Chapitre 22



Liya se tourna sur le côté pour la énième fois. Dévastée par les remords elle ne parvenait pas à trouver le sommeil. Elle éprouvait de la honte d'avoir pu se montrer si odieuse avec le cheikh. En réalité, Liya avait l'impression de ne plus se reconnaître. Elle n'était plus la même, sa peur constante la rendait folle et incapable de prendre une décision cohérente. Chaque instant passé avec le cheikh la rendait vulnérable, bien trop tendue...incapable de réfléchir sans craindre de dire ou de faire quelques choses qui pourrait le contrarier.

Pire encore ! Le cheikh l'avait prise au piège d'une façon subtile et presque machiavélique. Il l'avait poussée à se mettre en colère pour mieux saisir l'opportunité de la rendre honteuse.

Liya exhala un soupir tremblant tout en se passant les mains dans ses cheveux, tournant sa tête en direction de la table de nuit, là où était posé son téléphone. Elle avait pu parler à son père et ce dernier n'avait pas manqué de lui dire à quel point il avait trouvé le cheikh très charmant.

À ce souvenir, Liya grimaça en se laissant tomber sur le lit comme une âme perdue. Devait-elle s'excuser ?

Liya en mourrait d'envie.

Elle écarta les draps et se glissa hors de la chambre sur la pointe des pieds. Elle savait que trop bien les dangers qu'elle prenait en s'approchant de son antre sans s'annoncer au beau milieu de la nuit. Cependant elle était trop rongée par la culpabilité pour envisager d'attendre demain pour lui présenter ses excuses. La nuque engourdie, le ventre noué, Liya pénétra dans ses appartements et coupa instinctivement sa respiration. La lune pleine qui filtrait entre les rideaux l'aida à se diriger vers le lit. Lorsqu'elle l'atteignit Liya porta la naissance de ses doigts sur ses lèvres, ne sachant pas quoi faire car il semblait dormir profondément. Prudemment, elle posa son genou sur le matelas consciente des risques immenses qu'elle prenait. Grand dieu ! Qu'est-ce qu'elle était en train de faire ?

Zhayar quitta son sommeil très léger lorsqu'il sentit une présence à ses côtés.

Immédiatement il reconnut l'odeur de rose que portait la jeune femme. D'un geste vif Zhayar se retourna, manquant de peu de toucher son visage d'une gifle qui lui aurait été difficile d'être pardonné.

- Miss Gray ! Bon sang ! Que faites-vous ici !

Il parvint à lui saisir le poignet et il remarqua qu'elle tremblait comme une feuille.

- Je...je sais les innombrables risques que je viens de prendre votre altesse et...je...au risque de me faire trancher la tête à l'aube, je suis venue pour vous présenter des excuses.

Zhayar se redressa, retenant difficilement un sourire amusé avant qu'une sourde colère l'envahisse. En effet Liya Gray avait visiblement beaucoup de mal à suivre les règles du palais, notamment celle qui protégeait l'entrée de ses appartements.

- Vous avez énormément de chance d'être connue en ces lieux miss Gray, vous prenez de grand risque en venant ici au beau milieu de la nuit, déclara-t-il en d'une voix menaçante ; D'ailleurs quelle heure est-il ?

Le souffle tiède de la jeune femme parvint jusqu'à lui. Lentement il relâcha son poignet au risque de lui faire mal et se redressa à l'aide ses poings. Cette obscurité devenait lassante surtout dans ce genre de moment dans lequel Zhayar aurait donné cher pour la punir et savourer son pardon.

- Un peu plus de trois heures du matin.

- Vous n'avez pas jugé bon d'attendre demain matin pour me le dire ? S'énerva Zhayar en tournant sa tête dans sa direction.

- Non parce que je ne pouvais pas dormir, se justifia-t-elle d'une voix presque désolée.

Il secoua de la tête, stupéfié par cette jeune américaine qui chaque jour s'employait à lui donner de quoi se divertir même la nuit. Il sentit sous le poids du matelas affaissé par son corps imposant celui de la jeune femme. Elle semblait changer de position, peut-être sur les genoux, songea-t-il en fronçant des sourcils.

- Je suis vraiment désolé pour mon attitude, je...je ne sais pas ce qu'il m'arrive.

Zhayar décela dans sa voix à peine audible du chagrin, un soupçon d'agacement et il eut envie d'en savoir plus.

- Soyez plus précise, l'enjoignit-il en croisant les bras.

Liya retint un hoquet, se maudissant d'être aussi réactive devant ce corps....qui...

Assez ! S'admonesta Liya en baissant les yeux sur ses mains liées.

- J'ai peine à me reconnaître quand je suis à proximité de vous, avoua-t-elle d'une voix qu'elle voulait posée ; Je ne sais plus comment me comporter ou bien même comment agir. Je ne sais plus ce que je veux et encore moins si je le veux....enfin..J'ai espoir que vous m'ayez compris votre Altesse.

Liya ferma son œil droit en fixant le cheikh dont les épais sourcils noirs étaient froncés.

- J'ai bien peur que non, il faut dire que vous bafouillez énormément.

Ignorant son commentaire sarcastique Liya appuya ses fesses contre ses talons, affaissant son corps avec une note désespoir.

- Vous n'avez pas à vous sentir embarrassée en ma présence, dites-vous que bientôt vous n'aurez plus à subir mes sautes d'humeurs incessantes, lâcha-t-il en serrant ses puissantes mâchoires.

Liya relava subitement la tête et ne vit aucune émotion dans ses yeux.

- Soyez telle que vous êtes miss Gray, nos chemins ne font que se croiser. Vous êtes ici pour travailler et bientôt je ne serais plus qu'une note que vous pourrez ajouter à votre CV.

Une pointe de douleur lui perça la poitrine devant sa froideur piquante, mais il avait raison, Liya prenait un peu trop à cœur sa mission. Néanmoins elle se sentit affreusement blessée qu'il la puisse la voir ainsi.

- Rassurez-moi vous n'êtes pas aussi direct avec vos compagnes, lança-t-elle avec un rire nerveux.

Impassible, il demeura silencieux avant de lui répondre :

- Je suis bien pire, chuchota-t-il sans le moindre remord à lui révéler.

Liya déglutit péniblement tout en cherchant à déchiffrer l'étrange lueur qui perçait son regard.

- Oh....fut la seule réponse qu'elle fut capable de lui donner.

Le cheikh inspira lourdement, signe qu'il était temps pour elle de quitter cette chambre.

- Je vais vous laissez vous rendormir, je suis navrée de vous avoir réveillé votre Majesté.

- Vous n'espérez tout de même pas quitter cette chambre ainsi alors que vous m'avez réveillé et qu'il me sera difficile de me rendormir miss Gray ? Lança-t-il d'une voix doucereuse, légèrement sardonique.

Liya battit rapidement des cils songeant d'abord à une plaisanterie.

- Eh bien si pour être honnête.

- Je crains mademoiselle que ce ne soit pas possible, chuchota-t-il en se penchant légèrement comme s'il voulait être bien compris.

- Mais je...suis fatiguée et...

- Moi aussi je le suis mais c'est ainsi, vous auriez dû attendre demain pour me supplier de vous pardonner.

- je ne vous ai pas supplié ! S'offusqua Liya en sautant du lit.

Le cheikh leva un sourcil qui en disait long sur le cours de ses pensées.

- En êtes-vous certaine miss Gray ? Il me semble avoir entendu une note de supplication au passage de votre tête tranchée à l'aube.

Les joues en feu, Liya tendit ses bras le long de ses hanches pour s'empêcher de faire une nouvelle crise de nerfs alors qu'il prenait un grand plaisir à la torturer psychologiquement.

- Que voulez-vous que je fasse ? Abdiqua Liya en croisant les bras contre sa poitrine.

- Pour commencer allez donc chercher le livre que nous avions commencé puis ensuite...

Il marqua une pause dans laquelle il tapota du plat de la main le côté libre du lit.

- Je...ce n'est pas...je préfère le fauteuil, ce n'est pas approprié, bredouilla-t-elle rouge de la tête aux pieds.

Le cheikh retrouva de sa froideur.

- Je n'ai pas l'intention de profiter de vous, je ne suis pas ce genre d'homme et vous êtes bien trop jeune pour moi.

Liya s'entoura de ses bras, submergée de honte d'avoir pu laisser entendre qu'il profiterait de la situation.

- Vous craignez rien, assura-t-il d'une voix plus amène.

- Très bien, s'entendit-elle murmurer en allant chercher le livre.

Elle s'installa sur le grand lit, prenant soin de mettre une distance raisonnable.

- Ensuite je pourrais me coucher ? Demanda Liya en tournant sa tête vers lui.

Sans le savoir le cheikh la regardait dans les yeux. Un courant électrique parcourut son corps jusqu'à l'empêcher de bouger.

Il haussa des épaules, un sourire traînant au bord des lèvres et répondit :

- Je l'ignore encore...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top