Le lendemain après une courte nuit, Savana s'était levée à l'aube pour préparer le petit-déjeuner et surtout pour enlever la console qu'elle avait mise contre la porte d'entrée. En jetant un coup d'œil dehors, elle s'aperçut que la Ferrari du cheikh était dorénavant visible. Elle aurait presque pu sourire si son cœur n'était pas serré d'une façon troublant à l'idée qu'il s'en aille. Pire encore, elle avait soigné ses angoisses de la nuit en se répétant sans cesse qu'elle n'était pas seule dans le cottage. Qu'au moindre danger, le cheikh saurait la protéger...avec son regard acéré.
À cette idée, Savana s'était surprise à sourire timidement.
- Bonjour, Amélia.
Savana reposa la carafe de jus d'orange sur la table en le gratifiant d'un sourire aimable. Il portait les même habits de la veille et sa barbe courte avait légèrement poussée durant la nuit...accentuant les lignes volontaires de ses mâchoires. Comment ne pas se sentir troublé devant un tel homme ? Combien pouvait-il avoir de conquêtes ? Ces questions demeureront longtemps sans réponse, songea-t-elle retirant son tablier. Car elle ne le reverrait sans doute jamais.
- Vous avez bien dormi ?
- Suffisamment pour attaquer cette longue journée, dit-il en s'approchant.
Savana baissa les yeux immédiatement en désignant la chaise pour qu'il s'y installe.
- J'ai préparé du pain perdu, des toasts, des crêpes et ici ce sont des confitures maisons.
Étonné, le cheikh la dévisagea un moment avant de baisser le regard sur la table.
- C'est vous qui avez fait tout ça ? Demanda-t-il d'une voix si douce qu'elle frémit.
- Oui...pourquoi ?
- Je suis étonné et très reconnaissant de tout le mal que vous vous êtes donné pour moi, déclara-t-il en la perçant du regard.
Non Savana...ne rougit pas, s'ordonna-t-elle en mettant ses mains derrière son dos. Il fallait à tout prix qu'elle se souvienne qu'il était à sa recherche.
- J'adore cuisiner, c'était une joie de le faire, répondit-elle en s'installant à son tour.
Arik nota qu'elle était fatiguée. À la lumière perçante du jour son teint était encore plus nacrée que la veille. Des cernes de fatigue soulignaient ses beaux yeux d'hiver. Elle se les frotta comme s'il n'était pas là. Toute la nuit il avait réfléchi à une manière différente de l'aborder. Mais à quoi cela servirait ? Dans moins d'une heure il disparaîtrait de sa vie. Alors se contenta de manger un peu en remarquant qu'elle ne touchait pas à son assiette, elle se contentait seulement de la regarder. Sa présence, conclut Arik avec une moue irrité. Sa présence la dérangeait. Voilà pourquoi elle baissait les yeux chaque fois qu'il essayait de croiser son regard. Il se leva alors dans l'intention d'abréger ses souffrances.
- Il est temps pour moi de m'en aller, déclara-t-il abruptement.
Ses yeux azur se perdirent sur la table.
- Oh...Alors je vais vous raccompagner jusqu'à la porte.
Savana lui emboîta le pas et ressentit une pointe de regret lui pincer le coeur qu'il parte si tôt. Sans doute qu'elle était prise d'un accès de folie, pensa-t-elle alors qu'il enfilait son long manteau noir. Elle détourna son regard avant qu'il la surprenne en train de la contempler. Au-delà de son indéniable beauté, cette puissant qui émanait de lui le rendait presque surréaliste. Ses cicatrices terrifiantes étaient comme aiguiser par le désert orientale. Quant à sa bouche...Savana n'osait la regarder.
Elle ouvrit la porte et hoqueta quand elle vit Betty s'avançait vers elle tout sourire.
Dieu du ciel !
- Bonjour ! Excuse-moi du retard ! S'exclama-t-elle alors qu'elle tentait de lui faire les gros yeux : J'ai complètement zappé qu'il fallait ouvrir tes volets et...oh mon dieu !
Betty porta ses mains à son cœur en écarquillant les yeux.
Le cheikh s'imposa devant la porte avec une expression qui ne laissait aucun doute quant aux questions qu'il se posait.
- Betty je te présente le cheikh Dahazar, lança-t-elle avant que le ciel ne lui tombe sur la tête : Il était bloqué par la tempête de neige cette nuit. Je lui ai offert l'hospitalité.
Betty esquissa un sourire béat suivi d'un rire nerveux.
- Enchanté Betty, vous avez là une amie remarquable, dit le cheikh en sortant de la maison : Amélia, je vous remercie infiniment pour votre hospitalité.
- Ame...
- Merci votre altesse, s'empressa de répondre Savana en pinçant la main de Betty pour qu'elle se taise.
Il s'approcha d'elle, ignorant Betty et saisit sa main libre. Ce premier contact lui offrit une succession de frissons qui se mirent à courir dans son cou. Savana sentit entre ses doigts chaud une poigne de fer, une volonté de parvenir à lui embrasser la main. Il réussit à y parvenir, impassible, le regard pénétrant. La gorge nouée elle récupéra sa main.
Elle exécuta une petite révérence à son adresse consciente d'être rouge comme une pivoine. De là ses lèvres s'incurvèrent d'un sourire en coin.
- Adieu Amélia.
Il s'en alla vers sa Ferrari d'une démarche assurée. Betty battait des cils comme une ado. Seulement la réalité allait très vite la rattraper. Ce n'était qu'une question de temps.
- Amélia ? Tu m'expliques ? Exigea Betty après qu'elle eut fermé la porte.
- Je suis dans un sacré pétrin Betty, murmura-t-elle en fermant les yeux.
Après lui avoir expliquer toute l'histoire, la réaction de Betty ne se fit pas attendre.
- Mon dieu...
Savana espérait qu'elle lui apporte un peu plus de soutien. Elle ramena sa tasse à ses lèvres tremblantes.
- Et tu n'as pas chercher à le détromper ? Questionna Betty en secouant la tête encore sous le choc.
- Non, j'avais peur, murmura-t-elle en détournant son visage pour qu'elle n'y lise pas les larmes qui se formaient au creux de ses paupières.
- Savana, je suis sûre qu'il oubliera cette argent d'ici ce soir.
- J'en doute, il était sûr de lui et déterminé à me retrouver alors que j'étais en face de lui, rétorqua-t-elle avec un triste rire.
Betty passa le reste de la mâtiné à calmer ses angoisses, en vain...Savana ne parvenait ni à se défaire de ce trouble qu'il avait éveillé en elle ni de la peur qu'il lui avait fait ressentir.
Après trente minutes d'attente dans la salle d'attente de son psychiatre ce dernier la prit en urgence. Parler avec lui était comme parler au père qu'elle n'avait jamais eu. Aucun jugement, bienveillant et attentif. Elle lui narra l'histoire en épargnant aucun détail et se mit à tortiller ses doigts nerveusement.
- Tout ce qui se dit ici reste ici Savana, vous le savez n'est-ce pas ?
- Oui.
Satisfait le Dr West remit ses lunettes.
- Parlez-moi de cet homme à présent.
- Mais...je viens de le faire, lui fit-elle remarquer en serrant ses doigts les uns contre les autres.
- Vous m'avez raconté ce qu'il était venu chercher, rectifia-t-il en levant un sourcil : Ce que je veux maintenant c'est savoir comment vous vous êtes sentit avec lui ? En danger ?
Savana se pinça les lèvres décontenancée par la question.
- Depuis votre ex-mari, hormis votre frère, aucun homme n'avait jamais passé le pas de votre porte, pourquoi lui ? Pourquoi lui avoir offert l'hospitalité ?
Arik referma son ordonnateur lorsque Hamid entra dans le salon de sa suite. Après deux heures de route ayant pour seule pensée Amélia Hood, Arik s'était douché et changé.
- Votre altesse, pardonnez-moi de vous déranger.
- Entre, ne reste pas dehors.
Hamid tenait dans ses mains serrées des dossiers. Et son visage hermétique ne pressentait rien de bon...
Arik sut alors qu'il avait les informations qu'il lui avait demandé la veille. Il lui restait plus qu'à savoir ce qu'elles contenaient.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top