Chapitre 21
Un tressaillement parcourut Liya alors que ses yeux bleus brillaient d'une lueur mystérieuse. Il ouvrit les deux fenêtre laissant le bruit des acclamations s'étendre peu à peu jusqu'à la plonger dans un univers qu'elle avait peine à découvrir. Puis lorsqu'elle s'approcha elle comprit ce que voulait dire Zhayar. C'était tout simplement merveilleux et presque intense en émotions. Des centaines de milliers de personnes étaient massés devant les hautes grilles du palais scandant le nom de leur roi. Discrètement elle leva son regard sur lui afin de détailler sa réaction devant tant d'amour. Il semblait impassible et pourtant un émotion troublante semblait couvrir ses yeux. Son visage...enfin apparaissait au grand jour sans peur, sans dégoût. Ses traits ciselés lui donnaient une expression dure presque impénétrable surmontée de ce sillon de balafres qui au gré du soleil semblaient prendre une teinte hâlée.
Liya déglutit, prenant soins de rester à l'écart, les mains moites alors que la joie du peuple s'intensifiait à mesure qu'il s'approchait sur le balcon.
- C'est très impressionnant, commenta-t-elle en se penchant vers Hassan.
- Je suis tellement heureux, déclara Hassan en élevant la voix afin qu'elle puisse l'entendre ; J'ai longtemps attendu ce moment où notre roi dépasserait ses peurs.
Liya se tourna vers Zhayar, dressé tel un guerrier impitoyable. Sa chemise immaculé épousait sa musculature impressionnante. Ses avant-bras veineux la firent rougir comme une idiote et elle s'empressa de détourner les yeux lorsqu'il posa son regard sur elle.
Soudain il se recula après avoir salué son peuple et se pencha discrètement près de son oreille.
- Alors miss Gray ? Vous comprenez maintenant ?
Elle décela dans sa voix une tonalité intense et grave. Dans ses yeux elle lut une impression de pouvoir absolu comme si enfin il avait en sa possession tous les ingrédients pour redevenir le puissant souverain qu'il était. Liya frissonna et ce n'était pas glacial mais terriblement brûlant.
- Et vous ? S'enquit Liya en levant le menton pour paraître indifférente à sa façon de la regarder ; Êtes-vous soulagé ?
Sa question bien qu'innocente semblait le troubler. Il se redressa soudain et prit sa main dans la sienne la gardant précieusement derrière son dos alors qu'il faisait de nouveau face au public. Liya sentait son cœur tambouriner dans sa poitrine.
- Je serais probablement soulagé lorsque que j'aurais obtenu tout ce que je désire, finit-il par lui répondre en se tournant vers elle.
Le souffle coupé Liya avait l'impression d'être dans un tourbillon d'émotions contradictoires.
Ses yeux n'étaient plus qu'un océan de mystères et il semblait s'en réjouir.
- Je suis certaine que vous trouverez ce qu'il vous manque, conclut-elle avant de récupérer sa main pour pivoter les talons sous les cris de joie des habitants.
Elle s'efforça de ne pas se retourner pour poursuivre son chemin jusqu'au couloir mais des bruits de pas se rapprochèrent dangereusement d'elle. Deux mains fermes prirent ses épaules pour la plaquer doucement contre le mur.
Liya leva son regard sur sa main posée sur le mur, un stratagème qu'il adorait employer, constata Liya en leva un sourcil.
- C'est une manie chez vous de me coincer contre les murs du palais ? L'interrogea-t-elle avec défiance.
Comme il se contentait de sourire avec satisfaction Liya poursuivit :
- Allons-nous tous les faires ?
Il fit mine de réfléchir tout en s'inclina vers elle.
- Je l'ignore Liya, à vous de me le dire, puisque vous avez tendance à me fuir pour une raison que j'ignore, déclara-t-il d'une voix caressante ; A moins que ce soit le baiser que nous avons échangé qui vous perturbe ?
Liya réprima des rougeurs avant de lui répondre ;
- Nous nous étions mis d'accord pour ne plus en parler, lui fit-elle remarquer alors qu'il arborait un sourire presque machiavélique.
- Je ne peux pas faire comme si ce baiser n'avait jamais eu lieu et encore moins ignorer votre expression faciale lorsque je vous parle de mon futur mariage.
Liya sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine. Il fallait à tout prix qu'elle se ressaisisse pour que cet homme cesse de lire en elle comme dans un livre ouvert. Mais elle devait se l'avouer...ce petit jeu n'était pas sans lui déplaire.
- Etes-vous en train d'insinuer que je suis jalouse ?
Il se pencha plus près encore, dardant ses yeux dans les siens.
- Est-ce le cas Liya ?
Incapable de détourner les yeux Liya sentit un frisson trainer le long de son échine alors que les mâchoires du cheikh se serraient convulsivement.
- Comment pourrais-je être jalouse d'une femme condamnée à un mariage de convenance alors que je cherche le grand amour, rétorqua-t-elle avec hauteur.
Au lieu de se sentir blessé il se contenta de sourire dangereusement, laissant errer son regard sur ses lèvres entrouvertes.
- Et je me permets de vous retourner la question votre...Altesse, reprit-elle en cherchant le contact de ses yeux ; M'avez-vous sauvée des griffes de Carter par pure bonté ou parce que vous étiez jaloux ?
Il se redresse sans la quitter des yeux, expirant un souffle presque inaudible.
- Jaloux ? D'un homme aussi misérable ? Finit-il de sa belle voix grave et profonde.
Bien-sûr en posant cette question Liya avait le souhait d'obtenir une preuve quelconque de son intérêt pour elle, hélas le cheikh resta dénué de toutes émotions. Déçue ou bien fixée sur les intentions du cheikh Liya esquissa un sourire radieux avant de hausser des épaules.
- Alors il n'y a pas de raison à poursuivre cette conversation, si vous voulez bien m'excuser je voudrais me rafraichir un peu.
Sans lui laisser le temps de réagir Liya pivota les talons, les ongles enfoncés dans ses paumes de mains et traversa le couloir avec la ferme intention de se changer et quitter le palais pour partir à la conquête de son royaume avec ou sans son autorisation !
Zhayar serra son poing pour se retenir de la pourchasser comme un fou. Elle venait de le prendre à son propre piège. Etait-ce la jalousie qui l'avait motivé à la défaire de ce mariage forcé ?
Bien-sûr que oui !
Une folle et dangereuse jalousie l'avait emplie de tout son être.
- Votre majesté ?
- J'arrive tout de suite ! fit-il claquer entre ses dents alors qu'il ne la quittait pas des yeux jusqu'à ce que sa silhouette disparaisse.
Liya ôta le caftan et enfila un pantalon noir suivi d'une paire de botte à lacets. Elle troqua son sous-vêtement pour un haut en coton dont les coutures faisaient hautement référence à un corset puis enfila un kimono rouge. Elle survola des yeux sa chambre et prit le tissu rouge qu'elle s'employa à faire tenir sur le sommet de sa tête avec une épingle.
Ses cheveux blonds étaient encore visible à l'extrémité de sa tête encadrant son front de plusieurs mèches et Liya fut saisie par l'image qu'elle renvoyait.
Elle savait par expérience qu'il était dangereux de défier le cheikh...pourtant elle quitta le palais pour traverser la cour principale.
Une fois dans les écuries et munie d'une sacoche avec les besoins nécessaire pour survivre sous cette chaleur, Liya s'approcha de Zafir le cheval blanc qu'elle avait déjà monté auparavant.
- Bonjour mon beau...
- Mademoiselle Gray ! S'exclama Saïd en lâchant les selles qu'il tenait dans ses mains ; Mais que faites-vous !
- Je pars en balade.
Liya fit remonter les pans du tissu jusqu'à son nez puis monta sur Zafir avec une aisance qui la surpris elle-même.
- Seule ? S'enquit l'homme en écarquillant les yeux.
Liya sortit des écuries et se dirigea vers la deuxième sortie dont la porte en fer était entrouverte.
- Est-ce que sa majesté est au courant ? S'écria Saïd pâle comme un linge.
- Bien-sûr qu'il l'est ! Mentit-elle en tournant le cheval vers lui ; Ne vous en faites pas Saïd, je pense pouvoir me débrouiller pour atteindre la ville, je me languis d'y être.
Liya n'attendit pas la réponse et quitta le palais au grand galop fouettée par le vent chaud essayant à tout prix de gagner une longueur d'avance sur le cheikh qui bientôt, sera informé de sa désobéissance...
~
Zhayar quittait la grande table ronde quand Saïd entra en trombe dans la grande salle le souffle court.
- Eh bien Saïd ! J'espère que tu as de bonnes raisons d'intervenir ainsi en pleine réunion.
- Une des plus urgente votre majesté, s'empressa-t-il de répondre le teint livide.
Interloqué par cette pâleur inédite sur le teint de Saïd il se redressa subitement.
- Mademoiselle Gray s'est enfuie avec Zafir votre majesté...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top