Chapitre 53
- Le 12 Janvier, Mademoiselle Slovovitsh arrive au New York Methodist Hospital pour une nouvelle fausse-couche cette fois-ci au début de sa grossesse.
L'infirmière du second hôpital acquiesce.
- La question que je pose c'est pourquoi avoir changé d'hôpital ? Pourquoi ne pas être retourné au Bellevue Hôpital ? Lança Louane vers Max qui la regardait avec des yeux noirs.
- Je me suis posée la même question, répondit la deuxième infirmière.
- Et pourquoi ça ?
- Parce que son dossier médical était au Bellevue Hôpital, là où elle était suivi depuis son arrivé de la Russie, de plus, leur adresse de l'époque était bien plus proche du Bellevue que l'hôpital où j'exerce ; J'ai appelé pour recevoir son dossier et c'est là que j'ai appris qu'elle avait fait une fausse-couche tardive. Dans ce genre de cas il faut veillé à ce que la patiente soit examinée pour savoir s'il n'y a pas de lésions internes.
- Elle était seule ?
- Oui, je n'ai jamais vu son ex-mari, jusqu'à maintenant.
- Comment était-elle ?
- La première chose qui m'a frappé chez cette jeune femme c'est sa maigreur et ses cernes, j'ai alerté mon supérieur lorsque le dossier m'a paru plus complexe que je le croyais.
Savana était prostrée sur le banc, refusant d'entendre la suite.
- Je...mon supérieur a cru qu'elle se droguait ou qu'elle était sous l'emprise de l'alcool car elle titubait, nous avons procédé à des analyses qui on révélait qu'elle souffrait d'une carence nutritionnelle.
Prise de vertige, Savana se pencha honteusement vers son frère.
- Je veux sortir, demanda-t-elle d'un souffle.
Zakhar s'y opposa, sachant pourquoi elle voulait prendre la fuite.
- Je t'interdis d'éprouver de la honte ou de l'humiliation, chuchota-t-il alors qu'Arik avait resserré sa prise sur ses doigts ; Ce n'est pas toi qu'ils regardent tous mais lui...
Malgré ça, les mots du médecin restaient encore gravé dans son esprit.
- Le médecin lui a alors posées de nombreuses questions, mais elle a paniqué, reprit l'infirmière ; Le Dr Finigan a tenté de la retenir mais elle est partie.
- De la peur ?
- Je pense que oui, affirma la femme au teint bronzé ; dès que le Dr Finigan a évoqué son mari elle semblait hors d'haleine, prise d'une angoisse soudaine.
- J'ai n'ai plus de questions votre honneur.
Comme L'avocat de Max n'avançait pas, le témoin fut renvoyé dans l'assistance.
Cette fois-ci quand madame Fonze arriva à la barre, Savana esquissa une moue de dégoût. Elle n'était sûrement pas ici pour la défendre mais pour défendre Max. Après tous les services que lui avait rendu ce dernier à l'époque, Savana n'espérait rien de ce témoignage. Elle se sentait vidée avant même qu'elle n'ouvre la bouche. Le sourire qu'elle arborait était à vomir et elle n'oublierait jamais la façon dont elle l'avait traitée à l'époque.
- Madame Fonze, commença l'avocat du prévenu ; Depuis quand connaissez-vous Max ?
- Oh ! Depuis des années.
- Comment était-il avec sa femme ?
Savana poussa un rire amer prenant soin de le rendre silencieux et tourna son regard vers Arik qui semblait taillé dans le marbre...impassible, les yeux rivés sur ce témoin.
- Eh...bien..comme un mari avec sa femme, s'exclama-t-elle en souriant.
- Bon dieu...siffla Zakhar en s'agitant sur le banc.
- Doux, aimant...chaque fois qu'ils venaient dîner à la maison rien n'avait l'air de clocher.
- Et Savana ?
- Un peu tête en l'air, mais Max veillait à toujours lui rappeler ses erreurs avec bienveillance et respect.
La bouche d'Arik atterrit sur son front.
- Pourquoi fait-elle ça ? Demanda-t-il à voix-basse en baissant son regard vers le sien.
- Max s'occupait de ses impôts, il lui a caché de nombreuses sommes d'argent sur un compte offshore basé dans les Caraïbes, expliqua-t-elle tout bas en humant son odeur qui suffit à lui rappeler qu'il était là.
- Maintenant je comprends mieux, murmura-t-il d'une voix ruisselante de colères contenues.
- Vous étiez au courant pour le bébé ?
- Oui, je les avais même félicité pour cette nouvelle, quelle horreur d'avoir appris qu'il était mort !
Savana sentit un goût amer lui brûler la gorge.
- Max vous en a-t-il parlé ?
Cette mégère sortit un mouchoir comme une veuve éplorée.
- Il était bouleversé, dit-elle sur un ton dithyrambique.
Arik fut soulagé lorsqu'il passa brièvement son regard sur le jury. Si tous demeuraient impassible, une femme secoua désespérément de la tête devant ce témoignage qui ressemblait plutôt à une comédie.
Un sentiment de fierté venait de lui saisir le cœur. Sa femme supportait le procès avec plus de forces et de courages qu'il ne l'aurait crû. Elle se surpassait et le surprenait. Elle respirait la pureté. Comment passer à côté de cela ? Impossible. Il se surprit à prier Allah qu'il lui donne une fille...aussi magnifique que sa mère. Sa main qui à présent portait la bague incrustée d'un saphir de la couronne était posée sur son torse. Elle avait les yeux rivés sur cette comédienne d'une mauvaise série raté et se pinçait les lèvres chaque fois qu'elle crachait un nouveau mensonge sur elle jusqu'à prétexter qu'elle n'obéissait pas assez, créant une indignation totale de la salle. Le juge dut user de son marteau pour ordonner le silence.
- Madame Fonze je n'ai qu'une seule question à vous poser, déclara Louane d'une voix volontairement traînante ; Est-ce que oui ou non, vous ou votre précédant mari avez eu recours aux services de monsieur Stilling pour l'ouverture d'un compte offshore basé au Caraïbe ?
Stupéfactions, murmures s'ensuivirent.
- Objection ! S'écria maitre Carozo ; Cette question n'a aucun rapport avec ce procès !
- Oh si elle en a un, rétorqua Louane en fusillant son adversaire des yeux ; J'ai là des preuves ici qui ne font aucun doute quant aux raisons qui pousse madame Fonze à nous fournir un faux témoignage.
- Puis-je les voir ? Demanda le juge.
La comédienne devint rouge de confusion.
- Madame ? Répondez à la question, est-ce que oui ou non, monsieur Stilling vous a ouvert un compte offshore ?
- Non...enfin..C'est grotesque !
- Votre témoignage est grotesque, réplique le juge en retirant ses lunettes, j'ai là des preuves qui attestent l'aide de monsieur le Stilling pour vos impôts ainsi qu'un virement au nom de monsieur Kay votre ex-mari vers un compte basé dans Caraïbe.
- Répondez ! S'agaça le juge.
- Il...c'est vrai qu'il m'a.. mais...
- Aussi votre témoignage n'est pas recevable ni aujourd'hui ni demain, savez-vous les risques encourus pour faux témoignages madame ?
Savana poussa un soupir de soulagement et posa sa tête contre le bras d'Arik.
- Elle est trop forte, murmura son frère en caressant sa femme d'un regard tendre et brûlant.
Elle quitta la barre sous des murmures de consternations.
- Si d'autre témoins ont l'intention de mentir la main droite levée alors je leur prierais de quitter cette salle, déclara le juge d'une voix exaspéré ; L'audience est suspendu jusqu'à quatorze heure.
Cette pause raviva Savana qui quitta la salle avec Arik. Une fois loin de l'agitation elle poussa un soupir.
- Tu es parfaite, murmura Arik en encadrant son visage de ses larges mains.
- Tu trouves ? Demanda-t-elle d'une voix incertaine.
- Il n'y a pas plus forte que toi, affirma-t-il en déposant un baiser sur son front.
- Comment tu te sens ? S'enquit Louane en arrivant à leur hauteur, Zakhar à ses côtés.
- Bien...ça va pour l'instant.
Zakhar consulta sa montre.
- Nous avons trois bonnes heures devant nous, ensuite ça sera au tour du Dr West puis si le temps nous le permet, le chirurgien qui t'a sauvé.
Savana acquiesça, se souvenant très bien de ce médecin.
- Comment la situation se présente ? Demanda Arik sourcils froncés.
- Très bien, l'usage d'un faux témoignages est très grave, Max a quelques témoins, espérant que l'un d'eux recouvre la raison et dise la vérité, expliqua Zakhar en caressant le ventre de sa femme qui tentait d'écarter le col de sa robe d'avocate.
- Pour le moment, tout se passe comment je l'avais prédis, ajouta Louane avec un sourire rassurant.
Savana esquissa un sourire tremblant. La crainte....un sentiment qui l'usait depuis tant d'années reprit place au fond d'elle. Car bientôt, c'est elle qui se tiendrait à la barre pour raconter son histoire...
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