Chapitre 17



Liya attendait une réponse de sa part mais l'homme semblait réfléchir.

Ça suffit ! S'admonesta Liya en réalisant bien trop tard que sa vilaine curiosité allait lui faire défaut.

Après tout en quoi tout ceci la regardait ?

- Je pense que oui miss Gray, finit-il par répondre ; Tôt ou tard il le faudra.

Liya ouvrit la bouche pour mieux la refermer. Les idées qu'elle se faisait sur le mariage étaient bien différentes des siennes. De plus, le cheikh ne croyait pas en l'amour il voulait juste faire son devoir de souverain.

- Reste à savoir quelle femme perfide serait en mesure d'accepter ce rôle, ajouta le cheikh d'une voix dure ; Avant mon accident elles se seraient écroulées à mes pieds mais dorénavant, quelle femme serait assez stupide et avide de pouvoir pour devenir l'épouse d'un borgne complètement défiguré ?

Oh si seulement il pouvait se voir, songea-t-elle en évitant soigneusement de le regarder. Il n'était pas défiguré comme il le prétendait. Certes elle ne pouvait nier que son visage n'était plus le même mais il restait séduisant, d'une beauté diaboliquement virile.

- Je suis sûre que vous trouverez une femme digne de vous.

Le cheikh étouffa un rire sec.

- Peut-être que mon ancienne maîtresse sera tenté de jouer ce rôle, hasarda l'homme en se passant une main dans la barbe faisait mine d'être songeur.

Il était sans doute temps d'arrêter cette discussion, pensa-t-elle en baissant les yeux sur ses mains nouées.

- Être un roi apporte des avantages considérables mais il y a tout de même des désavantages, ajouta-t-il ; C'est un rôle qui nécessite des sacrifices.

- Et vous êtes prêt à les faires, conclut-elle en le dévisageant ; C'est tout à votre honneur.

Un long silence s'étira entre eux avant qu'il daigne reprendre la parole.

- Assez parlé mademoiselle Gray, j'aimerais que vous me fassiez un peu de lecture.

Liya se leva pour allez se saisir du premier livre à sa disposition et l'ouvrit sans plus tarder.

- Je dois l'admettre, votre voix douce et presque inaudible m'a quelque peu manqué, lança le cheikh en la coupant dans sa lecture.

Liya releva lentement la tête dans sa direction, envahie d'un trouble qu'elle ne sut expliquer.

- Allons, poursuivez, l'encouragea-t-il d'une voix plus amène.

Troublée par la férocité de ses traits Liya plongea sa tête dans le livre qui racontait l'histoire de sa famille. Plus elle narrait l'histoire plus elle se surprit à l'apprécier. Parfois elle jetaient quelques coups d'œil dans sa direction et le découvrit absorbé, les yeux dans le vague comme s'il était en proie à de vifs souvenirs.

- Je suis surpris de ne pas vous entendre commenter le harem, nota-t-il vivement étonné par son silence après ce passage.

C'est parce qu'il ne pouvait pas la voir, se dit-elle en le dévisageant, car Liya s'était sentie soudainement très pâle à cette évocation.

- Que pourrais-je dire votre altesse ? Demanda Liya en feignant l'indifférence à sa remarque.

- Une jeune fille aussi curieuse voudrait me faire croire que ce passage ne l'a pas interloqué ? Qu'elle n'a rien ressenti ? S'enquit le cheikh avec un sourire cynique au coin des lèvres.

- Frissonnante je dois dire, admit-elle enfin.

Le sourire cynique du roi prit des nuances amusées.

- Ces femmes étaient bien traitées si cela peut vous soulager.

- Ce n'est pas tant ce détail qui me dérange mais la jalousie que peut engendrer ce genre de pratique.

Dieu du ciel allait-elle se taire !

- Éclairez-moi mademoiselle Gray...

Liya fit mine de refermer le livre nerveusement, lèvres pincées.

- Eh bien je pense qu'elles devaient se haïr, puisqu'elles convoitaient le même hommes, moi je ne pourrais pas.

- Vous avez raison, certaines femmes se taisaient pour avoir l'intérêt du sultan et d'autres se battaient pour obtenir ses faveurs.

Liya se passa une main dans les cheveux, le cœur battant à la chamade.

- Elles devaient être bien tristes.

- Ne soyez pas si sûre de vous, rétorqua le cheikh en plissant des yeux ; Les concubines du sultan voyaient ça comme une chance et non comme une punition.

- Et pour les captives votre altesse ? S'enquit Liya d'une voix irritée ; Pensez-vous qu'elles étaient heureuses ?

- La beauté d'une femme peut engendré bien des choses miss Gray. Mais je crains ne pas connaître suffisamment ces femmes pour vous dire avec conviction qu'elles étaient malheureuses ou non.

Au moins il était sincère, constata-t-elle incapable de détacher son regard du sien.

- Je sais seulement que le sultan n'avait pas confiance en son charme alors par crainte de ne jamais ressentir le plaisir et la compagnie il s'employait à faire de ce harem une beauté sans limite.

Liya sentit son ventre se contracter voire palpiter, comme des millions de fourmillement.

- Posez le livre et donnez-moi ma béquille miss Gray, ordonna-t-il d'une voix impérieuse.

Incrédule Liya s'exécuta.

- Si vous n'étiez pas handicapé, je pourrais jurer que vous me donnez des ordres, marmonna-t-elle en lui tendant lui donnant sa béquille.

- Mais ce sont des ordres mademoiselle Gray, affirma-t-il d'une voix de gorge.

Liya s'apprêtait à lancer une réplique cinglante mais celle-ci resta bloquer au fond de sa gorge lorsqu'il se leva.

Elle poussa un hoquet de surprise qui attira son attention.

- Que ce passe-t-il ?

- V...vous êtes grand ! Enfin non que ce soit un reproche mais..mais...

Liya se frappa le front, secouant lentement sa tête alors qu'il venait de lever un sourcil moqueur.

- Mais vous préfériez me voir assis n'est-ce pas ?

Liya rougit jusqu'à la racine de ses cheveux lorsqu'il se tourna vers elle sans savoir qu'elle se tenait en face de lui. Il était immensément grand et ainsi debout sa carrure était large, forte, sillonnée de muscles. Une chaleur insidieuse se logea dans sa poitrine avant de détourner le regard vers son fauteuil.

La réponse était oui.

Elle le préférait assis dans ce fichu fauteuil.

- Au risque de passer pour une personne cruelle oui.

Zhayar ne put s'empêcher de sourire devant son audace. La jeune femme semblait en proie à un véritable problème.

Sa bouche allait plus vite que le cours de ses pensées et il aimait ça.

- Je suis agréablement surprise par vos progrès si rapides, ajouta-t-elle d'une voix légère comme si elle tentait de s'excuser d'avoir été si honnête.

- Chaque matin je m'exerce avec mon kiné, expliqua-t-il en levant la main pour la chercher.

Il fut surpris de la savoir si proche lorsqu'il effleura son épaule nue et d'une extrême finesse. La jeune femme se recula d'un pas précipité et une bouffée de rage l'assaillit.

- J'ai besoin d'être guidé miss Gray !

- Oh..mon dieu je suis désolé, bafouilla-t-elle la respiration erratique.

- Je souhaite vous emmener dans un endroit du palais pour cela il me faut votre aide, voilà bien longtemps que je ne suis pas sorti d'ici.

Zhayar ignorait même les raisons qui le poussaient à franchir le pas car même s'il connaissait le palais sur le bout des doigts, Zhayar refusait d'exposer son visage et sa condition à son personnels.

- Voulez-vous mon bras ?

- Votre épaule m'ira parfaitement, répondit-il d'un ton abrupt.

Il entendit ses pas revenir dans sa direction.

- Vous êtes bien petite, commente Zhayar en posant sa main sur son épaule.

- Un mètre soixante-trois pour être précise.

- Alors cela ne m'étonne pas que vous me trouviez si grand, railla-t-il en marchant lentement.

Il se laissa guider par la jeune femme, humant l'odeur de rose qu'elle portait.

Après plusieurs directives la jeune femme lui indiqua qu'ils étaient arrivés. Forcé de constater que cette marche lui avait fait le plus grand bien, Zhayar profita du silence agréable qui régnait dans les profondeurs du couloir extérieur. Une brise de vent chaud vint se glisser sur sa nuque. Zhayar exhala un profond soupir en pressant ses doigts sur l'épaule de la jeune femme.

- Entrez à présent...

Liya observait le visage du cheikh sous les lueurs intenses du soleil et s'en retrouva subjuguée si bien qu'elle dut battre des cils pour se ressaisir. Le roi l'ignorait mais chaque personne qui avait croisé son chemin durant leur longue traversée s'était incliné devant lui, le regard rempli d'espoirs et de joies mêlés.

Posant ses doigts sur la poignée en or, elle poussa la lourde porte et pénétra dans une nouvelle salle baignée de lumière. La pièce était d'une grande immensité et regorgeait de beautés. Des tapis persans étaient disposés sur toute la longue de la pièce, il y avait des tableaux ornés de dorures en or disposés sur les murs ainsi que de belles teintures aux dessins prestigieux. En levant la tête Liya fut époustouflée par le plafond sillonné par des fresques royales.

- Mon dieu c'est magnifique où sommes-nous ? Demanda Liya en étudiant les dessins sur les lourdes teintures.

- Bienvenue au harem miss Gray...

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