Chapitre 4
- Qu'avez-vous fait ? Souffla Hassan d'une voix résignée à l'impensable.
Zhayar recula son fauteuil, butant contre quelques obstacles.
- J'ai essayé comme tu m'as demandé ! Renvoie-là à présent.
- Il en est hors de question, déclara Hassan d'une voix posée ; Vous avez cherché à l'effrayer ainsi voilà chose faite.
Zhayar serra ses mâchoires, impassible à sa remarque.
- À présent je vais voir comment va sa main, acheva Hassan en quittant la pièce.
Jusqu'ici insensible, Zhayar tourna sa tête sur le côté lorsque les portes se refermèrent sur Hassan. Même s'il se sentait indifférent au sort de la jeune femme il espérait néanmoins qu'elle ne soit pas blessée.
- Laissez Jamila, allez rejoindre Hassan est dites-lui qu'il m'informe sur l'état de santé de mademoiselle Gray.
Il l'entendit se redresser, il pouvait déceler son souffle erratique.
- Mon mari a espoirs de vous voir guérir votre majesté, ne soyez pas trop sévère avec lui.
Zhayar préféra garder le silence avant d'effrayer cette pauvre femme...
Il se contenta d'écouter les crépitements du feu, la seule chose à laquelle il se raccrochait depuis sa cécité.
~
- Est-ce que vous êtes blessée ?
Liya sursauta en essuyant avec son avant-bras les larmes de peur qui roulaient sur ses joues.
- Rien de grave, je vous assure.
Elle se retourna alors pour lui faire face. L'homme arborait un triste sourire tandis qu'il venait de prendre sa main pour examiner sa paume entaillée.
- Venez vous asseoir je vais arranger ça.
- Est-ce que vous vous montrez aussi paternel avec moi dans l'espoir de me soudoyer Hassan ?
Les soupçons qu'elle venait d'exprimer semblaient hélas bien réels et l'homme ne s'en cacha même pas.
- Désirez-vous partir ? S'informa-t-il en s'occupant de sa main.
Encore horrifiée par la cruauté du cheikh Liya secoua imperceptiblement de la tête. Des images de son visage martyrisé lui revinrent en mémoire puis le visage de son père.
- Il s'est montré cruel, je pense que c'est légitime d'y songer.
L'inquiétude emplit alors les traits de l'homme.
- Vous avez raison, vous êtes en droit de partir, murmura-t-il en posant un pansement au creux de sa paume blessée.
Liya se leva d'un bond et quitta la salle de bains en direction du salon. Ce premier tête à tête avec le cheikh al Elhazar avait été pour le moins révélateur quant au reste de son séjour ici.
Serait-elle capable de poursuivre sa mission ?
Résignée Liya releva la tête en direction de Hassan qui attendait patiemment sa réponse.
- À quelle heure dois-je procéder aux soins demain ?
Modeste, Hassan ne laissa quasiment aucune émotions transparaître sur son visage hormis peut-être un léger sourire.
- Neuf heures mademoiselle Gray.
Liya inclina sa tête en guise de réponse.
- Je suis fatiguée à présent, j'aimerais me reposer.
Hassan se retira en emportant avec lui sa décision de rester sans aucun doute au plus grand désespoir du cheikh.
Liya se laissa tomber sur le lit à baldaquin, le ventre noué d'appréhension pour demain.
Mieux valait dormir, songea-t-elle en fermant les yeux.
~
Le lendemain matin, après maintes souffrances dans une énième nuit de souffrance Zhayar se redressa sur son lit avec un grognement rauque.
- Relis-moi encore ce rapport Hassan.
Malgré ses réticences à garder la jeune femme Zhayar avait fini par se faire à l'idée qu'elle était décidé à rester. Seulement, Zhayar n'avait plus confiance en personne. Il soupçonnait miss Gray d'avoir d'autres motivations que le salaire juteux inscrit en bas du contrat. Hélas les informations qu'il avait à sa disposition étaient minimes voire quasiment inexistantes. Une fille banale dans une ville banale située au nord de Seattle.
- Votre majesté je...
- J'ai dit, relis-moi ce rapport, articula Zhayar avec humeur.
Hassan s'exécuta pour les troisième fois.
- Il n'y a rien sur elle qui puisse nous alerter.
- C'est justement ce détail qui me dérange mon ami, il n'y a rien !
- N'est-ce pas une bonne nouvelle ? Cette jeune fille n'est nullement une menace pour notre pays.
Zhayar soupira sans se départir de mauvaise humeur.
- Son père a été gravement malade, ajouta Hassan.
Même s'il ne voyait pas, Zhayar releva les yeux en direction de sa voix et eut la sensation qu'il avait visé juste puisqu'il s'empressa de poursuivre.
- Cette information vient d'elle, c'est pour cette raison qu'elle veut que son téléphone reste allumé.
- Voilà une information intéressante, murmura Zhayar en se frottant la barbe.
Il n'eut guère le temps de poursuivre sa réflexion que la jeune femme pénétra dans son antre après avoir été brièvement annoncé.
En dépit des conditions dans lesquelles ils s'étaient quittés la jeune fille était là, toujours aussi silencieuse que la veille. Mâchoires serrées il sentit à goût amer lui monter à la gorge à l'idée qu'elle pose ses mains sur lui.
- Veuillez nous laisser !
Un brouhaha persistant s'entendit alors.
- Êtes-vous certain ? Votre majesté je pourrais rester ? Proposa Hassan.
Zhayar fronça des sourcils avant de comprendre.
- Est-ce que c'est mademoiselle Gray qui te supplie ?
Le silence qui suivit sa question lui fut suffisant.
- Sors Hassan, je n'ai pas l'intention de la tuer, je suis handicapé.
- Bien votre majesté...
Liya le suppliait du regard mais Hassan demeura sourd à ses protestations silencieuses. Il disparut, la laissant seule avec le cheikh étendu sur son lit attendant sûrement ses soins quotidiens. Liya se tourna dans sa direction hésitant à franchir les mètres qui les séparaient.
Ses appartements étaient magnifique, à la hauteur de son image.
- Approchez, je n'ai pas toute la journée.
Liya marcha plus vite avant de s'arrêter brutalement, détournant son regard de cette vision pour le moins embarrassante.
- Oh..mais..je...bredouilla Liya en faisant le tour du lit.
Forcée de le regarder, elle sentit ses joues s'empourprer violemment en découvrant son torse large, massif et musclé recouvert d'une fine toison brune. Ses biceps donnaient l'impression d'avoir été taillé à la serpe, quant à sa peau halé...
Honteuse de l'observer sans vergogne Liya se tourna vers la table en se raclant la gorge.
- Rassurez-moi miss Gray vous avez déjà vu un homme torse nu ?
Liya rougit violemment, jurant qu'il se moquait d'elle.
- Évidemment votre majesté, bafouilla-t-elle en cherchant désespérément les compresses.
- Où voulez-vous que je commence ? Ajouta Liya en trouvant la force de se retourner.
- Par le commencement.
Liya comprit alors qu'il voulait la tester.
- Par vos cicatrices alors.
Comme il restait silencieux Liya se dit qu'elle avait vu juste. Elle exhala un soupir haché en ouvrant les compresses, n'osant s'approcher de ce cheikh dangereux et violent.
- Je m'approche, prévint-elle en réalisant qu'elle allait pour la première fois être au plus proche de lui.
- Vous n'êtes pas obligé de commenter vos faits et gestes.
- Après l'épisode de hier soir je me sens obligée de commenter, rétorqua Liya en appliquant la première compresse sur la première balafre.
Impressionnée, Liya faisait au mieux pour ne pas lui provoquer la moindre douleur. Ses yeux étaient levés sur elle, comme s'il pouvait la voir et pourtant...
- Vos mains tremblent, nota le cheikh d'une voix toujours aussi glacial.
Liya ferma brièvement les yeux en se redressant pour reprendre son souffle.
- Comment va votre main ?
Le cœur battant à tout rompre Liya reprit ses soins du bout des doigts. De près son visage paraissait bien plus féroce.
- C'était une simple coupure, ça va mieux.
Zhayar referma ses doigts sur les draps pour contenir sa frustration. Sa main tremblait dangereusement, réprimant l'envie de lui ôter ses doigts qui s'appliquaient pourtant avec délicatesse.
Une odeur légèrement fruitée lui monta au nez. Il pouvait entendre sa respiration se faire plus courte, plus irrégulière.
- La première est nettoyée, annonça-t-elle.
- Vous les avez comptez ? S'enquit-il d'une voix acerbe.
- No...non, je voulais juste le souligner.
Cette fois-ci Zhayar referma ses mains en poings. La voix de la jeune femme était très douce au point qu'il lui était parfois difficile de la distinguer.
- Parlez-moi de vous, ordonna-t-il sans plus attendre.
Zhayar espérait pouvoir la faire parler et obtenir d'elle une erreur qui pourrait l'aider à la renvoyer.
- Que voulez-vous savoir ?
- Comment va votre père par-exemple...
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