Chapitre 33
Liya découvrit la suite avec les yeux d'une petite fille. Quelque chose en elle brûlait, son ventre palpitait sans cesse mais elle ne sut expliquer la raison. Malgré le calme apparent que lui inspirait Zhayar, elle savait qu'il était tendu voire furieux que la presse se soit montrée si vorace et avide d'informations. Certes Liya avait eu peur mais cette peur s'était rapidement transformé en une force nécessaire voire indispensable pour affronter ce voyage à New-York.
En dépliant ses affaires elle jeta un bref coup d'œil à la bague que lui avait offert Zhayar...incapable de la regarder plus longtemps...trop timide pour réaliser qu'elle était vraie.
Une fois ses esprits rassemblés Liya appela son père comme chaque jour comme un rituel qu'elle ne voulait rater pour rien au monde. À la fin de la conversation téléphonique, Liya vit Zhayar pénétrer dans la chambre, le col de sa chemise était ouvert, ses manches retroussées.
- Ton père se porte bien ? Demanda-t-il en venant lui prendre la main.
- Il va bien, légèrement inquiet par la situation, avoua-t-elle en se pinçant la lèvre.
- Je comprends, murmura le cheikh avec un vague sourire aux lèvres.
Liya inspira profondément et se leva lentement, une main sur le front. Remarquant son inquiétude il la prit dans ses bras, déposant un baiser sur le sommet de sa tête.
- Il est en sécurité, j'ai mis tout en œuvre pour qu'il ne soit pas ennuyé par la presse.
Cette information eut bon de la rassurer.
- Viens, dit-il avec une froide détermination ; Tu devrais manger un peu.
Liya huma les odeurs délicieuses qui se dégageaient dans le salon loin de bouder son plaisir de se rassasier un peu.
Ils s'installèrent autour de la table, face à face et Liya ne put s'empêcher de se demander si c'est ce qu'elle désirait vivre pour l'éternité.
Oui ! C'était un grand oui...
- Quel est ce petit sourire en coin ? Demanda le cheikh en plissant les yeux.
Liya émit un petit rire nerveux.
- Je suis heureuse, répondit-elle en braquant ses yeux dans les siens.
Sa réponse fut accueillie par un sourire délicieux. Elle réalisait à quel point sa vie avait changé et se constat mettait son cœur en émoi.
- Je le suis aussi, assura-t-il en inclinant sa tête.
- C'est vrai ? Insista Liya consciente que cette question en soulevait d'autres.
Elle connaissait Zhayar que depuis cinq mois, elle ignorait le reste de sa vie hormis son enfance presque tragique. Avait-il été heureux au moins une fois dans sa vie ? Avec une femme ou bien seul ? Avait-il déjà pleuré ?
Liya grimaça intérieurement. Il n'était pas du genre à pleurer, songea-t-elle en baissant les yeux un instant.
- As-tu déjà été heureux ?
Sous la question, il plissa des Yeu interloqué.
Liya se sentit presque obligée de se justifier.
- Je veux connaître ton passé Zhayar, savoir si un jour tu as été heureux peu m'importe où et comment. As-tu déjà pleuré ?
- J'ai pleuré dans les ténèbres...
Liya retint son souffle, d'abords heureuse qu'il se confie et désolé de l'apprendre. Sa cécité avait été un tournant terrible dans sa vie, et elle ne put s'empêcher de se rappeler cette époque si proche...de cet homme près de cette cheminé, se raccrochant désespérément aux crépitements des flammes.
- Ai-je déjà été heureux ? S'enquit-il en réfléchissant les yeux dans le vague.
L'attente lui parut insupportable.
Son regard coula dans le sien si bien qu'elle eut l'impression qu'il tentait de se fondre dans les profondeurs de ses pensées.
- Je pense que le moment où je me suis senti heureux fut quand je t'ai vu pour la première fois et que...pour une raison qui m'est encore méconnue, tu as pris la fuite.
Liya grimaça, peu désireuse de lui décrire ce qu'elle avait ressenti à ce moment-là. Elle avait eu la sensation d'être dévisagée, d'être détaillée avec une intensité dangereuse. Elle s'était longtemps persuadée que sa beauté n'avait rien d'exceptionnelle avant qu'il ne pose son regard sur elle...sincère, profond, avec cette lueur mystérieuse au fond des yeux.
- J'ai eu peur que ton regard soit différent, avoua-t-elle enfin.
- Etant donné que c'était la première fois que je te voyais...
- Tu as très bien compris ce que je veux dire Zhayar, rétorqua-t-elle d'une voix qui se laissait facilement trahir par ses émotions.
Il soupira, sourire pincé...
- Tout le monde m'a menti, Hassan le premier s'est démené comme un acharné pour me faire croire que tu étais banale, sans saveur, répondit-il avec un sérieux déroutant ; Chléo a profité de de ma cécité pour me mentir ouvertement, se moquant de toi. Ne crois surtout pas que j'ai oublié ce diner chaotique Liya, la façon dont elle t'a traitée m'a fait plus de mal que le chute qui m'a rendu la vue.
Cet aveu la bouleversa. Son cœur battait si fort qu'elle avait l'impression qu'il allait sortir de sa poitrine. Ses paroles s'insinuaient en elle jusqu'à l'atteindre là où personne n'avait eu le droit d'aller jusqu'ici.
- Je me souviens de chaque instant passé avec toi, reprit-il de sa voix gutturale ; Je me souviens de toute les fois où j'ai tenté d'imaginer ton visage, de ta voix douce qui parvenait toujours à m'apaiser et maintenant...je comprends pourquoi.
- Si tu continus comme ça je vais accepter de t'épouser sur-le-champ, murmura-t-elle en le regardant timidement.
Bien que ces mots se voulaient ironiques Zhayar leva un sourcil comme pour lui faire comprendre qu'il avait noté l'information.
- Hélas il me reste moins de sept jours avant que tu sois totalement sûre, fit-il remarquer en jetant un coup d'œil à sa montre ; Après notre déjeuner nous pourrions flâner au lit ?
Liya secoua de la tête feignant d'être désespéré.
- Je suis plutôt pour un balade dans Manhattan ? Proposa-t-elle en sachant évidemment que cela pourrait s'avérer compliqué.
Le haut statut de Zhayar l'empêchait de savourer quelques moments en solitaire sans presse ni paparazzis autours de lui. Seul son pays savait se montrer très discret, donnant l'accès à leur roi d'un peu de solitude.
- Oublie cette idée tordue, dit-elle après mûres réflexions.
- Et pour quelle raison devrais-je reconsidérer cette balade ? S'enquit-il en se passant le pouce sur les lèvres.
- Trop de journalistes attendent en bas, nous ne serons pas seuls comme un couple normal, expliqua-t-elle en secouant de la tête en signe en refus.
- Un couple ? Mon dieu je progresse à une allure folle ! Ironisa-t-il en riant à gorge déployée.
Son rire couvrit sa peau de rougeurs incontrôlables. Il se leva pour faire le tour de la table avec une démarche nonchalante, jetant sa serviette sur la table.
- Avez-vous dit couple Mademoiselle Gray ?
Liya éclata de rire tout en acquiesçant.
- Oui je l'ai....
Liya n'eut guère le temps de finir que le majordome entra précipitamment, bafouillant des excuses précipitées.
- Je suis absolument navré de me montrer si impoli votre altesse mais une femme se montre très insistante à l'accueil et...
- Faites-là monter, coupa-t-il durement.
Liya lui lança un regard incrédule avant de saisir de qui il s'agissait. Presque normalement elle se leva pour s'éclipser mais fut rattraper par le bras forcée de lui faire face.
- Je peux savoir où tu veux aller comme ça ? Demanda-t-il l'air rembrunit.
- Si c'est Chléo je pense qu'une conversation s'impose, je préfère vous laisser.
Sa réponse semblait lui déplaire fortement et pour masquer sa nervosité Liya esquissa un petit sourire. Hélas il n'était pas dupe et se contenta de faire claquer sa langue entre ses dents.
- Je regrette mais tu n'iras nulle part habibti, déclara-t-il en emprisonnant ses joues pour l'embrasser ; Je n'ai pas la moindre intention de te tenir à l'écart à partir de maintenant.
Fort de cette décision Zhayar lui prit la main pour l'entraîner avec lui. Chléo était là avec des arrière-pensées qu'il avait bien l'intention de réduire à néant.
Et quand elle ouvrit la porte de la suite, son ancienne maîtresse marqua un temps d'arrêt visiblement furieuse d'avoir été ainsi trompé.
Il pressa la main de Liya pour réduire la tension qui l'habitait puis dévisagea Chléo réalisant après constat la chance qu'il avait de détenir une aussi belle jeune femme telle que Liya...
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