Chapitre 51



Arik était complètement assommé par les successions de nouvelles qui venaient de lui tomber dessus. La fureur devait se lire dans ses yeux puisqu'il vit Azima prendre une expression horrifiée. Immédiatement, avant que Savana ne se lève, Arik s'efforça d'adoucir ses traits. Les émotions qui se succédaient en lui étaient d'une telle force qu'il ne parvenait pas à les expliquer. Une seule chose comptait vraiment à cet instant.

Savana était enceinte.

- Votre majesté, murmura Azima.

Trop occupé à chercher le regard de sa femme perdu dans le vide, Arik pénétra complètement dans la chambre et ne vit que l'ombre d'Azima disparaître pour s'éclipser de sa propre chambre. Tout d'abord, Arik avisa la situation avec prudence. Il était clair qu'elle cherchait ses mots. Alors Arik posa ses yeux sur son ventre et s'insulta à mi-voix. Quel imbécile ! Comment avait-il pu passer à côté de ça ?

Azima avait raison. Même en ayant tout ce qu'il désirait, il se comportait comme un étalon fou...avec des œillères. Trop absorbé dans son envie farouche de la protéger corps et âme, Arik avait raté la transformation de son corps. Et dire qu'il lui avait fait l'amour il y a moins d'une heure ! Qu'il avait posé sa main sur son ventre !

- Je...voulais...

- Non, ne dis rien chérie bon sang tu es enceinte depuis...

Arik ne parvenait pas à trouver les mots. Il survola le corps de son épouse et prudemment porta sa main sur son ventre. Il ferma les yeux et finit par la prendre dans ses bras jusqu'à ce qu'elle ne puisse toucher le sol.

- Je suis un idiot ! Comment ai-je fait pour ne rien voir, ma chérie...

Arik écarta ses cheveux de son front pour examiner son visage et fut surpris de la voir sourire tout en pleurant.

De joie.

- Azima dit que tu as des œillères.

La malice qu'il lut pétiller dans son regard le rassura. Si Arik était en proie à la colère c'était d'avoir entendu un nouveau fragment de son histoire.

- Elle est probablement raison, chuchota-t-il en continuant de l'examiner ; Depuis Capri, ce voyage me paraît si loin maintenant que tu es mon épouse.

- Je l'ai su tard, je croyais que j'étais malade, expliqua-t-elle en portant ses doigts à sa bouche.

Savana se sentait soulagée. Arik avait entendu et elle n'en était pas mécontente. Son visage si dure portait les traits d'un homme fier et inquiet à la fois. Elle se surprit à rosir lorsqu'il lui retira ses doigts de sa bouche pour les portes à la sienne. L'orage se mit alors à naître dans son regard. S'il avait entendu pour le bébé alors il avait probablement entendu la suite.

Savana jugula au mieux sa panique en savoura le contact de ses doigts sur sa bouche.

- N'aie aucune crainte pour notre enfant à venir et le procès, murmura-t-il soudain en lui encadrant le visage avec ses mains ; Je ne laisserai plus personne te faire du mal.

Elle laissa un sanglot s'échapper de ses lèvres tremblantes avant qu'il ne l'étouffe avec un baiser sur sa bouche.

Et c'est en s'écartant d'elle, que Arik comprit qu'elle l'avait sauvé. Seulement la jeune femme si généreuse et bienveillante devait encore affronter ses pires craintes. La douleur était intolérable à ses yeux. Il ne voulait plus la voir souffrir ni avoir peur. Sa fine gorge était tellement serrée qu'elle ne parvenait pas à lui répondre. Il valait mieux qu'elle s'allonge, songea-t-il en voyant ses lèvres trembler.

- On ferait mieux de laisser Azima regagner sa chambre, dit-il en lui prenant la main pour la guider vers la porte.

- Comment as-tu su que j'étais ici ? Demanda-t-elle en fronçant des sourcils.

- Je t'ai regardé te lever puis quitter les appartement, alors je t'ai suivi.

- Mais j'étais persuadé que tu dormais, dit-elle en s'arrêtant à la porte ; Tu ronflais.

- Oh tu n'es pas au courant ? Lança Arik avec un sourire malicieux ; Je fais des micro-sieste.

Elle éclata de rire et c'était bon. Arik s'en abreuva et ouvrit la porte. La pauvre Azima s'était assoupie sur le banc extérieur et se redressa comme un petit soldat à leur apparition.

- Je suis désolé Azima.

La femme balaya ses excuse d'une main preste et se leva. Elle étouffa tout de même un bâillement en pénétrant dans sa chambre. Ils regagnèrent à leur tour les appartements et il se dirigea vers la cuisine équipé pour préparer une collation pour Savana qui mourrait de faim et qui n'osait pas le dire. Arik s'était référé à ses gargouillements. Il déchira un pain de pita et versa le contenu dans le pain. À peine eut-il franchi le seuil de la chambre qu'elle se redressa sur le lit les yeux rivés sur le pain. Elle se jeta dessus pour prendre une bouchée et la savoura avec un petit gémissement.

- Demain nous irons voir un médecin, annonça-t-il en lui caressant la joue.

- Tu es si prévisible, si prévenant...

La bouche pleine, elle se rassasiait maladroitement. Arik embrassa le sommet de sa tête et ne put ignorer l'expression préoccupée de la jeune femme.

- Tout ira bien mon ange, je te le promets...

Convaincue, elle se pencha pour l'embrasser. C'était la première fois qu'elle prenait l'initiative de poser sa bouche contre la sienne. Arik savoura la chaleur de ses lèvres et se leva pour prendre son téléphone. Il décida d'envoyer un message à Hamid pour qu'il contact la presse. Envers et contre tout il était prêt à se combattre à ses côtés. Il était temps qu'elle apparaisse au grand jour.

- Tout ira bien habibti...

Comme elle ne répondait pas, Arik se retourna et la trouva endormie profondément. À ce moment-là, Arik se fit l'ultime promesse que très bientôt...plus rien ne viendrait se mettre sur leur chemin.

~

Les jours suivants la nouvelle, Savana avait elle-même dessiné les lettres de l'annonce de sa grossesse. Leur bébé allait bien. Un médecin hautement réputé à Dahazar l'avait prise en charge le lendemain. Au tréfonds de son cœur, Savana était terrifiée...mais elle avait décidé de ne pas le montrer. Surtout pas à Arik qui chaque heure de chaque jour prenait grand soin d'elle. Avec un soupir tremblant elle referma l'encrier.

- Je pense que c'est exactement ce qu'il faut, murmura-t-il en déposant un baiser sur le sommet de sa tête.

Savana frissonna. Il avait le don de débarquer la où elle ne l'attendait pas !

- Tu as de la chance que je sois immunisé maintenant, dit-elle avec une moue de coquetterie mutine ; Il y a trois mois, j'aurai sursauté.

Une flamme dansa dans ses yeux et ses joues devaient sûrement la trahir puisqu'il plissa ses yeux tout en fixant sa bouche. L'atmosphère de ces jours-ci était palpable. Bientôt....plus précisément demain, Savana devrait affronter Max. Arik avait vaguement changé de comportement. Plus irritable, plus autoritaire mais grâce au ciel, Savana avait su trouver les mots pour le calmer. Il n'en demeurait pas moins inquiet.

- Tu es prête ? Demanda-t-il d'une voix tendue.

Elle se leva et acquiesça d'un signe de tête. Il était temps pour eux de prendre l'avion. Une nausée lui monta à la gorge mais elle la contrôla en parvenant à refluer son angoisse. Combien de femmes battues auraient supporté de revoir leur ex-mari ? Même pour un procès ? Très peu, songea-t-elle en nouant un ruban autour du communiqué.

Hamid le prit et le mit en sûreté dans le coffre de son bureau.

- Dès que le procès sera fini, je ferais parvenir ce communiqué, décida Hamid.

Savana savait très clairement où il voulait en venir. Après avoir officialisé leur relation puis annoncé leur mariage, le peuple avait déambulé dans les villes de Dahazar pour fêter leur mariage avant que l'horrible image d'elle ne fasse le tour des magazines étrangers. Le pays s'était insurgé par leur perversité. La colère avait grimpé dans les rues jusqu'aux réseaux sociaux. Savoir que tout un pays était derrière était d'un immense réconfort. Émue, elle inspira imperceptiblement et redressa les épaules. Prête à partir pour affronter Max.

- Allons-y Arik.

Savana se jeta dans les bras du sage et bienveillant Hamid à la surprise de ce dernier.

- Merci Hamid, murmura-t-elle en s'écartant.

Il glissa furtivement son index sur son menton avec un sourire tremblant.

Azima reçut la même étreinte puis ils quittèrent le palais en direction de l'aéroport. Sur la route, elle regardait le paysage défiler main liée à celle de son mari...impressionnant dans son costard et chemise blanche. Savana mesurait sa chance d'être sa femme dans ce genre de moments. Toute fois elle avait l'impression qu'un gros nuage noir restait amoncelé au-dessus d'elle...

- Quand commence le procès ? S'informa-t-elle en touchant son ventre.

- Demain matin neuf heure, répondit Arik en ramenant sa main sur sa cuisse ; Les infirmières seront appelé à la barre.

Savana ignorait pourquoi et ne chercha pas à en découvrir les raisons.

- Il y aura le Dr West et ensuite...toi.

La voix de l'homme avait chancelé à la fin de sa phrase. Avec humeur, il passa un regard sur son jet privé puis déboucla sa ceinture.

- Prête ? Demanda-t-il d'une voix grave.

Savana porta sa main libre sur son ventre, ce qui ne lui échappa pas.

- Je suis prête...

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