Chapitre 3



Zhayar se frotta énergiquement le visage quand la réunion prit fin. Plusieurs sujets avaient été abordé durant celle-ci. Notamment un des plus sensible. Bien qu'il appréciait la solitude dans laquelle il était plongé depuis son accident Zhayar savait qu'à l'aube de ses trente-quatre ans il était temps pour lui de prendre une épouse afin de donner au peuple l'image d'un roi stable. Tous attendaient de lui une apparition remarquée dans les plus grands lieux huppés des quatre coins du monde. Avant son accident et sa cécité Zhayar s'employait à faire des apparitions dans des réceptions parfois ennuyeuse. Sur la grande table ovale était disposé cinq lieux de réceptions. Il jeta un coup d'œil en direction d'Hassan qui feuilletait l'un d'entre eux.

- Alors ? Qu'est-ce que tu en penses ?

Hassan releva la tête, songeur.

- Je l'ignore, je ne sais pas si c'est bien raisonnable votre altesse.

Zhayar poussa un rire qui laissait entendre qu'il était lassé d'entendre ce mot un peu trop raisonnable à son goût.

- Je n'ai plus le temps d'être raisonnable Hassan, contrat-il en se levant pour faire les cents pas. Tu as entendu le conseil comme moi, le pays commence à croire que je suis mort. Certains s'alertent sur la poursuite de ma lignée. Il temps pour moi d'agir.

Hassan acquiesça avec un sourire furtif.

- Je suis entièrement d'accord, je tenais juste à m'assurer que vous êtes en forme pour reprendre votre vie d'avant. Vous voyez depuis peu, j'avais peur que vous ne soyez pas prêt.

Zhayar s'arrêta près de la grande fenêtre, fermant les yeux un instant avant de les rouvrir.

Prêt ?

Était-il prêt à se monter aux yeux de tous ? Avec ce visage ?

Bien-sûr qu'il l'était. Il avait affronté bien pire que d'éventuels commentaires désagréables sur son apparence.

- Je ne peux plus rester indéfiniment caché, finit-il par répondre en se tournant vers lui.

Il s'approcha de la table pour prendre le dossier laissé à l'abandon.

- Je peux organiser votre venue dans l'une de ces soirées.

- Très bien.

Zhayar referma le dossier pour le jeter sur la table. Une tension lui tira les muscles alors qu'il savait ce que son ami s'apprêtait à lui dire.

- Pour votre future femme je...

- Je suis certain que tu peux me dresser une liste de candidates parfaites pour remplir ce rôle.

Hassan baissa un instant les yeux, mal à l'aise. N'importe quelle femme aspirant à une vie baignée de luxe ramperait jusqu'ici pour l'implorer. Balafre ou non, il connaissait que trop bien les femmes. Tout ce qu'il refusait, c'était qu'elle espère de lui des sentiments amoureux.

Zhayar n'avait aucune envie d'offrir son cœur à supposer qu'il lui en reste un, songea-t-il en inspirant imperceptiblement.

- Chléo a appelé, lança Hassan d'une voix tendue ; Ça va faire le quatrième appels depuis ce matin.

Cette information eut bon de lasser d'avance.

- Elle est tenace et je sais exactement pourquoi, dit-il en se laissant tomber dans son fauteuil ; Néanmoins, je serais assez curieux d'observer ses expressions faciale maintenant que je peux voir.

À cette pensée, une autre vint faire front à Chléo. Bien trop souvent à son goût Zhayar songeait à miss Gray. Pourtant, il tentait tant bien que mal d'enfouir cette pensée dans un coin de sa tête mais celle-ci revenait le hanter chaque fois qu'il avait le malheur de passer devant cette porte. Pire encore, Zhayar n'avait pas résister à la tentation de pénétrer dans le harem. Longtemps laissé à l'abandon, une odeur délicieuse s'était répandue dans ses narines. Cette odeur de lait d'ânesse...

Les sourcils foncés il s'était accroupi près du grand bassin en marbre datant de plusieurs siècles pour y apercevoir des résidus de ce lait qui avait recouvert la peau de la jeune femme.

- Tant que vous ne me demandez pas de la mettre sur la liste...

La voix teintée d'ironie d'Hassan rompit le court de ses pensées. Il se redressa sur le fauteuil se passant un main furtive dans sa barbe.

- Rassure-toi Hassan, elle ne deviendra jamais ma femme, répondit-il rictus de dégoût aux lèvres.

Le souvenir de son cri horrifié lui revint immédiatement à l'esprit.

Hassan ramassa les dossiers pour se mettre au travail quand Nabil pénétra dans le grand bureau, l'air contrit.

- Veuillez m'excuser votre altesse pour ce dérangement mais vous avez un coup de fil et je...

- Je suis occupé, demande à cette personne de rappeler plus tard.

- Mais...

- J'ai dit, que j'étais occupé, articula-t-il plus durement.

Si c'était Chléo alors celle-ci patientera autant de temps qu'il l'aura décidé. Si c'était d'ordre professionnel, alors cette personne rappellerait selon ces ordres.

- Je suis navré d'insister votre altesse, déclara Nabil en inclinant généreusement sa tête ; Mais c'est mademoiselle Gray.

À ce nom, Zhayar releva précipitamment la tête. Il dut cligner des yeux à plusieurs reprises pour rassembler ses esprits. Hassan lui, l'avait subitement devancé pour interroger Nabil à sa place.

- Vous en êtes-sûr ? S'enquit Hassan d'une voix tendue.

- Certain, je sais à quel point elle a été d'une grande aide pour sa majesté, c'est pour cette raison que je me permets d'insister.

- Tu as bien fait Nabil, déclara Zhayar en brisant quelques brides de sa promesse ; Je vais la prendre dans le bureau, veuillez me laisser.

Les deux hommes s'échangèrent un furtif regard avant quitter la pièce. Zhayar vrilla son regard sur le téléphone, envahi par une émotion particulière et mystérieuse.

Peut-être voulait-elle prendre de ses nouvelles, songea-t-il.

Liya inspira profondément alors que l'attente devenait pénible. Peut-être qu'il n'avait pas envie de lui parler ?

À cette déduction Liya fut sur le point de raccrocher avant qu'une voix profonde et virile daigne enfin lui répondre.

- Bonjour Liya...

Dès lors que sa voix retentit dans son oreille qu'un frisson parcourut son épine dorsale. Elle perdit tout ses moyens, comme s'il se trouvait là, en face d'elle, avec son regard inquiétant mais pourtant si captivant.

- Bonsoir votre altesse, je..suis navrée de vous déranger.

- Vous me dérangez pas du tout Liya.

Zhayar se rendit compte qu'il avait fermé les yeux à l'instant même où sa voix douce et délicate s'était enfin manifestée.

- Vous êtes sûr ? Je sais...que vous êtes occupé et...

- Je vous l'assure, la coupa-t-il en notant un léger tremblement dans sa voix.

- Comme...comment allez-vous ? Demanda-t-elle d'une voix basse qu'il eut peine à la distinguer.

Cette conversations bien qu'inespérée semblait sans fond, du moins il avait l'impression que quelque chose n'allait pas.

- Je vais bien, et vous ? Répondit-il en crispant ses doigts sur le rebord de la table.

La bouche sèche Liya essuya le filet de sueur sur son front. Son coeur battait si vite et si fort qu'elle avait du mal à entendre sa propre voix. Comment lui dire ? Comment parvenir à lui demander de l'aide ?

Elle exhala un soupir si tremblant qu'il déclara ;

- Est-ce que vous allez bien Liya ?

Zhayar se redressa sur le fauteuil lorsque le souffle de la jeune femme lui parut soudain très tremblant.

- Écoutez je...est-ce que nous pourrions nous voir ?

Cette fois-ci Zhayar se leva lentement du fauteuil alarmé par le timbre presque suppliant de la jeune femme.

Se voir ? Alors qu'il essayait en vain de lutter pour résister à l'envie de mettre un visage sur son nom ?

Zhayar leva son regard sur la porte songeant aux sages paroles de son ami, luttant à nouveaux contre ce terrible goût d'inachevé.

Il fallait dire non, il fallait à tout prix qu'il garde en souvenir cette voix et rien d'autre par peur que cette esquisse parfaite ne soit entaché par la réalité.

À cette réflexion presque cruelle Zhayar jura intérieurement. Comment pouvait-il parler ainsi d'elle alors qu'elle ne l'avait pas fait pour lui ? Qui des deux avait l'apparence d'un monstre ? Qui des deux venait de penser comme un monstre ?

- S'il vous plaît votre altesse, ajouta celle-ci d'un souffle.

- Bien-sûr, finit-il par répondre d'une voix plus dure qu'il l'aurait voulu.

- Je n'ai pas les moyens de venir chez vous est-ce que...oh j'ignore si vous pouvez venir ici.

- Je viendrais, affirma Zhayar de plus en plus alarmé par les incohérences de la jeune femme.

- Vous êtes sûr ? Vous allez pouvoir vous déplacé sans aucune crainte ? Vous êtes aveugle et je...

Aveugle ?

Pour l'amour du ciel ! Elle n'avait eu aucun vent de la nouvelle ? Ne lisait-elle pas la presse ?

- Ne vous en faite pas pour moi, dit-il précipitamment en tentant de ne rien laissait transparaître ; Je peux être à Seattle après-demain si vous le souhaitez.

Liya se mordit la lèvre nerveusement. Après-demain il sera trop tard.

- Vous ne pouvez pas venir avant demain soir ?

- Diable Liya ! Que se passe-t-il ? Gronda le cheikh d'une voix exigeant une réponse immédiate ; Avez-vous un problème ? Vous avez l'air bouleversé.

Liya ferma les yeux, laissant une larme solitaire rouler sur sa joue.

- J'ai un problème en effet, je ne peux pas en parler au téléphone et je ne vous aurais pas appelé si ce n'était pas grave votre majesté, avoua-t-elle trahie par sa voix désespérée.

Zhayar comprit tout de suite que la situation était bien plus grave qu'il ne l'aurait cru. Il consulta sa montre tout en quittant le bureau d'un pas pressé.


  - Je serais là demain matin, déclara-t-il d'une voix grave ; Un chauffeur viendra vous chercher dans la matinée soyez prête...

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