Chapitre 20
Sa tête se met à tourner, qu'elle se met à vaciller. Son amie, Irène la tient juste à temps avant qu'elle s'effondre au sol par faiblesse. Elle a l'impression de recevoir une énorme claque en plein face. Impossible de l'accepter dans une manière aussi brute !
Son cauchemar, va-t-il recommencer ? Sa mère et elle vont être pourchassées et expulsées ? Doivent-elles fuir ?
Elle ferme ses yeux si fortement et prie qu'elle se situe dans un mauvais rêve, et qu'elle doit impérativement sortir de là.
— C'est sûrement un simple présent, hésite Irène en relevant son amie.
Celle-ci se met à soupirer et ouvre ses yeux avant de balayer le couloir, comme si elle pouvait sentir Naphtali près d'elle.
Un simple présent... le sorcier ne fait jamais de présent dans un but de rendre le destinataire heureux. Derrière chaque cadeau qu'il offre, se cache bien évidemment une menace a ne pas prendre à la légère.
La Cubaine prend entre ses mains le foulard rouge et ses doigts frôlent les deux lettres brodés.
— L.S comme Lysandra Shade, non ? Tu étais sa femme avant ?
Elle secoue sa tête frénétiquement et lui arrache le tissu entre les mains avec le cœur battant à la chamade. Ce simple foulard lui a pourtant ressurgir des souvenirs douloureux.
Elle se masse les tempes et relève son regard triste dans la direction de son amie. Elle prend une grande inspiration comme pour se donner le courage.
— Non... L.S comme Lahna Shade. C'est ma fille, annonce-t-elle avec le cœur serré.
Son amie ouvre grand ses yeux, comme si elle n'en croyait pas. Les mains de la blonde se mettent à trembler et hésitante, elle fait signe à son amie de la suivre.
— Une fille ? Tu as une fille ?
Elle opine alors que le visage de sa première enfant se dessine dans sa tête. Les cheveux d'un blond clair comme sa mère, les yeux bleu comme dans les profonds des océans. Sa fille lui ressemble terriblement.
— Pourquoi es-tu choqué ? Comme les autres sorcières, j'ai une fille. Mais elle ne vit pas avec moi.
Irène se poste en face d'elle, toujours aussi troublée qu'avant.
Lysandra soupire longuement, déjà épuisée de parler de sa vie d'avant. Parler de sa première fille est comme un supplice. Lahna lui manque terriblement. Séparer une mère de son enfant est une des pires douleurs qu'on puisse ressentir. La mère comme l'enfant est blessée, désorientée.
— Mais où est-elle alors ? Lysandra, tu es si mystérieuse...
Elle la contourne en serrant le bout de tissus dans sa main. Elle regarde le foulard dans sa main, avec un sourire triste sur les lèvres.
— Très loin de son barjo de père. Très loin de sa mère, répond-t-elle. Je l'ai confié à une de mes cousines. Aujourd'hui, elle doit avoir trente ans, Irène. Mais... mais tu me comprends, hein ? Une mère est capable de tout pour son enfant. Je me suis séparé d'elle pour une bonne raison, n'en doute pas.
Sentant que les larmes menacent de jaillir, elle fait disparaître le foulard dans sa main et fait un sourire crispé à son amie. Elle pose une main sur son épaule.
— Allons manger. On va reprendre les cours dans vingt minutes, dit-elle pour changer de sujet.
— Lysandra...
Elle l'interrompt vivement.
— Garde ta peine pour toi, Irène. Je surmonte toujours les épreuves.
**
Après ce présent qui lui a rendu le moral à zéro, Lysandra entre au palais dans les environs de 19h. Quand elle arrive dans sa chambre, elle retrouve une longue robe rouge sur le lit. Troublée, elle prend le vêtement dans sa main et découvre un morceau de papier tombé de celui-ci. Qui a pu bien lui envoyer cette robe ? Sa mère l'a-t-elle invité à une soirée ? Ou bien est-ce Erwan qui lui a envoyé cela ?
Prête à trouver des réponses, elle s'arme du morceau de papier et la déplie avant de retrouver une simple phrase dans une belle écriture des anciennes époques.
« Habille-toi de cette robe et rejoins-moi au salon privé à 20h15. »
Enfin, cela est plutôt un ordre du roi, net et précis dans laquelle il n'attend point de refus. Elle jette une œillade sur sa montre et son cœur se fige quand elle voit l'heure. Il ne reste vingt minutes pour se préparer. Vingt minutes pour tout faire avant que cela soit trop tard, pense-t-elle avant d'aller à la salle d'eau.
Grâce à la magie qu'elle possède, elle s'avance rapidement dans sa préparation avant de partir telle une furie au salon, sans la peine de jeter un coup d'œil sur son reflet.
Le roi l'attend en faisant les cents pas dans le salon, les mains croisées dans le bas du dos. Organiser cette soirée lui est venu sur un coup de tête. Mais il voulait passer plus du temps avec la sorcière, alors peu-être en organisant ce tête-à-tête avec une douce musique en arrière-plan, cela pourrait plus se rapprocher d'elle. Il sent déjà ce lien se renforcer de jour en jour grâce aux moments passé avec la blonde et cela ne fait que l'en réjouir.
Mais il sent aussi que la sorcière lui cache encore quelques secrets dont elle a l'intention de ne rien dire.
— Erwan.
Surpris qu'il n'ait pas entendu la sorcière arrivée, il se tourne dans une vitesse inhumaine. Attiré par cette couleur flashante, ses yeux ne s'attardent pas à reluquer Lysandra. Une longue robe bustier d'un rouge royal et brillanté, largement fendue sur la longue jambe ciselée de la sorcière. La robe met en valeur ses courbes gracieuses ainsi qu'une ceinture cintrant sa taille. Il se félicite mentalement d'avoir choisi la bonne robe.
Il s'élance dans sa direction et prend sa main avant de lâcher un baiser sur celle-ci. Le visage rougi par cette toute attention, Lysandra pivote sa tête vers le miroir qui donne un aperçu de sa préparation.
— Tu es sublime. Vraiment je n'ai pas de mot. J'ai tellement de chance de t'avoir.
— Arrête, je suis tellement gênée ! s'exclame-t-elle avec un sourire aux lèvres.
Le roi lâche un rire rauque et remarque malgré le sourire de la sorcière, elle semble être embêtée. Il ignore et lui fait signe d'aller manger.
— Tu as fait tout ça pour moi ? demande-t-elle émerveillée par le changement de décoration.
Il tire sa chaise et l'incite à s'asseoir.
— C'est notre premier rendez-vous...
— Techniquement, non...
Il chasse ces mots par un geste de la main.
— Je voulais dire, notre premier rendez-vous officiel, se rectifie-t-il. Pour une fois, je voudrais être un normal.
Il sert un verre de champagne à la sorcière.
- Un humain ?
Il opine.
- Exactement. Nous, on n'est pas des normaux, alors pour ce soir, je veux qu'on soit dans leur peau et être deux insouciants qui s'aiment et qui sont ignorants au danger.
Elle pose son menton dans sa paume et le fixe avec une certaine tendresse.
- Honnêtement Erwan, je ne te pensais pas comme ça. Avant que je te connaisse, tu nous envoyais l'image d'un homme horrible, cruel, démoniaque. Mais en te connaissant, tu m'impressionnes. Je ne le saurais pas comment décrire ton vrai visage, mais les rumeurs qui courent après toi sont totalement fausses.
Il met sa main sur sa poitrine et prend une mine touchée.
— Cela touche le fond de mon cœur, Lysandra. Merci infiniment.
Elle rigole et passe le reste de la soirée dans la bonne humeur avec la compagnie de son âme-sœur. Désormais, ils dansent sur un slow en plein milieu du salon, se laissant bercer par les notes aigus de la chanteuse. Le vampire lève le visage de Lysandra dans sa direction et l'embrasse tendrement. Chez la sorcière, elle ressent une sorte d'explosion des sentiments qui l'assènent. C'est si intense, plus fort qu'un amour basique, si sensuel, enrobant, que cela lui en fait perdre de la tête. En un bref instant, tout s'efface autour d'eux, rien n'existait, à part leur présence.
Le roi, assoiffé par cette bouffée de bonheur, prend en coupe le visage de la blonde pour approfondir ce baiser. Mais une voix grave et sèche s'étonne dans le salon.
La sorcière, surprise, recule alors que le roi tourne la tête vers son frère avec l'envie de le tuer sur place.
— Aldérik, je te conseille de courir très loin avant que je te tue, menace-t-il en fermant ses poings.
Le prince fronce ses sourcils et regarde méchamment la sorcière.
— Crois-moi, je ne voulais pas vous déranger mais il s'avère qu'un de mes amis est mort, par un sorcier...
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