Chapitre 62
- Monsieur Stilling, pouvez-vous nous parlez de votre ex-épouse ? Demanda maître Mayer en s'avançant vers lui.
- Ma...
Savana retint son souffle. Il venait de s'interrompre dans la rectification qu'il s'apprêtait à faire. Non elle n'était plus sa femme. Pourquoi persistait-il à se persuader du contraire ?
Craignant que l'audience dérape, Savana porta sa main sur le torse dur de son mari, serrant sa chemise entre ses doigts.
- Elle est formidable, déclare-t-il en la regardant une lueur mystérieuse dans les yeux.
Elle se surprit à soutenir son affreux regard avant de baisser les yeux. Incapable de supporter cette paire d'yeux qu'elle cherchait vainement à oublier.
- C'est une femme merveilleuse, elle m'apporte tellement.
- Pourquoi parlez-vous d'elle au présent ? Comme si elle était encore votre femme ?
Max rit...nerveusement. Comme si cette question était ridicule à ses yeux.
- Dois-je vous rappeler qu'elle n'est plus votre femme ?
- Je sais qu'elle n'est plus ma femme, grinça-t-il rageusement.
- Monsieur Stilling, pouvez-vous m'expliquer pourquoi battre à mort votre...merveilleuse femme ? Demanda-t-elle en appuyant sur la fin de sa phrase.
- Je ne la battais pas, c'est faux.
Des soupirs de désolations remplirent la salle d'audience. Savana sentit le corps d'Arik se raidir.
- Vous ne la battiez pas, répéta maître Mayer sèchement ; On relève des traces de coups sur le corps de Savana à trois reprises lors de ses fausses-couches, mais vous ne la battez pas ? Monsieur Stilling vous vous moquez de moi ?
Les yeux cernés, Max esquissa un demi-sourire qui se révélait espiègle.. machiavélique.
Ce sourire qu'elle connaissait si bien la fit frémir de peur. Son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine si fort qu'elle crut manquer d'air jusqu'à se tenir la gorge.
Comment pouvait-il se montrer si cruel ?
- Monsieur Stilling, que s'est-il passé ce fameux soir ?
L'intéressé continuait à sourire avant de croiser le regard de son avocat qui venait de jeter son stylo sur la table comme s'il venait très clairement de jeter l'éponge.
- Je suis rentré du travail, nous avons dîner et ensuite nous étions dans la chambre.
Il marqua une pause pour feindre un sentiment d'horreur sur son visage tout en secouant de la tête.
- Elle était près de la fenêtre et là je n'ai rien pu faire comme j'ai expliqué aux enquêteurs.
Interloquée, Savana fronça des sourcils. Qu'avait-il pu bien raconté aux enquêteurs ?
- Arik ? Qu'est-ce qu'il a dit ? Demanda-t-elle d'un murmure pressé.
- Je ne sais pas habibti, chuchota-t-il en fronçant des sourcils à son tour.
- Vous maintenez cette version ? Questionna maitre Mayer partagée entre la colère et le désarroi.
- Oui madame.
L'avocat se passa une main sur le visage et se tourna face à la salle en dodelinant de la tête. Savana se redressa sur le banc, le souffle court.
- Donc....reprit Mayer en marchant lentement vers lui ; Savana a voulu se suicider ? Vous maintenez cette version ? Insista-t-elle plus durement.
- Oui.
- Quoi ? Souffla Savana en dévisageant chaque jurés les yeux embués de larmes.
Se suicider ?
C'était comme si une lame venait de lui trancher les poignets. Elle ferma fort ses yeux pour échapper à la scène qui sans cesse, revenait la hanter.
- Vous maintenez cette version dans laquelle Savana se jette par la fenêtre ? Comme ça ? Reprit Mayer en claquant des doigts.
- Je viens de vous dire que oui ! S'emporta l'accusé les yeux noirs.
Il posa son regard sur elle en lui adressant une moue suppliante.
- Chérie dis la vérité maintenant que l'on puisse continuer là où...
- Monsieur Stilling je vous interdis formellement de vous adresser à madame Dahazar ! Ordonna le juge fermement.
- Oh seigneur...geint-elle en se cachant le visage.
Arik serra les mâchoires d'une telle force qu'il ne parvenait plus à contenir la pulsion qui fusait dans ses veines.
- Savana se jette d'elle-même par la fenêtre et vous expliquez aux enquêteurs qu'elle se tenait devant la fenêtre...
Mayer s'interrompit pour récupérer un dossier sur la table pour lire la déposition de ce dernier.
- Elle se tenait devant la fenêtre puis s'est littéralement jetée dans le vide.
Mayer referma le dossier et se mit face au jurés.
- Mesdames messieurs, je tiens à vous détailler que la fenêtre à double vitrage était fermée selon l'expertise. Ce qui signifie que Savana à réussi d'elle-même à briser un double-vitrage sans même s'élancer.
Elle se tourna vers elle.
- Vous êtes très forte madame, commenta-t-elle avec ironie.
Des rires fusèrent dans la salle.
- D'autant plus qu'au moment des faits, vous pesiez quarante-huit kilos.
Savana ferma les yeux brièvement puis les releva vers le juge. L'angoisse qui l'habitait depuis des années n'était pas comparable à l'angoisse de l'inconnu. De ne pas savoir, de ne pas pouvoir anticiper...
- Vous avez défenestrée Savana après l'avoir battue n'est-ce pas monsieur Stilling ?
- Non !
- Vous l'avez attrapée par les cheveux, vous l'avez traînée jusqu'à la chambre et vous l'avez poussée si fort qu'elle est passé par la fenêtre.
- C'est faux ! S'écria-t-il les yeux ombrés de rage.
Savana serra ses doigts sur la chemise de son mari. La tension montait comme l'avait présagé la femme qui se battait pour obtenir justice.
- Oh que si c'est vrai, murmura Mayer en redressant les épaules.
Louane se leva pour prendre la relève.
- Monsieur Stilling, vous vouliez des enfants ? Demanda-t-elle avec un calme qui réveilla la manipulation de l'accusé qui changea aussitôt de facette.
- Bien-sûr...quelle question !
- Beaucoup ?
- Des tas !
- Alors pourquoi avoir tué votre fils ?
Feignant un calme exemplaire il répondit d'un sourire fugace :
- Je n'ai pas tué mon fils, elle a glissé dans les escaliers.
Quatre des jurés se redressèrent, bras croisés, incapables de retenir l'agacement qui se lisait dans leurs yeux rivés sur l'accusé.
- Vous aviez prévu de l'emmener dans une cabane ?
Savana porta ses doigts à sa tempe douloureuse. Elle secoua de la tête et réalisa trop tard qu'il y avait des éléments qu'on lui avait caché délibérément.
- Quelle cabane ? Demanda-t-il d'une voix dénuée de culpabilités.
- Vous avez chargé votre compagnon de cellule d'enlever Savana pour l'amener dans l'ancienne maison de vos parents à Phénix et je cite " Tu l'as mets dans la cabane comme ça personne ne pourra jamais l'entendre.
Une vive douleur lui comprima la poitrine.
- Rappelle-toi ce que je t'ai dit hier soir habiba, souffla Arik en embrassant sa tempe brûlante.
Le visage grimaçant Savana trouva son regard dans le brouillard qu'elle avait devant les yeux.
- Je n'ai pas...
- Quatre témoins vous on vu menacer votre compagnon de cellule monsieur ! Cessez ce petit jeu !
Louane s'agaça et ne le laissa même plus continuer.
- Vous savez pourquoi vous vouliez des enfants ?
Max ouvrit sa bouche tremblante de colère pour répondre mais Louane poursuivit.
- Moi je pense que c'était pour garder le contrôle sur Savana. Le désir d'être mère qu'elle avait été tel que vous auriez eu le plein pouvoir n'est-ce pas ?
Louane le regarda droit dans les yeux.
- Vous auriez utilisé cet enfant pour la maintenir auprès de vous ; Elle n'avait pas de situation vous oui ! Vous l'auriez menacé de lui retirer la garde. Vous l'auriez forcé à le faire taire quand il aurait pleuré parce que cela vous aurez été insupportable n'est-ce pas ?
Dents serrées, l'accusé tremblait de colère.
La salle semblait retenir son souffle.
- Vous êtes un homme avec un sérieux soucis d'infériorité monsieur Stilling, vous n'êtes pas fou, pleinement conscient de vos actes et vous n'aurez jamais plus d'emprise sur elle je peux vous le garantir.
Zakhar se redressa, prêt à bondir jusqu'à ce que sa femme soit assise à sa place.
- Monsieur Stilling, comment était Savana au début de votre mariage ? Lança son avocat.
- Très susceptible et irritable, lâcha-t-il sur un ton lassé tout en étendant ses jambes.
Savana ferma les yeux dépités.
- Sautes d'humeurs ?
- Parfois oui, alors il fallait bien que je la maîtrise, vous comprenez.
Arik resserra ses doigts autour de son épaule.
- Il s'enfonce, expliqua Zakhar satisfait.
- Pensez-vous avoir fait une erreur en l'épousant ?
- Non ! Gronda-t-il en foudroyant son propres avocat du regard ; Nous sommes faits l'un pour l'autre, elle était juste extrêmement désobéissante ! Il fallait que je lui explique comment...
Il pouffa.
- Elle paye le prix de sa vie de rêve ! Conclut-il en secouant des épaules.
Le public poussa des cris étouffés, soupirs de lassitudes, exclamations horrifiées.
Hamid lui prit sa main complètement froide. L'homme qui avait quitté la salle la veille avait maintenant le regard empli d'espoirs.
Maître Carozo s'approcha de son client pour lui souffler à voix-basse ;
- Comment voulez-vous que je vous défende monsieur Stilling, déclare-t-il désespérément en secouant de la tête.
Max se pencha vers lui, avec le regard machiavélique et posa sa main sur le micro.
- Tout ce que je veux c'est la récupérer, siffla-t-il entre ses dents ; Alors faite votre travail !
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