Chapitre 22
Au début Zhayar avait senti une violente tempête de rage remplir son corps au point d'en avoir la vision obscurcie puis il avait reprit le contrôle afin de partir à sa recherche. Il enfourcha son étalon pour la première fois depuis son accident, le visage complètement dissimulé, une arme ceinturée autour de sa taille. Liya avait sans doute voulu le défier sans imaginer une seule seconde à quoi elle s'exposait. D'après Saïd elle voulait rejoindre la ville la plus proche, le seul moyen de savoir si elle l'avait atteinte c'était de suivre les traces dans le désert aride et dangereux. Il enserra les rênes autour de ses poings alors que l'inquiétude commençait peu à peu à prendre le dessus sur la colère. Si jamais il lui arrivait quelque chose jamais il ne pourrait se le pardonner !
Cette simple pensée suffit à lui donner l'énergie pour fouetter le désert au grand galop.
Liya tira sur les rênes pour faire ralentir Zafir.
- Eh bien, ce n'était pas si compliqué que ça ! Dit-elle apercevant la petite ville au loin.
La chaleur certes insupportable l'avait quelque peu handicapée mais ça en valait le coup songea-t-elle en descendant de Zafir avec précaution.
S'il y avait des voitures Liya fut surprise par le nombres de chevaux attachés le long d'une barrière, rafraichis par des tonneaux remplis d'eau. Pendant un bref moment elle se crut dans un autre temps...un autre siècle.
- Je ne serais pas longue Zafir, juste le temps d'explorer un peu la ville.
Liya s'éloigna alors pour entrer dans cette ville coupé du monde. Les yeux émerveillés Liya s'arrêta devant un marchand de tapis complètement happée par la finesse de son travail. Bien évidemment Liya sentit que les regards étaient tournés vers elle et se sentit obligée de baisser la tête. Après tout elle était une étrangère à leurs yeux et sa chevelure blonde ne semblait rien arranger.
- Que voulez-vous jeune étrangère ? Un tapis ?
Liya inspira profondément avant de relever les yeux vers lui motivée par la gaîté qu'elle avait perçu dans sa voix.
- Oh non merci, ils sont très beaux, murmura-t-elle en dissimulant sa nervosité dans un sourire en coin qui après réflexions ne lui fut d'aucune utilité puisqu'il ne le voyait pas !
Ridicule !
- En fait je cherche où se trouve les tissus, pouvez-vous m'aider ?
Le marchand de tapis lui indiqua le chemin d'un doigt pointé sur la droite.
Liya le remercia avant de s'engager dans les profondeurs du marché. Plus elle avançait plus Liya se sentit vulnérable face à tout ses regards posés sur elle presque aveuglée par un flash qu'elle eut peine à déterminé. Elle accéléra la cadence jusqu'au magasin et s'y refugia le coeur battant à tout rompre.
- Mon dieu, murmura-t-elle en regrettant cette folie d'être partir seule si loin du palais.
- Que puis-je faire pour vous ?
Liya se retourna et leva son regard sur les plafonds hauts et faits de pierre. L'endroit était immense et pourvue de tissus suspendus un peu partout dans chaque recoins du magasin.
- Je cherche du tissu et je crois l'avoir trouvé, murmura Liya en s'approchant lentement vers l'un d'entre eux.
Zhayar venait d'atteindre le village et son regard se porta sur Zafir attaché non loin de là. Un vague soulagement l'envahit alors avant que son impatience devienne insupportable à gérer. Il s'approcha des chevaux et s'empressa d'interpeller un homme qui le reconnut tout de suite.
- Votre altesse ! Mais...
- Je cherche une femme ! S'exclama Zhayar d'une voix haute à travers son keffieh beige.
L'homme s'inclina respectueusement avant de lui répondre.
- Aux cheveux blonds votre altesse ? Le visage drapé dans un tissu rouge ?
Figé, Zhayar sentit ses reins devenir brûlant. Liya ? Drapée dans un tissu rouge ? Il tenta de l'imaginer ainsi...telle une étrangère d'antan.
Un sentiment de jalousie l'avait saisi avant même de lui répondre incapable de supporter l'idée qu'un autre homme puisse jouir de cette image.
- Où est-elle ? S'enquit Zhayar d'une voix de gorge.
- Dans le magasin de tissus.
Zhayar vrilla son regard sur le bâtiment, les yeux injectés de sang. Elle ne paierait rien pour attendre, songea-t-il en descendant de son cheval sous les regards curieux des habitants.
- Peux-tu ramener ce cheval jusqu'au palais, ordonna-t-il à l'homme ; Tu seras grassement payé pour ta traversée.
L'homme lui fit la révérence avant de s'emparer de Zafir.
Sans plus attendre Zhayar traversa la rue à grandes enjambées, les poings fermés. Même dissimulé ainsi Zhayar n'échappa guère aux révérence et aux sourires des habitants. Liya Gray était pleine de timidité mais venait de lui démontrer qu'elle était une jeune femme forte néanmoins irresponsable.
Il entra dans le magasin et s'empressa de dévisager les lieux tout en traversant la grande allée avant que sa silhouette l'empêche de faire un pas de plus. Un fulgurant désir irradiait déjà ses veines de la voir ainsi vêtue. Puis lorsque son visage lui apparut dissimulé ne laissant que ses yeux verts dévoilés Zhayar sentit tout ses efforts à lutter tomber en lambeaux. Sa chevelure blonde dépassait, laissant quelques mèches rebelles se glissaient sur son front, ses grands yeux aigue marine brillaient de curiosité et de timidité. Elle portait des bottes de cavalière, un pantalon exposant ses hanches parfaites. Très vite Zhayar sentit son coeur battre à rythme qu'il ne soupçonnait pas d'avoir déjà ressenti par le passé. Il mourrait de couvrir ses lèvres d'un baiser sauvage pour montrer à tous que cette étrangère lui appartenait.
Bientôt très bientôt il couvrirait ses lèvres, songea-t-il en s'approchant à pas de loup.
- J'espère que votre escapade vous plaît Liya Gray...
Sa voix fut dangereuse au point de l'entendre hoqueter, les yeux écarquillés d'une peur qu'il put sentir palpiter sous sa peau diaphane. Elle recula à mesure qu'il s'approchait.
- Que faites-vous ici ? Demanda la jeune femme en le toisant comme si c'était un étranger.
Liya sentit son coeur battre à tout rompre et ses jambes se mirent à flageoler de faiblesse. Le cheikh lui apparut en guerrier, le visage entièrement recouvert d'un keffieh. À l'époque de sa cécité Liya l'avait déjà vu ainsi accoutré...avant qu'ils ne soient obligés de se séparer. Seulement à cette époque pourtant si proche, Liya n'avait ressentie aucun danger mais en cet instant...elle voulut s'enfuir à toutes jambes.
- Je suis venu vous chercher ! Petite idiote !
Pour la première fois depuis leur rencontre jamais elle n'avait vu ses yeux s'obscurcir ainsi. Il semblait en proie à une vive colère foudroyante.
- Je me suis très bien débrouillée jusqu'ici et...
- Vous n'avez aucune idée des dangers, coupa-t-il froidement.
- Je suis une grande fille, vous n'êtes pas mon père !
Le cheikh vint la saisir par les épaules au point de ne plus toucher le sol.
- Vous vous êtes risqué à bien des dangers miss Gray ! Siffla-t-il entre ses dents ; Vous êtes inconsciente et il me semble vous avoir interdit de quitter le palais !
- J'ai respecté cette promesse à l'époque où votre demi-frère était encore un danger, aujourd'hui il n'est plus une menace et vous m'aviez promis de me faire découvrir le pays, s'écria Liya pour masquer sa défaite.
- Je ne suis pas prisonnière ! Rajouta-t-elle en le fusillant du regard.
- Continuez à vous comporter comme une enfant et je vous fais la promesse de vous enfermer pour un temps indéfini !
Liya frémit sous la menace mais ne cilla pas.
- Je vous mets au défi d'essayer !
Aussitôt dit aussitôt elle vit les prunelles du cheikh s'éclairer d'un lueur indescriptible.
Liya déglutit péniblement alors que ses jambes refusaient de bouger comme paralysées. Mais il y avait bien pire...
Derrière le keffieh beige, Liya aurait juré déceler un sourire rehausser les hautes pommettes du cheikh. Ses mains remontèrent alors jusqu'à ses joues qu'il captura et ils restèrent un long moment soudés du regard avant qu'il déclare ;
- Défi accepté mademoiselle Gray, chuchota-t-il en la jetant sur son épaule sans aucun difficulté.
Liya retint un cri en essayant de se débattre en vain...il referma sa prise jusqu'à la sceller sur son épaule solide.
- J'ai le vertige ! Laissez-moi desc...
La suite mourut sur ses lèvres quand elle entendit des applaudissements retentir à leur passage.
Son angoisse se mua en panique.
- Pourquoi ils applaudissent ? Que se passe-t-il ?
Il la renversa sur son étalon noir bien plus haut bien plus fort que Zafir et s'empressa de lui capturer les mains.
- Croyez-moi, il ne vaut mieux pas que vous le sachiez...
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