Chapitre 12
À peine eut-elle terminé de se préparer qu'elle fut rappelé dans les appartements du cheikh. Dieu du ciel ! Voulait-il sa mort ?
Allait-elle subir ses foudres pour avoir osé pénétrer dans sa chambre en pleine nuit ?
Après tout elle voulait seulement lui venir en aide !
Elle frappa quelques coups à la porte pour s'annoncer.
- Entrez Liya...
Surprise par le ton posé du cheikh Liya pénétra dans ses appartements non sans trembler. Étendu sur son lit mais cette fois-ci habillé le cheikh arborait une mine impassible si tant qu'elle en devint mystérieuse.
- Que faisiez-vous dans le couloir au beau milieu de la nuit ?
Loin de s'attendre à cette question Liya étouffa un rire incrédule.
- Je cherchais le sommeil...
- Le sommeil ? Répéta ce dernier en levant un sourcil étonné.
- Oui, dit-elle en peinant à garder son calme olympien ; Pourquoi votre altesse ? Est-ce une crime de marcher dans les couloirs ?
- Non, du moins je ne l'ai pas encore décidé, déclara-t-il en plissant des yeux.
Liya frémit sous les lueurs qui brillaient dans son regard.
- Est-ce là, la raison de ma venue ici ?
- Non, répondit le cheikh en récupérant son légendaire sérieux ; Je voulais vous exprimer toute ma gratitude après ce que vous avez fait pour moi cette nuit. Vous n'étiez pas obligée.
Les joues chaudes comme un brasier Liya déglutit péniblement.
- C'était tout à fait normal.
- Néanmoins la prochaine fois, veuillez vous annoncer avant de pénétrer ici.
Liya aurait dû s'en douter et leva les yeux au ciel.
- C'est une question de sécurité, ajouta le cheikh en inclinant légèrement la tête.
- Je ne suis pas dangereuse vous savez ! Railla-t-elle en réalisant bien trop tard que sa remarque était idiote.
- Ce n'est pas parce que le palais est sur haute surveillance que je dois m'abstenir de craindre l'ennemi, rétorqua-t-il froidement ; Personne ne rentre dans cette pièce sans être annoncé au risque d'avoir la tête tranchée.
Liya laissa échapper un cri d'effroi et se tint instinctivement le cou.
- Je saurais m'en...souvenir, bredouilla-t-elle en jurant voir ses lèvres frémir d'un sourire amusé.
- Si tout est clair approchez maintenant.
Hésitante Liya s'avança d'un pas léger jusqu'à son lit. Le regard du cheikh était toujours rivé droit devant lui.
- Maintenant ouvrez mon tiroir et prenez l'enveloppe qui s'y trouve.
Intriguée par tant de mystères Liya s'empressa de l'ouvrir et se saisit de l'enveloppe sans l'ouvrir.
- Puis-je savoir ce que c'est ?
- Une permission de sortie miss Gray.
Liya ouvrit de grands yeux ronds sentant déjà les larmes lui monter aux yeux.
- Hassan vous emmènera dans une heure jusqu'à mon jet privé, vous serez accompagné de deux gardes qui veillerons sur vous.
Peinant à y croire elle s'empressa de lire le contenue enfermé dans l'enveloppe.
- Cette permission ne dure que deux jours à compter de maintenant, poursuivit le cheikh sans douceur dans la voix.
À l'évidence il n'était guère enchanté de la voir partir même le temps d'un week-end. Pire ! Elle lut une succession de menaces limpides dans ses yeux bleus.
- Si jamais vous trahissez ma confiance, je serais intraitable avec vous mademoiselle Gray est-ce que c'est compris ?
Un frisson d'horreur se mit à courir sur son visage alors qu'il lui tendait un stylo.
- O...ui je vous le promets, s'entendit-elle répondre sans maîtriser l'émotions dans sa voix.
Liya signa la permission qui stipulait qu'elle se pliait à ses exigences.
- Merci infiniment votre altesse, je vous promets de rentrer dans deux jours.
- Filez avant que je change d'avis !
Liya sursauta avant de quitter ses appartements au pas de course. Puis tout se passa vite...trop vite.
Elle n'eut que le temps de préparer un sac qu'elle fut escortée jusqu'à la voiture.
Elle mesurait la chance inouïe qu'elle avait et ne regrettait pas son choix de lui avoir porté secours durant la nuit car elle était persuadée que sa décision de la laisser partir venait de là.
- Soyez de retour avant le coucher du soleil Liya.
L'avertissement d'Hassan l'avait d'abord immobilisé puis elle s'était faufilée dans l'avion luxueux.
Quand l'avion décolla Liya eut la sensation étrange d'être enfin libre avant que la présence des deux gardes lui rappel qu'elle était encore enchaînée au cheikh. Certes cette permission de sortie allait lui permettre de se ressourcer auprès de son père mais serait-ce suffisant pour oublier le visage menaçant du cheikh ?
Hélas non, songea-t-elle en ramenant la couverture sur elle comme si un froid glacial venait de se glisser en elle.
Mieux valait ne pas y penser, décida-t-elle en fermant les yeux.
Trois heures plus tard elle se réveilla à la descente un peu trop brutal de l'avion et s'empressa de le quitter. Ce fut le trajet le plus long de toute sa vie mais lorsqu'elle entra enfin dans la maison de son père, plus rien ne semblait exister. Seulement le regard émerveillé de son père.
- Liya ! S'écria ce dernier en bousculant la pile de livre sur son passage pour venir l'enlacer.
- Je voulais te faire la surprise ! Dit-elle en cédant aux larmes de joie qui roulaient sur ses joues ; Mon employeur a bien voulu me laisser venir pour réveillonner avec toi.
Son père encore affaibli par les opérations répétés qu'il avait subi céda à son tour à la joie de la revoir.
- J'ai l'impression que ça fait une éternité ma chérie ! Tu as une petite mine.
Raymond étudia sa fille de la tête aux pieds avant de relever son regard inquiet sur elle.
- Tu es amaigrie, nota-t-il en lui décochant un regard anxieux.
- C'est à cause du changement climatique et horaires, j'ai énormément de mal à m'y faire, répondit-elle rapidement pour mieux changer de sujet.
Liya huma l'odeur de sa maison tout en se dirigeant vers la cuisine. En chemin elle avait fait quelques courses pour préparer un bon dîner. Très vite elle se rendit compte que le temps se jouer d'elle et les gardes postés dans la voiture garée sur le trottoir ne l'aidaient guère à se détendre, un comportement que son père s'empressa de commenter.
- Je te trouve anxieuse ma chérie est-ce que je dois savoir quelque chose ? Qui sont ces hommes dehors ?
Ça y est. Les questions tant redoutées venaient d'être posées. À elle d'y répondre en prenant soins de peser ses mots.
- Je ne suis pas anxieuse papa, commença-t-elle en découpant la dinde pour les servir ; Quant aux hommes dehors ils sont ici par simple sécurité.
Loin d'être convaincu son père se frotta le menton sans la quitter des yeux.
- Des pommes de terre ? Des marrons ?
- Les deux, j'ai terriblement faim, marmonna-t-il en se frottant l'arrière de la tête ; Ta cuisine me manque, tu me manques Liya.
Touchée par sa déclaration Liya se leva pour venir lui embrasser la joue.
- Je t'aime papa, chuchota-t-elle en posant sa joue sur son épaule ; N'oublie pas que je fais ça pour toi.
- Je sais, murmura-t-il en prenant sa main pour la porter à ses lèvres.
Liya retourna à sa place, convaincue d'en avoir fini avec l'interrogatoire de son père.
- Parle-moi de cet homme Liya, j'aimerais en savoir plus sur lui.
- Que veux-tu savoir papa ?
- Quel âge a-t-il ? Que lui est-il arrivé ?
Liya sentit sa fourchette trembler dans sa main avant de se ressaisir.
- Il doit avoir dans la trentaine, j'ignore son âge papa, répondit-elle d'une voix posée.
Et c'était la vérité. Liya connaissait peu de chose sur lui, elle connaissait seulement les circonstances effroyables de son accident et le savait colérique, méprisant, arrogant, menaçant et doté d'une beauté froide aiguisée de cicatrices impressionnantes.
- Il a eu un très grave accident, il ne peut ni voir ni marcher.
- Grand dieu c'est affreux ! S'exclama son père.
- Oui papa ça l'est, affirma-t-elle en piquant un morceau de dinde.
- Est-ce qu'il y a une chance qu'il...
- Je l'ignore mais je sais qu'il pourra bientôt remarcher.
Son père marqua un temps de silence avant de déclarer ;
- Est-ce que tu es bien traitée ? Est-il charmant avec toi ?
Liya battit des cils et releva lentement la tête vers son père.
- Oui papa, je suis bien traitée, je mange à ma faim et ma chambre fait dix fois notre modeste maison. N'aie aucune crainte pour moi je vais bien.
Son père poussa un long soupir de soulagement. Liya n'avait pas menti à deux détails près et comptait bien les garder secrets.
- Alors c'est parfait ! Et combien de temps vas-tu rester là-bas ?
Son cœur se mit brusquement à redoubler d'allure car elle l'ignorait. Son regard se porta alors vers la fenêtre et croisa le regard de l'un des deux gardes.
Liya frémit avec la sensation étrange qu'elle était observée depuis le début.
Comme si le cheikh en avait donné l'ordre...
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