Chapitre 19
Les jours qui suivirent, Liya s'était prise de passion pour les livres de la grande bibliothèque du palais. Chaque après-midi durant les exercices de rééducation du cheikh elle se livrait à une lecture dévorante au point d'en perdre la notion du temps. Pour compléter cette ambiance moins lourde, le roi faisait preuve de patience à son égard et s'employer à lui rendre son travail moins difficile. En bref, Liya avait l'impression que le palais était moins dans la noirceur et apprenait peu à peu à revivre de sa beauté. Néanmoins Zhayar Al Elhazar demeurait toujours aussi froid et parfois inaccessible. Hélas ses changements d'humeur à répétition n'étaient pas son seul soucis. Voilà bientôt deux mois qu'elle travaillait pour lui et pour une raison qui lui échappait elle n'avait pas reçu sa première paye. Était-ce normal ? Liya espérait lui demander ce soir sans donner l'impression de quémander.
- Miss Gray ?
Quittant ses pensées en battant des cils Liya releva la tête en direction de Jamila.
- Oui Jamila ? Est-ce que son altesse me demande ?
Jamila s'empressa de secouer de la tête en refermant la porte derrière elle. Interloquée par cette visite, Liya referma son livre en considérant Jamila avec attention.
- Je voulais vous témoigner mon respect et surtout vous remercier pour tout ce que vous faites pour notre roi.
Surprise et bouleversée par cette marque d'attention à son égard Liya sentit des larmes lui monter aux yeux. Elle les réprima difficilement en esquissant un léger sourire.
- Ne me remerciez pas Jamila c'est tout naturel et puis je n'ai pas fait grand chose vous savez.
- Vous êtes bien trop modeste ! S'exclama-t-elle en portant sa main sur sa poitrine.
Liya baissa les yeux en ramenant ses jambes sur le confortable canapé.
- Personne n'aurait eu votre patience et votre courage, son altesse n'est pas...facile.
Liya retint une grimace.
- Je ne peux le nier, murmura-t-elle en posant le livre sur le canapé ; Mais pouvons-nous pour autant le blâmer ?
Jamila afficha un regard triste.
- Non, admit-elle en refermant ses mains sur ses genoux ; Il a beaucoup souffert et continuera de souffrir encore longtemps mais...oh je commence à perdre espoirs quant à l'avenir de son altesse.
Jamila secoua de la tête et émit un rire nerveux. L'inquiétude de Jamila creusa sa curiosité un peu plus et elle ne put s'empêcher de déclarer ;
- Pour quelle raison Jamila ? La pays n'a jamais été aussi puissant et...
- Je parlais de sa majesté, rectifia Jamila tirant sur ses doigts nerveusement ; Je crains pour son avenir personnel, peut-on espérer qu'il s'apaise avec le temps ?
La question était de loin la plus difficile qu'on lui avait posée jusqu'ici.
- Je crains Jamila que ça ne soit pas possible et je suis surprise par votre question, vous le connaissez bien mieux que moi non ?
- Certes, mais je ne l'ai pas beaucoup approché depuis son retour au palais, je garde le souvenir d'un roi très dur mais sensible au bien-être de son entourage.
Jamila baissa la tête l'air attristé voire désespéré.
- J'ignore si...
- Il demeure toujours le même homme Jamila, coupa-t-elle en se redressant pour poser sa main sur la sienne ; Mais la colère qui le ronge est bien trop fort pour envisager qu'il s'apaise pout le moment.
Jamila esquissa un semblant de sourire en posant sa main sur la sienne.
Ousmane ne mentait pas quand il affirmait que le cheikh était aimé de tous. Liya en avait la preuve sous les yeux. Jamila semblait anéantie à l'idée qu'il soit malheureux et ne s'en cachait pas...
- Vous avez probablement raison, admit-elle en riant nerveusement ; Oh miss Gray je ne peux que remercier modestement le ciel pour vous avoir envoyée ici.
Jamila laissa échapper quelques larmes avant que son visage devienne dur.
- Les étrangères qui ont foulé ce palais m'ont donné de bonnes raisons de les haïr, poursuivit-elle les sourcils foncés ; Elles n'avaient aucun respect et encore moins de bonnes manières comme vous miss Gray.
- Faites-vous référence à l'ancienne compagne du cheikh ?
Jamila hésita légèrement avant de lui répondre.
- Chléo Stasson ? En effet, je garde le souvenir d'une femme perfide et méprisante.
Jamila se leva pour arpenter la bibliothèque.
- Elle nous prenait tous pour des serviteurs c'est à peine si elle nous respectait en présence de son altesse, j'espère que je ne la verrais plus.
Intriguée Liya se redressa vivement, intéressée par ses révélations.
- Vous espérez ?
L'épouse d'Hassan soupira.
- Elle semble insister pour revoir Zhayar, révéla Jamila en lui adressant un regard anxieux ; Elle est venue cinq fois dans le pays depuis qu'il l'a congédié. Je crains qu'un jour elle réussisse à le revoir.
- Bien qu'elle soit désagréable, peut-être qu'elle pourrait le rendre heureux ?
Sous le choc Jamila écarquilla les yeux en la considérant comme si elle était prise de folie.
- Je ne pense pas qu'elle soit la candidate idéale Miss Gray, contrat-elle en venant s'asseoir à côté d'elle ; Vous ne connaissez pas cette femme. Sa méchanceté proverbiale m'a convaincue que si jamais le roi envisageait de l'épouser nous vivrons probablement de sombres jours et le peuple aura bien du mal à l'accepter.
Voyant son inquiétude s'accroître Liya jugea bon de cesser toute discussion à propos de cette femme.
- Ne vous inquiétez pas Jamila, cette femme a probablement jetée son dévolu sur un autre homme. Je propose que...
- Ah ! Vous voilà enfin !
Elles se tournèrent en direction d'Hassan.
- Que se passe-t-il mon tendre mari vous avez l'air affolé !
- Mademoiselle Gray est attendue pour les soins, expliqua-t-il en esquissant un léger sourire ; Rien de bien grave, cesse de t'inquiéter ainsi ce n'est pas bon pour le bébé !
Liya se tourna vers Jamila qui à présent rougissait de timidité.
- Oh mais ! C'est une merveilleuse nouvelle.
- Inespéré je dois dire, ajouta Hassan en venant près de sa femme ; Nous attendons ça depuis trop longtemps.
Liya fondit devant cette scène emplie de tendresse.
- Le médecin m'avait certifié que je ne pourrais jamais en avoir, expliqua Jamila avec un triste sourire.
- Il faut toujours garder espoir, murmura-t-elle en lui souriant.
Elle se leva en récupérant le livre.
- Je vous laisse savourer votre bonheur, je vais rejoindre mon patient.
Hassan inclina légèrement sa tête en signe de respect mais Liya savait que cette inclinaison n'était rien d'autre qu'un signe d'encouragements à son égard. Elle n'était pas à l'abris de subir les foudres du cheikh.
Elle pénétra dans ses appartements et le trouva allongé, torse nu. Elle avait beau le connaître, Liya ne put s'empêcher de rougir comme une adolescente. Ses joues se mirent à la brûler tandis qu'elle s'approchait prudemment.
- Je suis désolé pour mon retard votre altesse, j'étais avec Jamila, elle m'a fait part de cette merveilleuse nouvelle.
Impassible, l'homme se redressa à l'aide de ses poings.
- Je suis au courant, finit-il par répondre ; C'est une merveilleuse nouvelle et je veillerais à ce qu'elle se ménage.
Liya constata que l'humeur du cheikh était maussade. Mieux valait se montrer douce, songea-t-elle en se désinfectant les mains.
- Je vais commencé par les brûlures, annonça-t-elle saisissant une compresse.
Liya s'appliqua à bien nettoyer la brûlure pendant qu'il échangeait avec un membre de son personnel. Bien-sûr Liya ne comprit rien et se contenta d'écouter l'accent chaud émanant de sa voix grave.
- Vous passez vos journée dans la bibliothèque, lança le cheikh une fois qu'ils furent seuls.
- Oui, votre bibliothèque est absolument magnifique, j'ai pu trouver mon bonheur.
- J'en suis heureux...
Liya inspira profondément pour rassembler ses esprits lorsqu'elle dut se pencher au-dessus de son visage.
- Ce soir vous dînerez avec moi dans le salon.
Devant l'injonction qui ne souffrait d'aucune réplique possible Liya retint son souffle.
- Vous êtes sûr ? Je...pensais que vous vouliez être seul.
En réalité Liya cherchait désespérément une issue de secours.
- J'ai changé d'avis, je vous veux à ma table.
Il marqua une pause dans laquelle il redressa la tête de l'oreiller. Liya recula la sienne, le ventre noué d'une étrange chaleur.
- Tous les soirs...
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