Chapitre 18
Leurs regards restèrent soudés quelques secondes avant qu'il lui réponde.
- Être une reine n'est pas chose aisée, elle devra se soumettre à un protocole très stricte et de cette manière pourra être acceptée par le peuple.
- Un test en quelque sorte ?
- Exactement, affirma-t-il sans la quitter des yeux.
- Et si elle échoue à ce fameux test ?
Liya inspira imperceptiblement. Son regard perçant devenait de plus en plus profond. Elle avait l'impression d'être dévorée engloutie par sa paire d'yeux étrangement mystérieuse.
- Alors cela se soldera par un divorce.
Liya écarquilla les yeux devant une telle brutalité...comme si cette éventualité n'avait aucune importance à ses yeux.
- C'est très sévère non ? Imaginez que vous l'aimez ? Si vous avez des sentiments pour elle.
Son regard s'assombri alors...
- Il me semble vous avoir déjà répondu à ce sujet non ? L'amour n'est pas prêt de me foudroyer...je ne laisserai aucune femme venir à bout de mon cœur, je ne suis pas naïf. Ces femmes sélectionnées par Hassan ont toutes le même but. Une vie confortable drapée de parure et de mille trésors sans avoir à se soucier de l'avenir.
- Et cela vous suffit ? Une femme vile et un héritier ?
Un goût amer ne manqua pas de lui monter à la gorge. La vision qu'avait cet homme était terrifiante. Mais Liya ne parvenait pas à lui en vouloir après l'histoire que lui avait raconté Jamila. Enfant délaissé, un père exigeant...aucune place pour l'amour lui avait été réservé. Zhayar n'avait jamais connu l'amour alors comment pouvait-il espérer le connaître un jour. Elle se sentait chanceuse d'avoir reçu l'amour de son père alors que lui...
- Mon enfant ne sera pas qu'un héritier, il sera la personne la plus chéri au monde.
Cette confidence ne manqua pas de la faire réagir. Pourtant son visage demeurait toujours impassible.
- Je lui apporterai tout l'amour que je n'ai pas reçu. Il grandira avec tout ce que je n'ai pas eu.
- Et si c'est une fille ? S'enquit Liya avec un petit rire nerveux.
Il se redressa lentement les yeux plissés et un léger sourire au coin des lèvres.
- Si c'est une fille alors je serais le père le plus protecteur que la terre n'est jamais connu, chuchota-t-il d'une voix profonde.
Liya ne put s'empêcher de rire accompagnée par le rire puissant du cheikh. Elle le croyait sur parole.
- Ai-je répondu à toute vos questions Liya ?
- En grande partie, murmura-t-elle en recouvrant son sérieux ; Néanmoins je ne peux pas m'empêcher de frissonner devant votre futur si bien esquisser. J'espère que votre future reine saura faire face à toutes vos exigences.
- Je suis exigeant en effet, confirma-t-il en la dévisageant longuement ; J'ai besoin d'avoir à mes côtés une femme dévouée autant que je le suis avec mon pays.
- Fidèle ? Osa-t-elle demander en le regrettant aussitôt.
Il demeura impassible, loin d'être irrité par cette accusation.
- Je donne l'impression d'être un homme infidèle ? Demanda-t-il d'une voix mystérieusement calme.
- Vous avez été aperçu de nombreuses fois accompagné d'une femme différente de celle de la veille donnant l'impression de les collectionner et si mes souvenirs ne sont pas trop loin, j'ai lu quelques part que les hommes de sang royal peuvent avoir plusieurs épouses.
Liya s'empourpra violemment sous le rire guttural du cheikh visiblement très amusé par ses dires.
- Je vois que l'histoire de mon pays vous a passionné, nota-t-il en recouvrant son sérieux.
Timidement Liya baissa les yeux parce que c'était la vérité. Elle avait littéralement dévoré l'énorme livre qui retraçait l'histoire de sa famille sur des siècles de règne et succession.
- Je dois l'avouer, c'est la vérité.
- Mon arrière grand-père en avait trois en effet.
- Étaient-elles heureuses ? Cela me paraît si insensé, rempli de rivalités.
- Je crois qu'elles l'étaient mais je ne peux pas vous le confirmer. Et pour répondre à votre questions je n'ai pas la moindre envie d'avoir plusieurs épouses. Elhazar est un pays conservateur certes mais je l'ai modernisé. Il y a des traditions auxquelles je tiens mais l'idée d'avoir plusieurs épouses me paraît presque impossible et ridicule. Une seule me suffira amplement.
Il se leva soudain pour venir s'asseoir au bord de la table, l'observant avec une profondeur qui la paralysa de tout son être.
- Eh bien ? Vous n'avez aucune question sur le harem pendant qu'on n'y est ? Dit-il avec un sourire sardonique.
Zhayar était au bord de l'explosion mais faisait preuve d'un contrôle qui exigeait un effort presque surhumain. Elle le questionnait avec les yeux luisant de curiosité. À mesure qu'il parlait de sa future épouse plus Zhayar avait étrangement du mal à lui en parler. Une jalousie féroce le dévorait littéralement de l'intérieur parce qu'il savait que quelque part dans le monde un homme attendait Liya Gray. Lui sera marié par devoir pendant qu'elle sera la jeune femme d'un autre...
- Oh étant donné que je l'ai investie le temps d'un bain je n'ai aucune question à ce sujet à moins que vous ayez l'intention de le rouvrir.
Zhayar cilla devant l'ironie de la jeune femme qui venait de se pincer les lèvres visiblement fière d'elle.
- Pourquoi faites-vous ça Zhayar ?
Cette fois-ci Zhayar sentit un violent frisson venir se loger au creux de ses reins. Son prénom quittant sa bouche avait une saveur particulièrement délicieuse. Il se redressa lentement, peinant à peine à contrôler son mécontentement de la voir si imprudente à son égard. Elle répondait par l'ironie mais il savait de sources sûres qu'elle cachait quelques choses.
- Quoi ? Qu'est-ce que je fais Liya ?
- Vous prenez plaisir à me faire peur, à vouloir me rendre plus vulnérable que je ne le suis déjà...pour quelle raison ? Quel plaisir vous en tirez ?
Décontenancé, Zhayar l'étudia longuement avant de lui répondre ;
- Je n'essaye pas de vous mettre mal à l'aise Liya, déclara-t-il en se pliant pour se mettre à hauteur de la chaise ; J'essaye seulement de répondre à vos questions et celles-ci semblent vous déplaire.
- Elles ne me déplaisent pas, elles me font froid dans le dos.
Zhayar réprima la blessure que venait de lui infliger la jeune femme. En plus d'être un monstre la vision de son futur lui donnait des sueurs froides.
- Mais c'est ainsi que vous voyez votre avenir et je n'ai aucun droit de le juger, ajouta-t-elle avec un délicieux sourire timide.
Pour une raison encore méconnue, Zhayar sentit une fureur lui brûler la gorge. Un furieux désir le poussait à l'embrasser là tout de suite. Mais au lieu de céder Zhayar se contenta de se redresser laissant sa hauteur la dominer et faire de ces propos une affirmation sans borne.
- Autant que je n'ai pas à juger le vôtre, conclut-il avant de courber son index pour l'indiquer de se lever.
Toute tremblant Liya se leva pour le suivre dans les couloirs du palais. Une chaleur opportune courait dans ses veines et son cœur palpitait contre ses tempes.
- Où allons-nous ? Demanda Liya en peinant à suivre le rythme effréné du cheikh.
- Je veux vous montrer quelque chose, du moins j'aimerais que jetiez un petit coup d'œil dans ce coffre.
Cédant à l'excitation Liya lui passa devant pour l'ouvrir. D'abord irrité qu'il puisse secrètement juger ses vêtements peu présentable Liya attrapa le premier caftan qui lui sauta aux yeux. Simple et de couleur beige Liya le posa sur elle avec un sourire.
- Mes vêtements ne vous plaisent pas majesté ?
- Si, ils sont à mon goût, seulement j'avais pensé que vous seriez plus à l'aise dans un vêtement plus ample surtout sous cette chaleur.
Liya se retourna sans pouvoir se départir de son sourire heureux.
- C'est vraiment très jolie je vous remercie.
Il s'approcha, couvrant l'espace qui les séparait puis se pencha pour en prendre un autre.
- Celui-ci vous ira davantage, mettez-le s'il vous plaît.
Liya sentit son sourire disparaître. L'inflexion dans sa voix ne permettait aucune réplique et pourtant ;
- Maintenant ? Ici ?
- Oui, murmura me cheikh en plongeant son regard dans le sien.
Liya étouffa un rire incrédule.
Était-il sérieux ?
- Il y a un paravent juste derrière vous, je vous en prie...je vous promets de me retourner...
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