Chapitre 10
Bonsoir,
Je vous souhaite à tous une bonne année 2019 et une bonne santé.
Je suis ravie d'entamer cette nouvelle année avec vous, en espérant qu'elle soit chargée de nouvelles histoires. Merci pour toutes ces années partagées avec vous. Je n'oublie pas votre bienveillance à mon égard et votre soutien dans les moments difficiles.
Que cette année puisse vous apporter tous ce dont vous rêver.
Une gros bisous à vous !
Comme chaque matin Liya ouvrit son petit carnet dans lequel elle cochait les jours sans trop savoir combien de temps elle resterait ici. Son contrat de travail ne l'indiquait pas et ni Hassan ni le cheikh lui avaient donné une réponse à sa question. Voilà plus de deux semaines qu'elle séjournait ici et le temps commençait à lui paraître bien long. Si elle avait réussi à gagner la confiance du cheikh elle demeurait hélas dans l'inconnu le plus total. Son père lui manquait terriblement au point qu'elle avait l'impression qu'elle ne le reverrait jamais.
Après avoir terminé sa tresse Liya rejoignit le grand salon comme chaque matin pour prendre le petit-déjeuner avec le cheikh.
- Bonjour votre majesté.
Le cheikh releva la tête, ébauchant un bref sourire en coin.
- Avez-vous bien dormi ?
- Très bien je vous remercie.
Le cœur battant à la chamade Liya songeait à lui demander l'impensable.
Une permission de sortie pour noël.
La boule au ventre à l'idée d'un refus catégorique Liya sentit sa main trembler en prenant la carafe.
Non, songea-t-elle en fermant brièvement les yeux, il ne voudra jamais la laisser partir.
- Vous êtes bien silencieuse miss Gray, nota-t-il en l'extirpant de ses pensées.
Liya déglutit péniblement.
- Je suis comme chaque matin, répondit Liya d'une voix qui se voulait douce.
Le cheikh reposa sa tasse de thé sur le rebord de la table avec une lenteur délibérée. Avait-il senti que quelque chose n'allait pas ?
Liya espérait que non.
- Vous êtes étrange depuis hier soir, je sens dans votre voix une certaine tension.
Liya inspira profondément pour rassembler ses esprits, lèvres pincées.
- Mon père me manque, lâcha-t-elle avant de ne plus pouvoir le dire.
Impassible le cheikh fronça tout de même des sourcils.
- Vous l'avez eu au téléphone hier non ?
- Oui, mais cela ne changera rien au fait que...
- Allez droit au but mademoiselle Gray, la coupa-t-il avec une certaine impatience dans la voix.
Liya baissa un instant les yeux sur la nappe blanche et se mit à la lisser nerveusement.
- J'espérais pouvoir le voir à noël.
La réaction du cheikh ne se fit pas attendre. Il inspira bruyamment par le nez, mâchoires serrées.
- Je pensais avoir été clair à ce sujet mademoiselle Gray.
Déçue Liya ferma les yeux pour lutter contre son chagrin. Après tout il avait raison. Elle avait accepté ce travail avec les conditions imposées. S'il refusait qu'elle quitte le palais pour des raisons de sécurité, il n'allait sûrement pas pour la laisser prendre un avion pour quitter le pays.
- Vous l'avez été votre majesté, j'espérais juste vous convaincre de me laisser faire aller-retour pour le réveillon.
- Malheureusement je ne peux accéder à votre requête, c'est un trop gros risque pour votre sécurité.
- Je comprends.
- Le jour où vous quitterez mon pays c'est pour ne plus jamais y remettre les pieds, poursuivit-il d'une voix plus amène ; Les journalistes sont impitoyables, de plus, mon demi-frère est toujours introuvable.
Liya tressaillit à ce détail. Malgré la peine qu'elle ressentait à ce refus elle devait le reconnaître...c'était bien trop risqué.
Et puis son père n'était pas seul. Annie, une grande amie de la famille serait là pour veiller sur lui.
- Croyez-moi, je suis navré pour vous, mais je m'y refuse.
- Je viens de vous dire que je comprenais votre refus, répondit Liya en tentant de maîtriser sa peine ; Le sujet est clos votre altesse.
Zhayar pouvait déceler de la peine dans sa voix et il tenta de l'ignorer. Il n'avait pas l'intention de céder pour de multiples raisons. D'abord parce qu'il refusait de donner l'occasion à la presse de l'atteindre en passant par elle. Deuxièmement Liya Gray était sous sa responsabilité et pour finir, elle lui était indispensable. Il aimait sa franchise et admirait son courage de lui faire face malgré la peur qu'il pouvait sentir...comme si cette peur l'enveloppait constamment. Elle le provoquait malgré son statut de roi autoritaire. Elle n'avait pas peur de briser le protocole même si parfois il mourrait d'envie de la rappeler à l'ordre.
Liya Gray était une source d'énergie, avec elle, il n'y avait pas d'ennui.
Était-il égoïste ou simplement prudent ?
Zhayar chassa cette question et décida d'ignorer la tristesse de la jeune femme...
Mais au cours de la journée Zhayar ne put l'ignorer plus longtemps, surtout lorsqu'elle s'était mise à lui faire la lecture.
- Vous donnez l'impression d'être dans le couloir de la mort, déclara Zhayar lorsqu'il l'entendit fermer le livre.
- Vraiment ? Vous ai-je donné cette impression ?
- Oui ! Gronda-t-il en refermant ses doigts sur les roues de son fauteuil ; Allez-vous bouder comme une enfant jusqu'à la tombée de la nuit ?
- Je ne boude pas votre altesse, je...
- Bien-sûr que si vous boudez ! Cessez immédiatement ces enfantillages.
Poings serrés Liya lutta contre l'envie irrépressible de le gifler. Quel monstre ! Songea-t-elle en le dévisageant. N'avait-il pas de cœur pour se montrer aussi insensible à son chagrin.
- Vous êtes...
Liya se retint de justesse.
- Allez-y je vous en prie Liya, je sens que vous en mourez d'envie, lui dit-il d'une voix doucereuse.
- Pas suffisamment pour risquer ma place, articula Liya en croisant les bras.
- Alors cessez de faire l'enfant !
- Ainsi je n'ai pas le droit de me sentir triste ? D'exprimer mon chagrin ?
Le cheikh roula des yeux comme si cette conversation était en train de lasser.
- Je pense que vous me l'avez suffisamment exposé comme ça.
- Navrée de vous informer que je suis un être humain votre altesse, j'exprime mes émotions comme elles me viennent.
Liya tenait bon, du moins elle espérait pouvoir obtenir de lui des excuses mais il n'en fit rien au contraire.
- Sortez les exprimer ailleurs, j'en ai assez miss Gray.
Ne se faisant pas prier elle fonça vers les portes pour quitter ses appartements et rejoignit sa chambre à la hâte. Toute sa peine se déversa alors en une succession de sanglots répétés. Cet homme allait probablement la rendre folle ! Comment pouvait-il être à ce point si insensible à sa tristesse ?
Liya préféra ne pas chercher la réponse et profita d'être seule pour délivrer le flux d'émotions contradictoires qu'elle gardait au fond d'elle depuis son installation au palais.
La nuit tomba sur Elhazar et le roi ne vint jamais la chercher pour dîner. Pire, elle fut contrainte de dîner dans sa chambre et seule. Si au début elle voyait ça comme une punition Liya fut très vite agréablement surprise par tant de calme et de sérénité.
Déguster son repas devant un paysage magnifique alors que le soleil se couchait sur les plaines du désert était bien plus agréable qu'un dîner en compagnie du cheikh.
- Mademoiselle Gray ? Puis-je entrer ?
En découvrant Jamila au seuil de la porte Liya esquissa un sourire léger en guise de réponse.
Celle-ci entra dans la chambre et vint s'installer sur la banquette en face de la sienne.
- Est-ce que tout va bien ? S'informa-t-elle en la dévisageant.
Liya détourna le regard vers sa pitas.
- Je crois que je suis punie, railla-t-elle avec un rire nerveux.
Jamila poussa un profond soupir de désolation.
- Puis-je savoir ce qu'il s'est passé ?
Liya haussa des épaules en feignant l'indifférence.
- Je lui ai demandé une permission de sortie et il s'est refusé à me la donner puis ensuite il n'a pas supporté que je lui exprime ma tristesse.
Liya inspira profondément avant de pousser un rire sans joie.
- Je commence à me demander s'il n'essaye pas de plonger ce palais dans sa peine afin de se sentir moins seul.
- Ne prenez pas en compte ses sautes d'humeurs Liya, je suis certaine qu'il ne pense pas ce qu'il dit.
Liya voulait y croire, cependant le cheikh prenait plaisir à la convaincre du contraire.
- Peu m'importe Jamila, conclut-elle déterminée à ne plus y penser ; Je suis ici dans le cadre d'un travail déjà bien pesant. Je n'ai pas l'intention de lui laisser la chance de me renvoyer.
Jamila approuva sa décision avec un sourire.
- Bonne nuit Liya.
De nouveau seule, Liya termina son repas seule puis décida d'aller dormir. Hélas au bout de plusieurs heures à tourner en rond dans ce lit pourtant si confortable Liya se leva la nuque tendue, le corps parcourut de frissons inexplicables. Elle ferma la fenêtre principale puis quitta sa chambre dans l'espoir qu'une marche nocturne l'aide à trouver le sommeil.
Mais ce n'est pas le sommeil qu'elle trouva dans ce couloir obscur et silencieux mais un bruit d'éclat de verre accompagné d'un gémissement de douleur...
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