Chapitre 5
Liya retint son souffle tout en se redressant lentement. Elle avait longtemps espéré que Hassan taise cette information. Liya se sentait bête d'avoir cru cela possible. N'était-il pas le roi ?
- Mon père va mieux, je vous remercie.
Elle se pencha en avant pour poursuivre les soins.
- Selon Hassan il a été très malade, puis-je en savoir plus ?
Liya se pinça les lèvres nerveusement car ce n'était pas une question ni même une invitation à échanger comme deux êtres humains. Non, le cheikh voulait tout simplement connaître sa vie pour des fins évidentes. Liya n'avait plus rien à perdre et décida alors de se lancer.
- Transplantation cardiaque votre altesse.
Scrutant sa réaction, Liya se redressa pour changer de compresse. Le cheikh était impassible...aucune émotion transparaissait sur son visage martyrisé.
- C'est presque un miracle qu'il ait pu obtenir un cœur au bout de cinq ans.
- En effet, c'est un miracle, murmura-t-il d'une voix plus amène.
Hélas même si sa voix avait reprit de ces couleurs chaudes, son visage demeurait toujours aussi froid. Liya se pencha de nouveau pour s'attaquer à la plus impressionnante de ses balafres. Celle qui barrait son œil.
- Avez-vous fait des études ?
- Oui mais j'ai dû les arrêter pour être auprès de mon père.
- Si jeune ? S'enquit le cheikh visiblement surpris ; Vous n'avez pas de mère ?
Liya sentit son cœur se serrer d'amertume. Des souvenirs douloureux se mirent à envahir son esprit et elle tenta au mieux de les chasser.
- Elle est partie lorsque mon père à perdu son travail à cause de ses problèmes de cœur. J'ignore où elle se trouve et je ne veux pas le savoir.
Liya cligna plusieurs fois des yeux pour refouler ses larmes.
- Au moindre obstacle les femmes ont tendances à prendre la fuite, lâcha le cheikh avec une amertume limpide.
Liya plissa des yeux, intriguée par cette déclaration. Il en parlait comme s'il l'avait également vécu.
- Pas toutes, glissa-t-elle en se redressant.
Il poussa un rire sans joie, mâchoires serrées.
- Croyez-moi, les femmes sont toutes les même, rétorqua le cheikh sur un ton qui ne souffrait d'aucune réplique possible ; Elles se pavanent en quête d'attention, rongées de perfidies elles se parent de bijoux dans l'espoir de trouver un riche homme d'affaire pour les entretenir.
Liya préféra ne pas répondre car la haine qui venait de transpercer sa voix suffit à la réduire au silence.
- J'ai fini votre majesté, voulez-vous autre chose ?
- Vous avez dit que seul l'argent vous motive, est-ce que c'est pour votre père ?
La honte la submergea. Elle avait l'impression d'être au pied du mur, n'ayant plus aucun choix que de dire la vérité.
- Il a des dettes à payer, avoua Liya en se retournant pour ranger la table de soins ; Les prises en charge de l'hôpital, les soins à domicile, le matériel, la liste est longue.
- Alors cet argent n'est pas pour vous ?
- Non, c'est pour mon père, du moins, c'est pour régler les dettes.
Se livrer de cette façon la rendait extrêmement mal à l'aise. Elle sentait la honte submerger ses joues.
- Je ne suis pas une espionne ni même une journaliste en quête d'un scoop, reprit-elle en se retournant pour le confronter ; Je suis seulement ici pour travailler.
L'expression de son visage n'avait pas changé. Impassible, dénué de toutes émotions. Il se redressa sur le lit pour étendre ses jambes, révélant la totalité de son torse halé.
Liya détourna les yeux, embarrassée.
- Passons à la suite à présent, j'aimerais en finir avant le déjeuné.
La suite ?
Liya fut forcer de le regarder, cherchant vainement de quoi il parlait avant que ses yeux soient attirés par l'horreur.
Une partie de son flanc gauche était brûlé sûrement à cause de l'explosion. Le cœur serré elle s'approcha de nouveau et répéta les soins un par un. Il resta silencieux jusqu'à la fin...la tête tournée sur le côté, le regard rivé vers la fenêtre sans pouvoir y contempler la vue extraordinaire.
- J'en ai fini votre altesse.
- Bien, dit-il d'une voix de gorge ; Vous pouvez disposer.
Liya lui remit les draps avant de quitter ses appartements, remerciant le ciel d'avoir réussi cette étape éprouvante sans provoquer la colère de l'homme.
Elle referma prudemment la porte et s'éclipsa dans le long couloir qui menait vers un autre escalier. Liya le monta sans autorisation, piquée de curiosités.
- Mademoiselle Gray je ne pense pas que le roi appréciera ceci.
Réprimant un soubresaut, Liya fit volte-face pour confronter Hassan qui malgré l'avertissement, arborait un sourire en coin.
- C'est interdit ? Pour quelle raison ?
- Cet étage est celui du roi.
Liya se pinça les lèvres et rebroussant chemin.
- Nous l'avons installé ailleurs le temps qu'il puisse remarcher.
- Et quand remarchera-t-il ?
Hassan haussa des épaules l'air découragé.
- Quand il voudra bien faire des efforts, jusqu'ici il refuse de se lever.
Ces paroles lui rappelaient celle du médecin de son père. Résigné à se laisser mourir, perdant tout espoir d'une greffe son père avait très vite baissé les bras. Liya elle, n'avait rien lâché, elle s'était battue pour lui faire entendre raison.
Pouvait-elle espérer faire de même avec le cheikh.
Liya secoua de la tête pour chasser cette idée ridicule.
- Maintenant que j'ai procédé à ses soins que dois-je faire ?
- Attendre qu'il ait besoin de vous.
Liya leva un sourcil révélateur quant aux cours de ses pensées.
- Ainsi voilà mon travail ? Attendre que son altesse veuille bien de mes services ?
Liya descendit les dernières marches sans cacher sa frustration.
- Je n'ai ni ordinateur ni téléphone, je ne peux pas sortir et...
- Vous disposez d'un jardin magnifique, la coupa-t-il comme si cette précision allait l'aider à oublier qu'elle était prisonnière.
- Je pensais que j'aurais davantage de tâche pour m'occuper l'esprit, précisa Liya en lui emboîtant le pas ; Que fait-il dans la journée ?
- Cela dépend des jours et...
- Mademoiselle Gray !
Le hurlement féroce du cheikh résonna dans le couloir. Main sur le cœur Liya jeta un regard anxieux en direction de Hassan.
- Dieu du ciel ! Chuchota Liya en pivotant les talons en direction de ses appartements.
- Vous m'avez appelée votre majesté ? Demanda-t-elle d'une voix posée.
- Approchez !
Après s'être passée la langue sur ses lèvres sèches Liya s'approcha du lit majestueux, les poings serrés le long de ses hanches.
- Où êtes-vous ?
- Près du lit, aurais-je oublié de...
- Lisez-moi le journal.
Bref et rêche, l'ordre ne souffrait d'aucune réplique possible. Liya fut tenté de lui rappeler les bonnes manières mais se résigna à le faire.
- Je ne sais pas lire l'arabe mais je peux vous détailler les images.
Sous le choc devant une telle imprudence Zhayar se redressa à l'aide de ses poings serrés.
- Donc j'avais raison miss Gray vous êtes stupide, lâcha-t-il sèchement.
- Merci infiniment pour ce compliment votre altesse.
Son indifférence feinté eut bon de l'agacer. La jeune femme résistait malgré les tremblements répétés dans sa voix. De plus Zhayar se maudissait de l'avoir rappelé pour une raison totalement absurde. L'enfermement était en train de le faire tomber fou. Le noir dans lequel il était plongé le rendait colérique. L'avait-il appelé dans l'unique besoin d'entendre la voix d'une femme ? Après tout il l'a payé pour exécuter ses ordres, songea-t-il avec humeur.
- Vous entrez dans un pays méconnu sans parler l'arabe, êtes-vous inconsciente ?
- Je ne risque rien puisque je suis prisonnière ici, rétorqua la jeune femme avec humeur.
- Vous préférez que je vous déporte dans le désert ? Seule ? Sans eau ni nourriture ?
- J'ignore lequel de ces deux choix pourraient me convenir votre altesse, répondit-elle d'une voix mystérieusement moqueuse.
Zhayar fit claquer sa langue, jurant à voix-basse.
- Remerciez le ciel que je ne puisse pas me lever jeune fille, gronda-t-il d'une voix de gorge.
Il l'entendit hoqueter. Ses sens étaient bien plus développés depuis sa cécité. De ce fait, Zhayar percevait les sons d'une autre manière et il en tirait une certaine satisfaction. Il pouvait déceler sa respiration et pouvait l'imaginer en train de rougir de honte ou de colère.
- Si vous ne pouvez pas me lire le journal, venez donc me passer ma tunique j'aimerais sortir de mon lit.
Il l'entendit se presser pour s'exécuter. Il percevait le bruit d'un froissement de vêtement, peut-être le signe qu'elle portait une robe.
- Je suis prête !
Zhayar sentit cette odeur fruité se rapprocher de lui. Alors il en profita pour saisir son poignet à la hâte, déterminé à examiner cette inconnue à l'aide de ses mains.
- Voyons si vous êtes banale mademoiselle Gray.
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