Chapitre 25



Pour une raison qu'elle ignorait Liya prit sa menace au sérieux car malgré son handicap de taille, cet homme avait l'aisance d'un félin et l'ouïe aiguisé à tel point qu'elle mesurait l'élan de ses respirations erratiques.

- Retournez-vous que je puisse sortir de moi-même, dit-elle sèchement.

- C'est ridicule, vous...

- Pas pour moi ! Asséna Liya en sortant de sa paralysie.

Il jura à voix basse, s'exécutant les mâchoires serrées. C'est nue et glacée qu'elle quitta le bain et courut jusqu'à son peignoir pour l'enfiler à la hâte.

- C'est bon, je suis vêtue.

Zhayar se retourna, conscient que sa fureur ne méritait aucun pardon. Il était le seul fautif de cette situation. Pour la première fois de sa vie il éprouvait du regret. Mais la savoir dans ce harem, seule, nue, plongé dans un bassin en marbre datant de plusieurs siècles l'avait mis hors de lui. Aucune femme jusqu'ici s'était risquée à pénétrer dans ce lieu chargé d'histoires.

- Je peine toujours à comprendre pourquoi vous vous êtes mis en colère.

Lui non plus ne comprenait pas.

- Vous auriez dû m'avertir avant de pénétrer dans cette pièce.

- Je ne pensais pas que je devais obtenir votre approbation puisque vous me l'aviez proposé ! Rétorqua la jeune femme.

- Je ne pensais pas que vous auriez assez de crans pour oser y retourner !

Zhayar ferma les yeux brièvement. Cette confrontation ne mènerait à rien pour la simple et bonne raison qu'il avait tort. Grand dieu ! C'était bien la première qu'il l'admettait !

- Écoutez Liya, commença Zhayar en prenant soins de l'appeler par son prénom dans l'espoir d'apaiser les tensions ; J'admets que je me suis mal fait comprendre. La prochaine fois veuillez me demander la permission ainsi nous éviteront tout malentendu.

- Il n'y aura plus de malentendu c'est la dernière fois que je me risquais à défier vos lois votre altesse.

Contraint de l'admettre, Zhayar sentit qu'elle était bouleversée et en colère. Il était temps pour lui de changer de sujets.

- Je vous cherchais, je voulais vous poser une question.

- Laissez-moi m'habiller et je vous rejoins dans vos appartements.

Alors qu'il entendait ses pas se rapprocher de lui Zhayar parvint par miracle de lui saisir le bras. Elle hoqueta, probablement de peur.

- Vous êtes fâchée, constata-t-il.

Liya sentit une chaleur indescriptible naitre au creux de ses reins. Interdite, elle se passa sa langue sur ses lèvres asséchées. Sa poigne était si puissante qu'elle n'avait aucune chance de pouvoir se dégager. Elle n'avait pas le choix de répondre.

- Je suis légèrement fâchée votre altesse, inutile de vous dire pourquoi ?

- Je viens de m'excuser !

- Non, souffla-t-elle le cœur battant ; Vous m'avez exposer un ordre que je n'ai pas respecté. Aussi maintenant que tout est clair je souhaiterais me vêtir pour répondre à votre question.

- Vous n'avez pas besoin de vous vêtir davantage pour répondre à ma question.

- Bien-sûr que si ! Ça à de l'importance pour moi, aveugle ou non vous restez un homme !

Peu à peu sa prise devint moins serré. Il la libéra, se recula d'un pas, l'expression grave.

- Veuillez me pardonner mademoiselle, je vous laisse vous vêtir à votre guise.

Liya s'enfuit sans attendre, les jambes en coton. Elle resserra son peignoir en passant l'aile droite du palais ayant la sensation qu'il était derrière elle. Une fois dans sa chambre Liya s'empressa de s'y enfermer et posa son front brûlant contre la porte.

Cet homme allait probablement la tuer ! Songea-t-elle en tentant vainement d'apaiser les battements précipités de son cœur. Le peignoir tomba à terre, Liya ne prit même pas la peine d'aller jusqu'à la salle de bain pour se rincer, elle enfila une robe au hasard, laissant ses cheveux attachés en chignon puis quitta la chambre pour le rejoindre. Elle prit une grande inspiration avant de pénétrer dans son antre. La scène qui venait d'avoir lieu était inappropriée, gênante. Se retrouver nue devant cet homme pourtant aveugle l'avait bouleversée au plus au point. Car c'était la première fois...

En ouvrant la porte, une honte et un désespoir mêlés s'inscrivit sur ses joues déjà bien chaude.

- Je suis là, murmura-t-elle en remettant de l'ordre dans sa tenue.

- Êtes-vous bien vêtue miss Gray ? Pull ? Chaussettes hautes ? Manteau ? Lança-t-il avec ironie ; On ne sait jamais je pourrais recouvrer la vue par miracle...

- Très drôle, marmonna-t-elle en s'approchant.

- Je vous taquine, laissez-moi une chance de me faire pardonner.

Liya cilla, incrédule.

- Vous êtes tombé sur la tête ? Vous êtes malade ?

Il esquissa un sourire mystérieux et tapota la paume de sa main sur le canapé. C'est avec la poitrine oppressée qu'elle s'approcha et s'installa à ses côtés.

- Avez-vous entendu ce qu'il se passe dehors ?

Comment ne pas l'entendre, songea-t-elle en tournant son regard vers la fenêtre. L'effervescence du pays avait été vibrant, intense. Liya en avait eu les larmes aux yeux.

- Comment aurais-je pu ne pas l'entendre ? Vous n'êtes pas content ?

- Bien-sûr que je le suis, seulement j'ai un problème de taille.

Liya fronça des sourcils en croisant les jambes.

- Dites-moi tout votre altesse, je serais ravie de jouer au psychologue, s'exclama Liya avec ironie.

Le cheikh se rembrunit, visiblement mécontent.

- Faites attention Liya, mes mains sont en parfaites état, elles seraient ravies de s'essayer à une petite fessée décomptée de votre salaire.

Liya s'étrangla, les joues en feu malgré l'esquisse de son sourire frémissant.

- Soyons plus séri...sérieux, bégaya-t-elle.

- C'est bien ce qui me semblait, conclut le cheikh avec son accent chaud et grave.

Liya se racla la gorge.

- Comment me trouvez-vous ?

- Il me semble que j'ai déjà répondu à cette question.

- Mais est-ce que vous vous êtes montrée sincère ? S'enquit le cheikh d'une voix presque brutale.

Liya ouvrit la bouche puis la referma, comprenant enfin la raison de sa question. Il allait devoir se montrer à son peuple. La dernière fois qu'il l'avait vu, il n'avait pas de cicatrice, simplement un visage autoritaire, un regard intensément bleu. Il avait peur de leur jugement.

- Je ne vous ai pas menti, votre altesse, répondit-elle d'une voix posée ; Vos cicatrices ne laisseront personne indifférent je vous l'accorde, mais au-delà de ça, elles ne sont pas rebutantes du moins pas autant que vous le pensez.

Il baissa la tête, massant sa nuque nerveusement. Liya ne put s'empêcher d'éprouver du chagrin pour cet homme qui ne se verrait jamais...qui ne saura jamais l'image qu'il renvoyait à présent.

- Vous ne devriez pas vous fier à mon seul jugement votre altesse.

Il tourna sa tête vers elle, visiblement intrigué par sa réponse.

- Que voulez-vous dire ?

Liya se passa une main nerveuse dans ses cheveux désordonnés.

- Eh bien je suis une jeune fille ordinaire, je n'ai pas grand intérêt, je raisonne avec ma modeste expérience avec un homme de votre importance. Ce n'est pas tous les jours que j'en rencontre.

Liya termina son explication avec un petit rire nerveux.

- Votre jugement est aussi important que n'importe lequel Liya, cessez de vous dévaloriser, vous êtes une jeune femme d'une grande délicatesse et sincère.

Liya ne put s'empêcher de rougir à ce compliment...

- Merci votre majesté et si je puis me permettre, votre changement d'humeur me rend complètement folle.

Il sourit puis reprit son sérieux.

- J'espère que je peux vous faire confiance miss Gray, je déteste le mensonge.

Liya se redressa, la nuque raide.

- Je ne vous mens pas, murmura-t-elle.

Le cheikh se tourna vers elle, l'expression grave.

- Donnez-moi vos mains.

Liya les tendit dans sa direction. Il s'en saisit pour venir les poser sur son visage.

- Alors aidez-moi à les imaginer...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top