Chapitre 2



Lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir et se fermer de nouveau Zhayar serra les mâchoires avec la folle envie de tuer Hassan.

- J'espère qu'elle est partie Hassan, lança-t-il en écoutant ses pas se rapprocher.

- Elle est dans le couloir.

Zhayar émit un son digne d'une bête féroce et blessée.

- Je ne veux pas d'une étrangère sur mes terres ! J'ai assez de personnels comme ça !

- Votre majesté, avec tout le respect que je vous dois, il me semble important de vous rappeler que votre personnels est pour ainsi dire terrifiés. Zaya ne parvient même plus à vous approcher sans faire trembler les plateaux.

Dents serrées, plongé dans le noir, Zhayar ressentait la haine devenir plus forte chaque seconde de chaque jour. Il avait tout perdu.

Son visage, sa vue et ses jambes. Il maudissait le monde et la pitié à son égard.

Il avait perdu tout espoir et ne croyait plus en la médecine.

- Ils n'osent plus vous approcher, reprit Hassan et s'installant dans le fauteuil.

- Cette fille est beaucoup trop jeune, tu penses tout de même pas que je vais accepter ça !

- Mademoiselle Gray semble motivée et je pense qu'elle saura maîtriser ce travail.

- Lui as-tu dit qu'elle sera condamnée dans le palais sans aucun...

- Non, je ne lui ai pas encore dit, mais je pense qu'elle comprendra.

Zhayar fit claquer sa langue entre ses dents. La résistance de son plus vieil ami commençait à lui taper sur les nerfs. Zhayar n'avait pas la moindre envie d'être sous la coupe d'une gamine à peine sortie de la fac. Il était le roi...et même handicapé ses ordres et son autorité ne pouvaient être souillés.

Hassan voulait embaucher cette femme alors qu'il en soit ainsi ! Il ne donnait pas cher de cette inconnue !

- Qu'elle revienne ! Ordonna-t-il durement.

Il entendit Hassan se lever à toute hâte.

Zhayar avait pu entendre ses respirations irrégulières signe évident qu'elle avait peur. Pouvait-il lui reprocher d'éprouver de la répugnance à son égard ?

La parole de Hassan était précieuse. Si cette inconnue était banale alors il n'en avait que faire de la répugner.

- Mademoiselle Gray votre altesse.

Fou de colère d'être ainsi mit au pied du mur, Zhayar sentit une rage inédite ravager son corps torturé.

- À partir de maintenant vous travaillez pour moi, déclara-t-il sur un ton si froid qu'il l'entendit hoqueter ; Vous serez logée au palais.

- Bien votre majesté.

- Ce n'est pas tout, reprit-il en s'approchant vers cette voix féminine emplie de trémolos ; Sachez qu'à partir du moment où vous serez au palais je vous interdis d'en sortir. Mon état de santé doit rester secret et je n'ai pas confiance en vous. Vos appels seront limités et écoutés. Si jamais la moindre information dépasse les frontières de mon pays alors vous en payerez le prix fort.

Le silence qui s'ensuivit le ravissait. Il souhaitait même l'entendre refuser.

- Avez-vous des questions ? S'enquit Zhayar.

- Mon père était très malade il y a peu, la seule chose que je désire c'est de pouvoir lui donner des nouvelles chaque jour.

- Pas de petit-ami ? Vous avez des enfants un mari caché ?

La jeune femme étouffa un rire incrédule.

- Rien de tout ça...

- Alors si tout est précis vous pouvez disposer, Hassan vous informera de la suite.

Zhayar pivota son fauteuil roulant en direction des portes, remerciant le ciel de connaître cet endroit sur le bout des doigts.

- Et pour mon père ?

Zhayar serra les poings devant l'imprudence de la jeune femme.

- Faites vos preuves avant d'exiger de moi des faveurs.

Liya déglutit avec difficulté tout en le regardant partir...sans pitié sans une onde de chaleur dans la voix.

Pendant un moment elle se crut capable de refuser cette offre peu importe les conséquences mais l'image de son père l'empêcha de parler. À entendre les ordres du cheikh sa vie allait devenir un véritable cauchemar.

- Venez miss Gray, il est temps de partir.

Étourdie par la voix froide du cheikh qui hantait encore son esprit Liya se laissa guider comme une poupée de chiffon avant de vite reprendre connaissance dans la voiture qui l'emmenait tout droit en enfer.

- Est-il aussi cruel d'habitude ? À quoi dois-je m'attendre ?

Hassan releva les yeux de sa tablette alors que la voiture s'éloignait de la ville pour laisser place à un paysage magnifique...un désert aride.

- Zhayar était déjà rude avant son accident, disons que la cruauté à laquelle vous venez d'assister est l'un de ses traits de caractère le plus marquant.

Zhayar...

Son prénom faisait froid dans le dos...au point même qu'elle se surprit à l'imaginer en un guerrier impitoyable.

- Que s'est-il passé ? Osa-t-elle demander.

Hassan l'observa attentivement comme s'il émettait quelques réticences à lui dire.

- Mustapha le demi-frère de Zhayar est parvenu à faire exploser un point de barrage de la garde royal, sa majesté se trouvait sur ce point et a était gravement touché par l'explosion.

Le regard de l'homme était fermé et Liya elle...se sentit trembler devant l'horreur.

- Cinq de nos hommes sont mort ce jour-là.

- Mais pourquoi a-t-il fait cela ?

- À la mort de son père, Zhayar à découvert des dossiers compromettants sur Mustapha, notamment des preuves sur son implication dans le meurtre du cheikh Ahmed du pays voisin. En découvrant ses preuves, Mustapha s'est vus destitué de ses titres ainsi que sa mère Zoumbia. Celle-ci a pris la fuite au états unis mais Mustapha lui, voulait se venger.

Liya sentit son air se bloquer dans sa gorge.

- Et maintenant ? Où est-il ?

- Dans les montages au nord du pays, il se cache, c'est une question de temps avant de le retrouver et à présent je vous suggère de ne plus poser de question, votre sécurité est à présent dans mes mains. Moins vous en savez mieux c'est.

Trop tard, songea-t-elle en tournant sa tête vers les montages. Malgré la chaleur écrasante un frisson glacé transperça sa peau.

- Est-ce qu'il est condamné ?

L'expression de l'homme devint alors plus éclairée comme si l'espoir l'habitait encore.

- Nous l'ignorons encore mais nous gardons espoirs, quant à ses jambes, il pourra de nouveau marcher s'il fait des efforts.

Elle ferma les yeux brièvement avant de les rouvrir.

Des murs recouvertes de symboles se dressaient sur les flancs des montagnes et son souffle se coupa cette fois-ci pour des raisons bien différentes.

Le palais était à couper le souffle.

- Allons, venez...

Déçue de ne pas pouvoir l'admirer plus longuement Liya quitta la voiture sous le bruit métallique des hautes portes qui se refermaient déjà...lui donnant l'impression d'être retenue en otage.

~

- Est-elle là ? S'enquit Zhayar à l'un de ses hommes.

La noirceur dans laquelle il était plongé lui donnait l'impression que son pays n'était plus qu'une ombre. En se montrant cruel avec la jeune fille il espérait entendre qu'elle n'était pas dans la voiture et pourtant...

- Oui votre altesse elle se dirige vers les marches en compagnie d'Hassan.

Surprit, Zhayar fronça des sourcils. Ainsi donc elle était tenace ?

- Demande à Hassan de la conduire là où je l'ai décidé, ordonna-t-il.

- Bien votre majesté.

Zhayar ferma les yeux cherchant en vain à apaiser sa colère mais rien n'y faisait...rien n'était assez fort pour la remplacer...

~

En dépit des conditions, Liya fut surprise par la vaste chambre qu'on venait de lui attribuer. Émerveillée par la splendeur des tapisseries et l'éclairage stupéfiant de la pièce Liya osait à peine y entrer.

- La salle de bains se trouve à droite, le salon privé sur la gauche, est-ce que cette chambre vous convient ?

- Bien-sûr que oui ! Comment pourrais-je me plaindre avec une telle chambre.

- Puis-je avoir votre téléphone à présent ?

Choquée Liya cilla. Dépité Hassan lui, avait la main tendue.

- J'ai l'impression d'être prisonnière, est-ce que c'est vraiment nécessaire ?

- J'en ai bien peur.

Liya hésita longuement avant de lui donner.

- Si jamais mon père...

- Je vous le donnerais aussi souvent que nécessaire.

Liya inspira difficilement car si jamais son père demeurait sans nouvelle d'elle, il serait probablement très inquiet. Si elle avait accepté ce travail c'était uniquement pour lui.

- J'aimerais pouvoir lui parler maintenant, déclara-t-elle en lui reprenant des mains ; Écoutez si cela peut vous rassurer.

Liya pivota les talons pour se diriger vers le canapé. Ses mains se mirent à trembler et demeurèrent ainsi tremblantes jusqu'au dernier instant de cet appel.

- Ne l'éteignez pas, exigea Liya en lui redonnant ; Il sort d'une opération difficile, j'ai besoin qu'il reste allumé.

Hassan hocha de la tête en guise de confiance.

- Je vous laisse vous installer.

Liya s'entoura de ses bras lorsque les deux portes gravés d'or se refermèrent sur lui.

Avait-elle prit la bonne décision ?

La voix de son père fou de bonheur qu'elle ait enfin trouvé un travail avait été pour elle la réponse qu'elle cherchait depuis des heures.

Rien ne l'empêcherait de mener à bien son travail.

Pas même cet homme cruel...

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