Chapitre 4
Zhayar raccrocha sans lui laisser le temps de répondre. S'il gardait d'elle le souvenir d'une voix douce cette fois-ci celle-ci s'était presque disloquée à mesure de la conversation. Il n'y avait plus de doute possible.
Liya avait un problème.
Était-elle en danger ?
Il traversa le couloir baigné par le soleil vif de l'après-midi et croisa Hassan.
- Alors votre altesse ? Que se passe-t-il ?
- Je l'ignore encore, avoua-t-il en poursuivant son chemin ; Je dois me rendre immédiatement à Seattle.
- Mais pour quelle raison ? S'informa Hassan en le précédant.
- Liya semble avoir des problèmes assez important, je ne peux guère me montrer sourd à sa détresse.
Hassan le suivit jusqu'à son bureau privé, l'air incrédule.
- Votre altesse, vous êtes sûr que c'est une bonne idée ?
Zhayar ne lui répondit pas tout de suite. Bien-sûr il savait pertinemment où il voulait en venir. Mais sa promesse ne valait plus rien depuis qu'il avait perçu dans la voix de la jeune femme du désespoir.
Il s'empressa d'ordonner qu'on lui prépare son jet privé.
- Je sais que nous avions convenus de faire d'elle plus qu'un souvenir mais les choses changent Hassan, finit-il par lui répondre.
- Je sais, mais...
- Hassan, le coupa-t-il d'une voix ferme ; Je vais avoir trente-quatre ans demain, je pense avec certitude que je suis suffisamment ouvert d'esprit et adulte pour rencontrer Miss Gray, peu importe son apparence.
Zhayar marqua une pause pour dévisager son ami les sourcils foncés.
- Enfin pourquoi as-tu aussi peur de mon jugement envers elle Hassan ? Suis-je si monstrueux que ça ?
Zhayar sentit son ami vaciller légèrement, la tête légèrement baissé.
- Je sais que ma réputation d'âpreté reste et demeura intacte malgré mon accident mais je peux te l'assurer Hassan, jamais je ferais du mal à mademoiselle Gray.
Zhayar tenta de réprimer son irritation et quitta son bureau. Quand il entendit les pas de son ami derrière lui, Zhayar se retourna pour le confronter.
- J'ai été plus que désagréable avec elle, je me suis comporté comme un véritable monstre, déclara-t-il rictus aux lèvres ; Et malgré tout, elle est restée pour m'apporter tous les soins dont j'avais besoin. Aujourd'hui cette jeune femme a visiblement besoin de moi.
Hassan garda le silence et acquiesça.
- Assure-toi d'être prêt dans une heure, ordonna Zhayar sans plus attendre.
Il pivota les talons vers les escaliers pour les grimper tout en haut de son vertigineux palais afin de préparer ses affaires.
Demain il découvrirait enfin le visage de la jeune Liya et cette perspective le ravissait...
Pourquoi ? Parce qu'elle le pensait toujours aveugle et Zhayar avait bien l'intention d'en profiter pour déceler chaque once, chaque parcelle de son visage...
~
Liya expira un petit nuage de buée dans l'attente de voir apparaître la voiture qui devait la conduire jusqu'au cheikh. Elle n'avait pas dormi de la nuit trop impatiente de pouvoir enfin lui parler de son problème. Un problème qui n'avait eu cesse de la harceler depuis le début de la matinée. Liya tremblait à chaque fois que son téléphone sonnait. Jack avait prévu de venir la chercher à dix-neuf heures. Si elle n'arrivait pas à convaincre son altesse de l'aider sa vie allait sans doute basculer dans un cauchemar bien réel. À cette perspective Liya trembla de tout ses membres.
Son père était parti très tôt dans la matinée rejoindre Heidi pour pêcher sur un lac très connu. En fait, Liya avait fini par comprendre qu'il ne voulait pas être le témoin d'un échec...incapable d'attendre son retour seul. Lorsqu'elle tourna la tête sur sa gauche Liya fut ravie de la décision qu'avait prise son père. Une voiture suspecte était garée non loin de là, laissant supposer qu'elle était surveillée. Son impatience se transforma en une peur incontrôlable. Et si Jack la surveillait pour l'empêcher de fuir ?
Liya n'attendit pas l'acheminement de ses pensées et quitta la maison après avoir enfilé son manteau noir. Ses jambes étaient comme du coton, descendre les marches fut pour elle une véritable torture surtout quand un homme quitta le véhicule suspect pour venir à sa rencontre.
- Où allez-vous comme ça miss Gray ?
L'homme aux traits burinés lui bloqua volontairement la sortie.
- Je sors, je dois rejoindre une amie, pourquoi ? Je suis surveillée maintenant ?
À ce moment précis Liya avait l'impression d'être du bétail, une marchandises gardé précieusement en cage...dans sa propre maison !
- Monsieur Carter tient à savoir où vous trouvez chaque moment de chaque instant, déclara-t-il en dardant sur elle un regard de concupiscence.
- Eh bien dites-lui que je vais retrouver une amie, parvint-elle à dire en refermant les pans de son manteau pour dissimuler le corset de sa robe.
L'homme secoua lentement de la tête en faisant claquer sa langue.
- Je crains que ça ne soit pas possible.
Après la peur cette fois-ci se fut la colère qui envahissait tout son corps avant que celui-ci soit tétanisé par le geste de l'homme aux traits burinés. Il tenta d'ouvrir le portail pour forcer l'entrée.
- Mais qu'est-ce que...
Dieu soit loué, songea-t-elle les lèvres tremblantes lorsqu'une voiture noire s'arrêta à leur hauteur, sans prendre la peine de se garer. Hassan sortit sans plus tarder, analysant rapidement la situation avant de s'adresser à l'homme.
- Il y a un problème ? Vous êtes ?
Le chien de garde de Jack se redressa faisant mine de rien.
- Robert Fulman, je venais juste saluer Liya...
Perplexe Hassan dévisagea l'homme avant de se tourner vers elle.
- Vous êtes prête Liya ?
Jamais elle n'aurait cru ressentir une telle joie un tel soulagement de le revoir. Lui qui s'était montré si protecteur avec elle. Refusant de céder aux larmes Liya ouvrit son modeste portail et s'empressa de pénétrer dans la voiture. En sécurité mais toujours dans une situation précaire et dangereuse Liya baissa les yeux, serrant ses mains l'une contre l'autre jusqu'à ce que la voiture démarre en trombe.
Laissant place au soulagement, Liya se tourna vers Hassan, esquissant un léger sourire tremblant.
- Liya, mon enfant, déclara Hassan en lui caressant la joue. Que se passe-t-il ? Avez-vous des ennuis ?
Liya se mordit l'intérieur de la joue.
- On peut dire ça oui, dit-elle d'une voix tremblante.
Hassan soupira, esquissant néanmoins un sourire confiant. Brusquement une honte submergea ses joues. Elle avait honte d'avoir fait venir cet homme jusqu'ici alors qu'il refusait tout contact avec l'extérieur.
- J'ai tellement honte de vous avoir fait déplacé, murmura-t-elle en peinant à le regarder dans les yeux.
- N'ayez aucune honte Liya, s'empressa-t-il de dire alors qu'elle tentait vainement de masquer le bleu plaqué sur son poignet.
Sans un mot elle se tourna vers la fenêtre, priant le ciel que le cheikh accepte de l'aider.
Son plan était pourtant simple. Elle espérait obtenir une aide financière de la part du cheikh. Qu'il efface ses dettes pour se débarrasser de Jack Carter.
À peine eut-elle le temps de quitter ses pensées que deux grands colosses se présentèrent à elle dès l'ouverture de la portière. Le cœur battant à la chamade Liya quitta la voiture non sans trembler. Elle leva la tête pour contempler l'immense tour qui se dressait devant elle au milieu des grattes ciel de Seattle.
- Allons, venez mon enfant.
Liya cilla à l'ouverture des portes en verre.
- Où sommes-nous exactement ?
- C'est un hôtel, il appartient à son altesse.
Elle cilla de nouveau, dévisageant les lieux avec une inquiétude grandissante. Les lieux pourtant si luxueux n'étaient pas facile d'accès.
- Mon dieu, j'espère qu'il n'a pas eu trop de mal à se repérer ? S'enquit-elle en tournant la tête vers Hassan.
Ce dernier toussota avant de se glisser dans l'ascenseur sans lui répondre. Liya tressaillit sans aucune raison.
Si, il y avait une raison...
Elle allait revoir le cheikh. Un mois et une semaine s'était écoulé et son visage demeurait encore dans son esprit comme une image que l'on ne peut effacer. Elle se souvenait parfaitement de sa voix ruisselante de virilité et de cette accent arabe qui n'avait eue de cesse de la faire frémir. Quant à son visage...
Liya s'entoura de ses bras quand les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur un magnifique hall d'entrée illuminé par un lustre en cristal. De là son cœur rata plusieurs battements. Son ventre se noua inexplicablement.
Hassan l'invita à le suivre dans un salon immense et très moderne.
- Ne bougez pas, je vais avertir son altesse.
Soudain Liya perdit tout ses moyens...
Zhayar inspira profondément quand Hassan pénétra dans la pièce privé de sa chambre d'hôtel pour le prévenir que la jeune femme était ici. Pour une raison qu'il ne s'expliquait pas une farouche excitation courait dans ses veines. Cette excitation se mua très vite en dégoût lorsqu'il croisa son reflet dans le miroir. Comment réagirait-elle lorsqu'elle saura qu'il peut voir de nouveau ? Comment allait-il réagir en la découvrant enfin ?
Incapable de rester plus longtemps dans l'inconnu, Zhayar s'approcha de la porte qui les séparait et referma ses doigts sur la poignée.
Mais alors qu'il se mettait en condition pour feindre une cécité pourtant disparue afin de pouvoir la contempler sans qu'elle ait l'impression d'être une bête de foire, Zhayar ouvrit la porte et fut très vite désarçonné par la silhouette plantée au milieu du salon, qui lui tournait le dos, lui révélant une longue masse de cheveux blonds ondulés...
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