Chapitre 12



Pendant un bref moment Liya demeura interdite. Les doigts crispés sur les rebords de la table elle se sentit soudainement obligée d'accepter. Son père lui, semblait absolument ravi de cette proposition.

- C'est une excellente idée ! Liya est très fatiguée en ce moment, je suis sûr que ces vacances sous le soleil lui sera bénéfique.

Évitant soigneusement le regard du cheikh qui ne la quittait pas des yeux Liya tourna la tête vers son père. Une voix dans sa tête lui criait de refuser mais un murmure presque rationnel lui soufflait d'accepter en guise de remerciement pour toute l'aide qu'il venait de lui apporter.

Un véritable dilemme.

Un dilemme de taille dans lequel Liya avait l'impression d'être une marionnette désarticulée.

- Je ne veux plus te laisser seul papa.

L'intéressé s'empressa de contrer sa seule opposition à cette proposition.

- Heidi est avec moi tout le temps, je suis capable de me débrouiller seul ma fille.

- Votre père a raison Liya, intervint le cheikh d'une voix étrangement posée pour être sincère ; Il est capable de se débrouiller seul comme il l'a fait durant quatre mois.

Prise au piège, ayant l'impression que le sol s'ouvrait sous ses pieds Liya se leva avec une pointe au cœur. Elle se réfugia dans la cuisine pour donner l'impression d'être occupée. Évidemment la porte s'ouvrit aussitôt et elle n'eut guère besoin de se retourner pour deviner de qui il réagissait.

- Puis-je connaître les raisons de votre...impolitesse à mon égard ?

Liya ferma les yeux et inspira profondément avant de se retourner pour le confronter. Elle le regretta aussitôt quand son visage lui apparut sévèrement plissé. Une colère indéchiffrable perçait ses yeux bleus.

- Je ne suis pas impolie, seulement surprise, murmura-t-elle en tentant vainement de paraître détendue.

Il s'approcha après avoir refermé la porte.

- Vous êtes différente, nota-t-il d'une voix basse ; J'ai l'impression que vous êtes différente depuis que vous savez que je peux voir. Comme si cela vous déplaisez...

Liya baissa les yeux pour échapper à son regard.

- C'est ça n'est-ce pas ? S'enquit-il d'une voix incrédule voire choquée.

- C'est différent, bredouilla-t-elle en releva la tête fuyant sans cesse son regard ; J'ai l'impression que tout est différent.

Zhayar nota une pointe d'angoisse dans sa voix. Décidemment Liya Gray était pleine de surprises, constata-t-il presque choqué qu'elle puisse regretter le miracle inestimable qui lui permettait de revoir. Non en fait elle ne semblait pas le regretter, constata-t-il en la dévisageant. Elle semblait seulement perdue et peut-être intimidée par ses regards parfois un peu trop insistants. Hélas Zhayar n'éprouver aucun regret de la regarder comme un fou furieux. Il voulait à tout prix mettre une image sur les quatre mois passés avec elle...peu importe le prix à payer.

- Je suis heureuse pour vous croyez-moi votre majesté.

Zhayar lui saisit le menton pour lui faire relever la tête. Un petit hoquet s'échappa de ses lèvres entrouvertes alors que sa peau diaphane devenait de plus en plus rouge.

- Je n'ai pas changé, déclara Zhayar d'une voix qu'il espérait amène ; Je suis toujours le même homme impitoyable dénué de sentiments.

Zhayar marqua une pause dans laquelle il fit retomber sa main le long de sa hanche, les doigts brûlants.

- Me voilà rassurée ! S'exclama la jeune femme avec un rire nerveux.

- Liya, acceptez ma proposition, je tiens à vous emmener avec moi.

Liya ressentit le besoin de s'écarter alors qu'elle avait l'impression que l'empreinte de ses doigts resterait à jamais sur sa peau fiévreuse.

- Pour quelle raison devrais-je accepter ? Cela n'a aucun sens puisque vous ne vouliez plus de moi au palais.

- Pour des raisons particulièrement graves et vous savez lesquelles, rétorqua le roi sans cacher son impatience ; Je vous ai privé des privilèges qu'offrait mon pays, aussi je pense que j'ai au moins le droit à ça après ce que je viens de faire pour vous.

- Vous avez raison, s'empressa-t-elle de dire en secouant imperceptiblement de la tête ; C'est une raison valable d'accepter, d'ailleurs personne ne refuserait une telle proposition.

- Mais ?

- Mais je...je pense que ce n'est pas une bonne idée, croyez-moi vous avez autre chose à faire que jouer au guide touristique tout ça parce que je me suis plainte deux ou trois de l'enfermement abusif que j'ai subi. Après vives réflexions et les menaces de Jack je me sens ridicule d'avoir fait l'enfant.

Interloqué le cheikh haussa un sourcil puis plissa les yeux.

- Bien que cette explication mérite une attention particulière je crains miss Gray que votre discours tient quelques incohérences dans lesquelles je soupçonne autre chose qu'une simple remise en cause de votre...comportement enfantin.

Liya se mordit la joue, surement déjà trahie par les rougeurs qu'elle devinait sur ses joues.

- Vous avez peur de moi avouez-le une bonne fois pour toute, ajouta-t-il rictus aux lèvres.

Si seulement c'était vrai ! Si seulement il n'y avait que ces cicatrices à l'origine de cette crainte en perpétuelle évolution lorsqu'elle se trouvait à son contact, songea-t-elle en se pinçant les lèvres.

Hors elle refusait qu'il pense que son apparence la rebutait.

- Chaque fois que je vous entends dire ceci vous laissez supposer que je pense à vos cicatrices. Il n'en est rien ! S'agaça-t-elle en rejetant sa tête en arrière ; Si j'avais peur de votre apparence je serais partie le premier jour duquel vous vous êtes montré monstrueux.

Une lueur mystérieuse transperça le regard du cheikh qui combla l'espace qui les séparait.

- Alors de quoi avez-vous peur ?

- N'est-ce pas évident à vos yeux ? Enfin regardez-vous ! Vou..vous êtes intimidant et j'ai beau essayer de déterminer qui vous êtes, je ne sais rien de vous, je ne parviens pas à vous déchiffrer.

Elle marque un temps d'arrêt le temps pour elle de se retourner pour appuyer ses mains sur les rebords de l'évier.

- C'est déstabilisant après quatre mois, croyez-moi votre majesté.

- Vous connaissez tout de moi, il n'y a rien d'autre qui pourrait vous intéresser Liya, répondit-il d'une voix grave ; Vous avez affronté les nombreuses facettes de ma personnalité, il n'y a rien d'autre à connaitre de moi. Mes intentions envers vous sont tout à fait respectueuses, néanmoins ma volonté fait loi et je ne compte pas repartir d'ici sans vous.

Liya se retourna violemment, manquant de vaciller alors que son regard impassible coulait sur elle comme une lave brulante, comme si sa détermination ne souffrait d'aucune objection.

- J'ai tenu ma promesse de vous libérer de cet homme, c'est le seul remerciement que je désire de vous, ajouta-t-il toujours aussi implacable ; Deux semaines au palais, pour découvrir les vestiges de mon pays afin de vous montrer que ces quatre mois passés avec vous ne m'ont pas été insensibles.

Liya se pinça les lèvres, reconsidérant cette proposition avec prudence.

A choisir entre un mariage forcé et deux semaines dans un palais exotique Liya opta pour la deuxième option. Après tout elle lui devait bien ça. Il l'avait sauvé, songea-t-elle en en croisant les bras pour endiguer le frisson qui venait de la parcourir.

- C'est entendu, je veux bien partir pour deux semaines pas une de plus !

Un vague sourire brisa son expression glaciale.

- Pas une de plus, assura-t-il une lueur étrangement inquiétante au fond des yeux.

Il s'approcha doucement, faisant mine de reconsidérer sa promesse puis déclara avec nonchalance :

- Prenez garde on sait jamais, vous pourriez vous plaire dans mon pays...

- Au...aucun risque, bredouilla-t-elle lorsqu'il se pencha pour agripper les rebords de l'évier la tenant ainsi prisonnière.

Le cœur battant à tout rompre Liya sentit son souffle se réduire à mesure qu'il se penchait près de son visage.


- Ne pariez pas tout de suite Liya Gray, les choses peuvent parfois changer...

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