Chapitre 28



  - J'espère que cette petite mascarade est agréable pour vous ! Siffla le cheikh lorsque Hassan eut disparu.

Liya inspira profondément, prête à le confronter.

- J'ignore de quoi vous parlez votre majesté.

Il s'avança, comblant l'espace qui les séparait.

- Ne faites pas l'innocente miss Gray ! Tout ceci était calculé n'est-ce pas ?

- Vous vous trompez votre altesse, absolument rien n'était calculé, répondit Liya d'une voix qu'elle espérait calme ; Madame Stasson a tout fait pour passer les portes du palais et Hassan s'est vu obligé de lui donner l'accès.

Ses explications n'étaient pas suffisantes, remarqua-t-elle alors que son visage zébré de balafres était froidement plissé.

- Quant au dîner, j'ai pensé que...

- Vous pensez mal ! Gronda-t-il rictus aux lèvres.

- Oh je vous en prie ! Quoi qu'il puisse se passer dans l'avenir tôt ou tard elle serait revenue.

Figé, le cheikh baissa les yeux sur elle sans savoir qu'encore une fois, ses prunelles assombries étaient plongées dans les siennes.

- Que voulez-vous dire ?

- Soyons réaliste, une compagnie féminine ne vous fera pas de mal, Madame Stasson est votre ancienne maîtresse, vos voyages d'affaires vous aurons probablement amené à la revoir tôt ou tard.

- Je n'ai pas besoin de maîtresse ! Et encore moins de conseils de votre part !

- Eh bien que ça vous plaise ou non je vous le donne, rétorqua Liya en croisant les bras ; Vous vouliez savoir la réaction quant à votre apparence et bien vous en avez une de taille votre altesse. Ce n'est pas du dégoût mais de la peur qui a saisie cette femme.

Le cheikh poussa un juron de rage qu'elle eut peine à comprendre.

- Qu'espérez-vous de moi ? S'enquit-il d'une voix presque menaçante ; Que je la demande en mariage peut-être ?

Ignorant son ton sarcastique Liya haussa des épaules comme s'il pouvait la voir.

- Vous avez été très clair à ce sujet votre altesse, votre cœur est aussi froid que le reste de votre personnalité, aussi je pense que ce n'est pas à moi de vous dire quoi faire avec cette femme mais peut-être que...

Liya vit les traits du cheikh se durcir mais tint bon même si le reste de sa phrase semblait bloqué au fond de sa gorge.

- Mes mains me démangent, prévient-il.

Liya se rapprocha, la tête levée.

- Vous me traitez comme une enfant, vous désirez me punir comme une enfant mais dans le fond vous savez que j'ai raison ! Que ce soit elle ou une autre de vos conquêtes ne fait pas différence. Si vous n'aviez pas eu cet accident je suis certaine que vous seriez encore avec elle.

Il se pencha en avant, comme s'il pouvait sentir sa présence.

- C'est là que vous vous trompez miss Gray, je me lasse bien vite des femmes, chuchota-t-il d'une voix profonde et doucereuse ; Vous ne vous rappelez pas notre discussion ?

Liya s'en souvenait parfaitement. Un homme incapable d'aimer, qui ne croyait pas en l'amour et qui d'après les tabloïds, était vu en soirée mondaine jamais deux fois avec la même femme à l'exception de Chléo Stasson...

- Je m'en souviens et si cette situation ne vous satisfait pas, demandez aux gardes de la renvoyer.

- Oh je ne vous ferais pas se plaisir Liya, déclara-t-il d'une voix volontairement caressante ; Vous vous êtes engagé à préparer le dîner et vous allez respecter vos engagements.

Prise d'une bouffée de colère Liya serra ses poings contre ses hanches.

- Je suis prête à les respecter.

- Parfait ! Conclut-il en se redressant de toute sa hauteur ; Vous cuisinerez dans la cuisine de mes appartements, j'ai hâte de goûter à vos talents, aussi vous avez ordre d'être à la table.

Liya serra les lèvres jusqu'à ne plus les sentir alors qu'il rebroussait chemin.

- Évitez de la renverser cette fois-ci, lança-t-elle en pivotant les talons.

Furieuse elle regagne sa chambre et claqua la porte afin d'être entendue. Cette bravade allait lui valoir des ennuis elle le savait, mais peu lui importait. Cet homme allait probablement l'achever avant la fin de son séjour ici, songea-t-elle en retirant sa robe pour enfiler une chemise empruntée à son père. Elle savait 《 ô 》 combien cette soirée serait une épreuve pour elle et que le cheikh lui ferait payer l'idée tordue qu'elle avait eue.

Mais elle était fermement décidé à lui montrer qu'elle était une cuisinière hors pair.

Le cœur battant déraisonnablement dans sa poitrine Liya ouvrit les portes de son antre, craignant interrompre une scène intime. Heureusement, le cheikh était assis confortablement sur le canapé et elle sur le fauteuil en face. Consciente de les avoir interrompu, Liya s'empressa de traverser la vaste pièce pour se réfugier dans la cuisine.

C'était pour ainsi dire la première fois qu'elle y mettait les pieds. Celle-ci était équipée de nombreux gadgets et il y avait un long plan de travail en marbre immaculé. Absorbée par l'immensité des lieux Liya s'empressa d'ouvrir le frigidaire.

Liya fut surprise de le découvrir plein, empli de bonnes choses qu'elle s'empressa d'examiner pour songer au menu de ce soir.

Dans un premier temps elle songea d'abord à préparer un délicieux poulet aux olives accompagné de pommes de terre. En entrée, elle sortit les pavés de saumon frais et très vite une idée lui vint en tête.

- Liya ? Avez-vous besoin d'aide ?

Liya réprima un sursaut en découvrant Jamila derrière elle.

- Non, ça va aller Jamila, je suis tout à fait capable de cuisiner, c'est l'une de mes passions.

Jamila acquiesça et déposa une bouteille de vin blanc et une bouteille de champagne sur le plan de travail.

- Allez donc vous reposer Jamila, conseilla Liya ; Tout va bien se passer.

Cette dernière lui adressa un regard d'encouragement puis se glissa hors de la cuisine, la mine fermé. Liya tenta désespérément de ne pas tenir compte des inquiétudes de Jamila et releva ses cheveux en chignon pour se mettre au travail.

Tentant vainement de se concentrer sur les préparatifs, voilà plus d'une heure qu'elle s'affairait à préparer l'entrée et le plat principal sans qu'aucune voix ne s'élève de l'autre côté de la porte.

L'avait-il tué ?

Pendant un instant Liya crut cette hypothèse possible avant qu'un rire aigu et forcé perce le silence. D'une main tremblante elle plongea le champagne dans le sceau glacé avant que la porte s'ouvre sur l'élégante féline qui l'effleura d'un regard méprisant. Liya fit mine de ne pas l'avoir aperçu et poursuivit son travail avec précision.

- Où est son altesse ? Demanda-t-elle tout de même inquiète qu'il ne s'introduise pas dans les cuisines.

- Il est parti se changer, voyez-vous un homme de son importance doit faire attention au détail.

Attention ?

Quittant de peu sa stupéfaction Liya secoua de la tête, terrifiée par les deux mondes qui les opposaient. Le cheikh n'avait ni le temps de se soucier et encore moins détailler ses tenues négligés.

- Un homme aveugle qui ne peut faire attention à son allure, rétorqua Liya en relevant les yeux.

Celle-ci sans vergogne se servit un verre de vin sans se départir de sa méprise.

- En quoi ma situation ou celle du roi vous regarde ? Vous êtes ici pour travailler non ?

Loin de s'attendre à ce raz-de-marée de froideur, Liya baissa les yeux un instant puis les releva sans plus tarder.

- Il est mal en point certes je dois l'admettre...

Elle marqua une pause le temps pour elle d'attraper un autre verre à vin.

- Mais ce n'est qu'une question de temps avant qu'il décide de me reprendre comme maîtresse.

Choquée par sa détermination sans limite Liya préféra ne pas relever. Elle semblait bien trop sûre d'elle...bien trop sûre de pouvoir récupérer le cheikh sans trop de difficultés.

Évidemment, Chléo Stasson semblait dotée d'une grande assurance, rien ne semblait lui faire peur.

Ce genre de femme issue d'une grande famille ne se souciait guère des dépenses et des gens bien plus modestes qu'elle ne l'était. Une seule chose comptait ;

Le pouvoir, le luxe et la réputation.

- J'espère que vous arriverez à vos fins, laissa-t-elle tomber avant de reporter son attention sur le poulet.

Cette dernière la considéra de la tête aux pieds avant de quitter la cuisine, d'une démarche souple presque exagérée qui en disait long sur la teneur de la soirée.

Elle serait longue et éprouvante.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top