Chapitre 27
Liya n'en croyait pas ses oreilles. Hassan avait-il la moindre idée des conséquences s'il venait à savoir que cette idée venait d'elle ?
Alors qu'ils traversaient le couloir en direction de l'entrée, Liya remarqua qu'une femme d'une grande élégance se tenait devant la porte principale visiblement impatiente voire agacée.
Liya observa cette femme avec plus d'attention. Grande, mince, bien élancée celle-ci était vêtue d'un tailleur en soie. Ses cheveux brun étaient impeccablement plaqués en un chignon d'une rare élégance. Lorsqu'elle se retourna, Liya la trouva belle...incroyablement belle et se surprit à baisser les yeux mais les releva très vite pour confronter cette mannequin sortie tout droit d'un magazine féminin. La tête bien droite, le menton légèrement incliné de façon presque audacieuse la féline s'approcha d'eux avec une démarche élancée.
- Hassan, c'est un plaisir de vous revoir.
- Plaisir partagé, articula ce dernier en s'efforçant d'être courtois.
Restée en retrait, Liya attendait d'être présentée à cette femme, les mains liées près de son ventre, cherchant pourquoi ce dernier était noué.
- Chléo, je vous présente Liya Gray, c'est elle qui est en charge des soins de son altesse.
Tâchant d'être polie, Liya s'approcha en affichant son plus beau sourire en lui offrant sa main.
- Je suis enchantée de vous connaître.
L'ancienne maîtresse du cheikh se mit à la dévisager de la tête aux pieds, une lueur méprisante au fond des yeux.
- A-t-il réellement besoin d'une infirmière ? Lança-t-elle sans détour ni chaleur ; Aussi jeune qui plus est, j'espère qu'elle a un diplôme ?
Liya inspira imperceptiblement, s'efforçant d'afficher une mine totalement impassible. À présent elle comprenait pourquoi Jamila craignait le retour de cette...harpie. Elle n'avait qu'un seul souhait à présent ;
Que le cheikh lui ouvre les portes son enfer afin qu'elle puisse y goûter.
- Miss Gray est de loin la meilleure personne que nous avons embauché pour ce travail.
Chléo Stasson ne répondit pas et se tourna vers Hassan, faisant mine d'avoir oublié son existence.
Blessée, elle recula d'un pas pour se mettre en retrait.
- Où est-il je souhaite le voir, exigea celle-ci d'une voix pressée ; Voilà des mois que je crois qu'il est mort, vous n'imaginez pas le choc émotionnel que j'ai subi en apprenant par la presse qu'il était en vie !
Oh...elle imaginait parfaitement bien le choc qui avait pu saisir cette femme, songea-t-elle en se retenant de lever les yeux ciel.
- Il n'est pas au courant de votre...visite et je crains qu'il ne veuille pas vous voir madame Stasson.
Outrée, Chléo répliqua ;
- Ce n'est pas à vous d'en juger ! Savez-vous ce que ça ma coûté un tel voyage ? Je veux le voir immédiatement !
Hassan inclina légèrement sa tête en guise de réponse et lui fit mine de le suivre. Liya lui emboîta le pas de plus en plus nerveuse à mesure qu'ils avançaient vers les appartements du cheikh. Son ventre son noua complément alors que Chléo Stasson griffait fièrement les dallés en marbre avec ses talons. Que croyait-elle ? Qu'il allait l'accueillir les bras grands ouverts ? Alors qu'elle s'était presque enfuie après la découverte de son visage...
Liya sentit ses jambes faiblir lorsqu'ils atteignirent la porte du cheikh. Liya fut la première à entrer dans la pièce et le vit...imposant de sa haute taille, le regard perdu sur ces flammes auxquelles il se raccrochait lorsqu'il était seul.
- Votre altesse, vous avez de la visite, annonça Hassan d'une voix qui trahissait la tension qui régnait en lui.
Le cheikh se redressa, déviant sa tête à l'endroit où provenait la voix d'Hassan. Liya s'empressa de regarder Chléo pour observer sa réaction. Son visage était figé d'effroi, de peur....et Liya sut à cet instant qu'elle avait raison depuis le début. Les balafres du cheikh inspiraient de la peur et non du dégoût. Son regard ciselé et dur comme de la pierre suffisait pour faire reculer l'ennemi et Chléo Stasson semblait à présent pétrifiée et en perte de ses moyens à tel point qu'elle touchait son chignon sans trop savoir quoi faire de ses mains.
- Qui est-ce ? Miss Gray ?
Liya dévia précipitamment son regard vers lui et sentit son cœur se serrer par cette douceur qu'il avait eu dans sa voix. Mais bientôt cette douceur sera remplacée par une note sombre, songea-t-elle en baissant les yeux.
- Je suis déjà là votre majesté...
- Votre altesse je suis navré j'ai eu peur des soupçons qui auraient pu nuire au palais si je ne la laissais pas entrer, déclara Hassan.
Comme elle l'avait prédit l'homme se fissura peu à peu en une expression inquiétante.
- Bonsoir Zhayar.
Liya leva le plat de son pied pour le poser en arrière...puis l'autre tout doucement dans l'espoir de s'échapper.
Zhayar sentit ses muscles se raidir. Ses mâchoires se serrèrent violemment lorsqu'il entendit cette voix résonner dans la pièce. Une rage se mit à lui chauffer le sang. Comment osait-elle revenir ici !
- Hassan, commença-t-il d'une voix emplie de rage contenue ; Dis-moi que c'est une blague ? Dis-moi que...
- Zhayar je...
- Votre Altesse ! Rectifia-t-il d'un grondement sourd ; Comment oses-tu revenir ici ! Sans permission !
Zhayar s'avança à l'aide de son bâton jusqu'aux voix, le poing serré contre sa hanche. Une odeur forte lui monta au nez, une odeur qu'il aurait voulu ne plus jamais sentir. Cette femme n'était plus qu'un souvenir pour lui, une vide étanche qu'il voulait plus que tout oublier.
- Tu refuses tout contact avec moi, se justifia-t-elle d'une voix aiguë et tremblante.
- Ce qui signifie que je ne veux plus jamais te voir, je pensais avoir été assez clair la dernière fois que tu m'as vu !
- J'étais sous le choc, j'ai mal réagi, se justifia-t-elle en étouffant un rire nerveux ; Zhayar s'il te plaît laisse-moi une chance de m'expliquer.
Dans un premier temps Zhayar songea à la faire escorter de force hors de son palais jusqu'à l'intervention d'une voix qu'il aurait voulu bâillonner.
- Je pourrais préparer le dîner ? Proposa Liya d'une voix fluette.
Zhayar grogna entre ses dents, la tête légèrement tournée dans sa direction.
- Je pense que ce serait un bon moyen de faire table rase du passé, ajouta-t-elle avec hésitation comme si cette dernière avait compris l'énormité de sa bêtise.
Zhayar plissa des yeux, espérant qu'elle puisse lire la menace qu'il avait au fond des yeux.
- Mademoiselle a raison Zhayar, un dîner pourrait nous aider à...
- Assez ! Tais-toi !
Liya sursauta, apaisée par la main prudente que venait de poser Hassan sur son épaule. Son cœur battait si fort qu'elle avait l'impression qu'il allait quitter sa poitrine. Jamais encore elle avait le souvenir de l'avoir vu en proie à une telle colère. Cette fois-ci elle fut forcée de l'avouer.
Elle voulait fuir.
Sa voix naturellement rauque venait de résonner si fort que tout son corps s'était figé...paralysé.
Sans le savoir, son regard terrifiant se glissa dans le sien et un sourire presque machiavélique couvrit ses lèvres dures.
- Si miss Gray se propose de nous faire le dîner, je serais ravi de goûter à ses talents de cuisinière.
Liya s'empressa d'attraper le bras d'Hassan, mimant un appel à l'aide mais se dernier se contenta de grimacer.
- N'est-ce pas...Liya ? Articula le cheikh d'une voix doucereuse.
Piégée, Liya n'eut d'autre choix que de lui répondre.
- Ça serait un...honneur pour moi, bafouilla-t-elle en baissant les yeux.
- Parfait ! S'exclama-t-il sèchement sans élever la voix.
Liya déglutit péniblement et disparut avec une célérité qui manqua de faire rire Hassan.
Dans quel pétrin elle venait de se fourrer ?
Le cheikh avait-il compris qu'elle avait délibérément fait en sorte que cette rencontre soit possible ?
- J'espère que vos talents de cuisinière sont à la hauteur du reste de vos nombreux talents miss Gray, déclara Hassan en quittant les appartements ; Zhayar ne vous laissera rien passer. Je crois qu'il a compris.
Liya poussa un soupir résigné.
- Je voulais seulement l'aider, je ne pensais que cette femme était si...
- Méprisante ? Perfide ?
Liya grimaça.
- Dites-moi si vous avez besoin de quoique ce soit, des aliments différents des nôtres peut-être ? Je pense pouvoir me débrouiller pour vous faire venir ce qu'il vous faut.
Liya se pinça les lèvres puis se redressa, fermement décidé à relever ce défi de taille.
- Je vais me débrouiller, il faut juste dresser la table et je me charge du reste.
Comme elle s'apprêtait à partir, la porte s'ouvrit sèchement laissant entrevoir le bâton massif du cheikh.
- Laisse-nous Hassan, je dois lui parler seul à seul...
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