Chapitre 20



Liya honora sa promesse et fut là pour le dîner, à l'extrémité de la table, lui rappelant le souvenir de sa première soirée en sa compagnie...de cette table en bois massif renversée et qui gardait encore des traces de la violence du cheikh.

- Bonne appétit votre altesse.

La flammes des bougies vacillaient sur la table, les plateaux en argent regorgeaient de nourritures appétissantes et elle se laissa tenter par l'agneau. Lorsqu'elle releva la tête Liya croisa le sombre regard du cheikh, dénué de chaleur. Qu'avait-elle encore fait ?

- Qu'avez-vous ? Osa-t-elle demander en se laissant tomber sur sa chaise.

- Je vous ai demandé de dîner avec moi Liya, lâcha-t-il avec aigreur et impatience.

- Oui en effet et je suis ici ! Enfin que se passe-t-il encore ?

Elle aperçut ses féroces mâchoires se refermer.

- Vous êtes à l'autre bout de la table or j'ai demandé que vos couverts soient disposés à mes côtés.

Liya cilla, les mains moites, les yeux rivés sur les couverts en argent dressés sur la gauche du cheikh. Aucune allusion devait être permise songea-t-elle en soutenant sa paire d'yeux bleus. Néanmoins elle eut grande peine à comprendre le sens de sa phrase.

- Venez vous asseoir près de moi, votre voix me donne l'impression que vous êtes à l'autre bout de la pièce.

- C'est la place qui vous m'avez attribué, lui rappela-t-elle en reculant sa chaise maladroitement.

- J'ai changé d'avis, je vous préfère à ma gauche et disposée à m'aider dans le cas où j'en aurais besoin.

Liya leva les yeux au ciel et prit place à sa gauche. Elle était si proche à présent qu'elle sentit son souffle se couper.

- Je suis disposée à vous servir, si vous le souhaitez.

Le cheikh tourna sa tête vers elle, révélant la sombre beauté de son visage ciselé. Liya tâcha de l'ignorer et lui décrivit les plats les uns après les autres. Un fois servi le cheikh resta immobile comme une statut de glace.

- Vous ne mangez pas ? Questionna-t-il en inclinant légèrement sa tête vers elle.

- Si bien-sûr que si !

- Il m'a été rapporté que vous étiez amaigrie, est-ce que c'est la vérité ? S'enquit le cheikh d'une voix exigeant une réponse immédiate.

Liya se pinça les lèvres osant à peine le regarder. Il est vrai qu'elle se contentait de se grignoter trop inquiète pour son père, incapable de se nourrir sans avoir le ventre noué de peur qu'il lui soit arrivé quelque chose de grave. Puis il y avait la solitude qui ne lui ouvrait pas beaucoup l'appétit et l'hésitation, la culpabilité de savoir son père avec si peu de moyen pour s'alimenter convenablement alors que chaque jour elle était entourée de mets délicieux et hors de prix. Et maintenant elle craignait la pitié du cheikh.

- Je n'ai pas beaucoup faim en ce moment je dois l'admettre.

- Pour quelle raison ? Soyez honnête, dites-moi les raisons qui vous poussent à ne pas vous alimenter comme il le devrait.

Liya ferma les yeux un instant en proie au doute.

- Allons Liya, je n'ai pas l'intention de juger vos explications.

- Vraiment ? Pourtant c'est ce que vous n'arrêtez pas de faire depuis le premier jour.

Il tiqua sans la rectifier.

- Est-ce que c'est votre père qui vous inquiète ?

- Oui, avoua-t-elle d'un souffle tremblant.

- Ne vous inquiétez pas il va bien et vous pourrez l'appeler dès que vous aurez mangé.

Cette nouvelle lui gonfla le cœur d'une intense joie mais un détail l'intrigua.

- Comment savez-vous s'il va bien ?

- Parce que j'y veille, répondit-il sans trop s'attarder sur les détails qu'elle voulait pourtant connaître.

- Il y a une enveloppe posée sur votre droite ouvrez-la, ordonna-t-il.

Cette fois-ci Liya esquissa un large sourire en réprimant à mal son excitation.

- Encore une permission de sortie ? Demanda-t-elle en la prenant.

- Je suis navré de vous décevoir mais non, c'est autre chose.

Son sourire retomba aussitôt gardant tout de même l'espoir qu'une bonne nouvelle l'attendait.

Elle l'ouvrit et en sortit un chèque signé de la main de l'homme.

- Sept-cent cinquante dollars, murmura-t-elle d'une voix à peine audible, peinant à comprendre pourquoi la totalité de la sommes n'y était pas. Avait-elle mal fait son travail ?

- Le salaire que je vous avais promis est déjà transféré sur le compte de votre père, considérez ceci comme une prime.

Liya battit lentement des cils et leva son regard dans sa direction. Malgré l'inexplicable expression glaciale qu'il arborait Liya lui sourit.

- Merci mais il ne fallait pas.

- Bien-sûr que si, objecta le cheikh en inclinant sa tête furtivement ; Et je ne veux plus vous entendre protester je pourrais le prendre mal.

Liya remit le chèque dans l'enveloppe d'une main tremblante.

- Vous pourriez utiliser cet argent pour faire un peu de shopping.

- Ici ? Au palais ? Railla-t-elle en piquant un morceau d'agneau.

Zhayar leva sa main vers son verre en espérant ne pas le renverser.

- Je pourrais vous faire venir une styliste, proposa-t-il.

Zhayar n'éprouvait aucun remords à la retenir prisonnière ici pour des raisons de sécurité. La laisser sortir en ville était bien trop risqué. D'autant plus qu'elle était une étrangère. Sa peau qu'il devinait pâle ne mettrait pas longtemps à attirer l'attention.

Mustapha avait encore des alliés qui s'empresseront de lui rapporter ce détail et Liya Gray serait probablement la proie idéal pour son demi-frère. L'enlèvement et peut-être la mort d'une américaine serait une catastrophe pour le pays. Mais au-delà de ça Zhayar éprouvait de la tendresse pour cette jeune femme. L'imaginer entre les mains de Mustapha lui noua la gorge. Les atrocités qu'il avait commises sur certaines femmes du village voisin ne resteraient pas impunis et le poussaient à protéger la jeune femme des dangers extérieurs.

- Il est inutile de vous rappeler pourquoi je refuse que vous quittiez le palais ?

- N...non votre altesse je le sais et la styliste ne sera pas nécessaire, j'ai assez de vêtements.

Zhayar en fut ravi. Elle était raisonnable et intelligente, deux qualités qu'il admirait chez elle.

- Puis-je vous poser une question votre altesse ?

Zhayar inclina sa tête en guise de réponse.

- Comment...comment faites-vous pour accepter votre cécité ?

Zhayar resta immobile, impassible à sa question audacieuse.

- Je vous donne l'impression de l'avoir accepté ?

- Oui.

- Je n'ai pas d'autre choix mademoiselle Gray, je ne suis pas le genre d'homme à pleurer sur son triste sort.

Un long silence s'étira entre eux dans lequel Zhayar serra convulsivement ses mâchoires.

- Je dois m'endurcir sur mes autres sens et apprendre à puiser en moi pour faire de mon handicap une force.

- Je vous admire votre majesté.

Zhayar accueillit ce compliment avec un léger sourire qui retomba aussitôt. Il était condamné aux ténèbres et n'avaient plus le choix que de s'y soumettre. Mais sa vie n'était pas fini pour autant et le fait de remarcher à nouveau lui donnait bien des raisons de se battre comme son père lui avait enseigné. Il n'avait pas le temps de geindre, son pays avait besoin d'un roi fort et digne du trône. Bientôt il s'appliquerait à s'entraîner dans le noir, s'aidant de son ouïe aiguisée pour combattre ses ennemis.

Une ouïe qui lui permettait de savoir ce que faisait la jeune femme à côté de lui. Sa respiration erratique, lourde lui indiquaient qu'elle était continuellement en proie à la peur et il devinait aisément son teint livide.

- Vous avez peur Liya ?

- Peur ? répéta la jeune femme d'une voix imprégnée d'hésitations.

- De moi.

- Je vous ai déjà répondu, lui rappela-t-elle.

- J'aimerais l'entendre encore une fois.

- Pourquoi ? Vous aimez m'entendre admettre que je ne suis pas tranquille en vôtre présence ? S'enquit la jeune femme sans cacher son agacement.

Zhayar sentit ses lèvres frémir d'un sourire à peine contenu.

- En effet, j'aime l'entendre...

Liya se sentit frémir. Sa voix avait pris des intonations machiavéliques presque volontairement inaudibles. Les mains moites elle se croisa son regard et crut un instant être sa proie, comme s'il espérait l'avoir à son contrôle. Secrètement décontenancée par la tournure que prenait ce dîner Liya fit mine de se lever sous le regard rembrunit du cheikh qui s'empressa d'abattre sa main sur la sienne refermant sa paume avec une légère pression.

- Où croyez-vous allez comme ça Liya...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top