Chapitre 36
Abasourdie Liya le dévisagea longuement avant de reprendre l'usage de la parole.
- Mais...pourquoi ? Demanda-t-elle en peinant à maîtriser l'affolement dans sa voix.
Certes elle avait pour projet de quitter le palais mais pourquoi si vite ?
Est-ce que ce changement brutal de décision était à cause de la tristesse qu'elle n'avait pas pu cacher ce matin ? Avait-il pris pitié d'elle ?
Liya déglutit péniblement en essayant de reprendre ses esprits.
- Nous avons jugé que votre place n'était plus ici, expliqua-t-il d'une voix qui lui parut froide.
- Nous ?
- Le conseils et Hassan, cette décision est la meilleure pour tout le monde.
Une tristesse mêlée à de la joie se mit à l'envahir. Elle dut lutter contre des larmes qui lui montaient aux yeux. Tout allait trop vite à son goût.
- Votre père a bien plus besoin de vous que moi, reprit-il impassible, dénué de toutes émotions ; Vous m'avez été d'une grande aide Liya mais ce départ était prévu depuis le premier jour.
- Oui je sais, balbutia Liya en baissant les yeux ; Je suis seulement surprise par cette décision trop rapide, je n'étais pas préparée.
Il se leva, sans mot dire, laissant un grand silence s'installait entre eux.
- Profitez de votre après-midi pour faire vos bagages et ce soir nous allons fêter votre départ comme il se doit.
Il esquissa un sourire qui disparut aussitôt.
Une peine immense lui comprima le cœur devant autant de froideur. C'est comme si son départ ne le touchait pas autant qu'elle l'était.
Touchée en plein coeur...
- Très bien votre altesse, murmura-t-elle alors qu'il avait déjà passé les portes de sa chambre.
Une fois seule, Liya avait l'impression que le monde venait de s'effondrer sous ses pieds. Un frisson désagréable parcourut son échine et son ventre se serra violemment.
- C'est ce que tu voulais non ? Se demanda-t-elle tout bas.
Bien-sûr que c'est ce qu'elle voulait ! Songea-t-elle avec force. La seule raison à l'origine de cette étrange tristesse était la froideur du cheikh. Comment pouvait-il se montrer si insensible à son départ ?
Bien-sûr Liya se savait bien trop émotive et sensible aux détails parfois sans importance. Au fond d'elle, elle était persuadée qu'il éprouvait un certain regret de la laisser partir.
Elle en était persuadée.
Une fois qu'elle eut quitté son état second Liya s'empressa d'appeler son père pour lui annoncer la nouvelle. Évidemment ce dernier éclata de joie incapable de décrire à quel point cette nouvelle le rendait heureux. Quatre mois, voilà quatre mois qu'elle était ici, dans ces lieux magiques et pourtant si inquiétants sans savoir quand ce sentiment de solitude prendrait fin.
- Liya ? Puis-je entrer ? Demanda Jamila dont le ventre devenait de plus en plus arrondi chaque jour.
Liya acquiesça tout en pliant ses affaires le cœur lourd. En jetant un rapide coup d'œil dans sa direction elle s'aperçut qu'elle tenait un paquet dans ses mains qu'elle déposa sur le lit.
- C'est un présent de la part de son altesse, annonça-t-elle avec un sourire triste.
Liya considéra le paquet avec étonnement.
- En êtes-vous sûre Jamila ? Son altesse semblait très loin d'être amical tout à l'heure lorsqu'il est venu m'annoncer mon départ.
Jamila pencha sa tête sur le côté expirant lentement.
- Essayez de ne pas lui en tenir rigueur, dit-elle en faisant le tour du lit ; Je crois que c'est sa façon à lui de vous exprimer sa déception de vous voir partir si vite.
Pour une raison qui restait à élucider Liya avait envie de la croire. Le cheikh était peut-être déçu comme elle semblait l'avancer seulement, Liya n'avait pas la moindre envie de partir d'ici en gardant le souvenir d'un homme froid.
Non, elle voulait se rappeler de l'homme qu'elle avait appris à connaître malgré les sombres facettes de sa personnalité.
- J'espère que vous avez raison Jamila, car je n'ai pas envie de garder cette image de lui. Je suis très affectée par ce départ si précipité. J'espère que...
Liya eut peine à poursuivre et dut inspirer profondément pour reprendre ;
- J'espère que ça ira pour lui.
- Évidemment ! Affirma Jamila avec convictions ; C'est un homme fort et implacable, croyez-moi Liya, ne vous faites aucun souci pour lui.
Ébranlée, Liya luttait contre ses émotions contradictoires...en vain. Cet endroit allait lui manquer indéniablement mais peut-être pas suffisamment pour se risquer à proposer que son contrat soit prolongé.
De la pure folie !
- Vous allez me manquer Jamila, murmura-t-elle en abandonnant ses affaires pour l'enlacer.
Toutes les deux cédèrent à l'émotion beaucoup trop intense puis Jamila se reprit en secouant vivement la tête.
- Assez ! Je vous laisse finir vos bagages avant le dîner.
Jamila s'éloigna tout en désignant le paquet posé sur le lit.
- Ne soyez pas en retard.
Poussée par sa vilaine curiosité Liya s'empressa d'ouvrir le paquet. À l'intérieur, se trouvait une magnifique robe bleue nuit, brodée d'une encolure bateau.
Liya hoqueta, cherchant inutilement une présence dans la pièce....
Celle du cheikh.
Pourquoi lui offrir une robe qu'il ne verrait jamais ? Devait-elle la porter ce soir ?
Liya hésita quelques secondes avant de prendre sa décision, gardant en mémoire les sages paroles de Jamila.
Elle nourrissait beaucoup d'espoirs pour ce dernier soir et c'est avec la boule au ventre qu'elle frappa deux coups à la porte lorsque le soleil tomba sur la palais, lui laissant un souvenir qu'elle se promit de ne jamais oublier.
- Entrez !
Main plaquée contre la porte Liya hésita à pénétrer une dernière fois dans ses appartements avant qu'une force inexplicable la pousse dans cette antre dans laquelle Liya gardait le souvenir d'un homme et d'une bête impitoyable.
- Je vous devine ravissante, déclara-t-il d'une voix indescriptible.
Liya inspira profondément et s'avança alors qu'il lui tournait le dos. Une émotion particulière lui pinça le cœur car elle se rappela soudain de ses paroles qui un jour l'avaient blessée.
" Je serais plus qu'une note sur votre CV "
- La robe est magnifique, vous n'auriez pas dû.
Il se retourna enfin, dévoilant son visage balafré à la seul lueur des flammes vacillantes.
- C'est un cadeau, j'espère qu'elle vous plaît Liya.
Captivée malgré elle par la force de son regard, Liya se mordit la lèvre nerveusement.
- Elle est somptueuse votre altesse.
Un vague sourire sur les lèvres le cheikh combla le mince espace qui les séparait.
- Êtes-vous heureuse de retrouver enfin votre père ? Demanda l'homme d'une voix plus amène que cette après-midi.
Liya ouvrit la bouche pour lui répondre mais la referma aussitôt car elle ne voulait pas qu'il perçoive sa joie.
- Je le suis, il me manque affreusement, répondit-elle en faisant preuve de modestie.
Feignant d'être insensible au silence qui s'ensuivit Liya reprit ;
- Seulement je peine à comprendre cette décision trop hâtive. Pourquoi maintenant ? Le conseils a-t-il jugé que je n'étais pas apte à poursuivre ce travail ?
Une lueur sombre transperça les yeux du cheikh.
- Je suis le seul maître ici, le conseils n'a rien avoir avec cette décision il m'a juste appuyé, dit-il un peu trop sèchement avant de poursuivre sur le même ton.
- J'ai considéré que votre travail était terminé, vous garder ici n'est pas raisonnable.
Liya baissa les yeux puis les releva sans plus tarder car il avait sans doute raison.
- Je comprends votre altesse.
Il chercha son épaule, refermant sa main sur celle-ci avant de la glisser dans son dos.
- Allons nous installer, décréta le cheikh en pressant ses doigts au creux de ses reins.
Liya retint son souffle, cherchant désespérément à faire taire la petite voix qui lui soufflait de s'écarter immédiatement. Lentement et avec subtilité, Liya se laissa choir sur la chaise à proximité de la sienne, réprimant les assauts de son cœur.
- À votre départ, déclara-t-il en levant son verre.
Un geste qu'elle s'empressa d'imiter, la bouche entrouverte, incapable de déceler l'expression de son visage. C'en fut trop pour elle. Liya serra les dents pour se calmer mais son indifférence était insupportable.
- Par pitié dites-moi qu'il vous attriste un peu sinon je...vous balance mon verre à la figure !
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