Chapitre 9
Savana demeura immobile comme une statue de cire. La situation devenait affreusement gênante. Elle fut un instant subjuguée par la puissance purement physique qui émanait de son visiteur. Incrédule il se retourna vers elle alors que le pauvre faon arrachait les pages de son livre préféré.
- Puis-je savoir pourquoi il y a un faon chez-vous ? Demanda-t-il dubitatif.
- Je l'ai trouvé errant dans mon jardin, il est blessé au flanc alors je voulais le soigner, expliqua-t-elle en rejoignant l'animal pour lui reprendre le livre.
- Et il vous a suivi comme ça ?
- Oui, pourquoi ? Regardez-le ! Il souffre !
Arik en resta coi.
Les yeux de la jeune femme passèrent de la peur...d'un regard implorant son aide. Le petit faon tomba sur le côté.
- Dois-je m'attendre à voir un ours sortir de votre chambre ? S'enquit-il pince-sans-rire.
Savana rit...ce qui la surpris elle-même. La situation était tellement risible. C'était évident, il voyait ça pour la première fois de sa vie. D'ailleurs elle fut fascinée par son regard incrédule. Trêve de plaisanterie, songea-t-elle en se relevant. Voila deux fois que son téléphone sonnait. Signe qu'il était attendu ailleurs et pour des responsabilités plus importante qu'un petit faon blessé.
- Et pour l'écureuil ? Questionna-t-il en prenant un air mi-amusé mi-décontenancé.
- Quel écureuil ? Il n'y a pas...oh ça ! Je vous assure qui je n'y suis pour rien ! Se justifia-t-elle en mettant ses mains derrière son dos alors qu'un écureuil grimpait les marches pour s'enfuir par le toit abîmé.
Embarrassée, elle se mordit la lèvre.
- Écoutez votre...
- Arik, appelez-moi Arik.
- Arik, rectifia Savana : Vous pouvez partir maintenant, je suis certaine que vous êtes attendu ailleurs pour des choses bien plus grave qu'un...
- Avez-vous quelque chose pour l'endormir ? Coupa-t-il tout en retirant son manteau.
Une masse de muscles lui apparut alors, la faisant rougir alors qu'elle était confuse par sa question.
- Qu..quoi ?
- Eh bien le faon, dit-il en s'approchant d'elle tel un guerrier près à passer au combat.
Elle sursauta sans qu'elle le veuille vraiment.
- Je ne vais pas vous faire du mal Savana, dit-il comme une promesse solennelle.
- Ou..oui je sais, bégaya-t-elle pardonnez-moi je n'ai...plus l'habitude et...
- Ça ne fait rien, alors ce faon ? Vous aviez l'intention de l'endormir n'est-ce pas ?
Savana cligna des yeux. Non elle n'avait pas eu la brillante idée de l'endormir.
- Bien-sûr que oui, s'exclama-t-elle en réfléchissant à toute vitesse.
Il prit le faon qui s'épuisait à essayer de se lever. Comme s'il ne sentait pas son poids, il le souleva pour le mettre sur la table tout en lui murmurant des mots dans sa langue. Lesquels des deux avaient succombés à ces douces paroles ? Elle ou le faon ?
Recouvrant ses esprits, elle alla jusqu'au bar et revint vers lui.
- J'ai ça, dit-elle en lui montrant la bouteille de whisky : S'il boit la bouteille il devrait dormir d'ici une petite demi-heure.
Arik sentit ses lèvres trembler sous la force du rire qui monter dans sa gorge. Elle était encore plus magnifique lorsqu'elle se montrait déterminée.
- C'est ça que vous vouliez faire après mon départ ? Questionna-t-il en se pinça l'arrête du nez pour se retenir de rire : Saouler ce pauvre faon ?
Elle battit des cils en le regardant la tête rejetée en arrière. Arik se montrait prudent quant à sa façon de l'approcher.
- Oh...oui ce n'est peut-être pas la meilleure des solutions...oh attendez !
Arik la suivit des yeux tandis qu'elle boitait jusqu'à la cuisine. Une peine lui comprima le cœur. Ses cheveux flottaient comme une cascade contre ses reins, la courbe de son dos lui révélait qu'avant cet accident elle devait sûrement marcher avec grâce. Fort heureusement, un jour elle retrouverait cette démarche. Son dossier médical qu'il avait étudié en tout impunité lui avait permis d'en avoir la certitude.
- J'ai ceci.
Le regard d'Arik s'assombrit lorsqu'elle revint avec une seringue d'au moins dis centimètres.
- Qu'est-ce que c'est que ça ! S'exclama Arik en réprimant un geste brusque pour la lui retirer des mains.
Son regard parut triste.
- C'est ce que je dois injecter dans mes jambes lorsque j'ai trop mal, murmura-t-elle en secouant le petit flacon : C'est une sorte de tranquillisant.
Arik serra les dents.
- Vous le faites seule ? Parvint-il à lui dire d'une voix tendue.
- Non, j'appelle Betty ou mon frère, cela dépend : Je ne peux pas me le faire seule, l'idée de piquer ma chaire me donne des haut-le-cœur...d'ailleurs à vous l'honneur.
Elle lui tendit la seringue. Il la prit en imaginant cette aiguille percer ses chaires nacrées. Son corps se crispa entièrement.
- Attendez ! S'écria-t-elle posant ses mains sur le faon : Vous êtes sûr de ce que vous faites ? Demanda-t-elle dans l'incertitude.
Il se pencha lentement en espérant qu'elle ne s'éloigne pas de lui en un sursaut.
- J'ai soigné plusieurs de mes hommes lors d'un combat sur mes terre...jusqu'à recoudre l'un d'entre eux, alors je pense pouvoir sauver ce petit faon.
Ses yeux s'agrandirent devant la nouvelle.
- Ne lui faites pas trop mal, prévint-elle en caressant l'animal.
Arik piqua le faon avec délicatesse et reposa la seringue sur la table. Impassible, il jeta un regard furtif à la jeune femme. Savoir que cette seringue perçait ses jambes lui serra le cœur. Sous le choc par les réactions inexplicables qu'il ressentait pour cette inconnue, Arik s'ordonna de se reprendre avant de perdre la raison.
- Je n'ai pas l'impression qu'il ait été blessé par une balle mais plutôt un couteau.
- Mon dieu !
- Ce n'est pas profond, rajouta-t-il en ouvrant la trousse qu'elle lui avait apporté : Je vais arranger ça.
Fascinée, Savana profita qu'il soit de profil pour le contempler. Elle détourna les yeux avant qu'il ne la surprenne et se racla la gorge. Le faon réagissait bien au tranquillisant et se laissa faire lorsqu'il nettoya la plaie.
Selon les dires du Dr West, le cheikh...pour une raison qui lui était encore méconnue avait eu un effet positif sur elle.
- Comment vous avez su pour moi ? Demanda-t-elle d'une voix qui trahissait son hésitation.
- J'ai demandé à Hamid quelques informations sur vous, dit-il en la regardant brièvement : J'aurai dû le faire avant de m'engager ici.
Savana déglutit.
- Vous pensez que...
- Je ne pense rien, coupa-t-il comme s'il avait lu dans ses pensées : Ce qu'il vous est arrivé n'autorise aucun commentaire : Je ne peux que m'incliner devant ce miracle.
Savana manqua de fondre en larmes.
- Vous êtes en vie, et lui en prison, conclut-il sombrement : Vous n'avez pas à vous justifier Savana.
- Un jour il sortira, murmura-t-elle saisit d'un violent tremblement.
- Dans très longtemps, répliqua le cheikh sur un ton ferme.
Oui, c'est ce qu'elle n'arrêtait pas de se répéter. Seulement il lui était difficile de ne pas s'imaginer son regard cruel, sa main levée, prêt à la punir...
Pour y échapper, elle crispa ses yeux et sentit sous les paumes de ses mains les tremblement du faon.
- Vous voulez bien poser vos mains ici, lança-t-il en s'approchant d'elle.
Savana rouvrit les yeux. À présent, il était proche d'elle. Si proche que son parfum flottait autour d'elle. Quant à son bras...Savana n'avait jamais vu des biceps aussi impressionnant.
- Où ça ?
Il reversa sa main pour lui offrir sa paume. Savana comprit qu'il voulait la guider.
" Nous avançons Savana petit à petit " entendit-elle dans sa tête.
Alors elle la posa sur la sienne, hésitante. Elle était chaude, constata-t-elle en se pinçant les lèvres. Un long frisson parcourut sa nuque quand ses doigts se refermèrent sur sa main.
- Ici, dit l'homme en lui faisant poser le plat de sa main sur le côté du flanc.
- Vos mains sont grosses, commenta-t-elle ce qui provoqua l'hilarité du cheikh.
- C'est un compliment ?
- Sans doute, dit-elle en rougissant de plus belle.
- Vous êtes la première à me parler avec une franchise déstabilisante, confia-t-il en s'appliquant à recoudre l'animal endormi.
Savana se pinça les lèvres...encore, ce qui n'échappa pas au regard féroce du cheikh.
- Mes cicatrices vous font peur ? Demanda-t-il à mi-voix.
- Oui, avoua-t-elle avec prudence.
Il agita sa tête faiblement avec un air entendu. Puis un sourire léger se dessina sur ses lèvres balafrées.
- Vous voulez connaître leurs histoires ? Proposa-t-il alors à sa plus grande surprise.
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