçut une silhouette dans un coin de la tente, recroquevillé sur elle-même.

Zhayar se redressa pour s'approcher et tendit ses mains ensanglantées vers la jeune fille qui avait été enlevée plus tôt dans la matinée après l'assaut dans son village.

- Fathima Zaoud ?

Elle hocha de la tête, le visage caché entre ses genoux.

- C'est terminé, murmura-t-il en lui tendant la main ; Je te ramène chez-toi...

La jeune fille se laissa faire lorsque Saïd la souleva pour la mettre à l'abris.

Zhayar se redressa de toute sa hauteur mâchoires serrées et se tourna vers Mustapha avant de s'agenouiller près de lui, sortant son couteau pour enfoncer la lame à son cœur puis la retira sèchement.

- Définitivement terminé...

Tenant son bras il se releva pour quitter la tente. Le soleil brûlant caressa dangereusement sa peau. Il croisa le regard de la jeune fille et réalisa qu'elle aurait pu être une autre victime de Mustapha...

Une minute de plus et elle aurait pu mourir.

Il s'approcha d'elle, lentement alors que l'ambulance parvenait difficilement à passer le passage sinueux. Des corps gisaient par terre mais elle ne paraissait pas avoir peur, Zhayar décela dans son regard une lueur de soulagement.

- Votre altesse laissez-moi regarder votre bras.

Zhayar quitta sa torpeur et se tourna vers l'ambulancier.

- Ce n'est rien, je vais survivre.

L'homme n'insista pas et se retira pour prendre en charge la jeune fille. Emmené à l'hôpital royal, Zhayar dut faire face à une vague médiatique qui le nommait en héro...

- Quelle ironie pitoyable, dit-il avec amertume ; Hier encore j'étais un monstre aujourd'hui je deviens le héro balafré qui a tout perdu.

Hassan se rapprocha tandis qu'on lui faisait un bandage pour soutenir son épaule.

- Tout est fini maintenant, assura Hassan ; La presse étrangère n'est qu'un détail comparé à l'immense joie du peuple d'être enfin libre.

- Mais il y a eu des morts Hassan, et ça je ne peux pas le réparer.

Un sentiment de culpabilité lui empoigna le cœur.

- Je sais, mais la situation aurait pu être pire vous avez agis Zhayar et je jure à l'avenir de ne plus jamais remettre votre instinct en doute.

Son instinct ?

Son instinct lui avait fait probablement perdre la seule personne qui comptait réellement pour lui. Comment allait-il pouvoir réparer sa faute ? Peu férue des articles de presse il y avait peu de chance que Liya soit au courant du battage médiatique autour de lui.

- À présent il faut allez récupérer Liya, vous n'avez plus de temps à perdre.

Zhayar se redressa, le dos tendu alors que les paroles de Mustapha n'avaient de cesse de se répéter dans son esprit.

- Avons-nous trouver autre chose dans la tente au sujet de Mustapha ?

- Oui, un homme a été arrêté en Floride, il travaillait pour lui.

- Dans quel but ? S'enquit Zhayar en se levant difficilement comme s'il venait de se prendre une gifle en plein visage.

- De surveiller Liya, avoua-t-il en se reculant.

Soudain Zhayar avait l'impression que le sol s'ouvrait sous ses pieds.

" Ton bâtard "

Cette signification bien que violente résonna alors en lui si fort si évidente qu'il en perdit sa respiration.

Liya était-elle enceinte ?

Les dires de Mustapha n'avaient de cesse de tourner dans son esprit.

" Quand j'aurais ton sang sur les mains je te prendrais ton trône ta femme et ton enfant "

Zhayar vacilla, une douleur lancinante le fit grimacer.

- Qu'est-ce que j'ai fait...

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