Chapitre 29
- Je suis curieuse de connaître votre métier mademoiselle Gray.
Quittant sa torpeur, Liya redressa la tête vers l'une des invités qui se tenait en face d'elle avec un petit air hautain sur le visage. Liya savait que cette question en soulevait bien d'autres. Pour éviter de tomber dans le piège elle se contenta d'une bref haussement d'épaule et répondit ;
- Beaucoup de métiers pour tout vous avouer.
Bien-sûr celle-ci ne se contenta pas de cette réponse presque bâclée et lança ;
- Pas d'études particulières ? Grand dieu votre altesse, je...
- Liya a étudié dans une grande université, puis son père est gravement tombé malade.
Liya ferma brièvement les yeux, remerciant secrètement Zhayar pour son intervention.
- Elle s'est démenée avec force pour se maintenir hors de l'eau et je ne peux que saluer son parcours.
Elle décela dans sa voix une note d'agacement voir une colère jusque-là silencieuse.
- Puis elle s'est occupé de moi, et elle a été pour moi un pilier dans ma convalescence, ajouta-t-il en se tournant vers elle pour lui offrir un regard propre à lui et qui parvenait toujours à lui faire battre le cœur.
La brune la gratifia d'un sourire radieux mais si faux qu'elle préféra l'ignorer. Elle détestait être au centre de l'attention et tout ceci...elle le faisait uniquement pour Zhayar. Lorsqu'elle était partie du palais, le laissant seul dans sa cécité Liya se souvenait d'avoir ressenti une pointe au coeur, un grand vide l'avait envahi mais elle n'avait pas compris pourquoi avant de le revoir à Seattle. Son cœur s'était mis à battre à la chamade...secrètement attirée par les balafres sur son visage. Aujourd'hui plus elle les regardait plus elle les trouvaient sexy. Puis de retour au palais, Liya avait fini par comprendre...dévorée par la jalousie à l'idée qu'il épouse une femme qu'elle éprouvait des sentiments pour lui...malheureusement inavouable. À présent l'évidence l'avait frappée de plein fouet...foudroyant.
Elle était irrémédiablement amoureuse de lui...
- Tu devrais manger un peu...
Liya riva son regard dans le sien et se rendit compte qu'elle était tendue comme une arbalète avant qu'il lui prenne la main, caressant celle-ci de son pouce. Ce geste empli de tendresse suffit à la détendre et à lui faire oublier toutes ses peurs, toutes ses craintes même les plus profondes.
Zhayar se redressa pour échapper à la tension qui régnait dans son corps. Sa belle Liya était complètement ailleurs visiblement en proie à mille questions. Son impatience avait eu raison de lui. Il n'avait pas pu attendre d'être seul avec elle pour lui révéler la vérité. Malheureusement il avait tendance à oublier qu'elle était fragile et s'était précipité trop vite sans la mettre en confiance sans prendre la peine de la rassurer...pire encore il venait de lui faire subir un test...
Bien qu'elle avait conquis les cœur de son pays, Liya restait une petite fille qui avait grandi dans un foyer modeste et elle ne maîtrisait pas l'opulence dans laquelle elle se trouvait là...tout de suite.
Tenant à mal la conversation avec le ministre des affaires étrangères, Zhayar avait d'yeux que pour la femme assise à sa droite qui semblait enfin se détendre et mise en confiance par la directrice d'une agence de mode basée à New-York, très réputé dans son pays pour ses défilés haute couture.
- Vous êtes divinement belle, lança-t-elle en l'obligeant à suivre la conversation...vivement intrigué par la teneur que prendrait cette conversation.
- Merci, dit-elle timidement en mordant dans son toast.
- Avez-vous déjà songé à devenir mannequin ?
Zhayar tendit l'oreille, le regard impassible retenant presque son souffle car cette femme au sens aiguë de la mode n'aurait aucun scrupule à soudoyer Liya.
- Grand dieu ! Non ! S'exclama-t-elle en portant ses doigts à sa bouche ; J'aime trop manger et j'ai deux pieds gauches.
Zhayar garda un masque impassible mais sourit intérieurement.
- C'est tellement dommage, déclara Solene Deven en la dévisageant longuement ; Vous auriez fait un modèle parfait pour ma prochaine couverture.
Liya se contenta de lui sourire en guise de remerciement. Elle ? Mannequin ? Elle se retint de lever les yeux au ciel et enchaîna avec un directeur basé dans la finance. Peu à peu elle se détendit et faisait cet ultime effort pour Zhayar. Elle se tourna pour jeter un coup d'œil à la grande pendule. Bientôt sonnera minuit et elle espérait que le banquet prenne fin.
- Acceptes-tu de danser avec moi ?
Liya inspira profondément avant de lui sourire en guise de réponse. En fait elle avait hâte de se retrouver seule avec lui même le temps d'une danse.
- Enfin seuls, murmura-t-il en l'attirant à lui.
Liya sentit ses reins s'enflammer, son coeur battait rapidement et ses lèvres entrouvertes appelaient secrètement à un baiser de sa part.
- Quand la soirée va-t-elle prendre fin ?
Il leva un sourcil vaguement amusé.
- Seriez-vous pressée miss Gray ?
- Oui, un peu pour tout avouer, j'ai l'impression que ça n'en fini plus.
- Bienvenue dans mon monde habibiti, dit-il en la faisant tournoyer.
- Et si je n'en veux pas de ton monde ? Dit-elle sur un ton de défi.
Immédiatement il se pencha à son oreille laissant un court instant se suspendre entre eux avant de déclarer.
- Tu le voudras autant qu'ils te veulent...
Inquiète à la seule pensée que lui inspirait cette phrase Liya releva sa paire d'yeux sur lui.
- Comment peux-tu en être aussi sûr Zhayar ? Demanda-t-elle sérieusement.
Il s'arrêta de danser pour la contempler d'un regard presque aiguisé.
- Ne vois-tu pas toutes ces personnes qui sont venues pour toi ?
Liya dévisagea la grande salle de bal sans trop savoir quoi répondre.
- Je me moque de ces personnes Zhayar c'est toi qui m'importe.
Liya baissa les yeux un instant avant de poursuivre tandis qu'il reprenait la danse.
- Je t'ai soutenu durant ta période extrêmement difficile et peu à peu nos liens se sont améliorés au point de laisser place à une amitié et à présent...
Liya n'eut guère le temps de poursuivre car il plaqua son pouce sur ses lèvres.
- À présent j'ai la chance de voir le visage de la fille merveilleuse qui s'est occupé de moi avec tant d'acharnement.
Liya déglutit péniblement, sensible à sa déclaration.
- Tu m'as menti Zhayar, glissa-t-elle alors que tous les invités avaient les yeux braqués sur eux.
- Je sais, admit-il en laissant enfin une émotion de regret traverser son regard.
Satisfaite qu'il le reconnaisse Liya poursuivit ;
- Moi je ne t'ai jamais menti. Lors de ta cécité c'est moi qui menait la triste danse qui nous liait...aujourd'hui tu diriges la tienne sans vergogne, sans doute, comme si j'avais déjà acceptée d'être ta femme.
- Parce que j'ai la crainte terrifiante de te perdre autant que la fois où tu as quitter Elhazar.
Liya serra sa paume de main, se mordant la lèvre pour endiguer le choc.
- Mais tu voulais que je quitte le pays non ?
Un triste sourire rehaussa le bord de ses lèvres. Liya retenait son souffle dans l'attente d'une réponse de sa part.
- À partir de maintenant, plus de secrets entre nous, décréta-t-il en pressant sa main dans son dos.
- Je suis d'accord, répondit-elle satisfaite de l'entendre sceller cet accord.
Son expression parut alors très tendue.
- Si je t'ai laissé partir il y a bientôt deux mois maintenant c'est parce que Mustapha avait pour projet de t'enlever.
Le choc fut si brutal qu'elle vacilla.
- Quelqu'un s'était infiltré dans le palais et donnait des informations à Mustapha sur toi, son but était de m'atteindre en passant par toi. Je ne pouvais pas le laisser faire.
Un léger tremblement la parcourut. Maintenant elle comprenait pourquoi son départ avait été si précipité.
- Je devais te protéger Liya.
- Tu n'as guère besoin de te justifier pour ça Zhayar, répondit-elle sincèrement ; Certains mensonges sont nécessaire quand d'autre ne le sont pas.
Il tiqua, levant brièvement les yeux sur les convives avant de les braquer dans les siens.
- Je te prie de m'excuser, Liya, articula le cheikh comme si cela lui coûtait.
Liya gloussa devant sa mine mécontente.
Il grogna doucement, un sourire frémissant aux lèvres.
- À présent, je propose de retourner à table et...
- Je n'ai pas envie de retourner à table Zhayar je veux monter.
Elle rompit la danse, prenant un air très sérieux.
- Encore quelques minutes Liya.
- Tu n'as qu'à leur dire que je suis épuisée, répondit-elle alors qu'il la regardait avec effarement.
- Avec un peu de chance ils supposeront que j'attends ton héritier, ajouta-t-elle avec un sourire en coin avant de se retourner pour traverser la piste de danse, le laissant seul et méritant d'un tel comportement de sa part.
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