Chapitre 26



" Je te le promets "

Liya referma le livre avec un petit soupir tremblant et riva son regard vers le bel homme assis non loin de là, annotant ses dossiers avec une rapidité étourdissante. Deux jours venaient de s'écouler depuis leur retour au palais et si tout semblait normal elle le trouvait tendu. Elle profita qu'il soit concentré sur son travail pour l'étudier. Forcée de l'admettre, Liya avait bien conscience qu'elle avait une chance incroyable d'être son amante. Hélas plus les heures s'égrenaient plus elle avait l'impression d'être abandonnée.

Est-ce qu'il était déjà lassé d'elle ?

Cette question lui déchira le ventre.

Elle dévia son regard sur l'ouvrage qu'elle tenait entre ses mains refusant catégoriquement de céder aux larmes. Bien qu'elle se raccrochait à sa promesse de tout lui dire Liya doutait...

Que pouvait-il bien lui dire qu'elle ne savait pas ?

Ses projets de mariage étaient-ils encore en cours ?

Une jalousie l'avait saisit avant même de réaliser la chose possible.

- Je te trouve bien silencieuse Liya.

À cette voix virile Liya frissonna.

Trop songeuse elle ne l'avait même pas vu s'approcher d'elle.

- Tu avais l'air concentré, se justifia Liya en esquissant un sourire qu'elle voulait sincère.

Mais il n'en était rien.

Liya était perdue entre deux mondes.

Le sien et celui de Zhayar.

- J'en ai fini avec la paperasse, dit-il en consultant sa montre.

Liya posa le livre à côté d'elle, décidée à se confier sur ses craintes. Hélas lorsqu'elle ouvrit la bouche aucun son parvint à sortir, comme pétrifiée à l'idée de tout gâcher.

- Une fête prestigieuse se tiendra ce soir en mon honneur, déclara-t-il en venant s'installer près d'elle.

Il passa son bras autour de sa taille pour l'attirer à lui. Immédiatement Liya ressentit le besoin de venir poser sa tête contre son épaule solide. Ses doutes s'évanouirent alors remplacé par un courant de sensations incroyables.

- Je suppose que je suis conviée ?

- Tu n'es pas conviée tu es attendue, destinée à te tenir près de moi.

Le cœur battant elle redressa la tête pour le dévisager. Dieu ! Comme elle détestait sa façon de la regarder sous cet air impassible ! Songea Liya frustrée par son silence.

- Pour quelle raison ? Imagine un peu ce que les gens penseront si on te voit en ma compagnie.

Il soupira avant de lâcher un chapelet de jurons. Il prit l'ouvrage qu'elle avait posé près d'elle et le balança sèchement sur la table basse.

- J'aimerais que tu cesses de lire ça, tu te fais trop soucis.

- Au contraire, j'en apprends beaucoup sur les coutumes de ta famille et je ne suis pas soucieuse je...

- Pas de ça avec moi Liya Gray, la coupa-t-il en lui prenant le menton, le regard assombri ; Tu te préoccupes de ce que les gens penseront parce que ce livre t'apporte de mauvaises réponses.

Liya ne put s'empêcher de frissonner.

- Il est pourtant très instructif, rétorqua Liya avec un petit rire nerveux ; Je suis pour ainsi dire la réincarnation de Jasmine.

Il la foudroya du regard.

Jasmine était l'une des maîtresses..et la plus jeune qu'avait connu son grand-père et son destin tragique n'était pas sans la faire frissonner. Morte dans des circonstances secrètement gardées, la jeune maitresse était détesté du peuple pour avoir brisé plusieurs mariages. Liya déglutit, posant sa main sur sa petite gorge.

- Jasmine était une jeune impétueuse qui manipulait les hommes, rectifia Zhayar froidement ; Si elle est morte c'est parce que sa soif de pouvoir la conduit à cela. Tu n'es pas Jasmine et encore moins les femmes qui ont posées leurs empreintes dans ce palais.

- Et ta mère ? Osa-t-elle demander.

Le cheikh se ferma alors dans une expression dénuée d'émotions. C'était peut-être ça le problème, songea-t-elle en fermant brièvement les yeux. Zhayar n'avait pas connu sa mère, il n'avait pas connu son amour ni sa tendresse. Liya pensa alors à la situation avec sa mère qui l'avait abandonnée elle et son père au moment où elle avait terriblement besoin d'elle. Est-ce qu'elle lui manquait ?

La réponse était oui.

Mais si elle l'aimait jamais elle trouverait la force de lui pardonner un tel abandon.

Zhayar lui, n'avait pas eu le choix.

- Ma mère était douce, tendre envers les personnes qui travaillaient au palais, finit-il par répondre d'une sombre voix.

Il vrilla son regard au sien, une lueur amère au fond des yeux.

- Sais-tu comment je le sais ?

- De ton père, je suppose.

Il étouffa un rire en secouant de la tête.

- Du personnel qui s'occupait d'elle, ils sont les seuls qui ont bien voulu répondre aux questions d'un petit garçon en quête de réponses.

Le cœur serré, Liya plongea son visage dans son épaules pour lui montrer qu'elle était là pour lui.

- Mon père n'a jamais voulu me répondre, il arrêtait pas de me dire que cette demande me conduirait à être un faible, que je n'avais pas le droit d'être un misérable, poursuivit-il la bouche tordue en un rictus de rage...

Une rage profonde qui couvrait son coeur.

- Je suis vraiment désolé Zhayar, pardon d'avoir ravivé tant de mauvais souvenir.

- Je suppose qu'il doit être ravi de ma nouvelle apparence, ajouta-t-il avec sarcasme tout en lui caressant les cheveux.

Liya s'empressa de lui traduire d'un regard qu'il se trompait.

- Quoi qu'il en soit, je ne veux plus que tu te compare à ses femmes, et selon les quelques bribes d'informations que j'ai sur ma mère...

Il s'interrompit un instant pour lui caresser la joue.

- Tu ressembles à ma mère, Aziza Al Elhazar...

Liya s'empourpra violemment, émue par cette comparaison.

- C'est le plus beau compliment que tu puisses me faire Zhayar, murmura-t-elle en posant la paume de sa main sur sa joue.

Un triste sourire s'ébaucha sur sa bouche dure puis il captura furtivement ses lèvres.

- Je le pense sincèrement, murmura-t-il en caressant sa joue avec pouce.

Ravie d'avoir pu obtenir de lui quelques esquisses de son passée, Liya avait l'impression d'être importante à ses yeux.

- Plus de lecture intensive sur ma famille, prévint-il en désignant le livre du menton ; Je m'efforce de te montrer à quel point je ne suis pas si cruel que les gens laissent entendre, je ne veux pas que mes ancêtres te donnent de bonnes raisons de me fuir.

Liya pencha la tête sur le côté avant de faire courir ses doigts sur son torse.

- Me laisserais-tu partir si c'était le cas ?

À l'évidence sa question le prit de cours puisqu'il se figea en une expression indéchiffrable.

- Je me suis déjà posé la question et je crains que non Liya.

Zhayar avisa la réaction de la jeune femme et fut surpris de voir ses yeux briller.

- Même si je sais au tréfonds de moi que je me comporte comme un égoïste en t'éloignant de tes croyances et de tes convictions.

- Tu parles de mes désirs d'être aimée ?

Zhayar se redressa sur le canapé, lui frottant les épaules après l'avoir assise sur ses genoux.

- N'est-ce pas ce que tu souhaites ? Vivre le grand amour ?

- Pourquoi es-tu si rebuté à connaître l'amour ? S'enquit la jeune femme sincèrement désespéré.

- On m'a appris à y prendre garde car il rend faible, c'est dangereux...

Zhayar avait pesé chaque mot pour une raison secrète. Il voulait voir si la jeune femme abandonnerait le combat ou au contraire se battrait pour lui démontrer qu'il avait tort.

- Tu te trompes Zhayar, rétorqua-t-elle les yeux profondément ancrés dans les siens ; Tout les couples ne sont pas comme tu peux les décrire. L'amour le vrai existe quelque part il suffit juste de se montrer patient et savoir reconnaître les signes.

Zhayar agrippa ses bras et se redressa, vivement intéressé par cette conversation. En réalité il conversait avec Liya sans connaître l'ennui au contraire il admirait sa façon de lui parler.

- Comment fait-on pour les déceler petite Liya ? Apprends-moi...

Une profonde tristesse couvrit ses beaux yeux verts.

- Aimer ne s'apprend pas Zhayar il se ressent, il est foudroyant, je regrette je ne peux pas t'aider.

Soudain elle parut excédée, profondément blessée. Zhayar prit ses joues pour qu'elle le regarde dans les yeux.

- Je crois qu'au contraire tu peux, habibti, articula-t-il en couvrant ses lèvres entrouvertes.

Il réalisa peu à peu que sans le savoir Liya s'était frayée un chemin dans son être pour faire ceder une à une les barrières érigées autour de son coeur...

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