Chapitre 17



Zhayar ?

Tapant son oreiller plusieurs fois pour le mettre en boule Liya avait l'impression de devenir folle alors que la nuit semblait durer une éternité. Le sommeil ne parviendrait jamais à lui ôter le baiser qu'elle avait échangé avec le cheikh encore moins la rendre moins coupable de l'avoir apprécié. Pourtant les choses étaient à présent limpides...ce baiser était un accident dans lequel le cheikh avait voulu arracher l'empreinte de Jack Carter. Si au début Liya avait trouvé cela excitant la réalité l'avait vite rattrapée au point de songer à partir. Son prénom ne quittait ses lèvres que par la pensée comment pourrait-elle envisager une seule seconde de le nommer par son prénom après ce dérapage incontrôlable ?

Liya se redressa sur le lit, refusant catégoriquement de dormir par peur d'être hanté par ce baiser. Elle se mordit la lèvre nerveusement consciente que celle-ci garderait à jamais le souvenir des lèvres dures du cheikh. Elle se leva et se dirigea vers le balcon hésitant à ouvrir les deux grandes fenêtres. Alors elle se mit à faire les cents pas cherchant vainement à maîtriser les émotions contradictoires qui emplissaient tout être.

Après maintes réflexions elle finit par prendre la décision d'oublier ce baiser pour profiter de ses vacances et mettre tout en œuvre pour chasser le cheikh de son esprit.

Mais dès lors que le soleil se leva lentement sur le palais magnifique du roi, Liya sentit une étrange angoisse lui monter à la gorge.

- Vous êtes attendue miss Gray.

Faisant face à serviteur, Liya regretta aussitôt d'avoir quitté sa chambre.

- Je préfère prendre mon petit-déjeuner dans ma chambre.

L'homme légèrement voûté esquissa un sourire presque désolé.

- Son altesse avait déjà anticipé un refus et c'est pour cette raison qu'il m'a chargé de vous escorter.

Un feu jaillit alors en elle...incontrôlable.

En clair elle n'avait pas le choix et fut obligée de le suivre sans mot dire.

Le cheikh abaissa son journal lorsqu'il la vit entrer. Ses yeux étaient baigné d'une lueur mystérieuse et dangereuse comme si le fait qu'elle soit escortée était révélateur de son refus à le rejoindre. Ainsi assis, dans sa djellaba immaculé il avait l'air d'un seigneur tout droit sorti d'un livre...

Ses traits ciselés la fascinaient malgré elle.

- Bonjour Liya avez-vous bien dormie ?

Hélas non, mais elle se devait d'être indifférente à la veille et pour cela elle se contenta de lui sourire.

- Très bien je vous remercie et vous ?

- Mal je dois dire, avoua-t-il d'une voix profonde.

Liya inspira profondément avant de relever les yeux sur lui. Il la fixait avec une troublante intensité...comme s'il cherchait à fouiller son âme.

- Avez-vous des soucis ?

- Plusieurs en effet, notamment celui-ci...

D'une main légère il lui passa le journal sur lequel le cheikh apparaissait à plusieurs reprises. Tout était de sa faute...

" Le roi d'Elhazar aperçu à Seattle ! "

- Je suis vraiment désolé.

- Ne le soyez pas, contrat-il en attrapant une mangue ; Maintenant je sais quelle image je renvois. Le guerrier aux sombres balafres. La bête sexy du désert ou encore mieux...le cheikh mutilé.

Liya sentit sa gorge se nouer avant d'attraper la tablette posée sur la table.

Elle s'empressa de parcourir les tas de commentaires associés à l'article et fut agréablement surprise par la positivité qu'ils reflétaient.

- Les journalistes adorent choisir des titres dramatiques pour attirer le public je trouve que les commentaires sont positifs comme je vous l'ai dit vous n'êtes pas un monstre.

- Je vais faire en sorte de me raccrocher à votre jugement, dit-il sans saveur dans la voix.

Il repoussa sa chaise et se leva pour aller se poster devant la fenêtre.

- Après tout vous êtes de loin la plus belle femme qu'Allah m'ait permis de voir. Je suppose que c'est un point qui mérite d'être entendu.

Liya réprima difficilement les rougeurs qui lui montaient aux joues.

Ne pense plus à ce baiser ! S'admonesta-t-elle en la dévisageant alors qu'il était dos tourné à elle.

- Vous êtes de loin l'homme lui plus séduisant que j'ai eu la chance de rencontrer, s'entendit-elle répondre.

- Vraiment ? S'enquit-il en se retournant impassible, complètement maître de la situation comme si son compliment n'avait presque aucune valeur.

Cette constatation lui fit terriblement mal.

- Ou..oui...

Elle reposa la tablette pour se servir une tasse de café.

- Je tiens à vous l'entendre dire aux vingt-quatre candidates qui se sont empressées de répondre à la proposition d'être ma femme.

Liya endigua au mieux le choc et leva son regard sur lui en feignant l'indifférence générale.

- Ça y est ? Vous allez prendre une épouse pour assurer la stabilité du pays ?

Zhayar bomba son torse d'une respiration bruyante. Une vive colère monta en lui à mesure que la jeune femme semblait indifférente à la situation comme si la veille n'avait jamais existé. Il n'avait pas fermé l'oeil de la nuit, constamment en proie à ce désir violent qui couvrait ses reins, son échine. Il s'était promis de ne plus jamais l'approcher mais cette promesse n'avait déjà plus de valeur. Il mourrait chaque fois qu'il posait ses yeux sur elle. En fait, il ne valait pas mieux que Jack Carter...songea-t-il avec dégoût.

Il la désirait au point qu'il ne parvenait plus à se concentrer. Mais le désir valait-il la peine de briser les rêves d'une femme innocente ? La réponse était non.

Liya était comme une pierre précieuse soigneusement gardée sous scellé. Et pourtant l'espace d'un instant il l'avait imaginé dans le harem, au milieu d'une foule de femmes qui auraient tout fait pour attirer son attention. Il aurait eu d'yeux que pour elle.

- Oui, il est temps...articula-t-il froidement.

- C'est une décision importante, laissa-t-elle entendre en baissant les yeux.

- Je sais, c'est une décision importante mais nécessaire au pays que je dirige.

Et c'était le cas. En dépit de son désir inconcevable pour la jeune Liya il était temps pour lui de prendre une épouse digne d'être reine et qui pourrait lui offrir un héritier. Cette situation ne le dérangeait pour rien au monde parce qu'il avait été préparé pour ça depuis son adolescence.

- C'est...formidable.

Formidable ?

- Vous êtes en train de me mentir Liya, ce n'est pas bien...

- Moi ? Vous mentir ? Vous connaissez déjà mon opinion sur le sujet, je n'ai pas besoin de mentir.

Zhayar sourit intérieurement devant sa mine sévère.

- Étant donné que je vous ai sauvé d'un mariage forcé je pense que oui, même si s'en est pas un, mais je soulève néanmoins à quel point vous êtes sensible à ma triste vie.

Elle se pinça les lèvres timidement la mine déconfite.

- Je ne comprends pourquoi vous êtes obligé de vous marier, je trouve que...enfin...

Elle s'interrompit visiblement consciente qu'elle allait trop loin.

- Parce que c'est ainsi, je suis un roi, j'ai des obligations auxquelles je tiens. Un mariage fera de moi un homme responsable aux yeux du peuple, je n'ai plus le temps de m'amuser.

Une pointe de jalousie vint se loger dans le cœur de Liya. Une jalousie qui n'avait nullement sa place et d'ailleurs elle ne comprenait pas pourquoi elle se sentait si affectée par son mariage prochain.

- Je peux vous poser une question ? Demanda Liya en mordant la lèvre.

- Bien entendu, affirma-t-il en s'approcha de la table.

- Si vous étiez toujours aveugle, auriez-vous eu le même discours ?

- Mais je l'ai eu, s'empressa de dire le cheikh en prenant place sur sa chaise ; Vous ne vous rappelez pas ?

- Si, mais votre détermination n'était pas aussi démonstrative.

Une lueur indéchiffrable passa dans son regard.

- Quoi qu'il puisse m'arriver, cette détermination restera inchangée.

- J'espère qu'elle sera prête à tenir ce rôle qui semble si important à vos yeux.

Liya tentait au mieux de paraître détachée.

- Il l'est, confirma-t-il en la dévisageant longuement.

- Pour quelle raison ? S'enquit-elle assoiffée d'en connaître plus sur cet homme resté trop longtemps silencieux...indéchiffrable.

Il était temps pour elle d'apprendre qui était le véritable Zhayar Al Elhazar.

Et elle avait quinze jours devant elle pour le découvrir...

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