Chapitre 34



Liya n'eut d'autre choix que d'avancer vers la salle de bains et d'y pénétrer malgré son appréhension. À peine eut-elle franchie le seuil qu'il lui apparu, une serviette autour des hanches, le corps luisant de gouttes d'eau, les cheveux plaqués en arrière. Le faisait-il exprès de la mettre dans l'embarras le plus total ? Visiblement oui, songea-t-elle en ne sachant pas quoi faire.

- Vous désirez peut-être vous habiller avant ?

Il se tourna, le regard sévèrement plissé.

- C'est une option envisageable en effet, répondit-il d'une voix rauque ; Passez-moi ma djellaba noire elle doit se trouver sur la chaise.

Liya déglutit péniblement en essayant d'éviter soigneusement de regarder ses pectoraux. Elle lui donna sans plus attendre, détournant la tête lorsqu'il ôta sa serviette sans vergogne. Les joues en feu elle s'efforçait de rester concentrer sur sa mission.

- Vous pouvez vous retourner...

- Comment savez-vous que je suis retournée ? Demanda-t-elle en peinant à maîtriser sa voix.

- Je le devine aisément, vous n'êtes pas le genre de femme qui en profite, répondit le cheikh en s'installant sur le siège en cuir ; A moins que je me trompe ?

- Non, vous avez raison, admit-elle en fermant brièvement les yeux pour rassembler ses esprits.

Liya s'approcha avec sa paire de ciseaux à la main mais remarqua que celle-ci tremblait.

- Je vais raccourcir un peu vos cheveux, annonça-t-elle en glissant le peigne dans ses cheveux d'ébène.

- Je dois être présentable, cette réunion est cruciale, c'est la première fois que je me présente à eux depuis l'accident.

Liya avait conscience des enjeux politique et diplomatique qu'ils avaient derrière cette réunion d'affaires. L'apparence physique du cheikh devait reprendre l'aspect d'autrefois. Pour cela, Liya se remémora son portrait qu'elle avait aperçut à de nombreuse reprises dans le couloir.

Elle coupa au mieux, effleurant sa nuque à plusieurs reprises. Quand elle eut fini Liya passa devant pour s'attaquer à sa barbe dix fois trop longue.

- Quel taille souhaitez-vous ?

- Ni trop longue ni trop courte.

Liya s'approcha, au plus près de son visage imposant dont les traits inspiraient la violence d'une autorité sans précédant. Son regard bleu océan se posa dans le sien et elle crut pendant un moment qu'il pouvait la voir.

- Je suis désolé pour ce matin, je me suis mal comporté, lâcha-t-il d'une voix qui lui parut sincère.

- Ça ne fait rien votre altesse, je n'aurais pas dû vous confier une telle chose. Parfois ma bouche par plus vite que je le voudrais.

Le roi esquissa un lent sourire.

- J'aime ça, j'adore vous entendre parler.

Liya essaya de ne pas prêter attention à sa remarque qui se voulait comme un défi.

Et pourtant chaque parcelle de son corps et de son esprit semblait voué à cet homme à tel point qu'elle ne parvenait pas à ne pas lui répondre.

- Je sais, cela booste votre journée et vous donne l'impression qu'elle est moins longue n'est-ce pas ?

Le cheikh se rembrunit subitement.

- Vous n'êtes pas un divertissement pour moi Liya que les choses soient précises.

- Pourtant c'est ce que vous m'avez laissé entendre non ?

Il agrippa son poignet pour interrompre ses gestes.

- Peut-être je l'admet, mais les choses ont changées depuis. Vous ne pouvez le nier n'est-ce pas ?

Liya retint son souffle, consciente que leur proximité était bien trop proche au point de pouvoir sentir son souffle chaud caresser son visage.

- Il est vrai qu'une certaine...amitié est naît je ne peux pas le nier votre Altesse.

Une lueur de satisfaction éclaira son regard. Il libéra son poignet l'instant suivant...laissant son empreinte sur sa peau.

- J'ai presque terminé votre Altesse.

Liya s'appliqua à couper sa barbe de façon à le rendre lui plus présentable possible. Voilà des mois qu'il n'était plus que l'ombre de lui-même et aujourd'hui, plus elle observait son visage plus elle le trouvait de plus en plus envoûtant avec ces balafres...

Est-ce que ce changement était grâce à elle ?

Pouvait-elle se vanter d'être la responsable de ce changement auquel plus personne ne croyait ?

Elle se redressa lentement quand elle eut fini, le front moite, les mains toujours aussi tremblantes.

- J'ai suivi vos exigences, vous êtes parfait votre Altesse.

Il se redressa lentement sur le siège un vague sourire aux lèvres.

- Je vous crois miss Gray, chuchota-t-il en se levant à la recherche de sa canne.

Elle s'empressa de lui tendre et quitta la pièce sans plus tarder alors que son eau de toilette lui chatouillait les narines. L'ambiance devenait lourde aussi lourde que la chaleur qui régnait dans le désert aride qu'elle devinait d'une grand beauté mais qu'elle ne verrais sans doute jamais.

- Ce midi vous déjeunerez avec moi, ensuite un de mes hommes gardera votre chambre durant toute l'après-midi.

Sous cette injonction, Liya préféra abdiquer sachant qu'il faisait ça peut-être pour son bien.

Sa sécurité.

- Eh bien Liya, vous n'avez pas de réplique ? Aucune objection ? Lança-t-il avec un sourire sardonique.

- Je sais que vous avez de bonnes raisons pour faire ça alors je n'ai aucune réplique, aucune désobéissance à exprimer.

Zhayar perçut dans la voix de la jeune femme une profonde tristesse qui lui comprima le cœur. Sa condition devenait peut-être trop difficile. Il évitait sans cesse d'évoquer sa captivité dans cette aile réservée. Elle s'était pliée à cette condition sans rechigner. Zhayar essayait vainement de ne pas laisser ce sentiment de peine emplir son être par crainte de céder à cette voix douce. S'il écoutait le peu de bonté qui lui restait Zhayar l'autoriserait à parcourir le palais sans se soucier des conséquences.

Il avait entière confiance en ses hommes mais le crainte demeurait toujours présence. Il y avait peut-être un traite parmi les siens. Si tel était le cas, Liya serait en grand danger.

Il ne pouvait pas prendre ce risque.

- Ma réunion ne sera pas longue je vous le promets.

- Vous n'avez pas à vous faire du soucis pour moi je vais survivre.

Zhayar s'approcha sans trop savoir où elle pouvait se trouver. Tout ce qu'il percevait c'était une respiration rapide puis lente.

- Vous allez bien Liya ? Où êtes-vous ?

- Un pas de plus et vous allez me rentrer dedans, prévint-elle d'une voix nerveuse.

Zhayar se stoppa avant de rencontrer son corps qu'il devinait mince.

- Je sens que votre voix tremble, dites-moi ce qu'il se passe Liya, ordonna-t-il en peinant à maîtriser son impatience.

Liya s'empressa d'essuyer les larmes qui roulaient sur ses joues. Son ventre était si noué qu'elle dut prendre une grande inspiration pour expliquer sans manque totale de bonne humeur.

- Un coup de fatigue je crois, murmura-t-elle en s'entourant de ses bras ; La pression commence à me peser sur le morale.

- Je sais à quel point cette situation est difficile, je regrette que vous soyez obligé de vivre ça.

Il marqua une pause, les mâchoires serrées.

- Bientôt, je vous rendrais votre liberté, je vous le promets.

Mais quand ?

Cette question n'avait de cesse de tourner en boucle dans son esprit. Bien qu'elle était nettement récompensée Liya peinait à comprendre pour quelle raison les mois s'écoulaient sans savoir quand son contrat prendrait fin.

Il marchait, il semblait peu à peu revivre et se déplaçait avec une aisance stupéfiante malgré son handicape.

- Vous vous demandez quand n'est-ce pas ?

Elle baissa les yeux et se mordit violemment la lèvre.

- Oui, admit-elle en relevant la tête dans l'espoir d'avoir une réponse.

Il expira bruyamment par le nez et ses yeux semblaient se remplir d'une noirceur inédite et inquiétante.

Il leva sa main jusqu'à sa joue, effleurant ses cheveux au passage. Son pouce caressa alors sa pommette, le regard braqué au-dessus d'elle, la laissant dans son émoi...dans une paralysie dont seul lui en avait le secret.

Puis il déclara ;

- Je l'ignore...

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