- Êtes-vous certain que c'est la bonne solution votre altesse ?
La voix d'Hassan brisa le cours de ses sombres pensées. Tourné vers l'étendu silencieux du désert Zhayar était vidé, anéanti soutenu par un seul sentiment.
La colère...
La haine s'insinuait dans ses veines comme un poison. Après avoir rassemblé un maximum d'éléments sur Carter Zhayar avait découvert des failles assez dangereuses et qu'il ne parvenait pas à expliquer. Son instinct lui avait alors soufflé que quelque chose se tramait autours de lui au sein même de son pays. Un danger imminent et prêt à le frapper semblait planer au-dessus de sa tête. Alerté quant à la sécurité de Liya Zhayar avait du prendre une décision radicale et douloureuse.
Éloigner Liya au point de prendre le risque de la perdre définitivement. Anéanti il avait dû lui mentir afin de la garder hors de ces manigances. Il devait à tout prix donner l'illusion qu'elle n'était plus qu'un souvenir pour lui. Mais cette décision avait un prix...
Celle de souffrir chaque seconde de chaque heure.
Son cœur baignait dans une douleur atroce et il se raccrochait au seul espoir qu'elle comprenne que tout ceci n'était qu'une illusion...un mensonge.
- C'est la bonne solution, affirma-t-il avec haine.
Il se retourna enfin pour dévier son regard assassin dans celui de son ami.
- Je sais à titre personnel que vous avez toujours été sensible aux menaces extérieurs et que votre instinct ne vous a jamais trahi or je crois qu'aujourd'hui après avoir fouillé chaque piste, chaque éventuelle menace je peux vous assurer...
- Mon instinct, le coupa-t-il d'une voix articulé ; Ne m'a jamais trompé, je sais reconnaître les signes Hassan ! Jack Carter a fait de nombreux voyages inexplicables durant un mois et les messages audio étaient pour ainsi dire limpide.
Hassan resta silencieux un bref instant.
- Si tel était le cas, ne croyez-vous pas qu'il serait préférable de mettre Liya en sécurité plutôt que de la laisser à des milliers de kilomètres d'ici.
Zhayar sentit sa bouche se déformer de rage.
- Crois-tu sincèrement que cette situation me plaît Hassan ? S'enquit-il poings serrés ; Il n'y a pas un seul instant qui passe sans que je ne pense à elle. Je l'ai mise en sécurité loin de moi. Des gardes surveillent la maison.
Il referma le dossier sèchement pour le jeter sur le bureau avec humeur.
- Je dois faire croire qu'elle n'est rien pour moi, c'est pour cette raison qu'il est urgent d'envoyer ce foutu communiqué !
Zhayar tenta désespérément de se calmer.
- Un ennemi se cache dans l'ombre Hassan, Jack Carter semble être un pion sur un échiquier. Lorsque le peuple apprendra qu'un mariage de convenance se prépare alors se dernier attaquera par derrière.
- Et Liya dans tout ça ? Osa demander Hassan complètement démuni devant la peine et la colère de son roi.
- Lorsque j'en aurai fini avec l'ennemi j'irais la chercher.
- Vous pensez qu'elle vous pardonnera aussi facilement ?
Zhayar vrilla son regard au sien, rictus aux lèvres.
- Je préfère souffrir mille morts pour la reconquérir qu'elle soit en danger, articula-t-il d'une voix sombre et vibrante avant d'étaler les preuves qu'il avait en sa possession.
- Zhayar vous êtes en train de faire une grave erreur.
Sans plus tarder il frappa son poing sur la table pour mettre un terme à cette discussion. Jamais il ne s'était senti aussi tremblant de fureur.
- Hassan, commença-t-il d'une sombre voix ; Peut-être que ma méthode te paraît être une mauvaise idée mais après ce que j'ai traversé je ne peux pas me permettre de la mettre en danger.
Hassan parut soudain comprendre. L'explosion dont il avait été victime ne lui avait pas seulement arraché une moitié de sa vie. Zhayar n'avait jamais cessé de penser de ce qu'il aurait pu arriver s'il n'avait pas été seule dans cette voiture. À cette pensée, à l'odeur de soufre qui revenait le hanter ou bien même les éclats de verre et le bruit de cette déflagration...non !
- Je préfère la savoir loin de moi que de la savoir ici, alors que j'ignore qui est mon nouvel ennemi.
Zhayar s'était montré aussi ferme qu'il le put et se concentra sur les preuves mises à sa disposition.
- Avons-nous trouvé Jack Carter ?
- Une chose est sûre c'est qu'il n'est ni à Seattle ni à New-York. Nous sommes à sa recherche votre Altesse.
- Zhayar, rectifia-t-il vivement ; Appelle-moi Zhayar j'ai besoin d'un ami là tout de suite.
Dans les yeux de son ami il pouvait lire une myriade d'interrogations passer dans ses prunelles mais il se contenta de s'incliner à sa demande et poursuivit ;
- La personne qu'il a contacté en dernier n'a ni compte en banque ni carte de crédit un véritable fantôme.
- La police m'en a informé, cela signifie que c'était un téléphone prépayé.
Zhayar se massa les tempes, en passe de devenir complètement fou.
- Je n'ai jamais eu affaire à ce genre de malade mental Hassan, ce que j'ai lu sur lui dépasse les limites de l'horreur.
Pensivement, concentré, Zhayar se laissa choir sur le fauteuil, les yeux plissés chassant avec difficulté le beau visage de Liya.
- Quelle personne pourrait être aussi sombre que lui pour tenter de m'attaquer tout en restant dans l'ombre ? Questionna-t-il en se parlant à lui-même.
Hassan soupira bruyamment avant de déclarer fermement ;
- Pour le savoir il faut trouver Carter...
~
Liya tira les rideaux pour la énième fois pour observer l'homme au coin de la rue.
" J'ai besoin de temps pour réfléchir Liya "
Les derrières paroles de Zhayar résonnaient en elle comme la glas d'un ultime au revoir. Pourtant elle espérait que tout ceci soit un triste cauchemar. Sa gorge se serrait chaque jour un peu plus tout en essayant de chasser l'évidence.
Zhayar l'avait-il quitté ?
" Vais-je te revoir ? Lui avait-elle demander les larmes aux yeux "
Il ne s'était pas retourné pour lui répondre il s'était contenté de disparaître dans la nuit noire la laissant abandonnée, vidée.
- Liya cesse de rester debout viens donc t'asseoir.
Liya cligna des yeux lentement, n'ayant plus de larmes à faire couler. Son père posa sa main sur son épaule, plantant un baiser sur sa tête...un geste qui lui parut d'abord réconfortant avant qu'elle le perçoive comme la fin.
- Il se passe quelque chose papa, murmura-t-elle en écartant à nouveau le rideau ; Comment peut-on passer à de merveilleuses et belles promesses à ça ?
Elle se retourna pour confronter l'avis de son père.
- Il était tendu ce jour-là au restaurant puis d'un seul coup il décide de me ramener ici sous prétexte d'avoir besoin de réfléchir ?
Son père ferma brièvement les yeux puis les rouvrit sans masquer sa perplexité clairement affichée sur ses traits.
- Liya, commença-t-il d'une voix douce ; Cela va faire bientôt cinq semaines maintenant.
Luttant contre un nouveau chagrin Liya serra les poings...
- Pourquoi m'aurait-il laissé la bague de fiançailles et pourquoi il y a des gardes postés devant la maison ?
- Peut-être que tu étais différente des autres femmes qu'il a pu connaître et qu'il s'assure que tu vas bien.
Sous le choc Liya se recula. Elle avait l'impression d'avoir reçu une gifle en plein visage. Et si son père avait raison ? Trop bouleversée pour réfléchir Liya porta ses doigts à sa bouche prise de nausées. Un goût amer dans la bouche elle dévisagea son père longuement avant de répondre ;
- Zhayar ne m'aurait jamais fait une chose pareille papa je refuse d'y croire.
- Moi ce que je vois c'est que ma fille souffre silencieusement depuis quatre semaines et que tu n'as reçu aucun appel de sa part, gronda-t-il en lui lançant un regard sérieux.
Perdue entre la vérité, la raison et l'incertitude elle secoua de la tête...priant que tout ceci ne soit qu'un terrible cauchemar.
- Je refuse que tu te mettes dans cet état pour un homme ! Reprit-il en la dévisageant longuement ; Tu es pâle, livide presque au bord de l'évanouissement.
Furieux son père la pointa du doigt.
- Je me suis juré de te protéger et que jamais tu puisses connaître le malheur.
Liya sentit ses lèvres trembler, le cœur serré alors qu'il rajouta ;
- Cet homme ne s'approcha plus jamais de toi crois-moi sur parole...
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