Chapitre 15
Bonsoir,
J'espère que vous allez bien ?
Certains d'entres vous m'ont posé quelques questions sur l'histoire en cours et j'aimerais y répondre en globalité.
Tout d'abord je suis très heureuse qu'elle vous plaise autant cela me fait chaud au coeur. Vous l'avez sans doute remarqué Zhayar n'est pas tendre avec Liya et je sais aussi que vous êtes désespérément impatientes de le voir s'adoucir. Ne vous inquiétez pas chaque chose arrivera en son temps. Je veux prendre mon temps afin d'explorer les douleurs de Zhayar et celles de Liya, je ne veux pas allez trop vite au risque d'oublier des essentielles de l'histoire.
Quant à la cécité de Zhayar elle ne prendra pas fin tout de suite mais l'attente en vaudra la peine je vous le promets. J'ai beaucoup songé à cette histoire bien avant de me mettre à l'écrire et j'espère qu'elle vous plaira sur toute sa durée car elle sera en deux tomes.
Je vous embrasse et vous souhaite une bonne soirée.
Merci pour tout.
- Où est-elle ? Finit-il par demander à Hassan après des heures sans nouvelles de la jeune femme.
- Dans les écuries royales en compagnie d'Ousmane.
- Tu m'en vois ravi de cette merveilleuse nouvelle, dit-il avec sarcasme ; Moi qui avais peur qu'elle soit prostrée dans sa chambre en pleurant sur son triste sort !
Zhayar se dirigea vers les fenêtres qui donnaient sur la cours intérieur alors qu'il ne les reverrait plus jamais. Parfois il essayait de les dépeindre dans son esprit pour se créer l'illusion qu'il n'avait pas tout perdu. Hélas, cette illusion finissait par disparaitre pour laisser place à la noirceur dans laquelle il était condamné à jamais. Plus jamais il ne pourra revoir le magnifique paysage qui se dressait autour du palais et plus jamais il ne pourra chevaucher le désert sur son étalon.
- Jamila m'a tout de même rapporté qu'elle avait beaucoup pleuré.
- Il faut dire qu'elle s'en est bien vite remise, rétorqua Zhayar avec humeur ; La prochaine fois elle réfléchira à deux fois avant d'oser m'insulter de criminel.
Liya Gray méritait amplement la réprimande qu'il lui avait faite quelques heures plus tôt. Sa naïveté et son manque de bienséance finiront par la perdre, songea-t-il en inclinant sa tête en arrière. S'il aimait sa présence, en revanche il maudissait sa façon de lui parler comme si elle était à l'abri du moindre renvoi.
- Je pense qu'elle ne l'a pas fait exprès votre altesse.
- Tu sembles voué à la défendre mon ami, pourquoi ? Qu'a-t-elle de si spécial hormis sa langue bien pendue ?
Comme il sentait Hassan sur le point de rétorquer Zhayar enchaîna ;
- Je lui ai offert une permission de sortie et elle en profité pour faire des recherches sur moi et elle revient ici pour me traiter de criminel.
- Mademoiselle Gray est une jeune femme très curieuse, je pense qu'elle ne voulait pas se montrer si insultante, croyez-moi ce n'est pas son genre.
- Ah parce que tu l'as connais personnellement ? S'enquit-il en pivotant son fauteuil, devinant les traits contrits de son ami.
- Je la connais suffisamment pour plaider sa cause votre majesté, c'est une jeune fille d'une extrême douceur et sensibilité qui me laisse entendre qu'elle ne voulait pas vous insulter, la curiosité est un vilain défaut, mais nous en avons tous en nous.
Zhayar se voulait intraitable avec elle, du moins tant que sa colère resterait logée au creux de sa gorge. Cependant il n'était pas insensible au plaidoyer de son ami pour venir au secours de la jeune femme.
- Certes, je veux bien te croire, néanmoins je ne veux plus que tu l'as mette au courant de la moindre information au sujet de Mustapha.
- Je comprends et je suis navré de m'être montré si imprudent.
Zhayar n'avait pas la force de le réprimander et se contenta d'incliner la tête.
- Lorsqu'elle rentrera chez-elle nous ne sommes pas à l'abri qu'elle soit soudoyée pour parler et l'argent est une arme cruciale pour les journalistes. Miss Gray sera probablement capable d'accepter au vu de sa situation.
- J'en doute, mais vous avez raison.
- Hassan, cesse de voir en elle la jeune fille totalement idiote incapable de se montrer manipulatrice !
- Votre altesse, vous...
Hassan préféra se taire par peur de le contrarier.
- Une femme reste une femme, l'argent les attirent comme des mouches et Liya n'en demeure pas moins insensible sinon elle ne serait pas ici, dois-je te le rappeler ?
Et pour Zhayar cette conclusion était peut-être la plus douloureuse à accepter. La jeune femme n'était pas là de gaîté de cœur mais par dépit. Elle le haïssait et n'avait pas manqué une occasion de lui faire comprendre. Et en dépit de sa froideur, il avait l'apparence d'un monstre. Quelle femme voudrait-elle de lui ainsi défiguré et borgne si même une femme décrite comme banale telle que miss Gray se répugnait de sa compagnie ?
- Je mesure l'importance de cette mission votre altesse et je ferais mon possible pour me montrer vigilant après son départ.
Quittant sa torpeur, Zhayar ne répondit rien et se contenta de retourner vers la fenêtre, guidée par la chaleur sur sa peau.
- Que fait-elle ? Demanda-t-il soudain lorsqu'un rire joyeux se fit entendre.
Hassan se leva pour le rejoindre et découvrit la belle jeune femme en compagnie du garçon d'écurie.
- Ousmane lui fait faire un tour de cheval dans la cours.
- Lorsqu'elle aura fini de s'amuser, dis-lui que je souhaite lui parler, conclut-il en faisant demi-tour pour rejoindre ses appartements.
~
- Ça fait longtemps que vous travaillez pour son altesse ?
Liya tenait fermement les rênes. Elle ne maîtrisait pas totalement le cheval mais se félicitait d'avoir gardé en mémoire ses leçons d'équitation.
- Je suis dévoué à son altesse, c'est un homme qui me fascine.
Interloquée par l'intérêt vif du jeune homme Liya baissa la tête dans sa direction.
- Pourquoi tant de fascination ? Osa-t-elle demander.
Ousmane avait le regard perdu sur l'horizon, tenant les rênes du cheval pour le guider dans l'allée principal.
- C'est un guerrier, un homme qui n'a pas peur de la mort et qui survit avec ténacité à son malheur, je ne peux que l'admirer.
Liya frissonna mais cette fois-ci d'excitation.
Elle voulait en savoir plus.
- Vous n'avez pas peur de lui ?
- Qui n'aurait pas peur de lui ? C'est impossible mademoiselle Gray. Si vous l'aviez connu avant son accident...
- Com...comment était-il ?
- Il imposait un charisme à le jalouser, vaillant et autoritaire, un guerrier impitoyable avec ceux qui osaient le défier et d'une grande loyauté.
Le portrait dépeint par le jeune homme lui fit froid dans le dos. En fait, le cheikh n'avait rien perdu de ce qu'il était autrefois, il était seulement condamné à vivre dans le noir.
- C'est un bon roi et personne sera en mesure de le remplacer. Le peuple s'impatiente de le revoir et peu importe si sa cécité reste un handicap, il demeura à jamais notre souverain et le meilleur qui soit, bien meilleur que son père.
Liya se mordit la lèvre nerveusement car elle comprit que malgré le caractère sévère du roi, son peuple l'aimait et lui vouait une confiance que personne serait en mesure défaire.
- Me...
- Mademoiselle Gray ? Le roi souhaiterait vous parler sur-le-champ.
Liya se figea, loin d'être prête à le confronter encore une fois.
- Je ne suis pas disposé à...
- Bien-sûr qu'elle l'est, intervint Ousmane en ne lui laissant d'autres choix que de descendre.
Seule contre tous, Liya leva les yeux au ciel et obtempéra avec raideur.
- Merci pour cette balade Ousmane, elle était très divertissante.
Le jeune homme s'inclina.
- J'espère vous revoir mademoiselle Gray.
Dans sa voix, Liya décela une envie sincère de la revoir. Mais le voulait-elle en retour ?
Peu habituée à attirer le regard sur elle, Liya préféra pivoter les talons sans lui répondre. Elle s'entoura de ses bras et suivit le garde jusqu'aux appartements du cheikh.
Son souffle se coupa presque naturellement quand elle fut annoncé.
- Votre balade était-elle plaisante ?
Liya croisa les bras contre sa poitrine.
- Oui, j'ai adoré.
Mieux valait pour elle d'être brève.
- Ousmane est un garçon très charmant, commenta-t-il sans aménité dans la voix ; Vous devriez lui laisser une chance.
Liya cilla, les jambes fébriles.
- Je ne pense pas que ma vie personnelle vous regard et je suis ici pour travailler.
Le cheikh eut un rictus aux lèvres avant de rétorquer ;
- Vous avez fouillé dans ma vie personnelle miss Gray, lui rappela-t-il en penchant sa tête sur le côté.
Liya inspira profondément pour rassembler le peu de forces qui lui restaient.
- J'ai une question votre altesse, pourquoi êtes-vous aussi froid avec moi ? Par pure plaisir ou parce que vous avez besoin de quelqu'un pour passer vos nerfs ?
- Aucun des deux, je suis comme ça depuis des décennies, je n'ai pas l'intention de changer pour vous.
Les épaules affaissées Liya l'observait dans l'espoir de trouver une lueur qui aurait pu lui indiquer le contraire.
- Vous m'avez mis en colère et vous en avez payé le prix fort. Il me semble avoir été très sensible à vos demandes depuis votre arrivée et je n'ai rien obtenu de vous, hormis de la crainte, des cris d'effroi, des suppositions laissant penser que je suis un tueur dénué de toutes compassion.
Le silence fut la seule réponse qu'elle fut capable de lui donner. Lui avait-elle donné cette impression ?
- Où êtes-vous ?
- Près des portes...
- Venez, approchez...
Liya hésita longuement avant de s'approcher sans trop savoir ce qui l'attendait.
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