Chapitre 14



Zhayar ne s'était jamais senti aussi heureux de retrouver son pays. Dès lors que l'avion entama sa descente il se tourna vers la jeune femme sagement endormie. Il fallait à tout prix qu'il s'écarte d'elle avant que l'ivresse qu'elle lui inspirait lui soit fatale. Il se leva avant même que l'avion ait touché le sol, réveillant la jeune femme d'un sursaut.

- Nous sommes arrivés, annonça-t-il avec humeur.

La jeune femme se frotta les yeux, comme si elle avait oublié où elle se trouvait. Elle se leva, gonflant involontairement la rondeur de ses seins.

- J'ai dormi longtemps ?

Zhayar dut puiser dans ses forces pour détourner le regard.

- Assez longtemps oui, dit-il d'une voix qu'il eut peine à reconnaître.

Timidement elle récupéra son livre et son manteau noir et le suivit à l'extérieur de l'appareil. Une voiture les attendait, flanquée de deux gardes armés.

Il aurait pu jurer la voir tressaillir.

- Quand nous serons arrivés je vous suggère de prendre un bain pour vous détendre avant le dîner.

N'ayant aucune réponse de sa part Zhayar releva les yeux de son téléphone portable. Le nez collé à la vitre la jeune femme semblait absorbée par le couché du soleil.

- Liya ? Vous avez entendu ?

- Bien-sûr que je vous ai entendu comment ne pas entendre l'inflexion de votre voix.

Ses beaux yeux aigue marine se posèrent dans les siens. Un cercle couleur or s'était dessiné autour de ses iris grâce aux lueurs du soleil couchant. Zhayar serra convulsivement les mâchoires incapable de la lâcher du regard.

Il n'avait même plus de mot pour commenter cette créature divine qui innocemment se pinçait constamment les lèvres.

- Est-ce que votre peuple vous a vu depuis...

Elle s'interrompit visiblement consciente qu'elle s'engageait sur une pente dangereuse.

- Pas encore, en fait j'attend les commentaires de la presse étrangère.

Elle plissa son beau regard.

- Deux vautours m'ont pris en photos quittant le restaurant.

- Oh..non je suis désolé, tout est de ma faute.

Zhayar ne répondit pas tout de suite, troublé par sa sincérité.

- Tôt ou tard il fallait que ça arrive, vous n'y êtes pour rien. Il est temps pour moi d'affronter les regards extérieurs.

Elle ne répondit rien et attendit patiemment qu'on lui ouvre la portière. Au moins elle avait gardé quelques souvenirs du protocole, songea-t-il en faisant le tour de la voiture afin de prendre le relais.

Il glissa subtilement sa main dans son dos pour la guider vers les grandes marches appréciant au moins la petite lueur émerveillée qui couvrait ses iris.

- Est-ce que j'aurais la même chambre ? Demanda-t-elle en buttant sur la dernière marche.

- Pour commencer, vous allez passer par l'entrée principale.

Liya ne savait plus où regarder. Elle avait l'impression de redécouvrir le palais. Le grand hall principal ne ressemblait pas à celui qu'elle avait emprunté la première fois. Il était baigné de lumière surmonté d'une plafond creusé qui regorgeait de fresques en or. C'était comme un conte des mille et une nuits et pendant un bref instant elle se crut dans la peau d'une princesse.

- Pourquoi ne l'ai-je jamais vu ? Pourquoi m'interdire ce hall ?

Le cheikh, impassible abaissa son regard sur elle, indéchiffrable.

- Pour vous faire courir le moindre risque, à présent veillez me suivre.

Liya battit des cils pour calmer son angoisse et le suivit sur plusieurs étages qu'elle n'avait jamais eu le loisir de découvrir.

Il ouvrit deux grandes portes avant de l'inviter à entrer.

Prudemment elle pénétra dans cette chambre complètement différente de celle qu'elle avait jadis connue. Le lit à baldaquin était encore plus magnifique que l'autre avec ces voiles rouges et ce bois massif. C'est à peine si elle osait marcher sur le carrelage nacrée.

- Elle est...somptueuse votre majesté.

Zhayar se tenait à distance de la jeune femme par prudence alors qu'un désir presque malsain était bien fiché au creux de ses reins.

- J'ai fini par deviner que le rouge était votre couleur préféré, murmura-t-il d'une voix tendue ; J'espère que vous allez vous y plaire.

Elle se retourna enfin, les pommettes rehaussées d'un sourire radieux.

- Je suis sûre que je vais m'y plaire mais j'espère aussi pouvoir me balader dans votre palais.

Liya mit ses mains dans le dos lorsqu'il s'approcha et combla l'espace qui les séparait. Sa hauteur vertigineuse l'empêcha un moment de respirer.

- Vous êtes libre d'aller et venir comme il vous plaira, affirma-t-il de sa voix grave et vibrante.

- Mais ? Pourquoi j'ai l'impression qu'il y a un mais ?

Un sourire au bord des lèvres le cheikh fit mine de réfléchir avant de s'expliquer ;

- Si vous avez envie de sortir je vous suggère de m'en informer est-ce que c'est clair ?

Liya fronça des sourcils.

- Vous me le suggérez ou vous me l'ordonnez ?

Un rire grave se fondit dans la pièce.

- Je vous l'ordonne, rectifia le cheikh en ôtant sa veste ; C'est pour votre sécurité.

- Mais je croyais que la seule menace était Mustapha.

- C'est exact.

- Alors qu'est-ce que je risque ? S'enquit-elle en le considérant interloquée.

Il jeta sa veste sur le dossier du fauteuil comme s'il était dans sa chambre et se rapprocha lentement. Accoutumée à ce genre d'action de sa part Liya se recula pour venir rencontrer le mur tapissé.

Elle sentit alors son pouls s'accélérer, ses mains devenir moites et son intérieur réagissait d'une façon si étrange qu'elle eut peine à le maîtriser.

- Votre petit tour en forêt m'a motivé à prendre cette décision. Vous l'avez dit vous même Liya vous avez deux pieds gauches.

Vexée elle rétorqua ;

- Je ne me suis pas perdue juste un peu égarée, mentit-elle en suivant des yeux sa main déjà posée à côté de sa tête.

- Peu m'importe, tout ce que j'ai eu vu c'est une jeune femme rentrant chez-elle en donnant l'impression d'avoir été attaqué or cette forêt semblait s'étendre sur un petit kilomètre. Le désert est aride et tellement vaste qu'il peut se montrer mortel.

Il s'abaissa alors, penché près de son visage, prenant visiblement plaisir à la dominer de toutes les façons possibles.

- Vous sous-estimez mes compétences, osa-t-elle répliquer avec un sourire qui couvrait en réalité une angoisse latente.

- Vraiment ? Murmura-t-il d'une voix soyeuse.

- J'ai pu survivre à votre caractère je suis sûre de pouvoir survivre au milieu du désert.

Cette fois-ci il éclata de rire jusqu'à rejeter sa tête en arrière dévoilant une gorge...absolument parfaite.

Liya faillit s'étouffer avec sa propre salive mais eut le réflexe de passer sous son bras.

Ce mouvement bien qu'inoffensif le rembrunit presque aussitôt. Peut-être qu'il n'avait pas pour habitude d'être défié ainsi, songea-t-elle en levant péniblement ses yeux vers lui.

- Suivez mon conseil Liya, j'ai une promesse à tenir, celle de vous ramener en un seul morceau.

- Je voulais juste vous taquiner un peu, dit-elle avec un petit sourire en coin.

- Je commence tout doucement à m'y habituer, répondit le cheikh en inclinant légèrement sa tête ; Néanmoins je reste très sérieux quant aux règles qui je vous impose, le désert est trop dangereux.

- J'ai compris, ne vous inquiétez pas.

- J'ai confiance en vous, reprit-il en la dévisageant avec une intensité troublante ; Vous m'avez prouvé bien des choses Liya, et même si Mustapha n'est plus une menace vous êtes toujours sous ma protection.

Un frisson...un long frisson parcourut son échine.

- Bien votre altesse.

Elle ressentit le besoin urgent de fuir son regard.

- Je vous attends pour le dîner dans le salon habituel.

- Vous êtes sûr de vouloir partager votre repas avec moi ? Vous avez peut-être du travail à rattraper.

En fait elle voulait le fuir le temps d'une soirée pour recouvrer ses esprits. Hélas le regard du cheikh ne souffrait d'aucune réplique possible...aucun refus était envisageable.

Ce soir elle dinerait avec lui à la différence que cette fois-ci...

Il pouvait la voir.

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